Cet article a pour sujet la faiblesse des chrétiens qui sont sans force comme les serviteurs de Dieu d'autrefois (Moïse, Gédéon, David, Paul) et qui sont encouragés à marcher par la foi et à se fortifier dans le Seigneur.

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Quand je suis sans force

Normalement, un principe biblique doit se retrouver tout au long de la Bible.

Nous avons évoqué1 Saul de Tarse et la manière avec laquelle a débuté son apprentissage de disciple : « On te dira ce que tu dois faire! » (Ac 9.6). Je pense à Jésus qui dit à Pierre, avant de l’envoyer : « Quand tu étais plus jeune, tu te ceignais toi-même, et tu allais où tu voulais; mais quand tu seras vieux, tu étendras tes mains, et un autre te ceindra, et te mènera où tu ne voudras pas » (Jn 21.18). J’ai rappelé la similitude entre la posture d’un disciple et celle d’un enfant — même si le disciple, paradoxalement, doit devenir un adulte… tout en demeurant comme un enfant!

Je voudrais évoquer Moïse. Sauvé des eaux par sa sœur Myriam et par la fille de Pharaon. La vulnérabilité même! Puis élevé à la cour de Pharaon pendant 40 ans, comme un prince. On peut l’imaginer, dans la force de l’âge, dans ses beaux habits, ne manquant de rien, donnant des ordres. C’est ainsi qu’on le retrouve (Ex 2) tuant un Égyptien qui maltraitait un Israélite; puis faisant l’arbitre entre deux Israélites qui se disputaient et… obligé de s’enfuir pour sauver sa peau. La suite? 40 ans à garder les moutons dans le désert avec les bergers. 40 ans… pour désapprendre à être un prince et à obtenir ce qu’on veut quand on veut… Et puis un jour, c’est l’appel de Dieu à travers le buisson ardent : « Ôte tes souliers, car le lieu où tu te tiens est une terre sainte » (Ex 3.5). Comment imaginer cela? Et comment imaginer devoir retourner devant Pharaon pour demander (pour commander!) la libération du peuple hébreu? « Dieu qui m’envoie te dit : Laisse aller mon peuple! » « Let my people go! » Moïse est tout tremblant : « Qui suis-je pour aller vers Pharaon? » (Ex 3.11); puis : « Ah Seigneur, je ne suis pas un homme qui ait la parole facile, car j’ai la bouche et la langue embarrassée » (Ex 4.10). Et Dieu lui dit : « Qui a fait la bouche de l’homme? Et qui rend muet ou sourd, voyant ou aveugle? N’est-ce pas moi, l’Éternel? Va donc, je serai avec ta bouche, et je t’enseignerai ce que tu auras à dire » (Ex 4.11-12). Apprendre à être dépendant!

Est-ce par la force de Moïse que le peuple hébreu a été délivré? Aucunement. Pourtant, il fallait qu’il soit là. Pour la délivrance, vous souvenez-vous ce qui a été décisif? Le sang d’un agneau sur le linteau des portes des maisons du peuple de Dieu.

Ce n’était pas par la force de Moïse, mais il fallait qu’il soit là, pendant 40 ans encore à conduire ce peuple dans le désert, vers la terre promise. On se souvient de la parole concernant Saul : « Cet homme est un instrument que j’ai choisi » (Ac 9.15). Le principe est bien le même dans toute l’Écriture.

Je pense à Gédéon que Dieu choisit pour délivrer son peuple de la main de ses oppresseurs; Gédéon qui s’écrit : « Ah! mon Seigneur, avec quoi délivrerai-je Israël? Voici, ma famille est la plus pauvre en Manassé, et je suis le plus petit dans la maison de mon père » (Jg 6.15). Mais Dieu dit : « Je serai avec toi! » (Jg 6.16). Alors Gédéon lève une troupe pour combattre. Mais l’Éternel dit à Gédéon : « Le peuple que tu as avec toi est trop nombreux pour que je livre Madian entre ses mains; il pourrait en tirer gloire contre moi, et dire : C’est ma main qui m’a délivré » (Jg 7.2). « Dis à tous ceux qui ont peur de retourner chez eux. » Mais le peuple est encore trop nombreux et finalement, seule une petite troupe sera gardée. Pourquoi? Pour qu’il apparaisse de manière certaine que c’est par la force de Dieu que cela s’est opéré, de telle sorte que ces hommes ne soient pas amenés à se vanter et à se confier en leur propre force.

