Les prophètes de l'Ancien Testament
Les prophètes de l'Ancien Testament
Cet article a pour sujet les prophètes de l’Ancien Testament et leur message. Tout lecteur de la Bible, en particulier de l’Ancien Testament, est frappé par une chose à la lecture des livres prophétiques : les prophètes envoyés par l’Éternel Dieu pour parler à son peuple ne sont jamais des écrivains neutres, des théoriciens en chambre de l’action de Dieu, confortablement installés dans leur bureau pour rédiger à loisir leurs idées. En fait, c’est tout le contraire. On ne peut même pas les appeler des acteurs engagés, comme si leur action et leur engagement dépendaient simplement de leur propre motivation. Parce qu’en fait il y a bien plus que cela. Les prophètes sont des hommes que Dieu saisit et envoie, parfois même malgré eux, par exemple dans le cas de Jonas, envoyé vers la capitale assyrienne Ninive pour y prêcher la repentance, et qui tâche d’échapper à l’appel divin en s’enfuyant par bateau dans une direction complètement opposée. Leur vie entière est mise à contribution par l’Éternel qui les envoie, parfois au prix de grandes souffrances.
C’est le cas de Jérémie, jeté à un moment de sa carrière au fond d’une fosse pour avoir osé prêcher la reddition du peuple de Juda à l’ennemi menaçant, l’empereur babylonien Neboukadnetsar. Plus tard, il se voit enchaîné avec le reste des habitants de Juda, amené en déportation malgré le fait qu’il ait justement annoncé les événements tragiques qui allaient s’abattre sur le peuple si celui-ci n’écoutait pas la Parole annoncée de la part de Dieu. Et que dire du prophète Élie, dont la vie semble se dérouler dans un tourbillon constant, entre les menaces de mort proférées à son encontre par le roi Achab et sa femme Jézabel, et les grands actes qu’il accomplit pour témoigner de la toute-puissance de l’Éternel? Avec le prophète Osée, nous avons un autre cas de figure, assez choquant d’ailleurs : pour représenter publiquement l’infidélité du peuple d’Israël au Dieu de l’alliance, il se voit enjoint par l’Éternel d’épouser une femme prostituée… Oui tous ces hommes appelés par Dieu n’ont pas eu la vie facile, loin de là!
Encore une fois, il y a une grande différence entre les prophètes de l’Ancien Testament et les penseurs ou philosophes construisant un univers théorique idéal depuis leur bureau d’étude, bien protégés des tempêtes de l’histoire. Le fameux philosophe allemand Emmanuel Kant vivant dans la seconde moitié du 18e siècle n’a — dit-on — quasiment jamais quitté sa bonne ville de Königsberg, en Prusse orientale, si ce n’est une fois pour aller chercher sa fiancée dans une ville voisine. Il a pu tout à loisir construire un gigantesque système de pensée basé sur l’autonomie de la raison humaine et ses limites, et sur l’impératif catégorique de la liberté.
Les prophètes, eux, nous semblent souvent vivre dans une confrontation perpétuelle avec ceux auxquels ils s’adressent, que ce soit le peuple de Dieu en rupture d’alliance avec celui-ci ou les dirigeants du peuple : rois, princes, nobles, et même les prêtres du culte de l’Éternel. Les prophètes instruisent le procès intenté par Dieu à son peuple, qui a rompu l’alliance conclue avec lui au pied du mont Sinaï. Ils s’expriment tour à tour avec passion, avec fureur, avec des mots tendres d’encouragement et de réconfort, des critiques et des jugements terribles, des paroles inégalables d’amour, des visions apocalyptiques. Dans le cas de Myriam et de Débora, prophétesses inspirées, leurs chants destinés à célébrer les victoires remportées par l’Éternel sur les ennemis de son peuple, qui sont ses propres ennemis, célèbrent et magnifient sa toute-puissance. Par leur chant inspiré elles entraînent à leur suite le peuple tout entier à glorifier le Seigneur.
