Cet article sur Marc 4.35-41 a pour sujet la tempête apaisée par Jésus qui montre l'autorité de Dieu sur les forces destructrices de la nature et sur Satan. La seigneurie du Christ est la clé de l'écologie biblique.

Source: Pour une écologie biblique. 6 pages.

Marc 4 - Même les vents et les vagues

« Ce même jour sur le soir, Jésus leur dit : Passons sur l’autre rive. Après avoir renvoyé la foule, ils l’emmenèrent dans la barque où il se trouvait, et il y avait aussi d’autres barques avec lui. Il s’éleva une forte bourrasque, et les vagues se jetaient dans la barque au point qu’elle se remplissait déjà. Et lui, il dormait à la poupe sur le coussin. Ils le réveillèrent et lui dirent : Maître, tu ne te soucies pas de ce que nous périssons? Il se réveilla, menaça le vent et dit à la mer : Silence, tais-toi. Le vent cessa et un grand calme se fit. Puis il leur dit : Pourquoi avez-vous tellement peur? Comment n’avez-vous pas de foi? Ils furent saisis d’une grande crainte et se dirent les uns aux autres : Quel est donc celui-ci, car même le vent et la mer lui obéissent? »

Marc 4.35-41

Toute étude de l’environnement naturel — c’est-à-dire l’étude de l’écologie — devrait commencer au préalable par l’étude de la Bible. Une écologie bibliquement orientée est l’un des besoins les plus urgents de l’heure actuelle. Inversement, l’étude de l’environnement nous permettra de mieux saisir la richesse et la plénitude du sens de la Bible, Parole de Dieu adressée à l’homme. C’est par ce point que nous commencions déjà le premier exposé de cette série consacrée à l’écologie biblique.

L’étude de la Bible nous apprend qu’il existe une révélation de Dieu dans et à travers la création. La terre parle de lui et les cieux déclarent l’activité divine (Ps 19.2). Non seulement la création, tel un vecteur, conduit et transporte ce message, mais encore elle le reçoit.

Le prophète Jérémie déclarait : « Terre, terre, terre, écoute la Parole de l’Éternel! » (Jr 22.29). Il existe donc une Parole de Dieu qui nous parvient à travers la création et qui lui est aussi adressée. Les cieux et la terre sont à la fois le moyen de communication du discours divin et les récipiendaires du message qu’il proclame. Un texte particulièrement frappant de l’Ancien Testament (Dt 8) met en évidence cette double action : « Il t’a nourri de la manne », en parlant de cette œuvre du Seigneur en faveur de son peuple choisi (Dt 8.3). Or, l’intention de cette déclaration ne consistait pas à rappeler uniquement qu’il y avait eu jadis des estomacs remplis de la manne tombant du ciel, comme l’intention de Jésus en multipliant les pains n’avait pas pour but le fait de rassasier une foule de plus de cinq mille personnes. La manne tombant du ciel comme le miracle des pains et du poisson multipliés orientent tout d’abord vers la Parole même de Dieu, « car l’homme ne vit pas de pain seulement » (Dt 8.3). On se souvient que lors de sa tentation dans le désert, Jésus reprit à son compte ce célèbre passage biblique (Mt 4.4).

Jésus ne donnait pas la priorité au pain au détriment de la Parole restauratrice du corps et de l’âme qu’est le discours de Dieu. Cette phrase nous adresse un appel vigoureux et plein d’actualité. Et s’il est actuel, c’est parce que nos problèmes sont restés fondamentalement les mêmes. Message hautement significatif au milieu de toutes nos préoccupations et réflexions écologiques. Nous savons par cette parole que notre unique espoir se trouve en Dieu, non seulement dans l’assurance du salut, mais pour recevoir du secours dans la complexité moderne de l’environnement.

