Cet article sur Joël 2.1 et Joël 4.14 a pour sujet le jour de l'Éternel qui vient bientôt pour établir toute justice. En attendant, c'est le temps des souffrances et des injustices, mais aussi de l'Église et de sa mission dans le monde.

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Joël 2 - Joël 4 - Le jour du Seigneur

« Le jour de l’Éternel vient, car il est proche. »

Joël 2.1

« Le jour de l’Éternel est proche. »

Joël 4.14

Joël, Sophonie, Ésaïe, Pierre, Paul, Jésus, Jean et d’autres encore parlent du jour du Seigneur. Nos textes de base seront les suivants : « Le jour de l’Éternel vient, car il est proche » (Jl 2.1). « Le jour de l’Éternel est proche » (Jl 3.14 ou 4.14). « L’Éternel sera un refuge pour son peuple » (Jl 3.16 ou 4.16). À propos du jour de jugement et de la ruine des impies, « le jour du Seigneur viendra comme un voleur », « hâtez l’avènement du jour de Dieu » (2 Pi 3.10,12).

La Bible nous révèle un Dieu souverain, tout-puissant, juste, défenseur de la veuve, du faible et du pauvre. Un Dieu qui bénit la fidélité et l’obéissance, qui écoute la prière et à qui rien n’est impossible. Qui n’a jamais vécu ses exaucements à vous couper le souffle? Cependant, force est de reconnaître que les choses ne se passent pas toujours comme cela et comme nous l’entendons. Si nous sommes honnêtes avec nous-mêmes, nous pouvons reconnaître que plein de fois l’exaucement attendu n’est pas arrivé, la veuve n’est pas toujours défendue et le pauvre n’est pas toujours secouru. Le juste n’a pas toujours obtenu justice ni le méchant été châtié à la hauteur de ses forfaits. Beaucoup d’hommes et de femmes innocents souffrent d’injustices; à l’inverse, des justes font l’expérience du malheur et de la souffrance, et paradoxalement des malfaiteurs courent, impunis ni par les hommes ni par Dieu. Que faut-il en déduire? Dieu est-il injuste? Aveugle? Sourd? Bon ou pas? Voici autant de questions que se sont posées les hommes de tous les temps, nous y compris. Nos réalités semblent contredire la Parole de Dieu. J’ai trouvé la réponse à mes questions dans les annonces du prophète Joël.

Joël a fait deux annonces importantes : l’arrivée imminente et certaine du « jour de l’Éternel » et l’effusion de l’Esprit. L’expression « jour de l’Éternel », employée près de vingt fois dans l’Ancien Testament, peut être assimilée au jour du Seigneur dans le Nouveau Testament et peut se référer à des événements de la fin des temps (És 7.18-25). Certains y voient une période de temps plus ou moins longue, et d’autres un jour déterminé qui peut être assimilé au retour de Christ. Là n’est pas notre préoccupation. Ce qui est clair pour tous c’est qu’il s’agirait d’une période au cours de laquelle Dieu interviendra personnellement dans l’histoire des hommes, directement ou indirectement.

L’expression « le jour de l’Éternel » est employée plusieurs fois dans l’Ancien Testament (És 2.12; 13.6,9; Éz 13.5; 30.3; Jl 1.15; 2.1,11,31 [ou 3.4]; 3.14 [ou 4.14]; Am 5.18,20; Ab 1.15; So 1.7,14; Za 14.1; Ml 4.5 [ou 3.22]) et quatre fois dans le Nouveau (Ac 2.20; 2 Th 2.2; 2 Pi 3.10,12). D’autres passages y font également allusion (Ap 6.17; 16.14).

En affirmant l’existence d’un jour du Seigneur, la Bible établit implicitement l’existence de jours d’une autre nature. S’il y a un jour du Seigneur, alors tous les jours ne sont pas jours du Seigneur. Non pas que la souveraineté de Dieu sur ces jours soit caduque, mais il choisit lui-même de soumettre son action à la discrétion, ce qui peut passer pour passivité du point de vue de l’homme. Comme si la règle c’est de ne pas intervenir, et quand il intervient, c’est plutôt l’exception à la règle.

Dieu a choisi, nous ne savons pourquoi, un temps où il est comme caché, passif. Y a-t-il des souffrances? Oui. De l’injustice? Aussi. Des actes de justice? Également. Intervient-il immédiatement et directement? Non. Pourquoi? Pour nous laisser la place. Certes, Dieu agit, parle, aide, mais à travers des hommes, à travers l’Église, qui est sa main, sa bouche sur terre en attendant son jour. Le jour du Seigneur qui est à venir nous aide à comprendre la nature des jours actuels : nous sommes dans les jours de l’Église. C’est pour cette mission que l’Esprit est descendu : « Je répandrai mon Esprit; vos fils et vos filles seront serviteurs de Dieu. » Nous sommes missionnaires de Dieu dans ce monde, identifiés à Christ dans l’espérance. Nous sommes dans la joie, mais identifiés aux hommes qui souffrent, eh bien nous souffrons.

