Matthieu 20 - Une vie chrétienne réussie est une vie de service
Matthieu 20 - Une vie chrétienne réussie est une vie de service
« Alors la mère des fils de Zébédée s’approcha de Jésus avec ses fils, et se prosterna, pour lui faire une demande. Il lui dit : Que veux-tu? Ordonne, lui dit-elle, que mes deux fils que voici soient assis, dans ton royaume, l’un à ta droite et l’autre à ta gauche. Jésus répondit : Vous ne savez ce que vous me demandez. Pouvez-vous boire la coupe que je vais boire? Nous le pouvons, dirent-ils. Et il leur répondit : Il est vrai que vous boirez ma coupe, mais pour ce qui est d’être assis à ma droite et à ma gauche, cela n’est pas à moi de le donner, sinon à ceux pour qui cela est préparé par mon Père. Les dix qui avaient entendu cela furent indignés contre les deux frères. Jésus les appela et dit : Vous savez que les chefs des nations les tyrannisent, et que les grands abusent de leur pouvoir sur elles. Il n’en sera pas de même parmi nous. Mais quiconque veut être grand parmi vous sera votre serviteur et quiconque veut être le premier parmi vous sera votre esclave. C’est ainsi que le Fils de l’homme est venu, non pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour beaucoup. »
Matthieu 20.20-28
La vie est synonyme de service. Nous sommes appelés à servir. Jésus nous dit que les chrétiens ne devraient pas chercher à dominer sur les autres. Nous devrions plutôt devenir des serviteurs, des « diakonoi », des diacres. Dans l’Église, le ministère particulier des diacres est limité à certaines personnes précises. Mais il y a aussi le ministère de tous les chrétiens qui est un ministère de service. Tous les chrétiens sont appelés à être des « diacres » au sens large, c’est-à-dire des serviteurs. Matthieu 20.26 nous dit : « Quiconque veut être grand parmi vous sera votre serviteur » (votre diacre). Cela s’applique à nous tous. Nous avons tous, chacun d’entre nous, la responsabilité d’exercer le ministère de serviteurs. Une vie chrétienne réussie est essentiellement une vie de service.
1. Ne cherchons pas à être servis⤒🔗
Jésus avait parfois besoin de reprendre ses disciples. C’est ce qu’il fait ici. Ses disciples avaient le désir de devenir grands. Jésus leur enseigne au contraire à devenir des serviteurs. Regardons le contexte. Jésus vient de dire à ses disciples qu’il s’en va mourir à Jérusalem. Il sera livré aux sacrificateurs et aux scribes; ils le livreront aux mains des Romains. On se moquera de lui, on le crucifiera et ensuite il ressuscitera. C’est la troisième fois que Jésus leur annonce sa mort. Mais les disciples ne comprennent pas. Lui, il leur annonce un royaume spirituel où Satan sera vaincu et nos péchés seront pardonnés; eux, ils rêvent d’un royaume terrestre. Ils s’imaginent que le Messie les débarrassera des Romains et leur donnera la paix et la prospérité. Ils sont en route vers Jérusalem et rêvent à de grandes choses. Madame Zébédée pense que c’est le bon moment de demander des places d’honneur pour ses deux fils dans le royaume terrestre qui vient bientôt. Il n’y a pas de temps à perdre, essayons de réserver nos places au conseil des ministres…
La famille de Zébédée avait une entreprise respectable en poissonnerie. Ils étaient leurs propres patrons. Un jour, Jésus a dit à Jacques et à Jean : « Suivez-moi », et ils l’ont suivi. Avec Jésus, ils ne gagnaient pas d’argent, ils ne dormaient pas dans des lits confortables, ils ne supervisaient pas d’employés. Mais dans le royaume à venir, ils auront sûrement des places de choix. Le gouvernement de ce royaume aura besoin de ministres et de hauts fonctionnaires. Qui pourra bien occuper ces fonctions importantes? Madame Zébédée était certaine que ses deux garçons deviendraient premier ministre et ministre du Revenu. Elle est venue demander à Jésus : « Ordonne que mes deux fils que voici soient assis, dans ton royaume, l’un à ta droite et l’autre à ta gauche » (Mt 20.21).
