Cet article sur Matthieu 6.10 a pour sujet la prière pour la venue du règne de Dieu, qui a été établi par l'autorité du Christ mort, ressuscité et monté au ciel, d'où il envoie son Esprit et qui reviendra compléter son royaume à son retour.

Source: La prière en Esprit. 4 pages.

Matthieu 6 - Que ton règne vienne (2)

« Que ton règne vienne. »

Matthieu 6.10

L’histoire du Royaume de Dieu est une bien longue histoire. Selon le plan de Dieu, il se développe dès l’origine du monde, mais son étape décisive a été atteinte au moment de l’incarnation du Fils de Dieu.

Depuis ce moment-là, c’est-à-dire depuis l’incarnation et l’exaltation du Christ, le règne de Dieu poursuit ses conquêtes et, sans qu’il soit totalement et visiblement installé, il se rapproche de nous chaque jour. Dieu l’avait fondé à l’aurore de notre histoire humaine. Il avait fait de sa création le règne de son amour, dont le centre devait être le cœur de l’homme.

Cet homme, créature faite à son image, devait le connaître et le servir. Aussi avait-il reçu l’ordre de dominer toutes choses; étant promu au rang de gérant du domaine sur lequel il devait exercer l’autorité que Dieu lui avait déléguée, il devait veiller à ce que toute la gloire en revienne exclusivement et en toutes circonstances au seul nom de Dieu.

Sa chute le priva de sa position exaltée et le précipita hors du règne de l’amour de Dieu. Depuis ce moment-là, l’homme ne connaît que la condition tragique d’homme spirituellement mort, égaré dans ses multiples tentatives pour instaurer une impossible hégémonie à prétention universelle. Il n’avait pas saisi la richesse, il n’avait pas compris l’immense honneur dont il avait été gratifié. Au lieu de se soumettre librement et joyeusement à son Créateur, il s’avilit en s’alliant à l’adversaire. Bien plus, il devint le complice des desseins diaboliques de l’esprit des ténèbres. Dès lors, sa souffrance et sa perpétuelle recherche d’un paradis perdu revêtent un caractère tragique.

Privé des dons mis à sa disposition, hormis quelques-uns, à ses yeux tout est devenu vanité; il a fini par se considérer lui-même comme vanité… Il ne faut pas alors s’étonner que les mots dominants de son vocabulaire, lorsqu’il se veut lucide, soient « l’absurde », « la crise », « le malaise », etc. Nisi Domine Frustra, disaient les anciens, ce qui veut dire : « Hors du Seigneur, tout est vanité. »

Cette rupture radicale d’avec Dieu substitue inévitablement son règne de justice et d’amour par la tyrannie de l’injustice et de la haine. Pourtant, le règne original de Dieu ne sera ni détruit ni voué à l’échec, car, dans sa sagesse éternelle, Dieu avait décidé de réaliser et d’amener à bonne fin ce qu’il avait conçu d’avance : il fit de son Fils unique le second Adam, le nouveau Chef d’une humanité nouvelle.

Ce fut donc le Fils incarné, le Sauveur crucifié et ressuscité des morts qui, en tant que Roi, inaugure le nouvel ordre de l’univers. Il avait été désigné comme tel dès avant la fondation du monde. Choisi comme Roi et comme Serviteur exemplaire, c’est en lui que seront réunies toutes choses sur la terre et dans les cieux, afin de fonder le Royaume complet et éternel de Dieu.

Dieu connaît, dès le commencement, le déroulement de notre histoire et la fin qu’il réserve à sa création. En créant le monde, il avait déjà en vue le terme de cette création et l’accomplissement de son dessein concernant le Royaume.

Nous avons déjà suffisamment précisé que son règne final ne sera pas le résultat de la lutte que les hommes livreront contre l’usurpation de l’ennemi ou contre les différentes formes du mal, du péché ou de la mort. Mais nous savons qu’a la fin, tout ce qui opprime notre vie disparaîtra, et la mort dévitalisée cédera la place au règne de vie éternelle du Père céleste.

La bataille décisive, aux dimensions cosmiques, ne se livrera ni pour les droits de l’homme ni pour obtenir des avantages matériels, mais pour rétablir la justice et la sainteté de Dieu, pour faire éclater et faire reconnaître son unique seigneurie.

Qui sera le Roi? Jésus-Christ, le Serviteur de Dieu, notre Sauveur, ou bien l’usurpateur, le père du mensonge? Nous avons déjà rappelé que, dans un sens, le règne de Dieu est présent depuis les origines. Dans le livre de la Genèse, nous y trouvons déjà une première allusion, appelée d’ailleurs le « proto-evangelion », ce qui veut dire en grec « le premier Évangile ».

Les témoins et les représentants du Royaume ont été nombreux à toutes les époques. Rappelons-nous seulement les noms de Seth, d’Hénoch ou de Noé, au temps de la préhistoire biblique, ou encore ceux de patriarches tels qu’Abraham, Jacob ou Moïse. Souvenons-nous aussi du régime théocratique instauré dans l’ancien Israël. Ces hommes, chacun à sa manière, reconnurent et servirent le règne du ciel et, par la foi, ils embrassèrent la promesse de son avènement futur et définitif.

