Cet article sur Jean 7.33-52 a pour sujet l'annonce que Jésus fait de son retour vers le Père et la promesse de l'effusion de l'Esprit Saint qui sera donné à l'Église le jour de la Pentecôte.

Source: La Parole s'est faite chair - Méditations sur l'Évangile selon Jean. 3 pages.

Jean 7 - La promesse de l'Esprit

« Jésus déclara : Je suis encore pour un peu de temps parmi vous. Ensuite, je retournerai auprès de celui qui m’a envoyé. Vous me chercherez, et vous ne me trouverez pas; et vous ne pouvez pas aller là où je serai. Sur quoi, ses auditeurs se demandèrent entre eux : Où va-t-il aller pour que nous ne le trouvions pas? Aurait-il l’intention de se rendre chez les Juifs dispersés parmi les non-Juifs? Voudrait-il peut-être même apporter son enseignement aux non-Juifs? Que peut-il bien vouloir dire quand il déclare : Vous me chercherez et vous ne me trouverez pas, et vous ne pouvez pas aller là où je serai? Le dernier jour, le grand jour de la fête, Jésus debout s’écria : Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi et qu’il boive. Celui qui croit en moi, des fleuves d’eau vive couleront de son sein, comme dit l’Écriture. Il dit cela de l’Esprit qu’allaient recevoir ceux qui croiraient en lui; car l’Esprit n’était pas encore donné, parce que Jésus n’avait pas encore été glorifié. Des gens de la foule, après avoir entendu ces paroles, disaient : Celui-ci est vraiment le prophète. D’autres disaient : Celui-ci est le Christ. Et d’autres disaient : Est-ce bien de la Galilée que doit venir le Christ? L’Écriture ne dit-elle pas que c’est de la descendance de David et du village de Bethléem, d’où était David, que le Christ doit venir? Il y eut donc, à cause de lui, division parmi la foule. Quelques-uns d’entre eux voulaient l’arrêter, mais personne ne porta la main sur lui. Les gardes retournèrent vers les principaux sacrificateurs et les pharisiens qui leur dirent : Pourquoi ne l’avez-vous pas amené? Les gardes répondirent : jamais homme n’a parlé comme parle cet homme. Les pharisiens leur répliquèrent : Est-ce que vous aussi vous avez été séduits? Y a-t-il quelqu’un des chefs ou des pharisiens qui ait cru en lui? Mais cette foule qui ne connaît pas la loi, ce sont des maudits! Nicodème, qui était venu précédemment vers Jésus et qui était l’un d’entre eux, leur dit : Notre loi juge-t-elle un homme avant qu’on l’ait entendu et qu’on sache ce qu’il a fait? Ils lui répondirent : Serais-tu, toi aussi, de la Galilée? Cherche bien, et tu verras que de la Galilée il ne sort pas de prophète. Et chacun s’en alla dans sa maison. »

Jean 7.33-52

Peu à peu, nous nous acheminons vers la fin du chapitre 7 de l’Évangile selon Jean, sur lequel nous avons médité dans nos articles précédents. Rappelez-vous qu’à la suite des derniers propos de Jésus sur celui qui l’a envoyé, les chefs du peuple, eux, avaient envoyé des gardes pour l’arrêter. Mais, nous rapporte l’évangéliste Jean, ils ne mirent pas la main sur lui, car son heure n’était pas encore venue. Et c’est ce qu’il souligne ici à l’intention de tous : il est encore pour un peu de temps parmi eux. Ils l’entendront enseigner, puis, quand son heure sera venue, il retournera auprès de celui qui l’a envoyé. Toutes les manœuvres contre lui, tous ces efforts pour le faire mourir n’empêcheront pas qu’il n’y retourne, lorsque son heure sera venue. Et là où il ira, personne ne pourra le suivre. Dieu reste en contrôle de son plan de salut par son Fils bien-aimé.

Ses auditeurs, eux, ne comprennent pas. Aurait-il l’intention d’aller auprès de la diaspora des Juifs dispersés autour du bassin méditerranéen? Il ne leur vient bien sûr pas à l’idée que Jésus parle de retourner auprès de celui qui l’a envoyé. Certes, après sa résurrection, Jésus enverra ses disciples auprès des Juifs résidant en dehors de la Palestine, et de manière plus large encore, vers toutes les nations de la terre. Mais il s’agit de bien autre chose ici.

Jésus, sachant fort bien que les gardes envoyés par les chefs du peuple juif sont là pour l’arrêter, ne se désiste pas, n’abandonne pas sa mission. Au contraire, avec un courage renouvelé, il parle ouvertement afin que tout le monde l’entende. Il sait que son heure n’est pas encore arrivée et que son ferme soutien lui vient de son Père céleste. Quant à son injonction, cet appel à venir à lui, il s’adresse à tous ceux qui, non seulement ont soif d’une eau qui désaltère parfaitement, mais savent qu’aucune fontaine humaine ne pourra jamais les désaltérer.

