Cet article sur le Psaume 56.9 a pour sujet nos larmes de souffrance et de détresse que Dieu recuellle dans son outre. Elles n'échappent pas à son attention, il nous aide dans nos luttes et nous promet d'essuyer un jour toute larme de nos yeux.

3 pages. Traduit par Paulin Bédard

Psaume 56 - Des larmes mises en bouteille

Cette vie est une vallée de larmes, selon le message d’innombrables hymnes et sermons.

Les cœurs peuvent être submergés par la douleur, même si certains d’entre nous ne pleurent pas facilement et que des larmes n’apparaissent que rarement au coin des yeux. Des larmes, réelles ou non, ont coulé sur tous les visages, qu’on parle de la maladie d’un ami, de la douleur causée par la brutalité de l’humanité, de la lutte épuisante contre le péché, de la confusion de la vie ou simplement de l’accumulation de stress jusqu’à un point de rupture.

Quel intérêt trouvez-vous à souffrir en pleurant? Certains affirment que « ce qui ne vous tue pas vous rend plus fort ». L’Écriture communique cependant plus de sagesse que les devises des hommes.

Les Écritures nous apprennent que notre lutte contre le péché se poursuivra jusqu’à notre dernier souffle. Nous savons que Dieu discipline ceux qu’il aime. Nous savons que nous ne traversons pas seuls le feu et l’eau. Nous savons que Dieu fait tout pour le bien de ceux qui l’aiment. Nous savons que la souffrance du chrétien est inévitable.

Les Écritures décrivent un monde qui gémit comme dans les douleurs de l’enfantement et qui attend la délivrance finale. Jean nous dit que, ce jour-là, les yeux longtemps mouillés de larmes par le deuil seront desséchés, car Dieu essuiera toutes les larmes. L’absence de larmes constitue une belle image d’espérance, car les yeux rougis et les visages bouffis des personnes en deuil représentent fidèlement la vie de ce côté-ci de la tombe. Pourtant, un jour, les larmes de tristesse disparaîtront — peut-être que seules des larmes de joie couleront lorsque nous nous réjouirons en présence de l’Agneau.

Ce jour-là, nous souviendrons-nous de la vallée de larmes d’où nous sommes venus? Notre mémoire de la douleur de cette vie sera-t-elle également effacée? Considérez les paroles de David dans le Psaume 56.9 : « Recueille mes larmes dans ton outre : Ne sont-elles pas inscrites dans ton livre? »

Je trouve fascinant de penser qu’un registre de nos larmes existe quelque part. Dieu se souvient-il de chaque chagrin d’amour, l’enregistre-t-il pour la postérité? Pourrions-nous un jour feuilleter son livre et relire toutes nos vieilles lamentations?

Dans le Psaume 56.9, David demande à Dieu de ne pas oublier ses souffrances et ses larmes. Le titre du psaume indique les circonstances dans lesquelles il s’est trouvé : « Lorsque les Philistins le saisirent à Gath. » Cela nous renvoie à 1 Samuel 21:10-15, où David fait semblant de délirer devant Akish, le roi philistin. L’Écriture dit qu’il a recours à de telles tactiques en raison de la grande peur qu’il éprouve. David est épuisé de devoir s’enfuir, il craint pour sa vie et implore la miséricorde de Dieu.

Il s’écrie : « Recueille mes larmes dans ton outre : Ne sont-elles pas inscrites dans ton livre? » Littéralement, l’hébreu dit : « Mets mes larmes dans ta gourde. » On fabriquait un tel sac pour les liquides à partir de peaux d’animaux cousues, un sac en cuir étanche avec une petite ouverture pour permettre de verser l’eau. Pensez aux gourdes fissurées et réparées des Gabaonites en Josué 9, lorsqu’ils se faisaient passer pour des voyageurs venus de loin.

David souhaite que Dieu recueille et conserve ses larmes de chagrin.

Pourquoi David présente-t-il cette étrange demande? Il semble avoir désespéré de la réponse de Dieu à ses prières. De longs jours de fuite se sont écoulés sans que le ciel ne lui réponde. Voici David, des larmes coulant sur son visage, une liste de lamentations aussi longue que sa lance, et où est Dieu? Alors il supplie : « Enregistre mes lamentations, mets mes larmes dans ta bouteille. » Prends note de toutes mes larmes et laisse-les t’inciter à agir!

C’est une prière sincère pour que Dieu voie la profondeur de la souffrance de David, ses moindres détails et soupirs, et qu’il y réponde par sa miséricorde et sa puissance.

Le Psaume 56 exprime une urgence et une confiance : David est assuré que Dieu n’oubliera pas. Le sol philistin ne pourra pas absorber les larmes de David et elles ne disparaîtront pas, car Dieu les verra et y répondra. Le Seigneur recueille les larmes de David comme étant précieuses et il consigne ses lamentations, parce qu’il répondra certainement à sa prière.

Ce que David savait, et ce que nous savons, c’est que Dieu se tient près de ceux qui crient vers lui. Celui qui compte les cheveux de nos têtes n’oubliera pas les larmes sur nos visages.

Il voit la détresse que nous vivons et nous assure que tout cela prépare quelque chose de plus grand. Comme le dit le Psaume 126 :

« Ceux qui sèment avec larmes moissonneront avec cris de triomphe. Celui qui s’en va en pleurant, quand il porte la semence à répandre, s’en revient avec des cris de triomphe, quand il porte ses gerbes » (Ps 126:5-6).

Les larmes que nous versons, qu’elles soient réelles et abondantes ou celles du cœur seulement, n’échappent pas à l’attention de Dieu. Le Psaume 56 parle d’abord des larmes versées lorsque les ennemis persécutent les saints : ces larmes, comme le sang des martyrs, témoignent contre les méchants devant Dieu qui justifiera ses enfants. Toutefois, Dieu voit toutes nos larmes, les lamentations quotidiennes dues à la solitude, à la culpabilité, à la fatigue, à l’anxiété : notre Dieu voit toutes ces larmes, elles ne coulent jamais sans qu’il les remarque.

Selon sa profonde compassion, le Père met toutes nos larmes dans sa bouteille. Il agit par amour pour Jésus, celui qu’il a envoyé comme homme de douleur dans ce monde gémissant. Pendant son séjour ici, Jésus a pleuré, affligé par la mort, la détresse et le péché, puis les a vaincus par sa croix.

Aujourd’hui, au nom de Jésus, Dieu entend toutes nos lamentations et nous aide dans toutes nos luttes. Le Christ nous promet qu’un jour prochain, nous n’aurons plus besoin de pleurer. Toutes ces larmes disparaîtront. Nos visages seront à jamais essuyés, l’outre de Dieu restera vide à jamais.