Le ministère des petites choses
Le ministère des petites choses
C’est devenu une devise chrétienne : « Tentez de grandes choses pour Dieu. »
Certains s’étonnent même que ce dicton ne se trouve pas dans la Bible! En tant que disciples du Christ, nous sommes encouragés à viser haut. Participez à un voyage missionnaire. Faites don de votre fortune. Devenez évangéliste de rue.
Vouloir s’élever au-dessus de son bien-être et de la facilité est louable : « Je veux faire quelque chose de grand pour Dieu. » C’est bien mieux que de faire une idole de notre confort personnel et de notre aisance. Toutefois, nous ne sommes pas obligés de nous distinguer et de faire des choses remarquables. Dans l’exercice d’un service significatif pour le Seigneur, les petites choses comptent souvent parmi les plus grandes. J’aimerais illustrer cela par une réflexion sur le ministère pastoral.
Au cours des vingt dernières années, ma femme et moi, ainsi que notre famille, avons eu le chagrin de devoir quitter trois Églises. Après une période de ministère dans une ville, Dieu a conduit notre chemin vers un nouvel endroit, puis vers un autre. Les nombreuses joies des liens tissés entre un pasteur (et sa famille) et une Église ont fait place aux douleurs aiguës de la séparation : larmes, étreintes, tristesse, mais aussi mots d’amour et d’appréciation mutuels.
En réfléchissant à ces adieux, j’ai été frappé par le fait que, pour de nombreuses personnes, ce sont les petites choses qui ressortent. L’Église exprime sa gratitude pour le travail accompli au cours des cinq ou huit dernières années. Quelles choses souligne-t-elle?
« Merci d’avoir pris de mes nouvelles. »
« Merci de t’être toujours souvenu de mon anniversaire. »
« J’ai aimé que tu m’emmènes prendre un café. »
« Tu as pris le temps de répondre à nos questions au catéchisme. »
« Merci d’avoir baptisé nos garçons. »
« Merci de nous avoir écoutés. »
Ce n’est pas grand-chose. C’est comme envoyer un texto à quelqu’un pour savoir comment il va depuis son opération au genou. C’est se manifester lors d’une crise familiale, prier ensemble et lire un psaume. C’est passer une heure avec un jeune pour écouter ses réflexions sur sa vie. C’est travailler sur son sermon et le prêcher le dimanche. C’est poser la bonne question lors d’une visite pastorale.
Ces choses ne laissent paraître rien d’exaltant ou d’extraordinaire. À mon avis, la plupart de ces choses se réalisent sans trop d’effort. Je ne les ai pas toujours accomplies parfaitement, bien sûr, ni toujours joyeusement, mais je les ai mises en pratique régulièrement. Malgré tout, ne voudrais-je pas que l’on se souvienne de moi pour de plus grandes choses?
Les pasteurs aimeraient probablement que leurs frères et sœurs les apprécient pour des œuvres impressionnantes qui leur ont donné l’occasion de mettre en valeur leurs compétences : « Merci pour ce brillant sermon il y a quatre ans sur le fils prodigue — je me souviendrai de ce message le reste de ma vie. » Ou encore : « C’est votre article sur l’évangélisation qui m’a incité à aller au séminaire pour devenir missionnaire. » Nous vivons une leçon d’humilité en voyant que ce n’est pas ce genre de travail qui exerce le plus d’impact.
On pourrait appeler cela « le ministère des petites choses ». Nos marques d’attention apparemment insignifiantes et les services relativement anodins que nous rendons constituent des gestes que Dieu aime utiliser pour bénir et aider son Église.
Vous ouvrez les Écritures et lisez un bref passage avec quelqu’un afin de le conseiller : cela semble une petite chose, mais ce n’en est pas une.
Vous passez du temps avec une sœur âgée qui vous fait part de ses chagrins, vous l’écoutez et vous lui offrez quelques mots d’encouragement : cela semble peu de choses, mais ce n’est pas le cas.
Vous priez avec une famille, apportant ses soucis et ses tristesses devant le trône de Dieu : cela semble peu, mais ce n’est pas le cas.
