Cet article a pour sujet l'éducation chrétienne des enfants de l'alliance et les principes de base pour l'enseignement chrétien donné par les parents et dispensé par l'école chrétienne.

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9 pages.

Pour une éducation chrétienne

  1. La laïcité est en fait religieuse
  2. Les principes de l’éducation chrétienne
    a. L’Écriture seule
    b. Par la grâce seulement
    c. Par la foi seulement
    d. À Dieu seul la gloire

1. La laïcité est en fait religieuse🔗

« Pour une éducation chrétienne », c’est le titre de la réflexion que je vous propose dans cet article. À plusieurs reprises par le passé, nous avons affirmé la nécessité, pour les chrétiens engagés, d’envisager la vie tout entière à la lumière de la Bible, Parole vivante inspirée par Dieu. Qu’il s’agisse de l’éthique du travail, de la protection de la vie, de la justice publique, tout dans l’existence humaine relève de la souveraineté du Dieu tout-puissant qui a remis la royauté de toutes choses à son Fils éternel, Jésus-Christ. L’éducation de nos enfants ne peut échapper à cette royauté, elle a du reste tout à y gagner. Qu’une telle vue de l’éducation contrevienne au principe sacro-saint de la laïcité tel qu’il est appliqué dans un pays comme la France, entre autres, cela est évident. D’ailleurs, quand on y regarde de près, on s’aperçoit vite que ce principe de laïcité, qui prétend être neutre, est tellement marqué idéologiquement et tellement absolutisé par ceux qui s’en font les champions qu’il peut à bon droit être qualifié de religieux lui aussi. C’est pourquoi l’expression « sacro-saint » que je viens de lui appliquer lui convient parfaitement.

On a affaire à une religion officielle, celle de l’humanisme sécularisé, qui croit d’abord en l’homme et en ses vertus. L’homme, et lui seul, est responsables de sa destinée, il est le maître de son existence, même au milieu de ses tâtonnements pour trouver une direction. Voilà en gros la religion de la laïcité, et c’est ce qui forme le fond de l’enseignement dispensé aux enfants. Derrière le paravent de la paix religieuse, sous le prétexte d’éviter des conflits entre groupes confessionnels différents et de permettre à tous de vivre dans la paix sociale et culturelle, on uniformise l’enseignement, devenue « éducation ». On substitue au catéchisme des différentes confessions un nouveau catéchisme, celui élaboré par l’État, qui n’est pas moins chargé de valeurs, de priorités, de jugements moraux. En quoi tout cela est-il neutre, je vous le demande?

2. Les principes de l’éducation chrétienne🔗

Mais sur quelles bases envisager une éducation chrétienne? Quels sont les principes qui doivent la diriger? Cet article ne prétend pas définir tous les axes qui permettront à un enseignement chrétien de prendre forme dans les différentes disciplines enseignées à l’école. Il faudrait pour cela écrire une série de livres spécialisés. Je souhaite simplement énoncer quelques principes de base et montrer les conséquences de leur application dans l’orientation et le climat général que devrait revêtir un enseignement chrétien. Reconnaissons toutefois que même parmi les chrétiens il existe des opinions différentes sur ce que devrait être une éducation chrétienne. Les remarques que je vais faire relèvent plus spécifiquement d’une conception chrétienne réformée, mais vous verrez qu’elle a beaucoup de points communs avec celle d’autres groupes chrétiens.

Tout d’abord, les parents chrétiens qui prennent au sérieux l’Alliance de grâce, ce thème qui parcourt toutes les pages de la Bible, savent et croient fermement que l’éducation de leurs enfants relève en premier lieu de leur responsabilité, pas de celle de l’école, de l’Église ou de l’État. Ce sont eux en priorité qui doivent donner une direction à l’éducation de leurs enfants et la superviser, même s’ils n’enseignent pas eux-mêmes les matières scolaires. Dieu, dans son plan créateur, a accordé des enfants aux parents, pas à l’école ou à l’État. C’est d’abord aux parents qu’il a commandé de transmettre la connaissance de son nom, de ses œuvres, du salut qu’il a préparé pour ceux qui croient en lui.

Ce motif est sous-jacent à toute l’Écriture sainte, mais on le trouve énoncé avec force dans un passage comme le chapitre 6 du livre du Deutéronome, dans l’Ancien Testament :

« Écoute, Israël! L’Éternel, notre Dieu, l’Éternel est un. Tu aimeras l’Éternel, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta pensée et de toute ta force. Et ces paroles que je te donne aujourd’hui seront dans ton cœur. Tu les inculqueras à tes fils et tu en parleras quand tu seras dans ta maison, quand tu iras en voyage, quand tu te coucheras et quand tu te lèveras » (Dt 6.4-7).

