Cet article a pour sujet le message de l'Évangile de Jésus-Christ qui détermine la mission chrétienne. Le contenu de notre proclamation c'est Jésus-Christ crucifié, folie pour ceux qui se perdent et sagesse pour ceux qui sont sauvés.

Source: La communication de l'Évangile. 3 pages.

Le message c'est la mission - Le contenu de notre proclamation

Le caractère missionnaire de la prédication de l’Évangile nous est révélé, entre autres, sur la toute première page du livre des Actes. Au moment où le Seigneur prend congé de ses disciples, une question brûle l’esprit de ces derniers. Ils la lui posent : « Seigneur, quand établiras-tu le Royaume de Dieu? » La réponse est donnée de manière inattendue. Telle est la version lucanienne du grand ordre missionnaire précédant l’ascension : « Vous serez mes témoins » (Ac 1.8).

Le contenu de l’Évangile n’est pas n’importe quoi. L’Évangile n’est pas un message approprié aux besoins exclusifs de l’époque devant s’adapter aux mentalités des époques qui suivent, suivre les modes. Il est la vérité confiée une fois pour toutes aux saints. Il convenait parfaitement aux hommes du premier siècle; il demeure valable et actuel pour notre temps. Nous confessons l’universalité de l’Église parce que le message dont elle est chargée est en soi universel. Parce que l’Évangile est universel, l’Église qui le proclame sera aussi apostolique et œcuménique, au sens vrai du terme. La voix du Bon Berger entendue dans l’Église primitive devra être reproduite avec une rigoureuse fidélité dans notre siècle et jusqu’à la fin de l’histoire. Nous en affirmons l’actualité permanente. Veillons à ce que l’audace de le transmettre ne nous manque pas. Il est facile de se laisser intimider par les détracteurs culturels de la foi révélée, par exemple par le néo-paganisme virulent des Occidentaux; nous laisser séduire par les pseudo-théologies en vogue et les fausses spiritualités qui ont le vent en poupe. Pour transmettre l’Évangile, il nous faut retourner sans cesse à l’Évangile, car il n’y a que l’Évangile selon l’Évangile, et que nous nous détournerons des évangiles-fiction qui foisonnent et prospèrent autour de nous.

La prédication apostolique connaissait une formule j’ose dire stéréotype dans le bon sens du terme, qui à mes yeux n’a pas de sens péjoratif. Nous en rappelions déjà plus haut des termes. Dans le livre des Actes, les discours de Pierre annoncent Jésus-Christ comme le Messie, descendant de David, mis à mort pour nos péchés, en qui s’accomplissent les promesses prophétiques. Sa résurrection l’a élevé à la position de Seigneur universel. Paul a beaucoup « adapté » ce même message aux besoins de sa vocation missionnaire parmi les païens. Mais ce faisant, il n’a fait que reprendre le thème central du message apostolique primitif. À la suite des apôtres, l’Église confessante n’aura d’autre message à transmettre que le Christ et le Christ crucifié : « il n’y a pas un autre nom… par lequel nous soyons sauvés » (Ac 4.12; voir 1 Co 1).

La croix

La croix de Jésus-Christ restera au centre de la communication chrétienne, faute de quoi celle-ci ne serait pas proclamation de l’Évangile, mais une transmission de valeurs religieuses, ou une propagande de spiritualité subjectiviste, totalement dépourvue de la puissance de salut. La croix est autant folie pour les anciens que pour les modernes. Faire l’économie de son scandale au profit d’un néo-christianisme triomphaliste et arrogant, avec des manifestations de spiritualité douteuses qui nous rappellent davantage, si nous restons lucides, l’enthousiasme et la surexcitation de certains rassemblements de masse si ce n’est de religions magiques que la Bonne Nouvelle, c’est trahir aussi bien l’Évangile que l’homme qu’on veut atteindre.