Nous comprenons son ambition. Il n’y a rien de trop bon pour nos enfants : la sécurité financière, une maison confortable, une bonne réputation. C’est ce que nous voulons, nous aussi, pour nos enfants. Et remarquez que ses fils étaient avec elle. Dans l’Évangile de Marc, la mère n’est pas mentionnée; ce sont les deux fils qui viennent présenter leur requête à Jésus (Mc 10.35). Les citoyens des royaumes de ce monde définissent le succès en termes de confort et de sécurité. On veut être servi. Le Royaume de Dieu est bien différent. Madame Zébédée ne l’a pas encore compris. Elle espère que ses fils deviendront de grands dirigeants, pas des serviteurs. Et ses fils ont les mêmes aspirations. D’ailleurs, les autres disciples ne sont pas mieux. « Les dix qui avaient entendu cela furent indignés contre les deux frères » (Mt 20.24). Leur colère prouve qu’ils avaient la même attitude. Jacques et Jean veulent trouver une façon sournoise d’accaparer une position d’autorité que les autres disciples convoitaient déjà secrètement.
Au fond, leur attitude est un reflet de notre propre cœur égoïste. Nous aurions fait la même chose à leur place. Comme ils sont oublieux! Ils ont déjà posé cette question à Jésus : « Qui donc est le plus grand dans le royaume des cieux? » (Mt 18.1). Et Jésus leur a répondu : « Quiconque se rendra humble comme ce petit enfant sera le plus grand dans le royaume des cieux » (Mt 18.4). Il fallait qu’ils abandonnent cette attitude qui pense à « moi en premier ». Ils avaient d’ailleurs le témoignage de l’Ancien Testament. Moïse était le plus grand dirigeant en Israël. Pourtant, la Bible nous dit qu’il était « un homme très humble, plus qu’aucun être humain sur la face de la terre » (Nb 12.3).
Et que dire des Israélites? Lévitique 19 nous enseigne que chaque Israélite avait l’obligation de prendre soin des autres membres du peuple de l’alliance. Un fermier n’avait pas le droit de faire passer son bien-être en premier. Il fallait qu’il pense au pauvre et à l’étranger et qu’il laisse une partie de son champ non moissonnée. Un employeur ne devait pas retenir la paye de ses employés afin qu’ils n’aient pas froid ou faim. La justice exigeait que les pauvres aient les mêmes droits que les riches. Toutes ces lois se résument en une phrase : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même » (Lv 19.18). Personne en Israël n’avait le droit de vivre pour lui-même, pour sa prospérité ou sa sécurité personnelle. Les membres de l’alliance n’existent pas pour eux-mêmes, ils existent pour les autres; ils ne sont pas là pour dominer, mais pour servir. Jésus n’invente rien de nouveau.
Mais le cœur humain est pécheur. Le peuple d’Israël n’a pas obéi. Ils ont développé cette mentalité qui pense que tout le fruit de notre travail nous appartient. Je peux en faire ce que je veux. Je n’ai pas besoin de penser aux intérêts des autres. Je suis là pour être servi, et non pour servir. Les pharisiens sont devenus arrogants. Ils méprisaient les foules qui ne connaissaient pas la loi. Dans la parabole du bon Samaritain, deux hommes respectables, un sacrificateur et un lévite, sont passés à côté de l’homme en détresse, sans s’arrêter pour l’aider. Et même quand les Juifs aidaient les autres, ce n’était pas par amour pour leur prochain, c’était par amour pour « moi », avec l’idée de gagner des « mérites » personnels devant Dieu.
Cette mentalité du « moi en premier » était pire encore chez les Grecs. Pour les Grecs, être un esclave était une honte. Il était honteux de servir les autres. L’idéal était de devenir un homme libre, capable de faire tout ce qu’on veut. La même mentalité prévaut encore aujourd’hui. Je réclame mes droits, ma liberté; je peux faire ce que je veux. Cela s’appelle l’égoïsme et l’individualisme. Toute la culture en est imprégnée. Plusieurs dirigeants veulent dominer sur les autres, avoir du pouvoir ou du prestige. Heureusement pas tous, mais plusieurs. Ils suivent les sondages; ils essaient d’être populaires. Beaucoup de gens veulent être reconnus et respectés. On travaille fort pour monter en haut de l’échelle et faire sentir aux autres qu’on a de l’autorité. C’est la nature humaine. Nous pensons à « moi en premier ». Nous aimons mieux être servis que servir.