Écoutez encore comment le livre des Proverbes parle de la transmission de la sagesse, de la vraie connaissance, au chapitre 2 :

« Mon fils, si tu reçois mes paroles, et si tu retiens en toi mes commandements, si tu prêtes une oreille attentive à la sagesse, et si tu inclines ton cœur à la raison; oui si tu appelles l’intelligence, et si tu élèves ta voix vers la raison, si tu la cherches comme l’argent, si tu la recherches avec soin comme des trésors, alors tu comprendras la crainte de l’Éternel et tu trouveras la connaissance de Dieu » (Pr 2.1-5).

Quelle conséquence tirer de ces paroles? Les parents chrétiens insistent pour que l’éducation que leurs enfants reçoivent soit conforme à ce qu’ils croient et confessent en tant que parents. Pour eux, il ne doit pas exister de conflit entre la tutelle exercée à la maison et celle exercée à l’Église et à l’école.

Nous allons maintenant énoncer quatre principes de base qui donnent une orientation fondamentale à l’enseignement chrétien, celui donné par les parents et celui dispensé dans l’école chrétienne. Ces quatre principes sont chacun résumés par une formule simple : l’Écriture seule, par la grâce seulement, par la foi seulement, à Dieu seul la gloire. Reprenons-les un par un :

1. L’Écriture seule : Appliqué à l’éducation scolaire, cela veut dire que les parents chrétiens recherchent une école qui maintient l’autorité absolue de la Bible sur toute la vie. Nous allons plus loin exposer plus en détail ce que cela implique.

2. Par la grâce seulement : Cela signifie que toutes choses que nous possédons — notre corps, nos dons, notre esprit, notre force, etc. — ne sont que des faveurs divines imméritées, d’autant plus que nous sommes tombés dans le péché et en sommes devenus les esclaves naturels. Nous désirons seulement le mal. Seule la grâce de Dieu nous conduit à embrasser par la foi le salut que Dieu nous a accordé en Jésus-Christ. Dans ce monde, rien ne se passe en dehors de la dispensation de Dieu qui guide tout; cependant, nous demeurons responsables de nos actions. Si nous appliquons ceci à l’éducation scolaire, les parents chrétiens recherchent une école qui place l’accent majeur sur la grâce imméritée de Dieu et sur notre responsabilité de vivre au sein de cette grâce. Je reviendrai sur les implications pratiques de ce point de vue.

3. Par la foi seulement : Les chrétiens croient que le Saint-Esprit suscite en eux une foi sincère qui embrasse Jésus-Christ avec tous ses mérites. Il n’y a pas de salut sans la foi. La foi inclut la connaissance, l’accord et la confiance. Elle doit être nourrie et fortifiée par, entre autres, les moyens suivants : la Parole de Dieu et la prière. En conséquence, les parents chrétiens cherchent une école qui aidera les enfants durant leurs années de formation à apprendre le vrai contenu de la foi (comme connaissance) et à développer leur confiance en Dieu. Nous reviendrons aussi là-dessus.

4. À Dieu seul la gloire : Le but de l’existence de l’homme est de glorifier Dieu et de trouver sa joie éternelle en lui. Que nous mangions ou buvions, quoi que nous fassions, nous devrions tout faire pour la gloire de Dieu. Tout est de lui, par lui et pour lui. Ici aussi, nous développerons plus en détail les implications de ce motif pour l’éducation chrétienne.

a. L’Écriture seule🔗

Reprenons donc un par un nos quatre motifs, et d’abord celui de l’Écriture seule. En premier lieu, l’autorité de la Bible ne doit pas être limitée à quelques domaines comme l’instruction religieuse, les études bibliques, les prières d’ouverture et de conclusion de la journée de classe. La vie nouvelle que Dieu nous offre affecte notre vie tout entière. La Parole de Dieu éclaire tous les domaines d’étude. Même les loisirs du chrétien et la structure ainsi que l’organisation de son école doivent porter la marque de la Parole révélée de Dieu. Nous rejetterons toute doctrine présentant la Bible comme l’expérience subjective ou la réponse religieuse des hommes. La Bible est la volonté révélée de Dieu. Ce n’est ni une fiction ni un simple recueil d’histoires, elle n’est pas non plus sujette aux opinions fausses. À l’inverse cependant, il ne faudra pas traiter la Bible de manière bibliciste, comme si elle fournissait des informations ou des faits sur tous les domaines d’étude.

