Cet article sur Ruth 1.1-7 a pour sujet le livre de Ruth dans l'histoire de la rédemption et l'histoire d'Élimélek et de Noémi qui, par manque de foi, ont quitté la terre promise à cause de la famine pour s'installer sur la terre idolâtre de Moab, mais Dieu préparait son bon plan de grâce.

Source: L'histoire de Ruth. 5 pages.

Ruth 1 - Élimélek et Noémi en terre païenne

« Au temps du gouvernement des juges, il y eut une famine dans le pays. Un homme de Bethléem de Juda partit, avec sa femme et ses deux fils, pour séjourner dans la campagne de Moab. Le nom de cet homme était Élimélek, le nom de sa femme Noémi et le nom de ses deux fils Mahlôn et Kilyôn; ils étaient Éphratiens, de Bethléem de Juda. Ils arrivèrent dans la campagne de Moab et ils y vécurent. Puis Élimélek, mari de Noémi, mourut, et elle resta avec ses deux fils. Ils épousèrent des femmes moabites. Le nom de la première était Orpa et le nom de la seconde Ruth. Ils habitèrent là environ dix ans. Mahlôn et Kilyôn moururent aussi tous les deux, et la femme resta, privée de ses deux enfants et de son mari. Alors elle se leva, elle et ses belles-filles, et s’en revint de la campagne de Moab, car elle avait appris dans la campagne de Moab que l’Éternel était intervenu en faveur de son peuple en lui donnant du pain. Elle sortit du lieu où elle vivait, ses deux belles-filles avec elle, et elles se mirent en route pour retourner au pays de Juda. »

Ruth 1.1-7

Ainsi commence l’histoire de Ruth. Nous y trouvons l’introduction et l’arrière-plan de l’histoire que nous connaissons déjà, celle de Ruth la Moabite, qui s’associa au peuple de Dieu et devint en Israël une mère, et même l’ancêtre de notre Seigneur Jésus-Christ.

Il est nécessaire de faire bien attention à tous les détails contenus au début de cette histoire; ils ont tous leur importance. Si nous les ignorions, cette histoire perdrait toute sa valeur, car nous ne comprendrions absolument pas ce qui s’est produit il y a plus de trois mille ans. Or, ce livre, à la suite de tous les livres de la Bible, est lui aussi révélation de Dieu faite à nous autres chrétiens. Il est la révélation de la manière dont Dieu — celui de la Bible — s’occupe des hommes, et de la manière dont son peuple — en l’occurrence Israël — lui répond dans la foi.

Cette histoire se déroule à l’époque des juges. Cette période fait partie de l’Ancienne Alliance, avant que les temps ne soient accomplis, de ces années lointaines qui préparent l’avènement de Jésus-Christ ainsi que son œuvre du salut, l’inauguration de son Royaume et l’effusion du Saint-Esprit. La période des juges a donc son importance pour nous parce qu’elle anticipe et conduit vers la plénitude des temps futurs.

C’est à ce sujet que l’apôtre Paul écrivait dans sa lettre aux Éphésiens :

« En les lisant, vous pouvez comprendre l’intelligence que j’ai du mystère du Christ. Ce mystère n’avait pas été porté à la connaissance des fils des hommes dans les autres générations, comme il a été révélé maintenant par l’Esprit à ses saints apôtres et prophètes : les païens ont un même héritage, forment un même corps et participent à la même promesse en Jésus-Christ par l’Évangile » (Ép 3.4-6).

Et plus loin, voici ce qu’il a écrit au sujet de la profondeur du mystère qu’il voyait en Christ :

« C’est pourquoi, je fléchis les genoux devant le Père, de qui toute famille dans les cieux et sur la terre tire son nom, afin qu’il vous donne, selon la richesse de sa gloire, d’être puissamment fortifiés par son Esprit dans l’homme intérieur; que le Christ habite dans vos cœurs par la foi et que vous soyez enracinés et fondés dans l’amour, pour être capables de comprendre avec tous les saints quelle est la largeur, la longueur, la profondeur et la hauteur, et de connaître l’amour du Christ qui surpasse toute connaissance, en sorte que vous soyez remplis jusqu’à toute la plénitude de Dieu » (Ép. 3.14-19).

Il nous serait impossible de comprendre l’histoire de Ruth si nous ne savions rien de l’histoire de la rédemption et sans participer à cette rédemption opérée par le Christ.

Notre époque, elle non plus, n’est pas encore totalement accomplie. Notre connaissance du salut de Dieu reste encore imparfaite. Christ se trouve au ciel et son Royaume ne sera pas totalement réel jusqu’à ce qu’il vienne dans sa puissance et avec toute sa gloire. Notre mission consiste à en rester les témoins, et c’est pour cela que nous avons reçu l’Écriture sainte, la Bible, qui contient tout ce qui nous est nécessaire en vue de cette tâche.