Mais que dit Jésus? « Vous savez que les chefs des nations les tyrannisent et que les grands abusent de leur pouvoir sur elles. Il n’en sera pas de même parmi vous » (Mt 20.25-26). Pour les citoyens du Royaume de Dieu, les priorités doivent être différentes. « Mais quiconque veut être grand parmi vous sera votre serviteur et quiconque veut être le premier parmi vous sera votre esclave » (Mt 20.26-27). Jésus nous enseigne que la vraie grandeur se trouve dans le service. Se sacrifier soi-même pour être le serviteur des autres. Le mot « diakonos » est mis en parallèle avec le mot « doulos ». Serviteur est synonyme d’esclave. Voilà une parole bien difficile, une parole contraire à nos tendances naturelles. Qu’est-ce qui pourrait bien nous motiver à servir? C’est Jésus lui-même! Son œuvre et son exemple.
2. Considérons l’exemple de Jésus←⤒🔗
Jésus ne dit pas simplement : « Voilà comment les choses doivent être dans mon Royaume. » Il se donne en exemple. « C’est ainsi que le Fils de l’homme est venu non pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour beaucoup » (Mt 20.28). Quel meilleur exemple de service que celui de Jésus! Il est le diacre par excellence, le serviteur qui a servi jusqu’au bout. C’est lui que nous devrions chercher à imiter.
Il s’appelle le Fils de l’homme. C’est un titre du Messie. Le prophète Daniel l’avait annoncé (Dn 7). Il est plein de gloire et de majesté. C’est le Fils éternel de Dieu. Il a toujours été grand. Il n’avait rien à prouver. Les anges le servent et l’adorent depuis la création du monde. Il a quitté la gloire qu’il avait éternellement auprès du Père, il s’est abaissé pour devenir le Fils de l’homme. Il vivait dans un palais splendide, il est né dans une pauvre étable. Il partageait la puissance, la gloire et les honneurs de son Père. Il a accepté de vivre dans un monde corrompu avec des hommes pécheurs. Il n’a pas cherché le confort, la sécurité, le pouvoir ou les honneurs. Il ne s’est pas dit : « Je vais penser à moi en premier. » Non, il n’est pas venu pour être servi, il est venu pour servir, servir son Père et servir son peuple. C’était son but. Sa vie sur terre a toujours été une vie de service.
De quelle manière a-t-il servi? En « donnant sa vie en rançon pour beaucoup ». Il a donné. Servir veut dire donner. Jésus a donné sans limites. Il n’était pas là pour prendre ou pour combler ses désirs personnels. Il était là pour donner tout ce qu’il avait. Il s’est donné lui-même, il a donné sa vie en rançon pour beaucoup. Qu’est-ce qu’une rançon? C’est un rachat. Aujourd’hui, quand un ravisseur exige une rançon, on verse un montant d’argent pour que la personne kidnappée soit relâchée. Une rançon est un paiement pour être relâché, libéré. Autrefois, les personnes qu’on libérait par le moyen d’une rançon n’étaient pas des journalistes ou des membres de la famille. On payait une rançon pour libérer des esclaves, des gens indignes. Jésus a donné sa vie en rançon pour libérer des gens indignes. Cela n’a pas été facile pour lui. Il a racheté ceux qui étaient esclaves du péché. Il a payé de sa propre vie. C’était le prix exigé par son Père. Le salaire du péché, c’est la mort. Nous méritions de mourir et de souffrir éternellement. C’est le prix que Jésus a payé. Il a souffert les pires atrocités. Il a été rejeté par son Père. Il a payé pour nos péchés. Quel immense service il nous a rendu!
Il n’a pas servi seulement quelques personnes, un membre de la famille, un voisin ou un ami. Il a servi beaucoup de personnes. Il s’est donné en rançon « pour beaucoup ». Pour des gens de toute langue, de toute nation, de toute condition, des riches et des pauvres, peu importe leur réputation. Il l’a fait par amour pour nous. « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis » (Jn 15.13). Servir, c’est se donner, et se donner, c’est aimer. Jésus a aimé son Père. Jésus a aimé son prochain. Il a parfaitement obéi au commandement du Lévitique : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même. »
En conséquence, nous avons la vie, nous sommes enfants de Dieu! Il s’est donné pour que nous recevions. Il est mort pour que nous vivions. Il s’est abaissé pour nous élever. Il s’est identifié aux pécheurs pour que nous soyons saints. Il a servi, et c’est ainsi qu’il est devenu grand. Il s’est abaissé pour être élevé. Il est ressuscité. Il est monté au ciel pour recevoir le règne et la puissance à la droite de son Père. Voilà la bonne nouvelle de l’Évangile et voilà le bon exemple qu’il nous a laissé.