Les images qu’emploient les prophètes sont souvent impressionnantes, étonnantes, voire effrayantes. Y a-t-il une cohérence dans leur discours? Oui, certes : le message divin qu’ils nous convient à écouter est d’abord un appel à la repentance, un appel à revenir au premier amour, l’amour que l’Éternel a manifesté vis-à-vis du peuple qu’il s’est choisi. Ce peuple lui est devenu infidèle, il s’est prostitué en se laissant séduire par les idoles de néant des peuples voisins, comme si celles-ci, faites de bois et de pierre, pouvaient apporter secours et prospérité. Le peuple de l’alliance s’est détourné de la loi parfaite de l’Éternel, alors que suivre ses prescriptions et la justice qu’elle recommande aurait apporté la prospérité et la sécurité tant recherchées. Amos ou Osée ont un message social et politique très puissant et toujours actuel. L’oppression des plus pauvres par les plus riches, la perversion du système judiciaire et l’attaque contre les élites corrompues font intégralement partie de leur message.
Les prophètes prêchent une voie qui semble étroite, celle de la fidélité absolue au Dieu qui a donné sa loi par l’intermédiaire de son serviteur Moïse, lui aussi prophète. Mais cette voie étroite, radicalement différente de celle suivie par les nations païennes environnantes, est la seule qui soit ferme et qui puisse accorder un véritable avenir au peuple. Cette voie apparemment étroite est celle qui doit mener à la venue du Messie, la révélation parfaite de l’Éternel, qui manifestera sa lumière non seulement au peuple d’Israël, mais à tous les peuples de la terre. Voilà pourquoi le message des prophètes de l’Ancien Testament, même s’il est en premier lieu adressé à un peuple particulier, celui que Dieu s’est choisi à un moment donné de l’histoire, revêt une dimension universelle digne d’être écoutée avec attention, aujourd’hui comme hier. Il est en fait adressé à l’humanité tout entière, justement parce qu’en fin de compte il pointe vers la venue du Sauveur et Seigneur de cette humanité dans son ensemble.
Je vous propose donc d’illustrer quelques aspects du message prophétique tels que je viens de vous les présenter, à la lumière de divers extraits des livres prophétiques tirés de l’Ancien Testament.
Au début du livre du prophète Michée, rédigé au 8e siècle avant Jésus-Christ, Dieu entre en jugement avec son peuple.
« Voici les paroles que l’Éternel a adressées à Michée de Morécheth, sous les règnes de Yotam, Ahaz et Ézéchias, rois de Juda. Cette révélation reçue par Michée concerne les villes de Samarie et de Jérusalem. Écoutez vous tous, peuples! Prête attention, ô terre, et vous tous qui vivez sur elle : le Seigneur va vous accuser depuis son sanctuaire. Voici que l’Éternel sort de sa résidence. Il va descendre, marcher sur les sommets, les hauteurs de la terre. Sous ses pas, les vallées se fendront au milieu, les montagnes fondront comme la cire au feu, comme de l’eau versée coulant sur une pente. Et pourquoi tout cela? À cause de la rébellion des enfants de Jacob, à cause des péchés du peuple d’Israël » (Mi 1.1-5).
Mais quels sont les péchés que Dieu reproche à son peuple? Écoutez l’acte d’accusation porté à l’encontre des deux nations voisines, Israël et Juda, par le prophète Amos au chapitre 2 du livre qui porte son nom :
« L’Éternel dit ceci : Juda a perpétré de nombreux crimes; il a dépassé les limites. Voilà pourquoi je ne reviendrai pas sur l’arrêt que j’ai pris, car ils ont méprisé la loi de l’Éternel et n’ont pas obéi à ses commandements. Ils se sont égarés en suivant les faux dieux qu’autrefois leurs ancêtres avaient déjà suivis. Je mettrai le feu à Juda et il consumera les palais de Jérusalem. L’Éternel dit ceci : Israël a perpétré de nombreux crimes; il a dépassé les limites. Voilà pourquoi je ne reviendrai pas sur l’arrêt que j’ai pris, car pour un pot-de-vin ils vendent l’innocent, et l’indigent pour un morceau de pain. Ils piétinent les pauvres en leur brisant la tête dans la poussière, et ils faussent le droit des humbles. Le fils comme le père vont vers la même fille, c’est ainsi qu’ils m’outragent, moi qui suis saint. Près de chaque autel, ils s’étendent sur des vêtements pris en gage et, dans le temple de leurs nombreux dieux, ils vont boire le vin que l’on a perçu comme une amende » (Am 2.4-8).