Dans l’Ancienne Alliance, Dieu avait choisi un peuple particulier dans lequel devait naître le Christ. Il lui avait donné un pays spécial où il devait vivre. Jusqu’à l’avènement du Christ, Dieu ne s’était pas directement occupé des autres peuples pour les inclure dans son alliance. Ceux-ci ont suivi leurs propres penchants jusqu’au moment où Dieu, ne pouvant plus supporter leur méchanceté et leurs révoltes contre lui, les a détruits. Mais il avait choisi un peuple afin d’en faire son peuple élu et il avait choisi le pays de Canaan pour lui servir de terre d’habitation. C’est là qu’il serait adoré, car c’est là qu’il avait élu domicile. Il donna sa loi aux Israélites et les instruisit comme on instruit un enfant. Canaan devint terre promise, l’endroit même où couleraient le lait et le miel, où la vie dans l’alliance entre Dieu et Israël serait parfaitement vécue et où cette relation allait refléter la vie à venir dans le règne parfait de Dieu.

La lecture des premiers versets de notre livre nous apprend qu’au temps des juges il y eut une famine dans le pays des Israélites. La famine sévit dans la terre promise, là où il y avait eu promesse de lait et de miel et d’une abondante nourriture. Pourquoi Dieu n’avait-il pas tenu sa promesse? N’avait-il pas déclaré à Moïse les paroles suivantes?

« L’Éternel dit : J’ai bien vu la misère de mon peuple qui est en Égypte, et j’ai entendu son cri à cause de ses oppresseurs, car je connais ses douleurs. Je suis descendu pour le délivrer de la main des Égyptiens et pour le faire monter de ce pays dans un bon et vaste pays, dans un pays découlant de lait et de miel, dans la région où habitent les Cananéens, les Hittites, les Amoréens, les Phéréziens, les Héviens et les Yebousiens » (Ex 3.7-8).

En principe, dans une terre telle comme nous l’avons décrite, il ne devrait pas y avoir de famine. Mais rappelons-nous que Dieu avait mis des conditions à sa promesse. Il maintiendrait sa fidélité dans l’alliance à condition qu’Israël reste fidèle. Moïse le précisait bien dans son dernier discours :

« Vois, je mets aujourd’hui devant toi la vie et le bien, la mort et le mal. Car je te commande aujourd’hui d’aimer l’Éternel, ton Dieu, de marcher dans ses voies et d’observer ses commandements, ses prescriptions et ses ordonnances, afin que tu vives et que tu multiplies, et que l’Éternel, ton Dieu, te bénisse dans le pays où tu vas entrer pour en prendre possession. Mais si ton cœur se détourne, si tu n’obéis pas et si tu es poussé à te prosterner devant d’autres dieux et à leur rendre un culte, je vous annonce aujourd’hui que vous périrez, que vous ne prolongerez pas vos jours dans le territoire où tu vas entrer pour en prendre possession, après avoir passé le Jourdain. J’en prends aujourd’hui à témoin contre vous le ciel et la terre : j’ai mis devant toi la vie et la mort, la bénédiction et la malédiction. Choisis la vie, afin que tu vives, toi et ta descendance, pour aimer l’Éternel, ton Dieu, pour obéir à sa voix et pour t’attacher à lui : c’est lui qui est ta vie et qui prolongera tes jours, pour que tu habites le territoire que l’Éternel a juré de donner à tes pères, Abraham, Isaac et Jacob » (Dt 30.15-20).

On peut affirmer, au sujet du peuple de Dieu que, si le malheur s’abattit sur sa terre, ce fut la conséquence de son péché. Dieu les punit pour les faire revenir à lui. Le livre des Juges, qui contient l’histoire d’Israël à cette même période, illustre bien la nature des rapports entre Dieu et les Israélites et les conséquences de leur infidélité. Chaque fois qu’ils se détournent du Dieu de l’alliance pour adorer d’autres dieux, Dieu les abandonne entre les mains des oppresseurs jusqu’à ce que, dans la repentance, Israël retourne vers son Dieu et Sauveur. Il en est ainsi à l’époque de l’histoire de Ruth; la famine n’était que la malédiction que Dieu envoyait sur son peuple.

