Cet article sur 2 Rois 5.1-19 a pour sujet l'histoire de Naaman, au temps d'Élisée, où Dieu a utilisé des moyens faibles pour accomplir une guérison et un salut extraordinaires. Dieu est le maître souverain de l'histoire.

Source: Récits d'hier pour la foi d'aujourd'hui. 3 pages.

2 Rois 5 - L'histoire de Naaman

2 Rois 5.1-19

L’histoire de Naaman est l’histoire surprenante des choses ordinaires, lesquelles, entre les mains de Dieu, deviennent des moyens extraordinaires de salut ou de guérison. Dieu agit souvent à l’aide de moyens faibles pour confondre les forts ou soi-disant tels. Ce récit biblique nous conduit de surprise en surprise. Suivons-en le cours.

Tout d’abord les surprises :

1. Naaman est un général, donc un homme de guerre et de sang. Au lieu de l’exclure, Dieu va s’occuper de lui. L’homme de sang peut, lui aussi, devenir l’objet de la miséricorde divine.

2. Naaman est un homme puissant, confident du roi, le premier dans tout le Royaume. Ainsi Dieu ne s’occupe pas exclusivement des pauvres et des misérables. Quoique Jésus annonce : « Malheur à vous, les riches! » (Lc 6.24), nous savons qu’il a annoncé et offert aussi son Évangile à des riches.

3. Enfin, Naaman n’est pas un simple étranger, mais un Syrien, le représentant même d’une puissance ennemie opprimant Israël. En tant que général, Naaman avait dû participer à la guerre contre Israël, ainsi qu’à des razzias. Et voilà que, dans sa miséricorde, Dieu va s’occuper de la guérison de cet homme-là… C’est Jésus qui disait : « Il y avait beaucoup de lépreux en Israël au temps du prophète Élisée; et cependant, aucun d’eux ne fut purifié, si ce n’est Naaman le Syrien » (Lc 4.27). C’est ainsi que Dieu nous surprend lorsque nous cherchons dans sa Parole ce qui confirme nos idées et nos goûts.

Parfois, nous avons même des idées fixes que nous cherchons à voir confirmer dans la Bible, ce qui me rappelle l’histoire du jeune garçon qui avait trouvé une montre en or et l’avait gardée durant quelques jours. À la fin, par honnêteté, il alla la rendre au commissariat de police. Seulement, comme il avait très envie d’avoir une belle montre en or, il allait toujours regarder à l’endroit où il l’avait trouvée espérant en trouver une autre! Dieu, lui, ne suit pas nécessairement des sentiers battus. Il choisit Naaman malgré sa fonction militaire, l’homme qui ne le connaissait pas, afin d’accomplir dans sa vie un grand miracle et de lui accorder une grande délivrance.

Or, Naaman avait arraché la Syrie à un grand danger, et c’est là aussi une information surprenante, car c’est par Dieu qu’il l’avait réussie. Dieu ne se contente pas de s’occuper des choses en général, mais il dirige les événements jusque dans leurs détails. Les nations aussi restent sous sa souveraineté et elles ne disposent pas d’elles-mêmes à leur guise. Elles ne sont pas assurées de durer inconditionnellement; c’est Dieu qui le permet, autrement elles disparaissent comme une feuille morte…

C’est avec cette lumière-là que nous pouvons comprendre les événements mondiaux de notre époque, aussi bien sociaux que politiques. Ces événements nous paraissent parfois incompréhensibles; mais d’après l’histoire biblique, nous apprenons que Dieu dirige l’histoire du monde vers le but qu’il lui a fixé et qu’il aura le dernier mot. Nous ne croyons pas que tous les crimes et toutes les violences seront justifiés, comme si Dieu les permettait volontiers, mais une chose est certaine : aucun événement, même politique, ne passe inaperçu aux yeux de celui qui a compté jusqu’aux cheveux de nos têtes. Dieu aime et délivre qui il veut. Il délivre même les Syriens, qui sont pourtant les ennemis de son peuple.

Le roi de Syrie tenait beaucoup à son chef militaire. Et dès l’instant où il est informé qu’on peut le guérir, il veut tenter cette chance. Il apprend qu’un guérisseur habite Samarie, et alors il adresse aussitôt une lettre au roi d’Israël. Or, celui-ci réagit aussi mal que le roi de Syrie, c’est-à-dire de manière politique. Il pense que son ennemi lui cherche querelle; il doute que le Syrien puisse être guéri; il se croit l’objet d’une provocation; il s’attend à une nouvelle catastrophe, au déclenchement de nouvelles hostilités. Lui aussi songe que tout doit se régler du point de vue politique. Or, ce n’est pas du tout cela que nous dit le texte biblique. Dieu ne se sert pas nécessairement de la politique, qui est souvent, sinon toujours, un domaine instable et ambigu, sinon malhonnête.

