Cet article sur 1 Pierre 5.1-4 a pour sujet le coeur de berger qui est requis de ceux appelés aux ministères de pasteur et d'ancien afin qu'ils prennent soin du troupeau du Seigneur volontairement, humblement et par l'exemple.

5 pages. Traduit par Paulin Bédard

1 Pierre 5 - Le cœur de berger d’un ancien

« J’exhorte donc les anciens qui sont parmi vous, moi, ancien comme eux, témoin des souffrances du Christ et participant à la gloire qui doit être révélée : Faites paître le troupeau de Dieu qui est avec vous, non par contrainte, mais volontairement selon Dieu ni pour un gain sordide, mais de bon cœur; non en tyrannisant ceux qui vous sont confiés, mais en devenant les modèles du troupeau; et, lorsque le souverain pasteur paraîtra, vous remporterez la couronne incorruptible de la gloire. »

1 Pierre 5.1-4

  1. Paître volontairement
  2. Paître humblement
  3. Paître par l’exemple

Voici le cœur du chrétien qui est ancien, selon 1 Pierre 5.1-4.

Il y a aujourd’hui une grave pénurie de pasteurs et d’anciens. Les inscriptions dans les séminaires de théologie sont en baisse. De nombreux dirigeants d’Église actuellement en fonction, qu’ils soient rémunérés ou bénévoles, font double emploi étant également affectés au rôle d’anciens, et un trop grand nombre d’entre eux sont dispersés dans trop de rôles et de comités en dehors de leur Église locale.

Lorsqu’une pénurie de dirigeants nous détourne des besoins de notre propre troupeau et de l’identification et de la formation de nouveaux dirigeants, un cercle vicieux de pénurie de dirigeants s’installe.

L’effondrement du bénévolat en général dans les pays occidentaux et « la vie remplie d’agitations au 21e siècle » n’expliquent pas le manque de dirigeants, car à toutes les époques les gens ont été occupés, et les voitures et la technologie nous ont sans doute donné beaucoup plus de temps disponible qu’en avaient nos ancêtres.

Comme toujours, « le cœur du problème est le problème du cœur ». Les chrétiens sont moins nombreux à lever la main pour servir parce qu’ils ne comprennent pas la nature du service et le cœur qui doit l’animer.

Les quatre premiers versets de 1 Pierre 5 donnent une explication percutante de la vraie nature et de la juste motivation de la fonction d’ancien dans l’Église, dont les principes s’appliquent au service dans l’Église sous toutes ses formes.

« J’exhorte donc les anciens qui sont parmi vous, moi, ancien comme eux, témoin des souffrances du Christ et participant à la gloire qui doit être révélée » (1 Pi 5.1).

Au milieu des années soixante, Pierre écrit aux Églises persécutées d’Asie Mineure. Il conclut sa lettre en adressant un message particulier aux πρεσβυτεροι (presbyteroi), les anciens des Églises.

Pierre écrit en tant qu’apôtre de Jésus-Christ (1 Pi 1.1) : il a vu Jésus ressuscité et a été envoyé par lui pour témoigner de la résurrection. Il écrit maintenant, ex officio, en tant qu’« ancien comme eux ».

Au cours de l’Exode, Moïse, sur l’insistance de son beau-père Jéthro, avait mis à part un groupe d’hommes plus âgés et plus sages pour entendre et juger les litiges (Ex. 18.13-26). Ce rôle a continué d’être exercé dans les synagogues, qui étaient dirigées par des rabbins et des anciens. Dès le début, l’Église du Nouveau Testament, suivant le modèle de la synagogue, a nommé des hommes matures et de bonne réputation, capables d’enseigner, à la fonction de presbytre, pour diriger, enseigner, protéger le troupeau et veiller sur lui (1 Tm 3.1-7; Tt 1.5-9).

Pierre écrit aux anciens en fonction et aux futurs anciens, mais tout le troupeau doit entendre ses paroles afin qu’il sache ce qu’il doit attendre de ses dirigeants, et parce que chaque chrétien est appelé à exercer un certain degré d’amour et d’attention à la manière d’un ancien.

En tant qu’apôtre, Pierre était « témoin des souffrances du Christ ». Pierre a vu la pauvreté et l’épuisement de Jésus sur terre, la violente hostilité des pharisiens, son arrestation, son procès, sa flagellation, sa crucifixion, sa mort et son ensevelissement. Pierre écrit également en tant que chrétien, comme quelqu’un qui sera « participant à la gloire qui doit être révélée ».

