Cet article a pour sujet le témoignage d'une mère qui a plusieurs enfants et qui se sent parfois dépassée, mais qui apprend à être la mère que Dieu veut qu'elle soit, témoin des encouragements et bénédictions que Dieu donne à sa famille.

4 pages.

Wow! Cinq enfants!

Question :

« Wow, cinq enfants! Jamais je ne serais capable! »

J’entends cela continuellement et vous savez quoi? Moi non plus, je ne suis pas capable!

Voilà, je l’ai enfin admis. En ce moment, je n’ai aucune idée d’où se trouvent trois de mes enfants et, la plupart du temps, je n’ai aucune idée de ce qu’ils sont en train de faire. Je peux me concentrer sur deux à la fois ou en garder deux à l’œil à la fois… maximum. J’ai mal à la gorge à la fin de la journée à force de reprendre, dire, redire, expliquer pourquoi, etc., à cinq personnes. Pendant la journée, ma maison n’est jamais — pas même un seul instant — parfaitement calme. Il y a « toujours » quelqu’un qui est en train de parler. Ça me rend folle.

Nos temps de bricolage sont tout simplement ridicules. J’ai de si bons souvenirs de l’époque où je pouvais m’asseoir avec mes deux petites filles. Elles attendaient calmement que je sorte le matériel nécessaire. Pourquoi en aurait-il été autrement? Ça ne me prenait que quelques instants. Maintenant, j’ai affaire à une bande de singes qui grimpent et sautent partout.

Le théâtre pour enfants? Des sorties avec d’autres familles qui font l’école à la maison? Les fêtes populaires? Je ris juste à la pensée absurde que nous pourrions y participer. Si je ne riais pas, j’en pleurerais.

J’aime énormément chacun de mes enfants. Je ne les échangerais pour rien au monde. Cependant, il y a des moments où je soupire après les journées calmes et tranquilles des années où nous avions moins d’enfants. Je me souviens des jours où les filles portaient de jolies robes avec des bas assortis ainsi que des souliers et des accessoires pour cheveux qui s’harmonisaient avec le reste. Je me souviens de nos vacances à l’étranger. C’était tellement plus facile avec seulement deux enfants; maintenant, ce n’est plus qu’un cauchemar de logistique.

Récemment, j’ai osé dire que je serais une mère fantastique si j’avais moins d’enfants. Quelqu’un a répondu que ce n’est pas vrai, mais c’est vrai. Je sais que c’est vrai parce que je l’étais… et que maintenant je ne le suis plus. Je suis une assez bonne maman pour cinq enfants, mais pas pour chaque enfant individuellement. Et je suis continuellement stressée comme ce n’est pas possible.

— Une maman dépassée

Réponse :

J’ai écrit quelque chose à ce sujet il y a quelque temps. Tu n’as probablement pas besoin que je te dise tout cela, mais voici quand même.

Les gens peuvent dire les choses les plus bêtes qui soient — et ils le font! À voix haute, en plus.

Hier, juste après un marathon de quarante-cinq minutes de vélo d’exercice avec ma fille Josiane, je suis allée chercher mes enfants, Olivier et Manuel, à la garderie du centre communautaire. Ce temps d’exercice est une merveilleuse occasion de développer le lien mère/enfant — si vous en avez les moyens, je vous le recommande fortement. Je suis certaine que dans trente ans je chérirai encore dans mon cœur les conversations que nous avons eues pendant ces périodes d’entraînement. Pendant ce temps, les garçons les plus grands sont au karaté et les petits sont à la garderie. Josiane et moi profitons de ce temps juste pour nous deux, additionnant les kilomètres sur nos bicyclettes fixes pendant que tout le monde autour de nous se demande ce que nous pouvons bien trouver de si drôle pour que nous riions à ce point. Mais je m’éloigne du sujet.