Vous tendez la main pour dire bonjour à un frère qui souffre de solitude ou pour lui dire que vous priez pour lui : cela semble peu de choses, mais ce n’est pas le cas.
D’une manière ou d’une autre, c’est ce genre de geste qui perdure et qui s’appelle le ministère fidèle de l’amour du Christ et de la Parole du Christ au peuple du Christ.
Le « ministère des petites choses » se conforme à la manière dont la Bible nous enseigne à penser le royaume de Dieu. Dieu a toujours accompli beaucoup avec peu de choses. Dans sa parabole du levain, Jésus dit que le royaume des cieux commence par quelque chose d’aussi modeste qu’une pincée de levain. Le levain se fait pratiquement oublier et on ne le voit pas agir, mais, lorsqu’il imprègne lentement la pâte, il produit un effet formidable (Mt 13.22). Nos petites œuvres, accomplies avec patience et constance, peuvent produire quelque chose de grand.
Jésus lui-même n’avait aucune apparence (És 53.2), et son Évangile semble insignifiant (1 Co 1.18). De même, la plupart des membres de son Église ne se distinguent pas selon les critères du monde (1 Co 1.26). Pourtant, Dieu a changé le cours de l’histoire du monde par la personne et l’œuvre de son Fils, et même par les paroles et les actes de son Église.
Ce modèle scripturaire nous amène à porter un regard différent sur notre travail. Dieu nous appelle à la fidélité dans tous les travaux qu’il nous a confiés, qu’ils paraissent importants ou petits. En fait, c’est notre diligence dans les petites choses qui indique que nous sommes en mesure d’entreprendre quelque chose de plus grand. Jésus a dit : « Celui qui est fidèle en peu de choses est aussi fidèle dans ce qui est important » (Lc 16.10).
Que pouvons-nous donc apprendre de cette histoire? Nous en dégageons des implications pour chacun d’entre nous, que nous soyons pasteurs ou non.
Mais commençons par les pasteurs.
Ils exercent un ministère au sein du peuple du Seigneur. Parfois, une joie et une satisfaction profondes marquent notre ministère, et d’autres fois, ce travail est source de stress, de frustration et de tristesse indicibles. Nous ne savons pas quoi dire lors de telle visite, la prochaine étape nous semble floue et nous nous sentons totalement incompétents. Mais au lieu de nous sentir obligés de tout dire parfaitement, ou d’essayer de répondre aux besoins les plus profonds d’une personne, nous pouvons être assurés que Dieu peut certainement utiliser un petit quelque chose. Nous pouvons nous contenter d’une visite d’une demi-heure et d’une prière avec la personne, mais nous pouvons avoir la certitude que Dieu s’en servira. Si nous avons lu la parole du Christ et partagé son amour, quelque chose de bon peut se produire.
D’autres ne remplissent peut-être pas de « ministère » officiel, mais doivent accomplir une tâche de la part du Seigneur. Il vous a placé là où vous vous trouvez — à l’école, dans votre Église, dans votre foyer, dans votre quartier ou sur votre lieu de travail — dans le but d’adorer et de servir. Votre vocation consiste à aimer Dieu de tout votre cœur et à aimer sincèrement les autres. Alors, rendez-vous disponible. Travaillez bien. Prenez le temps d’écouter et d’aimer quelqu’un. Voyez comment Dieu opère.
Le cours normal de la vie n’a rien de très emballant. Nos journées se composent généralement de choses banales : une autre réunion de travail fastidieuse, encore du linge à plier, quelques heures supplémentaires de bénévolat, une leçon d’histoire à enseigner à deux douzaines d’enfants. Cette foule de petites choses, Dieu les a mises devant nous aujourd’hui. En nous y donnant tout notre cœur, nous montrons que c’est le Seigneur Jésus-Christ que nous servons.
C’est un acte de foi par lequel nous croyons qu’il peut utiliser notre temps, notre amour et notre service dans un but qui nous dépasse — nous croyons, puis nous allons et nous agissons.
À travers notre ministère de petites choses, Dieu peut faire quelque chose de grand.
