Cet article sur 1 Thessaloniciens 1.2 et 1 Thessaloniciens 4.1 a pour sujet la prière de reconnaissance pour les chrétiens fidèles et intègre et leur appel à marcher de progrès en progrès par la grâce de Dieu.

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De progrès en progrès

« Voici donc comment vous devez prier : Notre Père qui es aux cieux! Que ton nom soit sanctifié. Que ton règne vienne. Que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel. »

Matthieu 6.9-10

« Nous rendons continuellement grâces à Dieu pour vous tous, et faisons mention de vous dans nos prières. »

1 Thessaloniciens 1.2

« Au reste, frères, nous vous le demandons et nous vous y exhortons dans le Seigneur Jésus : vous avez appris de nous comment vous devez marcher et plaire à Dieu, d’ailleurs vous le faites. Eh bien! progressez encore. »

1 Thessaloniciens 4.1

  1. Je rends grâce pour vous tous
  2. Des chrétiens sérieux
  3. Marcher de progrès en progrès

J’ai visité une dame âgée à l’hôpital cette semaine.

— Vous êtes croyante?
— Oui, je le suis. Mais Dieu est injuste et je le lui dis souvent.
— Et est-ce que vous lui dites merci parfois?
— Ah non, jamais.

Je lui ai suggéré de le faire. Elle m’a remercié!

La reconnaissance est un merveilleux fruit de la grâce. Un enfant qui dit merci, un chrétien, une épouse, un époux qui disent merci — et même un non-chrétien qui dit merci — montrent qu’ils ont été touchés par une dimension de la grâce. En un sens, la reconnaissance est comme le pouls d’une personne, la preuve qu’elle est vivante!

1. Je rends grâce pour vous tous🔗

L’apôtre Paul commence sa première lettre aux chrétiens de Thessalonique ainsi : « Nous rendons continuellement grâce à Dieu pour vous tous » (1 Th 1.2)1. S’il le dit, c’est qu’il avait des raisons de le faire. Il est vrai que les chrétiens de cette Église étaient fidèles et intègres; je vais y revenir. Mais était-ce le cas de tous, sans exception? Or, Paul dit : Pour vous tous!

Quel est l’enseignement? Pour Paul, tout chrétien, quel qu’il soit, renvoie à Jésus-Christ. Dans le mot « chrétien », il y a Christ, ne l’oublions pas! Paul ne confond pas un chrétien avec Jésus-Christ, mais il ne le dissocie jamais. Pour Paul, un chrétien et Jésus-Christ sont tellement liés qu’il est impossible de voir l’un sans voir l’autre, d’aimer l’un sans aimer l’autre.

Nous nous souvenons que Paul a appris cela lors de sa conversion, avec cette parole lapidaire et stupéfiante du Seigneur : « Je suis Jésus que tu persécutes! » (Ac 9.5). Saul ne persécutait pas Jésus (il pensait qu’il était mort); il persécutait seulement quelques chrétiens… Il n’imaginait pas le lien entre chacun d’eux et le Seigneur ressuscité! Nous non plus, nous ne l’imaginons pas. Que d’implications, pourtant!

Ce que je dis là ne concerne-t-il que les chrétiens fidèles, ceux qui vont bien, ceux qui marchent bien? Pas du tout. Un chrétien est un chrétien, même s’il peine dans sa marche chrétienne, même s’il apprend lentement, même s’il tombe souvent2. Jean Calvin, que l’on regarde comme très sévère, a écrit des pages admirables au sujet des chrétiens qui ont de la peine à marcher. Mais ce sont des chrétiens!

Question subsidiaire : cela concerne-t-il seulement les chrétiens de « mon » Église? Pas du tout. Certes, il y a une dimension d’affection très profonde dans le cœur de Paul pour ces chrétiens-là (1 Th 2.8), mais ce n’est pas seulement sur ce plan-là. C’est aussi que, pour Paul, comme je l’ai déjà dit, tous les chrétiens (et donc chacun) sont reliés directement à la personne de Jésus. Pas seulement reliés : attachés, très fortement associés.

2. Des chrétiens sérieux🔗

Il se trouve qu’en plus, les chrétiens de Thessalonique étaient des chrétiens sérieux. Cela est donc possible! Je le dis, car je pense que certains en doutent. Ils en doutent et on pourrait en douter parfois pour deux raisons : d’abord parce que, quand le Seigneur appelle à lui des hommes et des femmes, il ne choisit pas les meilleurs (!) : il choisit des personnes qu’on n’aurait pas choisies…; ensuite… parce qu’il y a une mauvaise utilisation de la grâce qui peut rendre les chrétiens négligents, voire difficiles à vivre! Comme des enfants gâtés. C’est ainsi. Paul en parle. J’espère que ce n’est pas votre cas…

Comment savons-nous que les chrétiens de Thessalonique étaient sérieux? Paul le dit : Ils ont « reçu la Parole au milieu de beaucoup de tribulations, avec la joie du Saint-Esprit » (1 Th 1.6). C’est un détail qui parle! Recevoir la Parole quand tout va bien, c’est déjà quelque chose; la recevoir dans un contexte défavorable (« en pleine détresse » TOB) et en manifestant la joie du Saint-Esprit, c’est encore autre chose… Sérieux = joie!