La création, le maintien et le gouvernement du monde entier par Dieu ressemblent à un livre merveilleux, dans lequel toutes les créatures, grandes et petites, sont les lettres qui nous révèlent les choses invisibles concernant Dieu, comme sa puissance, sa sagesse, sa divinité éternelles. Nous devons en quelque sorte lire le livre de la nature. En apprenant à comprendre, du mieux de nos facultés humaines, comment cet univers est conçu, comment ses parties sont reliées les unes aux autres, nous sommes chaque fois amenés à tourner nos regards vers celui qui est l’auteur de la création et qui en maintient le cours et l’existence à chaque instant.

L’éducation chrétienne n’envisage pas le monde comme le produit du chaos, du hasard, ou de simples forces mécaniques impersonnelles. Au contraire, elle voit un dessein, un plan grandiose et souvent mystérieux, dont de multiples facettes ne sont pas encore accessibles à l’intelligence humaine. Mais ce plan, elle tâche de le rendre intelligible aux enfants, dans la mesure des connaissances disponibles, en pointant toujours le doigt vers le Créateur. Une école chrétienne ne devrait pas tenter de déduire toutes choses de la Bible d’une manière simpliste, mais plutôt utiliser les perspectives de l’Écriture sainte là où il n’y a pas de déclaration spécifique de l’Écriture. Nommons deux exemples de telles perspectives : le fait de la réalité brisée du monde en état de péché, ou encore la diversité et l’unité de la création.

Nous avons donc besoin d’une école qui considère la création de Dieu sérieusement, justement sur la base de l’Écriture. C’est pourquoi l’école chrétienne devrait maintenir un niveau élevé. Ce que les enfants y apprennent concerne une réalité plus large que ce qu’on apprend dans une école non chrétienne. Cela ne concerne pas seulement la nature (comme dans les soi-disant écoles neutres) ni seulement la Bible (comme dans certaines écoles bibliques), mais les deux, dans leur relation réciproque.

b. Par la grâce seulement🔗

Le second principe, « par la grâce seulement », a lui aussi des implications sur l’éducation des enfants. Pour les parents chrétiens, il est important que les talents accordés par Dieu à chaque enfant soient développés au maximum. L’enfant le moins doué, l’enfant très doué et l’enfant handicapé devraient chacun recevoir une attention spéciale. L’enfant qualifié de « moyen » ne devrait jamais constituer un modèle auquel devrait plus ou moins se conformer le développement de chaque enfant. Le but de l’enseignement est de rendre chaque enfant capable de devenir ce que Dieu a en vue pour lui afin qu’il prenne sa place dans la sphère de la vie où Dieu l’appelle. Les talents spéciaux doivent être identifiés et développés.

Dans l’école chrétienne, chaque élève est évalué selon son potentiel propre, tandis que l’instruction en vue des examens revêt une importance moindre. Une évaluation intrinsèque l’emportera sur une évaluation comparative. Par ailleurs, une école chrétienne cherchera dans la mesure du possible un rapport favorable entre enseignant et nombre d’élèves. Une telle proportion favorable peut contribuer à l’évaluation de chaque élève selon son potentiel propre et aussi au développement optimal des talents que Dieu lui a accordés. Admettons que, dans bien des pays, cet objectif n’est pas facile à atteindre, en raison de la pauvreté ou d’autres facteurs (comme la rareté d’enseignants qualifiés); des sacrifices supplémentaires (en termes d’argent et de temps) seront nécessaires, non seulement de la part des parents, mais de la communauté chrétienne à laquelle ils appartiennent.

Dans l’école chrétienne, il ne doit pas y avoir de place pour un esprit de compétition malsain, dans la mesure où un tel esprit se fonde sur l’excellence et les prestations humaines. La compétition inégale doit être rejetée. Les cérémonies de distribution des prix ne seront pas considérées comme importantes, voire seront supprimées. L’approbation et l’encouragement des parents sont jugés plus importants. Sur le terrain de sport, le but n’est pas seulement d’entraîner des équipes gagnantes, mais d’enseigner des compétences de base à chaque enfant. Par ailleurs dans une école chrétienne une attention particulière doit être accordée au développement d’un sens personnel de la responsabilité et de l’application. On inculquera aux enfants que les dons de la grâce de Dieu sont en même temps des tâches imposées par Dieu. Ces dons librement distribués par Dieu dans sa souveraine volonté n’abrogent pas la responsabilité personnelle, mais en fait l’imposent.

