Cet article a pour sujet le perfectionnisme, ses erreurs et ses dangers. Le perfectionniste a besoin d'apprendre à dépendre de la grâce de Dieu en Jésus-Christ pour sa marche avec Dieu.

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Le perfectionnisme

Il existe maints ouvrages pour dénoncer le relâchement des chrétiens et l’assoupissement des Églises, mais il est moins fréquent de voir traiter la tentation opposée qui touche également nombre de chrétiens : le perfectionnisme.

Le perfectionnisme est pour la perfection ce que l’intégrisme est pour l’intégrité : une utilisation excessive, un mauvais usage qui, au lieu de porter de bons fruits, en portent d’amers.

En quoi consiste cette erreur et comment y échapper?

Le perfectionniste ne retient que deux aspects de la réalité présente : le bien et le mal. Il veut rejeter le mal et s’attacher au bien, ce qui semble être une bonne disposition. Mais il oublie deux choses :

  • le mal n’est pas seulement extérieur à l’homme, mais intérieur, et nos meilleures intentions sont elles aussi contaminées, souillées par le péché;

  • le bien que Dieu nous demande de vivre, nous n’avons pas la capacité de le pratiquer pour répondre à son attente (Rm 7.18-19).

Ainsi, celui qui vient à la lumière est-il conduit à un double constat :

  • il ne peut par ses propres forces lutter contre le péché qui est attaché à son cœur : il doit renoncer à cette lutte;

  • il ne peut par ses propres forces accomplir le bien que Dieu attend de lui : il doit aussi y renoncer…

Ce double renoncement (relaté en Romains 7) suppose un tel échec de notre volonté propre et de nos prétentions qu’il équivaut à une mort (Rm 6.4; 7.4-6), une sorte d’anéantissement de notre ancienne nature et à un recours total à la grâce de Dieu : non seulement pour le pardon de nos péchés, mais aussi pour la purification et pour l’obéissance de la foi — qui est tout autre chose que l’obéissance de la loi (Rm 10.1-4; Ga 5.4).

Le perfectionniste n’est jamais satisfait, sauf quand son illusion est totale vis-à-vis de lui-même (Lc 18.11). Il est malheureux, car il est tour à tour confronté à la tentation de se croire meilleur ou pire que les autres. Il est seul. Il ne fait pas confiance : il prend les autres pour des sots. Il est malheureux et il rend son entourage malheureux, car il est difficilement accessible, étant prisonnier de ses raisonnements nourris de crainte ou de prétention (Rm 10.21). Enfin, le perfectionniste pense souvent qu’il est le seul à souffrir. Il a peu de compassion.

Le perfectionniste est inévitablement exposé au légalisme, car il place les principes qu’il a sélectionnés au-dessus de toute autre considération (Mt 23.23-24). Il peut aussi, à certains moments, être tenté de tout lâcher, tellement son cœur a besoin d’amour et de liberté… Le perfectionniste a du mal à accepter d’être aimé tel qu’il est. Il reçoit peu d’amour et en donne peu (1 Co 13.1-3). Il a peu de joie et en communique peu…

Le perfectionniste ne peut vivre une communion intime avec son Sauveur (Ga 5.4-6). En réalité, si un perfectionniste rencontrait Jésus, il trouverait maintes choses à lui reprocher!

Le perfectionniste doit apprendre ou réapprendre qu’il ne peut pas davantage marcher dans la volonté de Dieu par ses propres forces qu’il ne pouvait obtenir le salut par ses propres forces. Il doit accepter que sa dépendance vis-à-vis de l’amour de Dieu, de la grâce qui est en Jésus-Christ et du secours du Saint-Esprit soit totale. C’est là une grande humiliation assurément, un brisement même, mais qui seront suivis par un relèvement bienfaisant avec des forces et une joie nouvelles (Jc 4.10; 1 Pi 5.6).

Seule cette acceptation mettra le perfectionniste en repos, irriguera son cœur de grâce et d’amour, mettra un terme à ses raisonnements de propre justice ou de culpabilité, mettra un terme à l’esprit de jugement ou de supériorité à l’égard des autres.

Seule cette acceptation introduira dans sa vie la dimension du Royaume de Dieu qui glorifie le Seigneur.