Comme je l’ai dit, j’étais au centre communautaire. On m’avait déjà remis Manuel en le passant par-dessus le comptoir et il écrasait son visage de tout son poids dans le creux de mon épaule. Malgré ses protestations, quelqu’un éloignait Olivier de la table sur laquelle il s’amusait avec de la pâte à modeler pour le diriger vers la petite barrière verte de la sortie. J’ai gribouillé mon nom dans les registres et j’ai fait de grands gestes vers Olivier pour qu’il sache que c’était le temps de rentrer à la maison.

« Combien en avez-vous? Trois garçons? Oh là là! », me dit l’employée, une femme à peu près de mon âge.

Je lui ai répondu : « Vous en avez oublié un. » Je me suis déplacée d’un pas et, évidemment, Alexis était caché juste derrière moi. Nous étions vraiment à l’étroit dans cette section réservée à l’accueil.

« Quatre garçons? Jamais je n’aurais pu. Impossible. Ils m’auraient rendue folle. »

Je l’ai regardée avec un grand sourire en hochant la tête. Après tout, cette femme va à mon Église. Franchement, elle aurait pu garder ses commentaires pour elle.

Je lui ai répondu : « C’est un plaisir pour moi d’élever des garçons. Ces gars sont fantastiques. Je n’arrive pas à imaginer à quel point la vie serait monotone s’il en manquait même un seul. »

Vous vous dites peut-être : « Voici un article qui parle de la façon dont les gens sont toujours en train de “taper” sur les petits garçons. » Eh bien, ça pourrait l’être, mais ça ne l’est pas. Cette femme ne savait simplement pas juger quand il est temps de se taire. Juste à cet instant, Josiane est entrée par la porte avec un grand sac bien rempli de tout notre équipement d’entraînement.

« Oh! J’avais complètement oublié. C’est vrai, vous avez cinq enfants. Tous ces garçons et une fille. »

Vraiment bonne en maths, ai-je pensé. Comme vous devez être fière! Mes pensées jusque-là toutes ensoleillées venaient de tourner au vinaigre, parce que, rendu-là, voyez-vous, il faut comprendre que cette femme venait tout simplement de communiquer à mes fils qu’ils étaient un fardeau pour leur mère et maintenant la voilà qui s’en prenait à la grandeur de notre famille. Décidément, les choses ne faisaient que s’améliorer!

La femme a ensuite secoué la tête et enfoncé le clou :

« Je ne pourrais jamais avoir autant d’enfants. Impossible. Je n’arriverais tout simplement pas à être la mère que je veux être avec autant d’enfants. »

Vous savez quoi? Je lui ai dit qu’elle avait parfaitement raison. « Je n’y arrive pas non plus », ai-je admis, « et j’en suis tellement reconnaissante! »

Maintenant, avant que vous me regardiez comme si j’étais un monstre étrange à dix têtes (qui est d’ailleurs précisément la façon dont elle m’a regardée), permettez-moi de vous expliquer pourquoi je pense ainsi.

Je ne suis pas la mère que je voulais être pour ces enfants. Je ne peux pas l’être. C’est impossible. Je suis une seule personne… et ils sont cinq! C’est une simple question mathématique. Je ne peux pas être tout pour chaque enfant.

Notre monde nous dit que je suis un échec. J’ai choisi la quantité plutôt que la qualité. Il n’y a simplement pas moyen que je sois une mère assez bonne. Je ne pourrai pas répondre à tous les besoins. Il y a tout simplement trop d’enfants.

À cela, je dis : « Loué soit Dieu! »

Parce que j’ai fini par prendre conscience que ce que je veux être et faire pour mes enfants n’est pas nécessairement ce qu’il y a de mieux pour eux.

J’aimerais donner un bécot à chaque petit bobo. M’extasier devant chaque dessin. Brosser les cheveux de chaque tête. Couper chaque ongle. Tenir le siège de chaque bicyclette lorsque les roues d’entraînement sont retirées. Prévenir chaque peine et chaque blessure. Être une bonne oreille lors de chaque chagrin. Cuisiner chaque collation pour les après-midi. Applaudir et encourager à chaque match sportif. Mettre en garde contre chaque danger. Lire chaque livre. Assister à chaque concert. Participer à chaque jeu. Être à la tête de chaque troupe. Chanter chaque chanson. Je voudrais réparer tous les torts. Je voudrais tenir tous les ennemis à distance.