On se souviendra de la conversation entre Jésus et la femme samaritaine, près du puits de Sychar, au chapitre 4 de notre Évangile. Il lui avait dit : « Quiconque boit de cette aura encore soif; mais celui qui boira de l’eau que je lui donnerai n’aura jamais soif, et l’eau que je lui donnerai deviendra en lui une source d’eau qui jaillira jusque dans la vie éternelle » (Jn 4.13-14). Nous avons ici une parole très proche de celle-là. Or, venir à lui signifie non pas marcher avec ses pieds vers lui, mais croire en lui. Et voilà comment une soif brûlante qui n’a aucun moyen d’être étanchée peut se transformer en un jet d’eau provenant de l’intérieur du croyant. Non pas que la recherche de la personne de Jésus provoque en soi cette fontaine inépuisable : c’est Jésus-Christ lui-même, habitant dans le cœur et les pensées des croyants, s’en rendant le maître incontesté, qui devient cette fontaine vivifiante.

Mais que signifie donc cette eau? Elle correspond aux biens spirituels des croyants, ceux attribués par l’Esprit du Christ, le Saint-Esprit. Leur abondance est telle que Jésus ne parle pas d’un simple fleuve d’eau vive, au singulier, mais de fleuves d’eau vive, au pluriel. Quelle promesse! Elle repose d’ailleurs sur ce que dit l’Écriture, dans plusieurs passages des prophètes : ainsi, au chapitre 47 du livre d’Ézéchiel, un torrent sort du temple. Le prophète Joël, lui, déclare, au chapitre 4 : « En ce jour-là, le jus de raisin ruissellera des montagnes, le lait coulera des collines, les eaux couleront dans tous les torrents de Juda; une source sortira aussi de la maison de l’Éternel » (Jl 4.18). Lisons encore le passage suivant, tiré du prophète Zacharie, au chapitre 14 : « Alors, en ce jour-là, des eaux vives sortiront de Jérusalem et couleront moitié vers la mer orientale, moitié vers l’autre mer; il en sera ainsi hiver comme été » (Za 14.8). En fin de compte, le Temple final et indestructible de Dieu, c’est la personne de son Fils Jésus-Christ.

C’est bien ce que lui-même déclarait de sa personne au chapitre 2 de notre Évangile. Rappelez-vous :

« Les Juifs prirent la parole et lui dirent : Quel miracle nous montres-tu pour agir de la sorte? Jésus répondit : Détruisez ce temple, et en trois jours je le relèverai. Les Juifs dirent : Il a fallu 46 ans pour bâtir ce temple, et toi, en trois jours tu le relèveras! Mais il parlait du temple de son corps. Quand il fut ressuscité d’entre les morts, ses disciples se souvinrent qu’il avait dit cela et crurent à l’Écriture et à la parole que Jésus avait dite » (Jn 2.18-22).

C’est en effet après la résurrection de Jésus que ses disciples ont commencé à comprendre toute la portée de ses paroles, qui leur était restée voilée jusque là. C’est avec l’effusion du Saint-Esprit, lors de la fête de la Pentecôte, que tout s’est éclairé.

Voilà pourquoi le passage qui nous occupe est une promesse concernant la venue du Saint-Esprit : « Il dit cela de l’Esprit qu’allaient recevoir ceux qui croiraient en lui; car l’Esprit n’était pas encore donné, parce que Jésus n’avait pas encore été glorifié. » Même si le Saint-Esprit est éternel, ce que l’Évangile nous dit ici, c’est que tant que Jésus vivait sur terre comme un serviteur sans apparence, tant qu’il exerçait son ministère auprès des siens, le Saint-Esprit n’avait pas encore été pleinement manifesté. Certes, les disciples en avaient déjà reçu les prémices : comment auraient-ils cru autrement? Mais à la Pentecôte, intervenue après que Jésus soit ressuscité des morts et qu’il soit monté au ciel, glorifié auprès des siens donc, le Saint-Esprit serait envoyé pour gouverner son Église, pour rappeler aux disciples de chaque époque et en chaque lieu les paroles du Sauveur, pour les graver dans leur cœur et leurs pensées.

Notons simplement quelques aspects de la fin de notre passage, en Jean 7.40-52. De nouveau, la foule est divisée au sujet de Jésus. Un fait le concernant est connu : il a grandi à Nazareth, en Galilée, et l’Écriture ne dit pas que de Galilée sortira un prophète, encore moins le Messie. Et puis, l’heure de Jésus n’est pas encore venue : les gardes envoyés pour l’arrêter n’osent pas mettre la main sur lui. En fait, ils sont grandement impressionnés par ses paroles, même si on ne peut dire qu’ils croient en lui. Ils se font tancer par les chefs du peuple, extrêmement irrités, et qui voient bien que la foule semble sur le point de mettre sa foi en ce Jésus. Cette foule maudite, que sait-elle, que comprend-elle? Y a-t-il un seul pharisien ou sacrificateur qui ait cru en Jésus? Eh bien oui, il y en a au moins un, ce Nicodème dont nous avons fait la connaissance au chapitre 3. Son opposition à la majorité des chefs du peuple le met d’ailleurs en bien mauvaise posture vis-à-vis d’eux. Il se voit mis au rang des ignorants, de ceux qui ne connaissent pas l’Écriture. Mais, puisque l’heure de Jésus n’est pas encore venue, chacun s’en va finalement dans sa maison. La tentative d’arrestation de Jésus a pour cette fois échoué.

Dans un prochain article, nous entamerons la lecture du chapitre 8 de l’Évangile selon Jean.