Quel est l’enseignement? Être chrétien, c’est d’abord une position. Ensuite, c’est une marche avec le Seigneur conforme à cette position. Que dit Paul? « Vous êtes devenus un modèle pour tous les croyants de la région, et votre foi en Dieu s’est fait connaître de telle manière que nous n’avons pas besoin d’en parler! » (1 Th 1.7-8). Pas besoin d’en parler? C’est comme s’il disait : il faut continuer à prêcher parce que le message ne se lit pas suffisamment dans la vie des chrétiens… C’était un des sujets du Bacc philo 2019 : Une œuvre d’art a-t-elle besoin d’être expliquée? Si c’est un gribouillis, oui!

Je voudrais citer une phrase de Larry Crabb3 : « L’homme est créé à l’image de Dieu. À ce titre, il est appelé à raconter l’histoire de Dieu par sa vie. » C’est ce que faisaient les Thessaloniciens. Leur vie démontrait que Christ est vivant! Nous n’avons pas besoin d’en parler, dit Paul. Pierre le dit aussi : Contentez-vous de répondre quand on vous demandera quelle est l’espérance qui vous habite (1 Pi 3.15).

Ici, je veux rappeler cette belle citation de François de Sales4 : « Tu dois témoigner de Jésus-Christ tous les jours. Au besoin, use de paroles. Ne parle que si on t’interroge, mais vis de telle sorte qu’on t’interroge! »

Vous voyez qu’il y a des doutes qui apparaissent quand on évoque les « chrétiens sérieux ». Est-ce pour nous décourager? Au contraire. C’est possible — et même la plupart d’entre vous êtes déjà des chrétiens sérieux, et pour certains depuis longtemps. Ou en tout cas, vous avez le désir de l’être, ce qui est déjà beaucoup.

Est-ce triste d’être un chrétien sérieux? Loin de là! Ils ont une joie que les autres n’ont pas! « C’est une joie pour le juste de pratiquer la justice! » (Pr 21.15).

Cela vous fait-il peur ou cela vous fait-il envie?

3. Marcher de progrès en progrès🔗

J’aborde ici le troisième et dernier point de mon message. À plusieurs reprises, dans cette lettre, Paul dit ceci : Vous êtes des chrétiens sérieux, c’est un très bon témoignage et un grand sujet de reconnaissance. Mais sachez une chose : il est possible d’avancer encore, d’aller plus loin! Certains diront : Plus loin? Et pourquoi pas?

Où que nous en soyons (enfant, adulte, et même âgé), nous pouvons entendre cela. Il est possible d’aller plus loin, bien plus loin même. Non pas par nos forces, mais par la grâce, tellement cette grâce est abondante et riche, bien plus que nous le pensons. Je lis :

« Puisque vous avez appris de nous comment vous devez vous conduire et plaire à Dieu, et que c’est là ce que vous faites, nous vous prions et nous vous conjurons au nom du Seigneur Jésus de marcher à cet égard de progrès en progrès » (1 Th 4.1).

J’aime l’expression : « se conduire et plaire à Dieu ». Pas seulement parler, mais se conduire. Pas seulement pour soi, mais pour plaire à Dieu! Paul écrit : « Vous le faites déjà! » C’est encourageant! Ce n’est pas moralisateur! Nous aussi, nous pouvons nous exprimer comme cela à la maison, entre époux, avec les enfants; et dans l’Église! Puis Paul ajoute : Il est encore possible de progresser, il y a de la marge!

Il y a deux dangers pour les chrétiens : sauter les étapes (et se croire déjà arrivé) ou stagner (se contenter du minimum) en disant : C’est déjà mieux que rien. Dans les deux cas, ce n’est pas bon.

Un peu plus loin, Paul écrit encore :

« Pour ce qui est de l’amour fraternel, vous n’avez pas besoin qu’on vous en écrive; car vous avez vous-mêmes appris de Dieu à vous aimer les uns les autres, et c’est aussi ce que vous faites envers tous les frères dans la Macédoine entière. Mais nous vous exhortons, frères, à abonder toujours plus dans cet amour » (1 Th 4.9-10).

Abonder… Cela rappelle la parabole du cep et des sarments : « Vous porterez beaucoup de fruits » (Jn 15.8). Ne soyons pas des chrétiens vaniteux… ni misérables!

Pas de reproche, dans la bouche de Paul. J’ai envie de dire comme lui, ce matin : C’est ce que vous faites! Et vous n’avez pas attendu aujourd’hui pour commencer! Mais comme Paul, j’ai envie de dire : Il est possible d’aller plus loin. Pas forcément de « faire plus », non; mais d’aller plus loin dans l’expérience de la grâce qui reçoit du Seigneur et qui donne de la part du Seigneur. En réalité, c’est lui qui le fait!

Jamais par nos propres forces. Nous sommes venus à la vie par l’Évangile, nous devons vivre par l’Évangile! Cet Évangile, ce n’est pas qu’un message, c’est aussi une personne : Jésus-Christ qui nous appelle chaque jour à demeurer en lui.

Tu te sens faible et pauvre? Cela tombe bien. Christ a une eau jaillissante pour toi, que tu sois chrétien depuis 5 ans ou 50 ans. Et si tu n’es pas encore chrétien, il y a une place pour toi, si près de lui que sa vie va devenir ta vie.

Notes

1. On peut penser que cette attitude de Paul est aussi celle de Jésus lui-même…

2. « Si nous le renions, lui aussi nous reniera. Si nous sommes infidèles, il demeure fidèle car il ne peut se renier lui-même » (2 Tm 2.12-13). Toute infidélité ne constitue pas un reniement; heureusement! (ce qui n’est pas une manière de banaliser l’infidélité, on va le voir).

3. Le Silence d’Adam. Devenir des hommes de courage dans un monde chaotique. Larry Crabb. Ed. La Clairière, 2003.

4. François de Sales (1567-1622) fut évêque à Genève.