Ils attendirent dans l’espérance la Cité de Dieu, dont les fondements sont posés par celui qui en est l’architecte exclusif. Aussi bien la loi mosaïque que les institutions politiques d’Israël furent, avant la venue du Christ, les signes les plus évidents de l’autorité universelle de Dieu. Mais c’est dans la venue de Jésus-Christ, dans sa naissance et son ministère terrestre, que ce règne fut rendu tangible et manifeste de manière spéciale. « Le gouvernement lui sera donné et il sera appelé le Tout-Puissant », annonçait déjà le prophète Ésaïe plusieurs siècles avant la naissance de Jésus (És 9.5). Les miracles accomplis, les paraboles et l’ensemble de sa mission pendant trois ans attestèrent la proximité du Royaume de Dieu. « Il est parmi vous », disait-il à ceux qui l’interrogeaient à ce sujet. Il lutta âprement et avec ténacité pour son établissement et pour détrôner l’usurpateur, le diable. Il lutta jusqu’aux larmes et jusqu’à la mort. Celle-ci fut suivie de sa résurrection, preuve tangible et irréfutable de sa victoire définitive.

Si le Royaume n’est pas encore présent dans sa totalité et dans sa plénitude, il s’établit déjà par voie intérieure dans la vie et le cœur des hommes. Lorsque le Christ a occupé la position exaltée et l’autorité suprême qui sont les siennes après sa mort et sa résurrection, il a reçu la promesse transmise aux siens de l’effusion du Saint-Esprit, qui est l’Esprit royal par excellence. Un peuple nouveau a été formé, vivant dans et grâce à l’Alliance avec Dieu, participant déjà à présent à la vie de résurrection du Christ Sauveur, partageant sa victoire et bénéficiant des résultats acquis par le Seigneur. Ce peuple participe aussi au combat de la foi, de l’espérance et de l’amour divin. Il s’arme de toutes les armes spirituelles parce que Dieu, dans sa grâce, lui permet de croire, mais aussi de souffrir à cause de son nom. Citoyen du ciel, il vit comme en captivité dans une Babylone terrestre où il ne peut espérer de victoire visible et concrète.

Il sait qu’il devra endurer encore longtemps la tribulation, car depuis le jour inoubliable où l’on crucifia le Fils de Dieu, les hommes n’ont cessé de vociférer : « Nous ne voulons pas que cet homme, c’est-à-dire Jésus de Nazareth, soit notre roi. » Les sujets fidèles du Royaume ont été persécutés dès le début. Des persécutions ouvertes ou insidieuses sont lancées contre l’Église de Jésus-Christ. Le disciple du Maître sait qu’il doit s’attendre à des guerres et à des rumeurs de guerres, à des famines et à des tremblements de terre jusqu’à l’apparition de l’homme d’iniquité, c’est-à-dire de l’antichrist, dans le règne duquel il n’y aura pas de place pour ceux qui refusent d’adorer la bête et de porter son image.

Le Royaume vient. Il vient du ciel, de la part de Dieu. Le Christ fera son apparition dans toute la splendeur qui convient au Souverain universel pour justifier son peuple dans et lors du juste jugement de Dieu le Père. Il apparaîtra pour établir visiblement le règne éternel du Dieu Créateur et Sauveur.

Alors Dieu sera tout en tous et nous-mêmes, son peuple, nous régnerons avec lui éternellement. C’est pour cela que nous sommes exhortés à prier : « Père, que ton règne vienne. » Si nous saisissons cela, notre prière sera à la fois correcte et fervente. Prions donc pour que le règne s’établisse déjà à travers son Esprit, afin que nous soyons soumis toujours davantage à sa sainte Parole, pour que l’Église soit préservée du mal et qu’elle s’édifie et se développe chaque jour. Prions pour l’avènement glorieux de notre Seigneur Jésus-Christ.

Si nous comprenons bien les implications de notre requête, nous ne serons pas confus ni emportés par les idéologies qui, aujourd’hui comme hier, déferlent sur nous pour démolir notre foi et saper notre espérance vivante. Ces idées ne pourraient que nous égarer. Prions afin que le règne de Dieu s’établisse déjà dans nos cœurs de citoyens du ciel. Celui qui peut prier de la sorte vit déjà sur terre la nouveauté de vie en plénitude que nous avons en Jésus-Christ. S’il n’en connaît que les débuts, il rencontrera la résistance, autant en lui-même qu’autour de lui. S’il ne savait pas s’appuyer sur la force de Dieu, il serait sans force. Pourtant, il est déjà vainqueur, « car la victoire qui triomphe du monde c’est notre foi » (1 Jn 5.4). Prions pour que ce règne de Dieu transforme nos vies, pour que l’Église soit affermie dans sa vocation, préservée de toute séduction, et pour que l’Évangile se répande dans le monde entier. Ainsi, nous serons remplis d’espérance, débordants de zèle et fervents pour notre mission.

Oui, amis chrétiens, nous le savons : le règne de Dieu s’approche chaque jour davantage. C’est à lui seul qu’appartiennent le règne, la puissance et la gloire.