L’école chrétienne renforcera aussi l’amour de ce qui nous appartient en propre, car notre langue maternelle et notre culture sont aussi des dons de la part de Dieu. Cependant, cet amour sera enseigné de manière critique, car tout chrétien est aussi appelé à purifier (c’est-à-dire à christianiser) sa propre culture. Un tel amour doit aussi être enseigné avec le respect des autres cultures, car aucun peuple, aucun groupe humain ne peut prétendre que sa propre culture est supérieure à celle des autres. De plus, de nos jours le brassage des cultures est de plus en plus fréquent, et cet état de choses doit être pris en compte avec sensibilité dans les écoles chrétiennes. Si une situation se développe dans laquelle l’éducation chrétienne n’est pas possible au sein d’un groupe culturel homogène, alors une éducation transculturelle est préférable à une éducation au sein du même groupe culturel, mais avec un mélange de croyances ou de convictions.

c. Par la foi seulement🔗

Après le motif « par la grâce seulement », regardons de plus près le motif « par la foi seulement ». Implicite dans ce motif est la conviction qu’aucune école ne peut être neutre. Un type d’instruction religieuse destiné à plaire aux adeptes de toutes les religions serait très certainement une fausse doctrine (c’est ce qu’on appelle l’universalisme, la croyance que toutes les religions ont en gros le même contenu et mènent au même Dieu par des chemins différents). À notre époque, l’idéologie du Nouvel Âge se fait particulièrement l’avocat d’une telle croyance. La soi-disant neutralité peut par exemple prendre la forme d’une interdiction des prières et des lectures bibliques, car cela offenserait les adeptes de telle ou telle doctrine. Cela peut encore prendre la forme d’une instruction biblique très vague et aseptisée, dans laquelle aucun dogme n’est avancé, afin de pouvoir se glisser dans le cadre de n’importe quelle doctrine. Une telle neutralité n’est en fait rien d’autre que de l’humanisme sécularisé.

Une école devra mettre en avant certains fondements non négociables pour pouvoir justifier d’un caractère chrétien, par exemple l’adhésion à des confessions de foi particulières ou à la confession que Jésus-Christ est notre seul Sauveur et que l’autorité de la Bible n’est pas discutable. En fait, l’enseignement scolaire doit cadrer de près avec le catéchisme enseigné par les parents et par l’Église. Je reviens sur ce qui a été dit précédemment : du fait de l’Alliance que Dieu a établie avec les croyants et leurs descendants, l’éducation est premièrement la responsabilité des parents. Ceux-ci devraient disposer des plus grandes prérogatives et du contrôle maximum en ce qui concerne l’éducation de leurs enfants. Les parents croyants qui font baptiser leurs enfants font la promesse qu’ils s’assureront que cet enfant recevra une éducation en accord avec la vraie doctrine. Les assemblées ecclésiastiques ont la responsabilité de s’assurer que les parents chercheront une éducation scolaire qui témoigne de la crainte du Seigneur au sens biblique du mot.

Cela dit, l’école chrétienne ne devrait pas isoler les enfants des doctrines étrangères, mais plutôt les armer contre de telles fausses conceptions en montrant leur inconsistance. De cette façon, les enfants seront préparés à s’engager dans une confrontation responsable. Donnons quelques exemples de telles doctrines étrangères : l’idée selon laquelle l’homme peut effectuer son salut par lui-même, l’idée que le monde et les différentes formes de vie sur terre sont simplement le produit d’une évolution naturelle et du hasard, la théologie de la libération, le matérialisme, etc.

Une véritable éducation chrétienne n’instruit pas dans l’isolement, dans une sorte de cage de verre. Elle prépare l’enfant à une vie pleine, avec tous ses périls. La foi a toujours un contenu vrai, ce qu’une liturgie baptismale appelle « la vraie doctrine du salut ». Les enfants ne doivent pas être laissés à eux-mêmes pour évaluer ou découvrir la vérité simplement en expérimentant ou en explorant. En cela, l’école chrétienne diffère fortement des écoles sécularisées qui prétendent être neutres et insistent fortement sur le développement et l’accomplissement de soi, alors qu’en fait elles instillent aux enfants un ensemble de valeurs et d’idées bien définies tout en prétendant ne pas le faire.