Mais commençons donc par y voir clair dans l’histoire du début. Un certain homme et sa famille, originaires de la ville de Bethléem, en Juda, ont fui la famine en quittant leur pays et en se dirigeant vers Moab. Il ne s’agit pas, remarquez-le bien, d’une banale affaire d’émigration. Au fond, ces Bethléemites tournent le dos au pays même que Dieu leur avait donné. Lorsque Élimélek quitte les plaines d’Israël pour se diriger vers celles de Moab, il abandonne le lieu où Dieu voulait qu’Israël continue à vivre fidèlement dans son alliance. Même si Dieu veut être servi par toutes les nations et dans tous les lieux, lorsque sa grâce choisit un peuple et conclut avec lui une alliance spéciale lui dictant des conditions spéciales de vie, ce peuple ne peut ni en oublier ni en négliger les conditions, et encore moins se complaire dans la transgression. Israël avait une tâche spéciale à assumer dans l’obéissance. Il devait vivre comme le peuple fidèle de Dieu, même si Moab et sa terre étaient pollués par le culte de faux dieux et remplis d’abominables idoles.

Pour comprendre toute l’importance de la terre promise, rappelons-nous d’une phrase du roi David prononcée quelque temps après l’histoire de Ruth. Poursuivi par le roi Saül, David n’était pas en sûreté dans son propre pays; aussi dit-il à Saül :

« Que le roi, mon seigneur, daigne maintenant écouter les paroles de son serviteur : si c’est l’Éternel qui t’excite contre moi, qu’il accepte une offrande; mais si ce sont des êtres humains, qu’ils soient maudits devant l’Éternel, puisqu’ils me chassent aujourd’hui pour me détacher de l’héritage de l’Éternel, ce qui revient à dire : Va rendre un culte à d’autres dieux! » (1 S 26.19).

Condamner David à l’exil, c’était le forcer à vivre loin de Dieu. Or, la terre d’Israël, où Dieu demeurait, était sacrée et pure, tandis que les autres pays étaient impurs en raison de l’idolâtrie qui les infestait (Am 7.17; Os 8.1; Os 9.3-4; Za 9.8; Jr 12.7). Canaan était appelé « la maison de l’Éternel ». Dans le deuxième livre des Rois, nous lisons que l’étranger Naaman, guéri par le prophète Élisée, tenait à emporter un peu de cette terre sainte, et il dit à son bienfaiteur :

« Permets que l’on donne de la terre à ton serviteur, une charge de deux mulets; car ton serviteur ne veut plus offrir ni holocauste ni sacrifice à d’autres dieux qu’à l’Éternel » (2 R 5.17).

Ainsi, non seulement Élimélek et sa famille quittèrent Bethléem, mais ils allèrent encore tout droit vers une terre idolâtre. Or, les gens de Moab, comme les Ammonites, étaient maudits (voir Dt 23.2-9).

Nous concluons qu’Élimélek et sa famille avaient accepté de vivre parmi un peuple qui leur était détestable. Les Moabites, en effet, n’avaient pas voulu secourir Israël lorsque celui-ci traversait leurs plaines et avait besoin d’assistance. Et Dieu, qui est un Dieu jaloux, avait maudit Moab pour n’avoir pas aidé son peuple élu. Voyez donc comment Élimélek choisit, pour fuir la famine, une terre non seulement étrangère, mais encore maudite.

Nous savons encore que la religion de ces gens-là était naturaliste. Leur dieu s’appelait Kemoch. Le mariage de celui-ci avec Achéra, la mère-terre, maintenait, disaient-ils, la fertilité du sol. Élimélek suit une certaine logique en s’installant dans le pays de Moab. Si l’on quitte son pays natal à cause d’une famine, pourquoi ne pas se diriger vers une terre où le culte de la fertilité est pratiqué et d’où on espère du bien, même si l’on ne pratique pas les mêmes rites païens?

Pour stimuler la fertilité du sol, les hommes de Moab avaient des relations sexuelles avec des femmes, en présence même d’étrangers. Dans leurs temples, les femmes se vouaient à Achéra en s’offrant à qui voulait d’elles. Sans doute, Élimélek ne se sentit pas très à l’aise dans ce milieu. De telles pratiques étaient une abomination aux yeux d’un Israélite. Mais nous apprenons qu’il s’y est établi, lui, sa femme et ses deux fils. Il y est mort aussi. Ses deux fils épousèrent deux femmes de Moab, et après dix ans de vie, ils sont morts à leur tour.

Entre-temps, l’Éternel a visité son peuple pour l’arracher à la famine. Noémi, apprenant que Dieu a visité son peuple, veut de nouveau rentrer à son pays d’origine. Ainsi prend fin le premier épisode.

Dans ces débuts qui nous expliquent tout l’arrière-plan de l’histoire, nous y avons trouvé des choses bien tristes : famine dans la terre promise, incrédulité d’une famille, vie au milieu des païens. Mais l’histoire ne s’arrête pas ici. Elle continue parce que l’Éternel, qui avait visité son peuple, avait un but, et nous le verrons dans la suite de notre série.