Il ne suffit donc pas d’avoir conscience que les questions posées par l’écologie sont de vraies questions qu’il faut résoudre avec urgence, mais il faut encore savoir combien la Parole de Dieu est puissante à cet égard comme pour le reste de nos activités et de nos soucis. Un incident rapporté par les trois premiers Évangiles nous aidera à en saisir la portée. Il s’agit de la tempête apaisée par Jésus. L’incident eut lieu juste après une série de discours donnée par Jésus et résumée dans le sermon sur la montagne, après avoir guéri de nombreux malades et accompli plusieurs miracles. Il avait exorcisé des possédés et affranchi des démoniaques. Il avait parlé en paraboles et expliqué leur sens dans le cercle de ses intimes, ses disciples n’ayant pas compris le sens de ses discours parce que leur formation venait à peine de commencer. Et à présent aux discours déroutants, aux miracles qui causaient le vertige, aux paraboles parfois sibyllines et au conflit latent entre Jésus et l’établissement religieux, vient s’ajouter un phénomène naturel d’une dimension étonnante.

Ne nous trompons pas sur la violence de la tempête qui troubla la petite mer de Galilée. Il ne s’agissait pas d’un orage commun, comme ceux que les marins expérimentés qu’étaient les disciples de Jésus avaient connu en d’autres circonstances. En quelques mots, l’Évangile de Marc nous informe que la mer en furie et les vagues déchaînées menaçant l’embarcation étaient un phénomène hors du commun. Et lorsque cette tempête exceptionnelle s’apaisa, les hommes s’écrièrent tous d’une même voix : « Mais qui est donc celui-ci, car même les vents et la mer lui obéissent? » (Mc 4.41). Nous situerons cet incident dans le cadre de la lutte écologique de l’homme aux prises avec les forces de la nature. Parfois, il en sort vainqueur. Souvent, il est écrasé par celles-ci. Il avait dû parcourir un très long chemin avant de maîtriser les animaux, les plantes, le feu, etc. Mais il n’a pas encore réussi à dominer les conditions atmosphériques. Les éléments climatiques semblent parfois devenir le foyer où les puissances maléfiques ont élu leur quartier général.

Il nous faut également situer cet incident à la lumière de l’autorité que Dieu exerce sur la nature : « Éternel Dieu des armées! qui est comme toi puissant, Éternel? Ta fidélité t’environne. C’est toi qui domines l’orgueil de la mer; quand ses vagues se soulèvent, c’est toi qui les apaises » (Ps 89.9-11).

Dieu pénètre la nature d’un bout à l’autre. Tout témoigne dans celle-ci de son action, et elle en reste l’exécutante. Mais il n’y a pas ici que la présence divine, il y a aussi celle — parallèle et rivale — de l’adversaire de Dieu, de la création et de l’homme. Avec le serpent qui séduit Ève et Adam sont entrées en action des forces naturelles destructrices telles que la peste et les orages, les déluges et les avalanches, le feu et les secousses sismiques. Songez seulement au cas de Job, un personnage biblique. À peine Satan reçut-il la permission de le frapper — et Job fut le premier à ne pas comprendre le pourquoi de sa douleur et à ne pas l’accepter — que l’ennemi déverse du ciel un feu dévorant la cible impuissante de ses assauts.

À l’époque où le Christ parcourait la terre, il était investi de la mission de détruire précisément les œuvres de Satan. Celui-ci a été actif depuis toujours, notamment à Bethléem, cherchant à tuer l’enfant Jésus lors du massacre des innocents, dans le désert lors de la tentation, lorsque Jésus commença sa carrière publique dans sa ville de Nazareth ou encore au moment où l’un des douze disciples, Pierre, s’opposa violemment à son projet de souffrir et de mourir pour la rédemption des élus.

Au moment de la tempête, Satan agit par l’intermédiaire des vagues déchaînées. C’est pourquoi les disciples de Jésus, connaissant pourtant parfaitement la mer, furent tellement effrayés. Ils se rendaient bien compte qu’il s’agissait d’une tempête exceptionnelle et on comprend leur cri de désespoir : « Maître, ne te soucies-tu pas de ce que nous périssons? » (Mc 4.38). Mais si en ce moment précis les disciples mesuraient parfaitement la gravité de la situation par les phénomènes apparents, Jésus, lui, se rendit aussitôt compte de l’origine de la tempête. C’est pourquoi il réprimanda les vents et les vagues, et que son ordre rappelait étrangement celui prononcé à chaque exorcisme de possédé démoniaque : « Il menaça le vent et dit à la mer : Silence, tais-toi » (Mc 4.39).

