Cet article sur Jean 6 a pour sujet Jésus le pain de vie. La nourriture qu'il est venu offrir, c'est sa personne, lui, Fils de Dieu et Fils de l'homme, offert en sacrifice. C'est par la foi que nous recevons cette nourriture pour la vie éternelle.

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Jean 6 - Je suis le pain de vie

« Vie et mort », « lumière et ténèbres » : l’Évangile selon Jean est rempli de ces pôles opposés, de ces éléments irréconciliables qui témoignent du combat cosmique qui se déroule dans la création. Et au milieu de ce combat se tient Jésus-Christ, l’homme qui dit au sujet de lui-même : « En vérité, en vérité je vous le dis, celui qui croit en moi a la vie éternelle. Moi, je suis le pain de vie » (Jn 6.47-48). Jésus ne s’en tient pas à cette affirmation, tout aussi inacceptable qu’elle soit pour un monde qui marche dans les ténèbres. À ceux qui l’écoutent, il dit de manière non moins explicite : « Je suis descendu du ciel pour faire, non ma volonté, mais la volonté de celui qui m’a envoyé » (Jn 6.38). Et au cas où ses auditeurs ne comprendraient pas encore, il ajoute : « Comme le Père qui est vivant m’a envoyé, et que je vis par le Père, ainsi celui qui me mange vivra par moi » (Jn 6.57).

Vous imaginez-vous combien grand dut être le choc de ces gens qui étaient assemblés ce jour-là dans la synagogue de Capernaüm, quelque part entre l’an 25 et l’an 30 de notre ère? Yeshoua ben Youssef, le fils aîné de Joseph, un charpentier ordinaire de la province de Galilée en Palestine, leur dit sans ambages qu’au dernier jour, il ressuscitera des morts tous ceux que Dieu aura attirés à lui! Et il le leur fait savoir on ne peut plus directement : « En vérité, en vérité, je vous le dis, si vous ne mangez la chair du Fils de l’homme et si vous ne buvez son sang, vous n’avez pas la vie en vous » (Jn 6.53).

Mais alors, est-il Fils de Dieu ou Fils de l’homme? Tandis que demeurent face à face les pôles irréconciliables de la vie et de la mort, de la lumière et des ténèbres, Jésus, qui se tient au milieu de ce combat, fait appel à son humanité : « Fils de l’homme », comme il se nomme lui-même. Mais il fait également appel à sa divinité : « Ce n’est pas que personne ait vu le Père, sinon celui qui vient de Dieu », dit-il de lui-même (Jn 6.46). Donc en même temps Fils de Dieu et Fils de l’homme, sans personnalité schizophrénique, mais justement pour rendre possible l’impossible : pour rendre possible le passage de la mort à la vie, pour permettre la sortie des ténèbres vers la lumière.

Jésus ne prêche pas une nouvelle sorte de sagesse, une nouvelle mystique; il n’est pas un maître philosophe qui apporte de nouvelles idées ou une nouvelle idéologie sur le marché de la pensée. Il n’essaie pas non plus de s’attacher à n’importe quel prix des suiveurs. Il n’agit pas en achetant les uns ou les autres, il ne leur fait pas non plus des promesses de succès terrestres mirobolants; il ne publie pas un livre pour enseigner aux hommes et aux femmes comment opérer des gains financiers rapides et impressionnants. Il prêche, proclame et offre sa propre personne pour le salut et la vie éternelle de ceux qui croiront en lui; pour ceux qui viendront à lui parce que le Père qui l’a envoyé les attire à lui. Il exprime l’appel que le Père adresse à tous ceux qui l’entendent, et qui résonne comme ceci : « Toi, suis-moi! »