On pense évidemment à ce qu’écrit l’apôtre Paul :

« Moi-même j’étais auprès de vous dans un état de faiblesse, de crainte, et de grand tremblement; et ma parole et ma prédication ne reposaient pas sur les discours persuasifs de la sagesse, mais sur une démonstration d’Esprit et de puissance, afin que votre foi fût fondée, non sur la sagesse des hommes, mais sur la puissance de Dieu » (1 Co 2.3-5).

Je veux citer encore le choix de David comme roi en Israël. Vous vous souvenez? Samuel, l’homme de Dieu, va chez Isaï pour oindre comme roi un de ses fils, sur l’ordre du Seigneur.

« Lorsqu’ils entrèrent, Samuel se dit en voyant Éliab : Certainement, l’oint de l’Éternel est ici devant lui. Et l’Éternel dit à Samuel : Ne prends point garde à son apparence et à la hauteur de sa taille, car je l’ai rejeté. L’Éternel ne considère pas ce que l’homme considère; l’homme regarde à ce qui frappe les yeux, mais l’Éternel regarde au cœur » (1 S 16.6-7).

Et Samuel va faire passer devant lui tous les fils d’Isaï, depuis le plus grand jusqu’au plus jeune. Mais aucun ne fut retenu. « Sont-ce là tous tes fils? », demande Samuel. « Non, il reste le plus jeune qui garde les brebis derrière la colline. » « Fais-le venir », dit Samuel. C’était lui que Dieu avait choisi! Et c’est lui qui, avec une fronde, abattra le géant Goliath qui insultait l’armée de l’Éternel.

Je voudrais enfin citer le Psaume 131 qui m’a souvent aidé à retrouver le repos. Songez, en l’écoutant, que c’est le roi David qui l’a écrit.

« Éternel! je n’ai ni un cœur qui s’enfle, ni des regards hautains; je ne m’occupe pas de choses trop grandes et trop élevées pour moi. Loin de là, j’ai l’âme calme et tranquille, comme un enfant sevré qui est auprès de sa mère; j’ai l’âme comme un enfant sevré. Israël, mets ton espoir en l’Éternel, dès maintenant et à jamais! »

Je vais conclure en évoquant la foi, l’espérance et l’amour. Un jour, nous le savons, il n’y aura plus que l’amour. En effet, nous verrons ce que nous avons cru (il n’y aura donc plus la foi) et nous aurons obtenu ce que nous avons attendu (il n’y aura plus l’espérance). La foi saisit dès maintenant ce que Dieu accorde dès maintenant : le pardon, la justification, la consolation, la joie du salut et même la vie éternelle. L’espérance attend avec assurance ce qui est encore promis — c’est-à-dire ce qui manque encore, parfois cruellement : voir Jésus face à face, avoir des corps ressuscités, être rassemblés avec tous les rachetés du Seigneur… Pas encore!

Je lis dans la lettre aux Hébreux :

« C’est dans la foi qu’ils sont tous morts, sans avoir obtenu les choses promises; mais ils les ont vues et saluées de loin, reconnaissant qu’ils étaient étrangers et voyageurs sur la terre. […] Dieu n’a pas honte d’être appelé leur Dieu, car il leur a préparé une cité » (Hé 11.13-16).

Un dernier mot : Il n’y a pas de commandement à être faible! Faibles, nous le sommes et devons le reconnaître. Il y a plutôt des exhortations à se fortifier, à être fermes et à prendre courage, non pas en nous fiant à nous-mêmes, mais en nous confiant en Dieu, en sa Parole, à son Esprit. Paul a écrit à Timothée : « Mon enfant, fortifie-toi dans la grâce qui est en Jésus-Christ » (2 Tm 2.1).

Note

1. Voir mon article intitulé Quand je suis faible.