Toujours sous le motif « par la foi seulement », dans l’école chrétienne l’accent sera mis sur la formation d’un caractère chrétien : pas seulement à travers l’instruction biblique, mais aussi par l’éducation morale, l’exemple des enseignants et le soutien sain d’un groupe de pairs. L’école chrétienne prend totalement en compte le fait que l’enfant est conçu et né dans le péché et devrait d’autant plus être formé pour se conformer aux exigences de la Parole de Dieu. Un enfant qui ne reçoit qu’une instruction académique et des compétences, sans formation du caractère, est « pédagogiquement amputé ». Un enfant devrait bien davantage être entraîné à faire face à la vie dans la foi véritable. C’est l’homme total, renouvelé à l’image de son Créateur, qui doit se renouveler dans l’école chrétienne.

La confiance en Dieu se développera de manière optimale dans une atmosphère d’amour, de sécurité et de discipline. L’éducation scolaire devrait renforcer l’influence religieuse des parents sur leurs enfants. L’enseignant a un rôle central à jouer en cela. Il doit conduire l’enfant vers le Dieu de l’alliance. La nomination des enseignants devrait premièrement prendre en compte — avec les compétences académiques — un témoignage positif concernant leurs convictions et leur pratique chrétienne. L’enseignant lui-même devrait vivre une vraie foi, afin que les enfants puissent suivre son exemple comme il ou elle suit l’exemple de Christ. Dans la mesure du possible, il est préférable que l’enseignant provienne du même milieu culturel que la famille, ou du moins qu’il soit familier avec cet environnement.

Mais plus important encore, l’enseignant devrait adhérer à la même confession que les parents dans sa foi et sa pratique. Bien que la foi et la pratique des parents soient d’une valeur probante dans l’école chrétienne, les enseignants ont la responsabilité de fournir un service professionnel aux parents. Un enseignant bien qualifié et stimulant est de plus grande valeur pour la formation d’un enfant que toute autre aide technique ou audiovisuelle, comme les méthodes d’enseignement informatiques. C’est d’autant plus vrai pour le jeune enfant acquérant des compétences de base. Les méthodes auxiliaires sont importantes, mais un enseignant adéquat est plus important encore.

Ensuite, l’école chrétienne place un accent important sur la discipline. Les écoles posent des règles claires quant aux punitions et les parents ont l’obligation de les accepter par écrit en inscrivant leurs enfants. Cependant, du fait que les parents demeurent les éducateurs premiers, l’école doit toujours leur rendre compte de la punition appliquée.

d. À Dieu seul la gloire🔗

Nous arrivons maintenant au quatrième motif qui nous guide dans la recherche de la forme que devrait prendre une éducation chrétienne : le motif « à Dieu seul la gloire ». Chaque don reçu de la grâce divine implique à son tour un devoir. C’est ce dont parle la Bible. Dieu exige d’être servi et nous communique sa volonté à cet égard. En conséquence, l’école chrétienne est fortement orientée vers la pratique. Il ne s’agit pas en premier lieu de savoir ce que telle ou telle connaissance peut signifier pour moi, mais comment je puis servir Dieu et son Royaume. On enseigne aux enfants que chaque croyant doit appliquer ses talents à glorifier Dieu et à édifier son Église. Ce qui découle de cette conviction, c’est que l’école chrétienne est impliquée dans ce qui se passe autour d’elle et s’attache à satisfaire les besoins de la communauté dans laquelle elle fonctionne. On enseigne aux enfants à être le sel de la terre et la lumière du monde et à ne pas s’isoler du monde. L’enfance n’est pas seulement une période durant laquelle on est servi par d’autres, c’est déjà une période durant laquelle on va vers les autres. Ce point de vue confère à l’école chrétienne un caractère marqué de mouvement vers l’extérieur.

Par ailleurs, la royauté de Christ s’exerce sur tous les aspects de l’école chrétienne. La parole de salut de Jésus-Christ et son gouvernement à la droite de Dieu ont des implications profondes pour toutes les matières et les activités. Un style de vie chrétien et une vie spirituelle reçoivent donc une attention considérable. Le but à atteindre n’est pas seulement que l’enfant maîtrise un programme scolaire, mais qu’il doit apprendre à vivre d’une manière conforme aux exigences de l’Écriture. La foi chrétienne n’implique pas de faire certaines choses de manière chrétienne, mais toutes choses. L’idée de la vocation est donc plus importante qu’un entraînement académique en vue de recevoir des mentions, ou encore pour identifier et développer des leaders sociaux. Le service plus que la réussite reçoit l’accent dans l’école chrétienne. C’est la raison pour laquelle les enfants ne seront pas motivés par une compétition et des prix à n’en pas finir, et aussi pourquoi l’école ne sera pas financée par des pratiques telles que la loterie, pratiques caractérisées par l’avarice humaine. Par sa doctrine et son exemple, l’école nourrit une saine éthique du travail, d’économie et de désintéressement.