Mais maintenant, quelle nourriture Jésus offre-t-il à ses auditeurs, lui qui se présente à eux comme Fils d’homme et Fils de Dieu? Nourriture divine, ou nourriture terrestre? Peu avant son discours dans la synagogue de Capernaüm, Jésus a nourri cinq mille personnes avec du pain, alors qu’il se trouvait de l’autre côté du lac de Tibériade. Et la conséquence inévitable de ce miracle est qu’il est maintenant entouré d’une foule de suiveurs. Non pas, encore une fois, qu’il les ait recherchés. Ce sont eux qui le cherchent, et même qui veulent faire de lui un roi, le pourvoyeur des nécessités de leur vie quotidienne, comme le pain, ou tout ce dont on a besoin pour rester en vie. Par ce miracle, Jésus a bien prouvé être celui qui pourvoit aux nécessités de la vie, mais on ne trouve nulle trace de foi en sa personne comme Fils de Dieu et Fils de l’homme chez ceux qui ont en ont bénéficié. Pas de traces chez eux d’un besoin d’hériter la vie éternelle. Et voilà qu’il doit à nouveau les enseigner sur sa véritable identité : Il est lui-même le plus grand don de Dieu, et la nourriture qu’il offre, c’est sa propre personne.

S’il n’était qu’un homme et disait à ceux qui l’écoutent : « celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle », alors il ne s’agirait là que d’une horrible incitation au cannibalisme. Mais alors il n’y aurait aucune raison pour les chrétiens de célébrer le repas du Seigneur, la sainte Cène, qui est la communion à son corps et à son sang. Car nous ne pouvons pas manger un corps qui se trouvait sur terre il y a quelque deux mille ans. Et nous ne sommes tout de même pas barbares au point de vouloir manger un corps humain! Mais il est aussi Fils de Dieu, et à ce titre, source de toute vie. Nous savons donc qu’en ayant part à sa vie, nous pouvons aussi hériter la vie éternelle.

Cependant, si, à l’inverse, Jésus est Fils de Dieu sans être Fils de l’homme, comment aurons-nous part de manière intime à sa vie? Comment aurons-nous accès au Fils du Père qui avant tous les siècles est un avec le Père dans les sphères célestes? Il me sera impossible, à moi, créature terrestre faite de poussière, d’avoir part à sa vie de gloire divine!

Mais Jésus, nous l’avons vu, est Fils de Dieu et en même temps Fils de l’homme. Et voilà qu’il vous donne son corps à manger et son sang à boire, d’une manière unique : son corps est cloué sur une croix, et de cette manière aussi son sang est versé. Cette crucifixion n’intervient pas par hasard ou comme la conséquence d’une tragique erreur judiciaire, mais selon le plan de rédemption du Père, plan qui se déroule précisément comme le Père l’a voulu.

Or ce plan veut vous faire passer des ténèbres, de l’emprise du péché qui mène à la mort, vers la lumière. Mais pour vous faire passer du royaume des morts à la lumière, il vous faut être libérés de la nature contaminée par le péché qui vous retient dans les ténèbres. Cette nature polluée, dont vous avez hérité, fait que vos pensées, votre cœur ne sont pas en état de connaître Dieu et de l’aimer véritablement. Par notre nature, nous ne connaissons plus Dieu dans sa sainteté. Les vagues idées que les hommes peuvent avoir de Dieu, en tant que leur Créateur, ou comme quelqu’un qui est quelque part au-dessus de nous, ne peuvent en aucun cas passer avec succès le test qu’il nous impose, le test d’une véritable communion avec lui. Seule une obéissance totale à sa loi pourrait restaurer un tel lien. Mais aucun de nous ne peut passer le test d’une obéissance parfaite à sa loi sainte, pure et bonne. Même si Dieu pourvoit à vos besoins en vous accordant le pain quotidien qui vous maintient en vie sur cette terre, vous ne disposez d’aucune nourriture qui vous donne accès à la vie éternelle. Car encore une fois, seule une communion restaurée avec votre Dieu et Seigneur peut vous amener à cette vie éternelle.

Pour les Israélites, l’agneau mangé avant la sortie du pays d’Égypte avait la signification d’un repas incarnant la réconciliation avec Yahweh, l’Éternel. Le sang de l’agneau qu’ils mangeaient couvrait leurs péchés. Ils n’avaient pas été frappés par l’ange de la mort, mais avaient été libérés des ténèbres, de l’esclavage, et s’étaient mis en chemin vers la terre promise. Par la foi, ils avaient accepté qu’ils avaient besoin d’une nourriture céleste pour être réconciliés avec l’Éternel Dieu.