À peine l’ordre fut-il donné que la tempête s’apaisa, nous rapporte l’évangéliste. Et le changement fut si frappant qu’il aurait été impossible de l’attribuer à une cause naturelle, comme lorsque le vent perd peu à peu de son impétuosité et que les vagues apaisent leur fougue par degrés. Ici, bien au contraire, c’est une force surnaturelle qui opéra. Les disciples de Jésus auraient dû savoir qu’il pouvait exercer son contrôle sur tous les éléments de la nature, et c’est la raison pour laquelle Jésus les gronda. « Pourquoi avez-vous tellement peur? Comment n’avez-vous pas de foi? » (Mc 4.40). Car une foi authentique doit commencer par reconnaître et déclarer que Jésus est le Seigneur.

Non seulement il exerce son autorité sur les corps célestes, sur les hommes mortels et sur les puissances de l’arrière-monde, mais encore sur les forces de la nature.

Le récit de l’Évangile se termine en signalant le grand effroi des disciples de Jésus. Ceux-ci éprouvaient, après l’apaisement de la tempête, une crainte encore plus grande qu’au milieu des flots menaçants. Peut-être furent-ils saisis un court instant d’une panique superstitieuse à cause de la présence dans leur barque de celui devant qui avaient dû plier les éléments déchaînés? Il est sans doute improbable qu’ils se rendissent compte du conflit cosmique qui se déroulait sous leurs yeux entre le Fils de Dieu et Satan, le prince des ténèbres. Or, la force dont Jésus-Christ était revêtu et dont ils furent conscients ultérieurement, était celle que décrivent les textes bibliques dans les Psaumes 107 et 147.

D’autres s’étaient embarqués sur la mer,
ils exerçaient leur métier sur l’océan.
Ceux-là ont vu de quoi le Seigneur est capable
et les miracles qu’il fait sur la mer.
D’un mot, il déclencha un vent de tempête
qui souleva les vagues.
Leur bateau était projeté vers le ciel,
puis il dévalait dans les creux;
eux-mêmes étaient la proie du mal de mer,
pris de vertige et titubant comme des gens ivres.
Tout leur savoir-faire était tenu en échec.
Alors dans leur détresse ils appelèrent le Seigneur à leur secours,
et lui les tira du danger.
Il changea l’ouragan en brise légère,
et les vagues s’apaisèrent.
Ils purent se réjouir du calme revenu,
et le Seigneur les conduisit à bon port.
Qu’ils louent donc le Seigneur pour sa bonté,
pour ses miracles en faveur des humains!
Qu’ils proclament sa grandeur dans le peuple assemblé,
qu’ils l’acclament dans le conseil des anciens! (Ps 107.23-32)
Chantez votre reconnaissance au Seigneur,
célébrez notre Dieu aux accords de la lyre.
C’est lui qui couvre le ciel de nuages;
il prépare ainsi la pluie pour la terre.
Il fait pousser l’herbe sur les montagnes;
il assure la nourriture du bétail
et des petits du corbeau, quand ils crient de faim.
La vigueur du cheval le laisse indifférent,
il n’a pas de goût pour les exploits du coureur,
mais pour ceux qui le reconnaissent comme Dieu,
pour ceux qui comptent sur sa bonté.
Jérusalem, célèbre le Seigneur;
Sion, acclame ton Dieu,
car il renforce ta sécurité,
chez toi, il fait du bien à tous tes enfants.
Dans ton territoire, il assure ton bien-être,
il te donne en suffisance le meilleur blé.
Il envoie des ordres sur la terre,
et sa parole s’élance au plus vite.
Il fait alors tomber la neige; on dirait de blancs flocons de laine.
Il répand le givre comme une fine couche de cendre.
Il lance la glace en grêlons;
personne ne résiste au froid qu’il provoque.
Mais dès qu’il l’ordonne, c’est le dégel;
s’il ramène le vent, les eaux ruissellent.
Il communique sa parole à son peuple,
il prescrit à Israël des règles de vie.
Il n’a rien fait de tel pour aucun autre peuple,
aucun ne connaît ses commandements.
Alléluia, vive le Seigneur! (Ps 147.7-20)

La conclusion que nous tirerons de la seigneurie universelle de Jésus-Christ est celle à laquelle nous invite le texte biblique.

