Cet article a pour sujet la souveraineté de Dieu qui se voit dans ses oeuvres de création, de providence et de rédemption, qui fait partie de la vision chrétienne du monde et qui appelle à l'humilité.

Source: Souveraineté de Dieu et responsabilité de l'homme. 3 pages.

La souveraineté de Dieu (1)

  1. Le Credo
  2. La vision chrétienne du monde
  3. La nécessaire humilité
  4. Le modernisme
  5. La providence

1. Le Credo🔗

La première affirmation du Symbole des apôtres dit cette souveraineté : « Je crois en Dieu, le Père tout-puissant, créateur du ciel et de la terre. » Beaucoup de choses sont rappelées en une seule phrase :

Je crois en Dieu : je crois qu’il existe, qu’il s’est révélé, et je me fie à lui entièrement.

Le Père tout-puissant : le mot « Père » implique le salut et une relation filiale restaurée.

Créateur du ciel et de la terre : Dieu est distinct de sa création (contre l’idolâtrie, Rm 1.22-23); par sa Parole, Dieu a tout créé et soutient toutes choses (Ps 119.90).

On se souvient de la première demande du Notre Père1 : « Que ton nom soit sanctifié », c’est-à-dire distingué de toute autre réalité, séparé de tout mal (Rm 3.4; 1 Jn 1.5).

On se souvient de la parole solennelle de Jésus : « Retire-toi, Satan! Car il est écrit : Tu adoreras le Seigneur, ton Dieu, et tu le serviras lui seul » (Mt 4.10). Et aussi : « Tu n’auras pas d’autre dieu devant ma face » (Ex 20.3).

2. La vision chrétienne du monde🔗

Cela « dessine » ce qu’on peut appeler « une vision chrétienne du monde », bien difficile à assumer dans une culture marquée par l’humanisme athée et par les cloisonnements… « Par la Parole [de Dieu] tout a été fait, rien de ce qui existe n’a été fait sans elle » (Jn 1.3; voir 2 Pi 3.5). Les deux mots : « tout » et « rien », imposent la notion de totalité, de globalité.

L’affirmation du Psaume 119 confirme cela : « Toutes choses subsistent par elle [la Parole de Dieu] » (Ps 119.91)2. Les lois de l’univers continuent d’exister par l’autorité de la Parole créatrice de Dieu, y compris les lois dites physiques, biologiques, etc. C’est précisément ce qui permet la recherche scientifique, dite « recherche exacte ». Remarquons aussi comment le Psaume 19 (mais aussi le Ps 119.89-93) associe les réalités physiques et morales : une même volonté créatrice les sous-tend! Ainsi, tout est dépendant de Dieu, et rien ne peut prétendre à une quelconque autonomie. Ainsi, Jésus peut dire à Ponce Pilate : « Tu n’aurais sur moi aucun pouvoir, s’il ne t’avait été donné d’en haut » (Jn 19.11).

3. La nécessaire humilité🔗

Cela définit la posture juste de l’homme devant Dieu, qui peut se dire en un mot : piété ou foi, ce qui est pratiquement la même chose. Dans la situation présente, ces deux mots supposent l’humiliation3 et la repentance, auxquelles s’ajoute l’obéissance de la foi.

Dieu demanda à Job : « Où étais-tu quand je fondais la terre? Dis-le, si tu as de l’intelligence » (Jb 38.4). Dieu interroge Job durant 4 chapitres. Terrassé, Job répond :

« Je reconnais que tu peux tout et que rien ne s’oppose à tes pensées. Oui, j’ai parlé sans les connaître de merveilles qui me dépassent et que je ne conçois pas. Mon oreille avait entendu parler de toi, mais maintenant mon œil t’a vu. C’est pourquoi je me condamne et je me repens sur la poussière et sur la cendre » (Jb 42.2-6).

Ici encore, l’intelligence est liée à l’attitude du cœur humilié, c’est-à-dire débarrassé de sa vanité, de sa folie (Jc 4.6-10). Nous pouvons tirer une illustration de ce Psaume de David : « Éternel! je n’ai ni un cœur qui s’enfle, ni des regards hautains; je ne m’occupe pas de choses trop grandes et trop élevées pour moi » (Ps 131.1; voir Pr 3.7; 28.5).