Mais voilà, l’homme pécheur est constamment en train de concocter des plans pour assurer sa subsistance terrestre, comme si celle-ci pouvait lui assurer la vie éternelle. Toutes sortes d’efforts sont mis en œuvre pour garder les hommes en vie aussi longtemps que possible, pour multiplier le nombre de leurs années, de manière à, si cela était possible, atteindre un jour l’immortalité. Au lieu de chercher la vie éternelle dans une communion restaurée avec Dieu, et en vivre, les hommes imaginent toutes sortes de plans pour trouver une solution aux problèmes qui se posent dans la société à cause des péchés des hommes, mais sans vouloir aucunement prêter attention à la cause de ces problèmes, à savoir le péché lui-même.

Or, toutes ces « opérations sauvetage » sont bien éloignées de la libération de notre nature corrompue pour laquelle Dieu seul a un plan. Sauvetages partiels et salut de l’homme sont deux choses bien différentes. Le plan de Dieu consistant à envoyer son propre Fils sur terre, afin qu’il devienne pour nous le pain de la vie éternelle, n’est pas un petit plan pour une opération limitée de sauvetage. C’est au contraire un plan qui comprend la totalité de notre vie et de notre existence, et même la création tout entière.

Mais voici, nous connaissons désormais le plan de salut du Père. Au sujet de ce plan, Jésus, qui l’accomplit, peut dire dans ce même passage de l’Évangile selon Jean :

« En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui croit en moi a la vie éternelle. Moi je suis le pain de vie. Vos pères ont mangé la manne dans le désert, et ils sont morts. C’est ici le pain qui descend du ciel afin que celui qui en mange ne meure pas. Moi, je suis le pain vivant descendu du ciel. Si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement, et le pain que je donnerai, c’est ma chair pour la vie du monde » (Jn 6.47-51).

Jésus est donc l’Agneau parfait de Dieu qui satisfait toutes les exigences du Père, et qui s’offre comme nourriture à vous et à moi.

Alors, qui peut entendre parler de cette nourriture, laquelle nous est donnée gratuitement, et ne pas vouloir en manger? Et comment la mangeons-nous? En acceptant par la foi la personne de Jésus-Christ, vrai Dieu et vrai homme; et en acceptant comme suffisante l’œuvre de réconciliation qu’il a accomplie sur la croix. Votre foi vivante en Jésus-Christ montre que le lien entre Dieu et vous, lien brisé par votre nature de péché, est désormais restauré. Les fruits de l’Esprit de Dieu que votre vie porte désormais témoignent que vous vivez de la vie de Jésus-Christ. Désormais, par son Esprit, il vit en vous.

Qui plus est, Jésus-Christ lui-même nous donne les signes du pain et du vin de la sainte Cène pour nous assurer encore davantage de l’œuvre de réconciliation qu’il a accomplie à notre égard. Ces signes nous assurent de sa promesse que nous qui croyons en Jésus, avons hérité la vie éternelle. Avec ces signes, il nourrit lui-même notre foi. Car nous demeurons des créatures mortelles, qui ici-bas devons encore endurer la souffrance, la maladie et la mort. Mais cette souffrance ne peut plus désormais détruire l’espérance que nous avons en Jésus-Christ.

Voyez-vous, si la mort de notre corps mortel et de nos proches ne nous atteignait jamais, si nous étions automatiquement protégés contre elle, alors nous n’aurions, en tant que chrétiens, aucune raison de proclamer l’Évangile de Jésus-Christ comme celui qui accorde la vie éternelle. Nous n’aurions aucune raison de parler de victoire sur la mort. Car une victoire suppose un combat, et un combat suppose un adversaire qui vous attaque très directement. Mais voilà, notre proclamation est plus forte que la mort, car elle est remplie de l’Esprit de vie de Jésus Christ, celui qui nous dit : « En vérité en vérité je vous le dis, celui qui croit en moi a la vie éternelle. Moi je suis le pain de vie. »