Ésaïe 49 - Établis pour être la lumière du monde
Ésaïe 49 - Établis pour être la lumière du monde
« Je t’établis pour être la lumière des nations, pour que mon salut soit manifesté jusqu’aux extrémités de la terre. »
Ésaïe 49.6
Dès la première jusqu’à la dernière page, la Bible nous parle de la lumière. Au commencement, Dieu dit : « Que la lumière soit, et la lumière fut » (Gn 1.3). À la fin, la Cité céleste n’aura pas besoin de lumière parce que le Seigneur Dieu l’éclairera (Ap 22.5). Au centre de son message, la Bible nous parle de Jésus-Christ, la véritable lumière qui vient dans le monde pour éclairer les hommes vivant dans les ténèbres (Jn 8.12; 12.46).
Ce discours sur la lumière ne doit pas nous faire oublier que le monde des hommes se trouve plongé dans les ténèbres. Ténèbres du mal moral, celles des conflits ethniques, des tensions politiques et des violences sociales, et aussi de la misère matérielle d’une grande partie de l’humanité.
Au temps du prophète Ésaïe, Israël, le peuple élu de Dieu, était appelé dès sa naissance à être le témoin et le serviteur de Dieu pour refléter sa lumière jusqu’aux extrémités de la terre. Au lieu de cela, Israël se plongea dans l’obscurité la plus profonde. Rien d’étonnant qu’à l’époque d’Ésaïe le peuple fut submergé dans le découragement. Il est fort probable que le prophète lui-même se trouvait dans le découragement. Mais voilà qu’au milieu de cette situation jaillit un rayon et naît l’espoir. Dieu fait une promesse : il enverra le Rédempteur, le Saint d’Israël.
Bien entendu, il s’agissait d’une promesse qui allait se réaliser dans un futur lointain. Mais ce futur commence déjà pour le peuple de Dieu et pour le prophète dès l’instant où il leur fait la promesse extraordinaire qu’ils deviendront, eux, la lumière qui éclairera la terre. Il faudra attendre de longues années, jusqu’à la fin de la captivité babylonienne suivie par des siècles obscurs de vie humble et cachée, pour que vienne le salut par le Christ. C’est alors que le vieux Siméon prendra l’Enfant Jésus dans ses bras et bénira Dieu, parce que ses yeux auront vu son salut, « lumière pour éclairer les nations et gloire de ton peuple, Israël » (Lc 2.32).
Quel merveilleux accomplissement de la prophétie d’Ésaïe! Bien entendu, il faudra encore les années de vie cachée du Messie le préparant à sa divine mission avant qu’il se manifeste comme Seigneur et Roi. Ceux qui l’ont suivi au cours des siècles peuvent témoigner qu’ils n’ont pas marché dans les ténèbres, mais ont été guidés par sa lumière. Mais ce n’est pas encore tout. Pour que la lumière du Christ fasse reculer victorieusement les ténèbres dans le monde, il n’a pas suffi que brille une étoile à Noël; il a fallu que le Christ en personne traverse l’épaisse obscurité du péché et du mal; qu’il gravisse le Calvaire, monte sur la croix, descende aux enfers… C’est seulement après sa passion que la lumière de Pâques et celle du Saint-Esprit ont inondé les apôtres et les ont envoyé rayonner d’un bout à l’autre du monde connu. Au moment où l’apôtre Paul et son compagnon Barnabas partent en mission, ils déclarent aux Juifs jaloux qu’ils obéissent à l’ordre du Seigneur : « Je t’ai établi pour être la lumière des nations » (Ac 13.47).
On sait de quelle manière rapide et prodigieuse, grâce en partie au témoignage de tous les fidèles, la lumière de l’Évangile s’est répandue au long des siècles. On sait aussi, hélas!, que les forces des ténèbres ont résisté et contre-attaqué, remportant parfois des succès effrayants. C’est la raison pour laquelle les Églises chrétiennes ont cessé, tout au moins en grande partie, d’être vraiment la lumière du monde, mais aussi, et surtout parce qu’elles ont cessé de croire en leur vocation. Le danger ne vient pas seulement de l’extérieur, car celui que présentent l’athéisme, le matérialisme et les idéologies du siècle est moins grand que l’absence d’une foi profonde et hardie chez les chrétiens.
Tous les pays du monde, même les pays christianisés, sont à présent devenus terre de mission. Certains désirent un peu de religion, à Noël, à Pâques ou dans des circonstances particulières, mais pas plus. Faut-il se décourager à cause d’une telle situation? Non, car la lumière se trouve toujours auprès de celui qui en est la source unique, notre Dieu et Sauveur. C’est lui qui nous a établis pour être la lumière des peuples, là où il nous a placés. Mais comment le devenir d’une manière effective? Comment apporter ce salut à ceux à qui Dieu semble lointain ou à ceux pour qui Dieu n’existe pas? Dieu fera de notre bouche un glaive tranchant et de nos personnes des flèches aiguës.
Jean Calvin, le réformateur français, écrivait quelque part : « Envoyez-nous du bois, nous vous enverrons des flèches! » Il ne suffit pas de remplacer la lumière de Dieu par nos petites ampoules que traversent de faibles courants. Il ne faut pas substituer au grand salut de Dieu des mini-idées et des mini-stratégies… Car nous sommes appelés à être la lumière du monde partout où il nous aura placés. Dans l’Église, mais aussi dans la famille, dans la rue, en ville comme à la campagne, dans notre quartier, au marché, à l’école, dans notre travail professionnel. Bref, dans toutes nos activités, y compris économiques et culturelles.
Que Dieu en personne, au nom de qui nous avons été baptisés, Père, Fils et Saint-Esprit, nous inspire et nous vienne en aide; qu’il nous donne d’être, dans le monde présent, ses serviteurs et les témoins de son Fils Jésus-Christ, porteurs et reflets de sa lumière, afin que d’autres parviennent à sa connaissance et marchent dans la lumière éclatante de sa vérité et de son amour. Nous sommes le nouvel Israël, investis d’une mission, ministres et témoins jusqu’aux extrémités de la terre et jusqu’à la fin du monde.