Mais n’y a-t-il donc aucun recours contre le juste juge? Est-il impitoyable? Le prophète Joël, comme bien d’autres, lance un vibrant appel à la repentance. Au chapitre 2 on lit :
« Mais maintenant encore, l’Éternel le déclare, revenez donc à moi, revenez de tout votre cœur, avec le jeûne, avec des larmes et des lamentations. Déchirez votre cœur, et non vos vêtements, et revenez à l’Éternel, lui qui est votre Dieu. Car il est plein de grâce, il est compatissant et lent à la colère. Il est riche en amour et il renonce volontiers au malheur dont il avait menacé. Qui sait? Peut-être l’Éternel se ravisera-t-il et changera-t-il lui aussi de ligne de conduite. Qui sait s’il ne laissera pas derrière lui une bénédiction pour que vous puissiez faire des offrandes, des libations à l’Éternel, lui qui est votre Dieu? » (Jl 2.12-14).
Mais la repentance du peuple doit être sincère, et non pas juste une apparence destinée à apaiser la colère divine alors qu’on s’apprête à pratiquer de nouveau toutes sortes d’horreurs avec la meilleure conscience du monde. Le prophète Osée, au chapitre 6, met justement en doute la sincérité du peuple. Voici ce qu’ils disent, pleins d’une fausse sécurité que Dieu dément ensuite :
« Venez, et retournons à l’Éternel, car il a déchiré, mais il nous guérira. Il a frappé, mais il pansera nos blessures. Après deux jours, il nous aura rendu la vie, et le troisième jour, il nous relèvera, et nous vivrons sous son regard. Oui, cherchons à connaître l’Éternel, efforçons-nous de le connaître. Sa venue est aussi certaine que celle de l’aurore, et il viendra vers nous comme la pluie, comme les ondées du printemps qui arrosent la terre. Comment te traiterai-je, toi Ephraïm, et toi, Juda, comment te traiterai-je? Votre amour pour moi est semblable aux nuées matinales, à la rosée de l’aube qui se dissipe vite. C’est pourquoi je vous ai frappés par les prophètes, je vous ai massacrés par mes paroles et le jugement a fondu sur vous comme l’éclair. Car je prends plaisir à l’amour bien plus qu’aux sacrifices, à la connaissance de Dieu bien plus qu’aux holocaustes. Mais vous, tout comme Adam, vous avez transgressé l’alliance, là vous m’avez trahi. Galaad est une cité de malfaiteurs maculée de traces de sang. Comme une bande de brigands postés en embuscade, la confrérie des prêtres s’en va assassiner les passants sur la route qui mène vers Sichem. Leur conduite est infâme! J’ai vu d’horribles choses en Israël, car la prostitution d’Ephraïm s’y étale, et Israël s’en est souillé » (Os 6.1-10).