Je voudrais être pour eux leur monde tout entier.

Avec un enfant, je pourrais y parvenir. Sans aucun problème. Avec deux, je pense que j’arriverais à très bien me débrouiller, mais avec trois, cinq, sept? Jamais de la vie!

Au lieu de cela, mes enfants reçoivent quelque chose de différent. Peut-être pas meilleur — les plans du Seigneur sont différents pour chaque famille et je respecte cela, mais mes enfants reçoivent quelque chose qui est au moins équivalent. Ils ne reçoivent pas quelque chose d’inférieur. Ils ne reçoivent pas quelque chose qui devrait susciter la pitié. Ils reçoivent juste quelque chose de différent.

Ce n’est pas moi, la mère parfaite, qui est au cœur de toute cette période pendant laquelle ils grandissent. Peu importe tous les rêves que j’ai pu avoir à ce sujet. Ce n’est tout simplement pas moi qui suis au cœur de tout. C’est Dieu et la famille qu’il nous donne pour répondre à tous les besoins.

Est-ce que les bobos reçoivent leurs bécots? Évidemment! La seule chose, c’est que la plupart du temps c’est un grand frère qui donne un bec sur la tête du bébé après qu’il a essayé de passer sous la table à café pour la cinquième fois en une heure. Est-ce que les biscuits finissent par être préparés? Oui. Je dois cependant admettre que Josiane est en train de devenir toute une cuisinière grâce aux nombreuses occasions de faire ses essais dans la cuisine sans que je sois tout le temps en train de tourner autour d’elle. Et savez-vous qui a enseigné à Luc à garder son équilibre sur sa « bicyclette de grand » lorsque les petites roues d’entraînement ont été enlevées? C’est Alexis qui courait derrière en lui criant : « Vas-y, frérot! T’es capable! Ça y est, t’as réussi! » Sa voix était si fière et tellement remplie de joie que ma gorge se serre chaque fois que ce souvenir me revient. J’ai crié du bord du trottoir où je me trouvais, mes mains essayant de faire rentrer toutes les mèches de cheveux de Josiane sous son casque. C’était un moment magnifique, imprimé à tout jamais dans mon esprit, mon cœur, mon âme.

« Frérot! T’as réussi! » Y a-t-il des mots plus doux à l’oreille?

Quand vient le temps de recevoir des encouragements, mes enfants ont droit aux acclamations de toute une section, pas seulement à celles d’un partisan unique préféré. Ils ont un chœur de voix pour chanter des louanges et de nombreuses mains prêtes à aider à toute heure de la journée. Seront-ils toujours aussi près les uns des autres lorsqu’ils seront adultes? Ce n’est pas garanti, évidemment. Ma propre mère est la plus jeune d’une famille de sept enfants et je ne pourrais pas dire qu’ils sont particulièrement proches les uns des autres. Il n’y a pas de formule magique, d’ingrédient parfait qui peut permettre de tisser ces petites personnalités en une courtepointe chaude et confortable dans laquelle ils voudront rester enveloppés tout le reste de leur vie.

Mais il y a de l’amour. De l’amour en abondance. Plus d’amour que moi seule, leur mère à qui ils ont été confiés, ne pourrait jamais leur donner.

Je ne suis pas la mère que j’aurais aimé être. Je ne peux pas toujours être présente lors des événements particuliers. Il m’arrive parfois d’être préoccupée par une couche à changer ou par un problème de mathématique quand un événement déterminant dans la vie de l’un d’entre eux me passe sous le nez à la vitesse de la lumière. Mes enfants ne se souviendront pas de moi comme de quelqu’un toujours en avant, à la tête de chaque comité, répondant à chaque besoin et mouchant tous les nez qui en ont besoin.

Mais je suis la mère que Dieu veut que je sois. Habituellement, je suis plutôt en arrière-plan. Une voix parmi d’autres dans cette mer d’encouragement. Applaudissant. Louant. Témoin du miracle qu’est notre famille.