Luc 23 - La première parole de la croix
Luc 23 - La première parole de la croix
1er jour du 4e mois
« Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font. »
Luc 23.34
Lecture : Luc 23.26-37
Père! C’est le premier mot que nous recueillons de Jésus crucifié. Et il nous semble entendre en lui l’écho du poignant appel de Gethsémané : « Père, s’il est possible… » Combien d’heures se sont écoulées entre ces deux prières? Guère plus d’une douzaine sans doute. Mais chacune d’elles a apporté à Jésus de nouvelles souffrances, des railleries, des blasphèmes, des injures, des coups et, plus encore, la douleur des abandons, des reniements, de la trahison. Et cependant, alors qu’il est là, exposé nu et saignant aux regards de tous, et que sa pauvre chair meurtrie, transpercée, est secouée par la fièvre, il pense d’abord non pas à lui ni à sa souffrance, mais à son Père.
Père! Jean, plus que les autres évangélistes nous fait entendre Jésus appelant ainsi celui qui seul connaît, a-t-il déclaré lui-même, et que seul il peut révéler.
« Père, je te rends grâces, parce que tu m’exauces toujours » (Jn 15.41), dit-il devant la tombe de Lazare. « Père, délivre-moi de cette heure » (Jn 12.27), s’écrie-il soudain aux premiers jours de la semaine sainte. Mais au moment de se mettre en marche vers Gethsémané, il reprend : « Père, l’heure est venue » (Jn 17.1). Et maintenant qu’il la vit, cette heure, et qu’il glorifie son Père par son obéissance en attendant de le glorifier par sa victoire sur la mort, il lui suffit pour proclamer la permanence de sa foi (même au travers des ténèbres) de redire le nom bien-aimé dont saint Marc et saint Paul ont tenu à nous transmettre l’original araméen : « Abba, Père! » (Mc 14.36; Rm 8.15).
Quel mystère d’amour s’offre ici à notre contemplation! Au-delà des horreurs du Calvaire, au-delà de l’odeur infecte de sang et de mort qu’exhale le charnier, ce mot suffit à nous faire entrevoir la splendeur et respirer le parfum de l’amour qui pour l’éternité unit le Père au Fils. Peut-être certaines paternités spirituelles peuvent-elles seules nous en donner le pressentiment?
Prière
Dieu tout-puissant, puisque ton Fils bien-aimé, en vue de la joie qui lui était offerte, a souffert la croix, dont il a méprisé l’ignominie, permets, dans ta miséricorde, que nous le suivions sur ce chemin qu’il nous trace et que ce chemin soit pour nous celui de la repentance et de la foi. Amen.