Alors, quel sort l’Éternel réserve-t-il à un peuple qui le défie constamment et méprise ses commandements? La repentance est toujours possible, elle est même ardemment prêchée, mais elle doit être sincère, et surtout pas une simple apparence pieuse, mais sans changement véritable de cœur. Car toute fausse sécurité prouvera être vaine et inutile. Dieu en avertit le peuple de Juda par la bouche du prophète Jérémie, au chapitre 7 :
« Voici ce que l’Éternel dit à Jérémie : Tiens-toi à la porte du Temple de l’Éternel, et proclame ce message : Écoutez la parole de l’Éternel, vous tous, gens de Juda, vous qui entrez par ces portes, pour vous prosterner devant l’Éternel, car voici ce que déclare le Seigneur des armées célestes, le Dieu d’Israël : Adoptez une bonne conduite et faites ce qui est bien! Alors je vous laisserai vivre en ce lieu. Cessez de vous fier à ces paroles trompeuses : Voici le Temple de l’Éternel, voici le Temple de l’Éternel, oui, c’est ici qu’est le Temple de l’Éternel. Si vraiment vous adoptez une conduite bonne et si vous faites ce qui est bien, si vous rendez de justes jugements dans les procès, si vous vous abstenez d’exploiter l’immigré, l’orphelin et la veuve, de tuer des innocents en ce lieu et d’adorer d’autres dieux pour votre propre malheur, alors je vous ferai habiter dans ce lieu, ce pays que j’ai donné à vos ancêtres depuis toujours et pour toujours. Mais vous, vous vous fiez à des paroles trompeuses qui ne vous serviront à rien. Quoi? Vous allez commettre des meurtres, des adultères, vous faites des serments mensongers, vous offrez des parfums à Baal et adorez d’autres dieux qui vous étaient inconnus, et puis vous venez vous tenir devant moi, dans ce Temple qui m’appartient, et vous dites : nous sommes en sécurité! Et c’est pour accomplir tous ces actes abominables! Ce Temple qui m’appartient est-il à vos yeux une caverne de brigands? Moi, en tout cas, je vois qu’il en est ainsi, l’Éternel le déclare. Allez donc à Silo, à l’endroit où j’avais mon sanctuaire, là où j’avais autrefois établi ma présence, et voyez ce que j’en ai fait à cause du mal qu’avait commis mon peuple Israël! Maintenant, puisque vous agissez ainsi, l’Éternel le déclare, et puisque vous n’avez pas écouté quand, inlassablement, je vous ai avertis, puisque vous n’avez pas répondu, alors que je vous ai appelés, ce Temple qui m’appartient, et sur lequel vous fondez votre assurance, ce lieu que j’ai donné à vous et à vos ancêtres, je vais le traiter de la même manière que j’ai traité Silo. Je vous rejetterai loin de moi, comme j’ai rejeté tous ceux qui sont vos frères, le peuple d’Ephraïm » (Jr 7.1-15).
Il arrive parfois que le prophète exprime son propre désarroi face à la situation qu’il vit, face à ce qu’il voit autour de lui, aux menaces et aux dangers qu’il perçoit. C’est par exemple le cas du prophète Habacuc, témoin d’une détérioration sans précédent de la condition morale de ses contemporains, alors même qu’à l’horizon pointe la menace d’envahisseurs impitoyables :
« Jusques à quand, ô Éternel, appellerai-je à l’aide sans que tu entendes mon cri? Jusques à quand devrai-je crier vers toi : À la violence! sans que tu nous délivres? Pourquoi me fais-tu voir de telles injustices? Peux-tu rester indifférent à nos tourments? Je ne vois devant moi que ravage et violence, il y a des querelles, et des conflits surgissent. À cause de cela, on ne respecte plus la loi, et le droit n’est plus garanti. Car les méchants empêchent les justes d’agir, les jugements qui sont rendus sont corrompus » (Ha 1.2-4).
Dans le livre du prophète Jérémie se trouvent plusieurs passages qu’on appelle « les confessions de Jérémie », où le prophète s’épanche devant Dieu, à cause de l’opposition, voire de la persécution qu’il doit subir de la part du peuple et de ses dirigeants. Ainsi, au chapitre 17, on lit ces paroles poignantes :
« Guéris-moi, Éternel, et je serai guéri! Oui, sauve-moi et je serai sauvé! Car c’est toi que je loue! Les voilà qui me disent : Où sont donc les menaces que l’Éternel a proférées? Qu’elles se réalisent! Pourtant, je n’ai pas refusé de marcher à ta suite en étant un berger. Je n’ai pas souhaité que vienne le jour des douleurs. Toi, tu es au courant de ce qu’a dit ma bouche, c’est devant toi que j’ai parlé. Ne deviens pas pour moi un sujet de frayeur! Tu es mon seul refuge dans le temps du malheur! Que mes persécuteurs soient dans la confusion, et que je ne sois pas confus! Qu’ils soient saisis de peur et que je n’aie pas peur! Fais arriver sur eux le jour de la détresse, et brise-les par un double désastre! » (Jr 17.14-18).