Jésus-Christ, Dieu et homme, libère les hommes. Il les libère du péché et de toutes ses conséquences. Il les libère du grand adversaire. C’est la raison pour laquelle il s’incarna, prêcha, souffrit; épuisé par la fatigue, il s’assoupit dans une embarcation en proie aux flots déchaînés et il réprimanda les éléments menaçants pour instruire les hommes au sujet de son pouvoir. Il posa la question essentielle : « Pourquoi avez-vous tellement peur? Comment n’avez-vous pas de foi? »

L’Église chrétienne reconnaît cette autorité et la confesse publiquement. Jésus enseigna ses disciples en ce qui concerne son autorité suprême s’étendant jusqu’au-dessus du monde démoniaque. Toute espérance de libération ne peut s’ancrer qu’en lui, et seulement en lui. Les disciples auraient dû comprendre cela depuis très longtemps, mais ils manquaient de foi. Ils auraient dû également déborder d’une sainte et sainte joie après que Jésus eut apaisé la tempête, car aucun homme mortel n’aurait pu accomplir un tel acte!

C’est donc à la lumière de ces incidents et de ces déclarations bibliques que nous devrions étudier les problèmes de l’écologie moderne. Autrement l’écologie finira, elle aussi, par devenir une mesure fragmentaire, une méthode insuffisante et dangereuse cherchant à parer au plus pressant, une sorte de système D de plus, dans la complexité inouïe de nos problèmes, parmi les systèmes D que sont d’ailleurs les divers systèmes de la politique moderne, bornés et toujours à court terme; la culture humaniste sans ossature ni force; l’économie sociale contemporaine, bricolant au jour le jour et raccommodant ce qui est irrémédiablement usé et tombant déjà en lambeaux.

Faut-il le redire? Il nous faut une écologie principiellle et bibliquement orientée. L’écologie cherche à voir l’ensemble des problèmes touchant notre environnement. Elle tient à relier l’industrie aux ressources premières et s’occupe d’établir ou de rétablir des rapports corrects entre la société industrialisée et l’énorme gaspillage des ressources naturelles. Elle lie l’économie à ce qui est social. Elle voudrait préserver, avec raison, les générations à venir de notre folle inconduite en ce qui concerne la consommation boulimique et insensée des richesses de la terre. Elle cherche à établir une harmonie entre les nantis et les pauvres de notre planète. Qui ne se réjouirait de savoir que des hommes sincères s’attaquent sérieusement à résoudre ces problèmes?

Mais l’écologie aura raison à condition qu’elle confesse, elle aussi, cette seigneurie de Jésus-Christ. Ce sont pourtant les chrétiens qui devraient et qui pourraient, mieux que quiconque, faire face au défi écologique en confessant leur foi au Christ tout-puissant. Mais que personne ne se fasse des illusions. L’activité malfaisante de Satan — même dans le monde de la nature — n’a pas faibli depuis le temps de Jésus. Le dernier livre du Nouveau Testament nous avertit qu’à la fin de notre histoire, les forces démoniaques s’acharneront plus que jamais pour détruire la création de Dieu et l’Église de Jésus-Christ.

Mais le disciple du Christ n’a pas à s’effrayer. Jésus-Christ reste le Maître de notre univers et le préserve de façon réelle. Même les vents et les vagues lui obéissent. Un jour, il fera plus que de gronder Satan; il le liera par des chaînes éternelles lorsqu’il reviendra pour inaugurer de nouveaux cieux et une nouvelle terre. Et aujourd’hui, nous l’entendons encore nous rassurer par son ordre à la puissance maléfique : « Silence, tais-toi. »