3. Soyons prêts à servir←⤒🔗
Le sacrifice de Jésus est absolument unique. Sa mort a une valeur expiatoire. Personne ne peut répéter son sacrifice. Personne ne peut servir comme il a servi. Il a servi pour notre salut. Il a été le seul à l’avoir fait et son service est pleinement suffisant. Mais ensuite, il nous appelle à le suivre avec le même esprit de service. Il nous appelle à aimer comme il nous a aimés. Aimer, servir, se donner. Qu’est-ce que nous voulons accomplir durant notre vie? Que recherchons-nous dans notre mariage, dans notre famille, à notre travail, dans l’Église? Voulons-nous recevoir? Ou cherchons-nous des occasions de donner? Se donner signifie se sacrifier pour le bien des autres. Cela implique des renoncements. Nous sommes des sacrificateurs pour Dieu. Nous offrons notre vie au service de Dieu et de notre prochain. Sommes-nous prêts à penser aux autres en premier? Sommes-nous prêts à quitter notre confort pour aider les personnes qui en ont besoin? Sommes-nous prêts à renoncer à notre sécurité ou à nos temps libres pour aider des personnes indignes, qui ne méritent pas notre considération? C’est ce que Jésus a fait. Au lieu d’être servi, il a servi, complètement, toute sa vie.
Donner, souffrir, aimer, servir, c’est contraire à notre nature. Cela peut même attirer la moquerie. Les gens ne comprendront pas toujours pourquoi nous voulons servir. Mais peu importe, voilà ce que Jésus enseigne. C’est exigeant. Faire ce que Jésus lui-même a fait? En sommes-nous capables? Les exigences du Royaume nous semblent impossibles. Pourtant, nous devons… et nous pouvons! Par sa grâce! Nous ne sommes pas comme le monde autour de nous. Nous étions morts dans nos péchés, comme les autres, mais nous sommes revenus à la vie par la grâce de Dieu.
Voyez-vous, Jésus n’a pas fini de servir. Il est monté au ciel, il est retourné dans la gloire de son Père pour donner son Esprit à son peuple. Et que fait le Saint-Esprit? Il n’est pas là pour être servi, lui non plus, il est là pour servir. Il transforme des pécheurs, il nous fortifie, il nous rend capables de vivre pour Dieu et d’aimer notre prochain. Il travaille en nous pour que nous puissions suivre l’exemple de Jésus. Le don de la grâce nous permet de vivre comme de vrais citoyens du Royaume. Oui, nous pouvons servir avec la force qu’il nous donne. Que faisons-nous de la grâce et de la force qu’il nous promet?
Un jour, nous l’espérons et nous prions pour cela, le Seigneur nous donnera des diacres dans notre Église. Les diacres sont là pour nous aider ensemble à servir. Ils nous montrent comment faire passer les autres avant nous. Ils exercent un ministère de compassion qui découle de l’amour de Jésus. Ils structurent notre entraide et canalisent notre amour du prochain. Les diacres sont là pour nous encourager à servir et nous rendre plus efficaces dans notre service.
Mais que nous ayons des diacres ou pas, le Seigneur nous appelle tous à servir. Nous sommes tous des diacres au sens large. Quel but poursuivons-nous dans la vie? Voulons-nous recevoir ou donner? Recherchons-nous notre avantage ou l’avantage des autres? Moi en premier ou les autres en premier? Soyons prompts à servir. N’attendons pas que nos anciens, nos parents, nos frères et sœurs, nos voisins viennent nous demander un service. Prenons les devants. Cherchons activement des occasions de servir, à la maison, à l’Église, dans le voisinage. Ayons un cœur disponible, des yeux ouverts, des mains prêtes à servir.
Jésus a tout donné, il a tout abandonné : son confort, sa gloire, sa sécurité, sa propre vie. Il avait seulement son Père, et ça lui suffisait. Il s’est donné pour que nous recevions. À cause de son service, nous sommes devenus riches. Nous sommes des enfants du Père, des héritiers du Royaume, pour devenir à notre tour des serviteurs. Voulez-vous une vie pleinement réussie dans le Royaume de Dieu? Elle doit devenir une vie de service. Amen.