Les prophètes, avons-nous dit, prononcent aussi des paroles d’encouragement, de réconfort, au milieu des malheurs qui se sont abattus sur le peuple de Dieu, provoqués par ses propres infidélités. Dieu est un Dieu de grâce qui pardonne et restaure. Ainsi débute la seconde grande partie du livre du prophète Ésaïe, au chapitre 40 :
« Réconfortez mon peuple, oui, réconfortez-le! dit votre Dieu. Et parlez au cœur de Jérusalem, annoncez-lui que son temps de corvée est accompli, que son péché est expié, qu’elle a reçu de l’Éternel deux fois le prix de ses péchés! » (És 40.1-2).
Le dernier chapitre du livre d’Osée parle de même de la guérison que l’Éternel apportera à son peuple, guérison à la fois spirituelle et nationale :
« Moi, je les guérirai de leur apostasie, je leur témoignerai librement mon amour parce que ma colère se détournera d’eux. Oui, je serai pour Israël semblable à la rosée, il fleurira comme le lys, et s’enracinera comme les cèdres du Liban. Ses rameaux s’étendront au loin et il aura la majesté de l’olivier, et son parfum sera semblable à celui du Liban. Ils reviendront habiter à son ombre, ils revivront comme le blé et fleuriront comme la vigne, et ils auront la renommée des grands vins du Liban » (Os 14.5-8).
La parole proclamée par les prophètes au nom de l’Éternel se réalise-t-elle? Oui, toujours, parfois de manière inattendue, voire contre la volonté du prophète qui l’a apportée. Dans le cas de Jonas, qui refusait d’abord d’aller apporter un appel de repentance de la part de Dieu aux habitants de la ville de Ninive, sa prédication a porté des fruits. Au chapitre 3 de ce livre, nous lisons :
« Lorsque Dieu constata comment les Ninivites réagissaient et abandonnaient leur mauvaise conduite, il renonça à faire venir sur eux le malheur dont il les avait menacés : il s’en abstint » (Jon 3.10).
Quant au prophète Ésaïe, parlant au nom de Dieu au chapitre 55, il déclare :
« Or, la pluie et la neige qui descendent du ciel n’y retournent jamais sans avoir arrosé et fécondé la terre, sans avoir fait germer les graines qui s’y trouvent, sans fournir au semeur le grain qu’il doit semer, et sans donner du pain à tous ceux qui le mangent. Il en sera de même de la parole que j’ai prononcée : elle ne reviendra jamais vers moi à vide, sans avoir accompli ce que je désirais et sans avoir atteint le but que je lui ai fixé » (És 55.10-11).
Plus haut, j’ai évoqué les prophéties ayant trait à la venue d’un roi très particulier, descendu de la lignée du roi David, mais destiné à régner éternellement. En voici quelques exemples. D’abord dans le livre du prophète Jérémie, au chapitre 33 :
« Le temps viendra, l’Éternel le déclare, où je vais accomplir cette promesse que j’avais prononcée pour le royaume d’Israël et celui de Juda. En ce temps-là, à cette époque, je ferai naître un germe juste dans la dynastie de David, et il exercera le droit et la justice dans le pays. En ce temps-là, Juda sera sauvé, Jérusalem vivra dans la sécurité. Voici quel est le nom dont on l’appellera : L’Éternel est notre justice » (Jr 33.15-16).