Il est aussi très important de faire comprendre aux enfants que toutes les vocations, dans la mesure où elles s’exercent dans cet esprit de service, sont valables : il n’existe pas une hiérarchie des vocations, comme si certaines professions étaient en elles-mêmes supérieures à d’autres. Dieu appelle les uns à rendre un service donné, pour lequel il les forme et les prépare (par des dons particuliers ou autrement); il en appelle d’autres à d’autres formes de service. L’important est de savoir identifier le service auquel Dieu appelle chacun, selon les dons, les capacités, et les occasions que Dieu lui-même offre. La société humaine n’est pas composée d’imprimeurs seulement, ou de médecins seulement, ou de travailleurs manuels seulement. Chacun a un service différent à rendre à la communauté. Tous sont indispensables là où Dieu les a appelés à servir et ils le glorifient en effectuant fidèlement ce service.

Nous allons conclure cet article consacré à l’éducation chrétienne en citant deux passages de la Bible qui apportent un éclairage sur ce que nous avons dit, en particulier sur la nature de la vraie sagesse, sur la foi et la confiance en lui, mais aussi sur le rôle de la correction dans la croissance spirituelle de ses enfants. Le premier passage provient du Nouveau Testament, de la lettre aux Hébreux, chapitre 12. Il nous parle de la correction que Dieu impose à ses enfants et du lien qui existe entre cette correction et celle que les parents humains appliquent parfois à leurs enfants :

« Vous n’avez pas encore résisté jusqu’au sang en combattant contre le péché. Et vous avez oublié l’exhortation qui vous est adressée comme à des fils : Mon fils, ne prends pas à la légère la correction du Seigneur, et ne te décourage pas lorsqu’il te reprend. Car le Seigneur corrige celui qu’il aime, et frappe de verges tout fils qu’il agrée. Supportez la correction : c’est comme des fils que Dieu vous traite. Car quel est le fils que le père ne corrige pas? Mais si vous êtes exempts de la correction à laquelle tous ont part, alors vous êtes tous des bâtards et non des fils. Puisque nous avons eu des pères selon la chair qui nous corrigeaient et que nous avons respectés, ne devons-nous pas, à plus forte raison, nous soumettre au Père des esprits pour avoir la vie? Nos pères, en effet, nous corrigeaient pour peu de temps, comme ils le jugeaient bon; mais Dieu nous corrige pour notre véritable intérêt, afin de nous faire participer à sa sainteté. Toute correction, il est vrai, paraît être au premier abord un sujet de tristesse et non de joie; mais plus tard elle procure un paisible fruit de justice à ceux qu’elle a formés » (Hé 12.4-11).

Le second passage est tiré du troisième chapitre du livre des Proverbes, dans l’Ancien Testament. À la fin de cette lecture, vous reconnaîtrez facilement l’identité de vues entre ce texte et le précédent :

« Mon fils, n’oublie pas mon enseignement, et que ton cœur garde mes commandements; car ils augmenteront la durée de tes jours, les années de ta vie et ta paix. Que la loyauté et la vérité ne t’abandonnent pas; lie-les à ton cou, écris-les sur la table de ton cœur. Tu acquerras ainsi grâce et bon sens, aux yeux de Dieu et des humains. Confie-toi en l’Éternel de tout ton cœur, et ne t’appuie pas sur ton intelligence; reconnais-le dans toutes tes voies, et c’est lui qui aplanira tous tes sentiers. Ne sois pas sage à tes propres yeux, crains l’Éternel, éloigne-toi du mal; ce sera la santé pour ton corps et un rafraîchissement pour tes os. Honore l’Éternel avec tes biens et avec les prémices de tout ton revenu : alors tes greniers seront abondamment remplis, et tes cuves regorgeront de vin nouveau. Ne méprise pas, mon fils, la correction de l’Éternel et ne t’effraie pas de sa réprimande; car l’Éternel réprimande celui qu’il aime, comme un père l’enfant qu’il chérit » (Pr 3.1-12).