Pierre oriente ainsi les anciens sur la voie à suivre : « Souvenez-vous du chemin que le Christ a parcouru : d’abord la souffrance, puis la gloire de la résurrection. » Jésus a dit à Pierre qu’il suivrait ce même chemin (Jn 21.18- 19). De même, en tant qu’enfants de Dieu, nous devons tous « souffrir avec lui, afin d’être aussi glorifiés avec lui » (Rm 8.17).

Les anciens doivent s’attendre à traverser des souffrances qui seront suivies de la gloire, car en temps de persécution, ils seront les premiers visés.

Dans sa superbe méditation sur la lettre de Pierre datant du 17e siècle, Robert Leighton a exhorté les anciens à façonner leur cœur par la souffrance du Christ :

Voir le Fils unique de Dieu, frappé et battu par Dieu, portant nos douleurs et blessé pour nos transgressions, Jésus-Christ le juste, compté parmi les injustes et les malfaiteurs; le voir dépouillé, flagellé, battu, cloué et mourant, et tout cela pour nous, voilà ce qui nous attachera le plus fortement aux devoirs du christianisme et à notre vocation particulière, et nous permettra le mieux, selon notre vocation, de convaincre d’autres à s’y attacher.

Pierre exhorte les anciens à « faire paître le troupeau de Dieu qui est avec vous » (1 Pi 5.2a). Les bergers conduisent, nourrissent, surveillent et protègent leurs brebis. Il y a ici une note d’urgence : « Soyez des bergers! Le peuple de Dieu est menacé et se trouve dans le besoin, alors intervenez! »

Comment un presbytre doit-il être berger? De trois manières : volontairement, humblement et par l’exemple.

1. Paître volontairement🔗

« Faites paître le troupeau de Dieu qui est avec vous, non par contrainte, mais volontairement selon Dieu ni pour un gain sordide, mais de bon cœur » (1 Pi 5:2).

Un ami africain m’a dit récemment que le gouvernement de son pays sévissait contre les pasteurs, non pas pour des raisons religieuses, mais pour des raisons de corruption. En Afrique, les pasteurs jouissent d’un respect et d’un revenu supérieurs à la moyenne, ce qui attire à ce ministère trop de personnes indignes et non compétentes qui considèrent le troupeau du Seigneur comme de la viande et de la laine.

C’était également un problème au premier siècle : les anciens géraient les fonds destinés à l’aide aux pauvres, et il n’était pas difficile de mettre la main dans le sac (Jn 12.6). La Réforme a été rendue nécessaire, en partie, parce que trop de prélats négligents vivaient de la graisse de leurs Églises abandonnées.

Je ne connais personne qui soit entré dans le ministère pour l’argent. Cependant, après des décennies et les exigences accumulées des hypothèques et des frais de scolarité, et l’immense difficulté de commencer une nouvelle carrière, combien continuent à être pasteurs parce que leurs finances ne leur laissent pas d’autre choix?

Voici le défi permanent auquel Pierre nous confronte : faites paître le troupeau volontairement, sans arrière-pensées, et « avec empressement » — προθυμος (prothymos), ce mot décrit un zèle empressé et une grande consécration.

Cela n’exclut pas de servir par sens du devoir. Il y a une pénurie d’anciens, l’Église souffre, la situation est urgente : Les hommes chrétiens doivent s’engager! C’est pourquoi, pour le bien du troupeau, il faut s’engager volontairement et avec zèle.

2. Paître humblement🔗

« Faites paître le troupeau de Dieu… non en tyrannisant ceux qui vous sont confiés… » (1 Pi 5.2-3a).

« Ceux qui vous sont confiés » traduit le mot κληρος (klēros), qui signifie « attribution », « portion », « héritage ». Le troupeau appartient au Seigneur : « Le partage de l’Éternel, c’est son peuple, Jacob est sa part d’héritage » (Dt 32.9). Il les a achetés à grand prix :

« Vous savez en effet que ce n’est point par des choses périssables — argent ou or — que vous avez été rachetés de la vaine manière de vivre, héritée de vos pères, mais par le sang précieux de Christ, comme d’un agneau sans défaut et sans tache » (1 Pi 1.18-19).