Le prophète Michée parle de la naissance de ce roi dans la ville de Bethléem et décrit son règne au chapitre 5 du livre qui porte son nom :
« Et toi, Bethléem Ephrata, la plus petite des villes de Juda, de toi il sortira pour moi celui qui régnera sur Israël! Son origine remonte aux temps passés, aux jours anciens. C’est pourquoi l’Éternel délaissera son peuple jusqu’au moment où celle qui doit enfanter enfantera et où le reste de ses frères rejoindra les Israélites. Lui, il sera bien établi, il paîtra son troupeau, revêtu de la force de l’Éternel, avec la majesté de l’Éternel, son Dieu. Et les gens de son peuple vivront dans la sécurité, car on reconnaîtra désormais sa grandeur jusqu’aux confins du monde. Et nous lui devrons notre paix » (Mi 5.1-4).
Bien des années après Michée, le prophète Zacharie, qui vit au 6e siècle avant Jésus-Christ, voit dans une vision l’entrée triomphale dans Jérusalem du roi promis. Il n’est pas à la tête d’une armée bardée de cuirasses et équipée de toutes sortes d’armes; au contraire, il est monté sur un âne, et se caractérise par son humilité. Le chapitre 9 décrit ainsi cette entrée :
« Tressaille d’allégresse, ô communauté de Sion! Pousse des cris de joie, ô communauté de Jérusalem! Car ton roi vient vers toi, il est juste et victorieux, humilié, monté sur un âne, sur un ânon, le petit d’une ânesse. Je ferai disparaître du pays d’Ephraïm tous les chariots de guerre et, de Jérusalem, les chevaux de combat; l’arc qui sert pour la guerre sera brisé. Ce roi établira la paix parmi les peuples, sa domination s’étendra d’une mer jusqu’à l’autre, et depuis le grand fleuve jusqu’aux confins du monde » (Za 9.9-10).
Sans aucun doute, le sommet de la prédication des prophètes sur le Messie à venir, qui est aussi le serviteur par excellence de Dieu, se trouve au chapitre 53 du livre du prophète Ésaïe. Là sont décrites de manière très réaliste les souffrances du serviteur juste subies pour expier les fautes de nombreux pécheurs. Je conclus cet article sur les prophètes de l’Ancien Testament en vous citant quelques extraits de ce chapitre 53 :
« Pourtant, en vérité, c’est de nos maladies qu’il s’est chargé, et ce sont nos souffrances qu’il a prises sur lui, alors que nous pensions que Dieu l’avait puni, frappé et humilié. Mais c’est pour nos péchés qu’il a été percé, c’est pour nos fautes qu’il a été brisé. Le châtiment qui nous donne la paix est retombé sur lui et c’est par ses blessures que nous sommes guéris. Nous étions tous errants, pareils à des brebis, chacun de nous allait par son propre chemin : l’Éternel a fait retomber sur lui les fautes de nous tous. On l’a frappé, et il s’est humilié, il n’a pas dit un mot. Semblable à un agneau mené à l’abattoir, tout comme la brebis muette devant ceux qui la tondent, il n’a pas dit un mot. Il a été arraché à la vie par la contrainte, suite à un jugement, et qui, parmi les gens de sa génération, s’est soucié de son sort, lorsqu’on l’a retranché du pays des vivants? Il a été frappé à mort à cause des péchés que mon peuple a commis. On a mis son tombeau parmi les criminels et son sépulcre parmi les riches, alors qu’il n’avait pas commis d’acte de violence et que jamais ses lèvres n’avaient prononcé de mensonge. Mais il a plu à Dieu de le briser par la souffrance. Bien que toi, Dieu, tu aies livré sa vie en sacrifice de réparation, il verra une descendance. Il vivra de longs jours et il accomplira avec succès ce que désire l’Éternel. Car après avoir tant souffert, il verra la lumière, et il sera comblé. Et parce que beaucoup de gens le connaîtront, mon serviteur, le Juste, les déclarera justes et se chargera de leurs fautes » (És 53.4-12).