Certains succès fulgurants et éphémères sont, à vrai dire, sans une réelle référence organique avec l’Évangile. Notre salut dépend d’une part de la reconnaissance de nos fautes, d’autre part de notre confession de la mort expiatoire du Christ. La nouvelle économie du salut contient des éléments qui sont inadmissibles pour l’homme, qui échafaude lui-même ses systèmes religieux et cherche à se justifier à ses propres yeux.

Dieu, lui, nous justifie et se réconcilie avec nous en transférant la malédiction qui nous était destinée sur Christ, le seul innocent. La mort du Sauveur est le cœur même de notre évangélisation. Avec un auteur ancien, nous pouvons redire qu’en effet la crèche et la croix sont faites du même bois.

Mais, annoncer la croix du Christ n’est pas transmettre une formule magique. Elle est véritablement folie et scandale, et en même temps elle est puissance de Dieu pour le salut de quiconque croit. Son impact est positif. Dieu est amour. Il l’a prouvé sur la croix. Certes, sa colère est une réalité redoutable que nous ne sous-estimerons pas, mais son amour a pourvu à sa colère et elle fut apaisée sur le bois infâme où « le Fils de Dieu m’a aimé et s’est livré lui-même pour moi ».

La croix annonce la Bonne Nouvelle selon laquelle Dieu ne nous abandonne pas. Il ne rejette pas sa création. La croix du Calvaire est l’instrument qui déclare parce qu’il rétablit la souveraineté de Dieu dans l’univers. Il a montré de la sorte son intérêt pour l’ensemble de la création et pas uniquement une sollicitude pour des âmes désincarnées! La chute, la corruption, l’apostasie d’Israël, l’infidélité même de l’Église, n’anéantiront pas son dessein initial. Forte de cette connaissance, la foi s’adonnera avec assurance à ses tâches journalières. Après s’être mis à genoux devant le Crucifié, le chrétien se lèvera pour recevoir l’ordre du Seigneur ressuscité. Il sait qu’il est investi d’une mission globale, car l’ordre culturel rejoint et complète l’ordre missionnaire (Gn 1.26 et Mt 28.18-20).

Le contenu de la Bible tout entière converge vers la personne de Jésus-Christ. Il en est la pièce centrale. Il est celui à qui regardent les deux Testaments. En lui, la Bible trouve son unité. À son nom seront subordonnés tous les thèmes de la Bible. Salut en Jésus-Christ et libération de l’homme sont d’excellentes expressions qui peuvent se justifier pour qualifier notre proclamation. En effet, il n’y a pas un autre nom donné dans les cieux et sur la terre par lequel nous soyons sauvés. S’il y avait eu d’autres sauveurs et libérateurs, ni l’Église ni sa mission n’auraient de raison d’exister.

Cette connaissance et la certitude qu’elle engendre constitueront la force contraignante qui fera de nous des proclamateurs de l’Évangile pour amener toute pensée captive à l’obéissance de Jésus-Christ. La croix du Christ n’est pas seulement centrale sur les pages de la Bible, mais domine aussi la totalité de l’histoire. Elle a allumé une étincelle qui embrasera l’ensemble du complexe humain; le feu y brûlera soit pour purifier, soit pour détruire. Elle domine autant nos vies individuelles que les structures sociales. En elle, nous avons la vie éternelle, la réconciliation avec Dieu, le pardon des péchés, la réconciliation avec notre prochain, l’harmonie avec nous-mêmes. Si on la fuit, on trébuchera, et en tombant on s’écrasera. Ce qui signifie non seulement perdition éternelle, mais déjà échec irréversible dans l’existence temporelle. N’oublions pas que l’Évangile est soit odeur de vie, soit odeur de mort.

La communication de l’Évangile est donc possible, et l’Évangile est positif. L’évangéliste que nous devons être ne peut qu’exprimer une jubilation infinie et prendre courage dans l’exercice de sa mission. Dieu a remporté la victoire; même si les détails nous en échappent, sa victoire eschatologique devrait nous remplir d’une infinie allégresse. Alors, sans tarder, sans hésiter ni tergiverser, nous nous engagerons activement à proclamer son Évangile.