Nous ne sommes pas le maître du troupeau et nous ne devons pas agir comme si nous l’étions. Au contraire, nous prenons soin du troupeau parce que celui-ci est le bien précieux du Seigneur, racheté au prix du sang de son Fils. Matthew Henry commente : « Ils sont le peuple de Dieu et doivent être traités avec amour, douceur et tendresse, à cause de celui à qui ils appartiennent. »

Reprenons le triple appel solennel de Pierre par Jésus, venu le restaurer en le guérissant de sa faute, qui était née de son assurance en lui-même et de son orgueil blessée :

« Simon, fils de Jonas m’aimes-tu plus que ne le font ceux-ci? Il lui répondit : Oui, Seigneur, tu sais que je t’aime. Jésus lui dit : Prends soin de mes agneaux! Il lui dit une seconde fois : Simon, fils de Jonas m’aimes-tu? Pierre lui répondit : Oui, Seigneur, tu sais que je t’aime. Jésus lui dit : Sois le berger de mes brebis. Il lui dit pour la troisième fois : Simon, fils de Jonas, m’aimes-tu? Pierre fut attristé de ce qu’il lui avait dit pour la troisième fois : M’aimes-tu? Et il lui répondit : Seigneur, tu sais toutes choses, tu sais que je t’aime. Jésus lui dit : Prends soin de mes brebis » (Jn 21.15-17).

Pour l’amour du Christ, aimons le troupeau racheté par le sang du Christ.

3. Paître par l’exemple🔗

« Faites paître le troupeau de Dieu… en devenant les modèles du troupeau » (1 Pi 5.3b).

Les éleveurs de moutons australiens modernes conduisent leurs troupeaux à l’aide de quadricycles et de chiens kelpies qui aboient. Cependant, dans le monde antique, les bergers marchaient devant les brebis et appelaient chacune d’entre elles à le suivre par son nom.

Nous ne devons pas être des bergers conduisant le troupeau par en arrière avec un bâton, mais des bergers qui marchent devant avec amour. Nous ne devons pas diriger en prononçant des paroles dures du haut de la chaire, le « château du lâche », « deux mètres au-dessus des oppositions », mais en donnant l’exemple de l’amour pour le Christ et de l’amour pour son peuple.

« Faire ce que je dis et non ce que je fais » ne fonctionne jamais et n’est pas la façon de faire de Jésus. Matthew Henry exhorte les anciens à « pratiquer la sainteté, l’abnégation, la mortification et tous les autres devoirs chrétiens qu’ils prêchent et recommandent à leur peuple ».

Pierre conclut son exhortation aux anciens par une motivation puissante :

« Et lorsque le souverain pasteur paraîtra, vous remporterez la couronne incorruptible de la gloire » (1 Pi 5.4).

Je suis tellement reconnaissant à Jésus qu’il soit le souverain pasteur, le chef des bergers du troupeau. Bien que je sois faible et stupide et que je conduise le troupeau avec des faux pas et des échecs quotidiens, lui, il est fort et sage et ne pose jamais un pied de travers. Je dors la nuit en sachant qu’il gardera son troupeau dans le droit chemin malgré mes faiblesses et même à travers elles. Il ne permettra pas à une seule brebis de mettre un seul pied en dehors de son chemin parfait, les faisant toutes passer tantôt par des champs verdoyants et des ruisseaux rafraîchissants, tantôt par la vallée de l’ombre de la mort.

Nous devons toutefois être diligents, car chaque ancien doit rendre compte de ses activités de berger au Chef des bergers, en nous souvenant qu’en tant qu’enseignants, « nous subirons un jugement plus sévère » (Jc 3.1).

Cependant, ceux qui auront pris soin de son troupeau avec sa force — volontairement, humblement et en donnant l’exemple — recevront « la couronne incorruptible de la gloire », non pas une couronne de laurier qui se fane, mais une couronne d’or qui ne se fane pas.

N’essayons pas de surspiritualiser la Bible, le désir de recevoir un trophée n’est pas nécessairement indigne. L’athlète avisé monte sur le podium, reçoit sa médaille, regarde ses parents, sa femme et sa famille, met la main sur son cœur et dit : « C’est pour vous. » Ils l’ont aidé et encouragé, de sorte que son succès est leur succès, sa récompense est leur récompense. Il se réjouit de ce prix parce que la gloire rejaillit sur eux.

C’est donc avec reconnaissance que nous recevrons cette couronne inaltérable, puis nous la jetterons avec exultation devant le trône du Christ, en criant :

« Tu es digne, notre Seigneur et notre Dieu, de recevoir la gloire, l’honneur et la puissance, car tu as créé toutes choses, et c’est par ta volonté qu’elles existent et qu’elles furent créées » (Ap 4.11).

Que le Seigneur suscite encore beaucoup de pasteurs et d’anciens qui prendront soin de son troupeau, et qu’il remplisse de son Esprit, de sa puissance et de son amour ceux qui servent son peuple aujourd’hui.