Cette souffrance, c’est bien ce qu’Adam a choisi quand il a décidé de connaître le bien et le mal. Les hommes font et feront l’expérience du bien et du mal. Oui, ces jours qui se situent en dehors du jour du Seigneur, où cohabitent le bien et le mal, la joie et la peine, la richesse et la pauvreté, la foi et l’incrédulité, le juste et le méchant. Le méchant n’est pas forcement châtié dans l’immédiat et la justice pas forcément récompensée ici-bas. Si Dieu ne châtie pas immédiatement tout mal (ce qui nous arrange tous, autrement qui échapperait à son jugement?), il faut aussi accepter qu’il ne récompense pas toujours immédiatement le bien. Autrement, il ne serait pas cohérent.

C’est là que le jour du Seigneur prend tout son sens. Dieu s’est donné un jour où il sortira de sa cachette, où il sera en personne au-devant de la scène. Pour les élus, ce sera un jour de grande joie. « L’Éternel sera un refuge pour son peuple. » Il récompensera les élus; tout acte de justice, toute bonne œuvre seront reconnus à sa juste valeur. La foi éprouvée par le feu obtiendra la louange méritée. Le jour du Seigneur, c’est notre espérance : espérance pour une justice parfaite; espérance d’un monde parfait dans lequel Dieu sera pleinement présent, la joie parfaite et le bonheur sans mélange; espérance pour le rétablissement de toutes choses.

L’Apocalypse annonce un monde où il n’y aura plus ni deuil, ni larmes, ni douleurs, ni maladies, ni mort. C’est là notre espérance, c’est là notre force dans les épreuves du temps présent. Cette certitude de la venue du jour du Seigneur nous aide à relativiser nos souffrances actuelles, ainsi qu’à relativiser les plaisirs et les joies que ce monde peut nous offrir. Paul nous exhorte en ces termes :

« Voici ce que je dis, frères, c’est que le temps est court; que désormais ceux qui ont des femmes soient comme n’en ayant pas. Ceux qui pleurent comme ne pleurant pas, ceux qui se réjouissent comme ne se réjouissant pas, ceux qui achètent comme ne possédant pas » (1 Co 7.29-30).

Nos souffrances sont pour un temps limité, et alors notre bonheur sera éternel; mais en attendant jusqu’à ce que ce jour vienne, eh bien la joie et la souffrance feront toujours partie de l’existence des hommes. Ce qui est pour nous une occasion favorable : Dieu a choisi d’agir par nous! Quel privilège! Par nos faiblesses, si nous souffrons c’est Dieu qui souffre avec le monde. Et Dieu s’occupe d’un monde imparfait par des moyens imparfaits : parler à ce monde par nos balbutiements, l’aimer par nos visites, consoler la veuve et l’orphelin par notre présence à leurs côtés… et bien plus. Frères et sœurs, c’est le temps où nous comptons, nos actes comptent pour l’éternité et Dieu nous a donné sa Parole et son Esprit pour cela.

Si pour les élus le jour du Seigneur est jour de délivrance, pour les autres ce sera un jour de ténèbres, de jugement, de terreurs : les hommes répondront de toutes leurs œuvres mauvaises. Dieu lui-même vengera tout ce qu’il y a à venger, il n’y aura aucune impunité, tous les faussaires seront rattrapés et les méchants n’échapperont pas à leur sort. L’imminence du jour du Seigneur invite le méchant à relativiser son bonheur et à se repentir.

Dieu ne venge pas tout maintenant sur terre pour mieux exercer la vengeance à son jour. Dieu ne récompense pas toute justice ici-bas pour mieux la récompenser à son jour. Au jour du Seigneur, la récompense sera vraiment récompense et la vengeance sera sans mélange.

C’est pourquoi, frères et sœurs, malgré les temps difficiles, nous sommes plus proches du salut que lorsque nous avons cru. Ne nous lassons donc pas de faire le bien, car nous moissonnerons abondamment au jour du Seigneur. Au contraire, travaillons à l’œuvre du Seigneur de mieux en mieux, sans nous laisser ébranler par les adversaires et les adversités, sachant que celui qui nous a appelés est fidèle. Il ne permettra pas que nous soyons tentés au-delà de nos forces. S’il ne nous délivre pas ici-bas c’est qu’il nous réserve une délivrance bien meilleure. S’il ne nous donne pas tout, il nous réserve des choses bien meilleures à son grand jour. À celui qui nous aime, qui nous a délivrés de nos péchés par son sang, et qui a fait de nous un royaume, des sacrificateurs pour Dieu son Père, à lui soient la gloire, et la puissance aux siècles des siècles! Amen!