Souvenons-nous du centenier de Luc 7. Cet officier romain a un cœur humble : il ne désire pas importuner Jésus. « Je ne suis pas digne que tu entres sous mon toit. Mais dis seulement un mot et mon serviteur sera guéri » (Lc 7.6-7). La conscience de son indignité va de pair avec la conscience de l’autorité de Jésus! « Jésus admira la foi [l’intelligence spirituelle] du centenier » (Lc 7.9; voir Pr 28.5; Dn 12.10).

4. Le modernisme🔗

Cette idée d’humiliation et de dépendance de l’homme est assez radicalement opposée à l’idéal de l’homme moderne, soi-disant autonome. L’idée même d’un Dieu tout-puissant fait frémir non seulement les incroyants, mais aussi certains chrétiens progressistes4. On comprend qu’avec de tels présupposés, la « foi » n’est plus qu’un pari sur l’avenir, et l’espérance un rêve nourri d’utopies…

5. La providence🔗

À l’inverse, les réformateurs ont souvent parlé de la providence de Dieu5 : il s’agit de l’intervention de Dieu dans ce monde, en vue de l’accomplissement de sa volonté, de son dessein6. La providence s’exerce au bénéfice de tous les hommes, justes et injustes (Mt 5.45), en vertu de l’alliance conclue avec Noé (Gn 9)7. Rien n’échappe au contrôle de Dieu, pas même l’injustice. « Pas un oiseau ne tombe à terre sans la volonté de votre Père. Et même les cheveux de votre tête sont tous comptés. Ne craignez pas » (Mt 10.29-31).

Cependant, la providence s’exerce de manière particulière envers le peuple de Dieu : « Toutes choses concourent au bien de ceux qui aiment Dieu, de ceux qui sont appelés selon son dessein » (Rm 8.28). Toutes choses? Oui. Y compris le mal? Oui8. Ainsi s’exerce la souveraineté de Dieu : non pas à la manière d’un porte-bonheur, mais à la manière de l’action d’un père aimant9. Dans ce même sens, nous comprenons que c’est la patience de Dieu (et non une prétendue faiblesse) qui explique que, dans le temps présent, tant d’injustices, tant d’arrogance et tant de souffrances puissent exister. Mais cela aura une fin qui se situe entièrement dans la main de Dieu (2 Pi 3.9).

Dans quel but s’exerce la providence de Dieu? Pour le bien de son peuple et pour manifester sa gloire (Ép 1.11-12)10.

Notes

1. Les catéchismes de la Réforme s’appuyaient principalement sur le Symbole des apôtres, le Notre Père et les Dix commandements.

2. Cela a un rapport direct avec la personne de Jésus-Christ, Parole de Dieu incarnée. Voir Col 1.16-17; Hé 1.3.

4. Plusieurs professeurs de la Faculté de théologie de Montpellier ont développé une « théologie du process » qui rejoint un courant progressiste américain (Open Theism). Ces théologiens considèrent que Dieu est en quelque sorte inachevé, qu’il a besoin des hommes autant que les hommes ont besoin de lui, que lui-même ignore comment les choses finiront…

5. Le terme a parfois aujourd’hui un sens vague, plus ou moins synonyme de hasard.

6. Voir mon article intitulé La doctrine du décret de Dieu.

7. Alliance de laquelle les animaux sont également bénéficiaires (Gn 9.8-10; Ps 36.7; Mt 6.26).

8. « Qui dira qu’une chose existe sans que l’Éternel ne l’ait ordonnée? » (Lm 3.37-38). L’histoire de Joseph illustre la providence de Dieu : vendu comme esclave par ses frères, Joseph sauvera sa famille et son peuple en Égypte. « Vous aviez médité de me faire du mal, mais Dieu l’a changé en bien pour accomplir ce qui arrive aujourd’hui » (Gn 50.20). Voir mon article intitulé La souveraineté de Dieu et la responsabilité de l’homme selon la Confession de foi de La Rochelle.

9. « Supportez le châtiment, car c’est comme des fils que Dieu vous traite » (Hé 12.7, 11).

10. On peut lire Calvin, Institution chrétienne, livre 2, chapitres 2 et 3.