Après le roi d’Israël, c’est Naaman lui-même qui est aussi, tout d’abord, désagréablement surpris. Il va même se mettre en colère, car il trouve qu’on lui a manqué de respect, qu’on s’est moqué de sa digne personne. On n’a pas observé le protocole diplomatique; on n’a même pas été officiellement à sa rencontre! Lui aussi, à sa manière, croit avoir raison et il doute de sa guérison; il estime que ce qu’on lui demande est absurde. D’après son intelligence et son expérience, la parole qui lui a été adressée ne semble pas avoir la moindre valeur; Naaman est le type même de l’homme du monde. Quelle valeur la Parole de Dieu peut-elle avoir pour lui? Elle est si déraisonnable! Mais le croyant, lui, sait que lorsqu’il se convertit à Dieu, cette Parole cesse d’être absurde pour devenir Parole de salut et de guérison. La folie de Dieu est toujours plus sage que la sagesse des hommes.

Voyons à présent de quelle manière Dieu utilise des moyens simples :

1. Une petite fille enlevée et prise en otage, devenue esclave, sera le premier instrument. Elle ne jouit pas d’une grande réputation et n’a aucune importance, cette enfant. Un départ bien médiocre, dépourvu de poids à vue humaine. Mais sa parole a une grande force parce qu’elle exprime sa foi.

Elle dit la vérité. En Élisée, elle a reconnu le prophète de Dieu. Mais une fois qu’elle a parlé, qu’elle a témoigné, elle disparaît. On n’en reparlera plus. C’est l’anonymat total. Elle n’attire pas les « flashes » de l’actualité. Puissent certains prédicateurs de l’Évangile s’en souvenir, afin de laisser agir la vérité par sa propre force, sans vouloir à tout pris la « renforcer » par une publicité de mauvais aloi…

2. L’autre instrument, ce sont les serviteurs de Naaman. Si la Parole du prophète n’a pas provoqué de résultat immédiat, eux, ils croient quand même et encouragent leur maître à tenter l’expérience. Finalement, Naaman va céder à leurs arguments, même s’ils lui paraissent simplistes; il va essayer quand même. On constate une fois encore qu’apparemment la Parole de Dieu n’a rien de convaincant. Pourtant, personne ici ne pourrait se vanter d’avoir accompli à lui seul le dessein de Dieu. Personne n’est le point central de l’action de Dieu, même pas Élisée le prophète. Chacun joue son rôle. La petite fille pour commencer, le roi de Syrie, Élisée, les serviteurs de Naaman, les eaux du fleuve Jourdain… Mais Dieu les lie les uns aux autres pour accomplir son dessein. Et quel en sera le résultat? Naaman sera guéri. Mais les relations entre Israël et la Syrie n’en seront pas améliorées. Il y aura de nouvelles expéditions militaires, et quoique d’un côté il y ait plusieurs croyants et de l’autre un seul, ils ne pourront pas empêcher les hostilités.

Voyons pourtant Naaman, qui reste un peu superstitieux. Il veut emporter de la terre d’Israël dans son pays. Il va rentrer pour rester au service de son roi et sera obligé de l’accompagner dans le temple de son ancien dieu. Le prophète ne l’en empêchera pas; mais il lui annonce quand même la paix de Dieu : « Va en paix » (2 R 5.19).

Quelles que soient les circonstances, Dieu sera avec l’homme faible, avec Naaman, et sa présence est la chose la plus grande et la plus grande bénédiction. Certes, il faut la conversion totale, mais là où notre conversion et notre consécration à Dieu ne sont pas parfaites et totales, Dieu, lui, reste totalement présent et maître incontesté de toutes choses. C’est cela avoir aujourd’hui la foi en lui et vivre par cette foi et par cette grâce dans la paix de Dieu. Nous-mêmes, nous serons toujours partagés par le travail, les relations, certains intérêts. Nous serons peut-être rongés par le mal. C’est ainsi parce que nous vivons dans ce monde de péché et que le mal ne nous épargnera pas. Mais, suprême consolation : Dieu, lui, est au-dessus du mal et du monde. Croyons en lui en non pas en nous-mêmes; nous serons alors libres, forts et pleins d’espérance.