Cet article a pour sujet les activités qui se déroulent au ciel. Le Christ éliminera toute souffrance et fera paître son peuple. Nous grandirons dans la connaissance, vivrons dans l'adoration et serons émerveillés de sa nouvelle création.

Source: Méditations sur la vie chrétienne. 3 pages.

Les activités qui se déroulent au ciel

La deuxième question relative au ciel est de savoir à quoi on s’y occupe. La réponse, comme pour la précédente, aura de multiples facettes, mais en tout premier lieu on s’occupera de l’activité que Dieu y déploie. Un passage du livre de l’Apocalypse de Jean (Ap 7.17) se trouve parmi ceux, rares il est vrai, qui le représentent sous une forme plus maternelle que paternelle. Dieu y est décrit comme une mère rassurant ses petits traumatisés, leur répétant que le mal est fini, qu’ils n’ont plus rien à craindre. Avec une sollicitude affectueuse, il s’occupe méticuleusement des moindres détails. Il essuie les larmes de leurs yeux… Oui, il essuiera toutes nos larmes, jusqu’à la dernière. La tristesse suffocante engendrée par le mal et par toutes les souffrances endurées sera définitivement éliminée. Dieu y veillera personnellement; il nous sera plus proche encore qu’il ne le fut dans le passé. Ses doigts caresseront notre cœur.

Au ciel se déroule également l’activité du Christ Sauveur. Selon le même passage du dernier livre du Nouveau Testament, l’Agneau qui est au milieu, au centre du trône, nourrit et conduit les siens vers des fontaines d’eaux vives. « Il les fait paître », dit l’original grec. L’Agneau est devenu le Berger de son peuple, ce qui exprime l’un des thèmes les plus remarquables du Nouveau Testament, voire l’infinie compassion que le Christ éprouve pour nous. L’Agneau, devenu notre Berger, durant son existence terrestre avait revêtu notre nature humaine, avait fait l’expérience de nos peines, avait goûté à nos douleurs. Bien qu’il soit à côté du trône céleste, il porte toujours les marques de sa passion, les traces de sa crucifixion (Ap 5.6). Il se souvient des jours de son abaissement et de sa faiblesse, voire du désespoir qui l’étreignit sur la croix quand il cria son déchirant : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné? » Au ciel, nous aurons encore besoin de lui, besoin d’être conduits par sa main, guidés par notre bon Berger. Nous ne chercherons pas l’indépendance ni ne revendiquerons l’autonomie, et encore moins nous prétendrons nous suffire. Car durant toute l’éternité nous aurons encore recours à ses services. Notre développement et notre connaissance ne s’arrêteront point.

Le Christ lui-même, peut-on dire, possède à présent une connaissance plus claire et profonde que celle qu’il avait sur la croix. Dieu ne nous refusera pas de progresser dans la connaissance de sa vérité. Mais cette nouvelle connaissance ne sera pas sèchement intellectuelle, une accumulation figée et stérile de formules stéréotypées; elle sera, au contraire, une connaissance personnelle, dynamique, amicale, s’accroissant toujours, tel un voyage d’exploration faisant de nouvelles découvertes et traçant les contours de nouvelles contrées; une telle connaissance peut durer aussi longtemps que l’éternité…

Nous accéderons à une plus grande intimité avec Dieu; nous pourrons l’imiter sans brouillons ni ratures. Mais même au ciel, nous ne parviendrons pas à explorer totalement son être divin. Les nouveaux cieux et la nouvelle terre nous engrangeront une moisson abondante de nouvelles connaissances lorsque, guidés par le Berger, nous apprendrons à reconnaître, éblouis, chacune des innombrables merveilles de la création.

L’Agneau, nous est-il dit dans le passage de l’Apocalypse de Jean, nous guidera vers les fontaines d’eaux vives, celles qui contiennent la vie éternelle. Ici-bas, sa Parole nous a souvent conduits vers des eaux paisibles; au ciel, il nous dirigera vers des sources intarissables, d’où coulent des flots rafraîchissants guérissant toute infirmité. Cette source n’est autre que le trône de l’Agneau (Ap 22.1). Sans doute avons-nous, à maintes occasions, célébré le Seigneur avec l’auteur du Psaume 23, sachant que l’Éternel est notre Berger et que nous n’avons manqué de rien.

Pourtant, nous avons aussi connu la traversée de la vallée de l’ombre de la mort. Sachons pourtant que cette vallée n’est jamais une impasse. Celui qui nous y laisse cheminer pour un bref instant est le même qui se charge de nous transporter auprès du trône, source de vie nouvelle et abondante. Quelle beauté poétique dans cette expression du livre de l’Apocalypse! Poésie qui correspond pourtant parfaitement à la réalité céleste. Se trouver au cœur de la majesté divine n’évoque pas pour nous de terreur, mais signifie privilège inattendu, immérité, durable.

Au ciel, nous ne resterons pas passifs, adonnés uniquement à la contemplation, mais nous nous abreuverons à la plénitude des flots régénérateurs. Notre bonheur sera entièrement en Dieu et en son amour. Nous l’avions connu et goûté déjà ici-bas, mais seulement à travers des filtres, comme celui de sa providence parfois inscrutable, obscurcie par tant de mystères… Au ciel, son amour sera offert intégralement et sans mesure. Il viendra vers nous, avec la somme de ses bienfaits pour les mettre sans réserve à notre disposition. Nous y vivrons de la vie même du Fils glorifié et y atteindrons à côté de lui une position exaltée.

Mais notre principale activité restera l’adoration; la nouvelle Jérusalem, dont il est question dans ce même livre de l’Apocalypse (Ap 21.16), possède une forme cubique parfaite, ce qui est une allusion au Temple de Salomon (1 R 6.20). Or, le ciel ne contient pas de Temple, puisqu’il est le Sanctuaire parfait, infini, définitif; un immense Saint des saints, inondé de la sainteté divine, débordant des signes et des preuves de sa grâce toute suffisante. Alors des cantiques d’adoration monteront vers lui dans un allegro maestoso, comme la réponse de la gratitude. La vision majestueuse qui s’étendra devant notre regard inspirera la louange et la célébration qui lui sont dues. Les mélodies individuelles, comme l’immense symphonie harmonique exécutée par le chœur extraordinaire de ceux qui, venus d’Orient et d’Occident, du Nord et du Midi, psalmodieront ensemble pour honorer le Dieu Créateur et Rédempteur.

La dernière étape de notre existence, en compagnie de Dieu, ne sera pas marquée par l’inactivité, car ressuscités dans nos corps physiques, nous aurons à œuvrer dans un univers totalement renouvelé, aussi bien spirituellement que physiquement. Au ciel, Dieu nous adressera encore l’ordre initial lors de la création : cultivez, assujettissez, dominez

On peut penser que c’est plutôt une étrange chose que de parler de la nouvelle création comme ayant besoin de notre labeur. Pourtant, je crois qu’il y a une analogie avec l’ordre donné à Adam avant la chute. Si le jardin original et parfait avait besoin d’être labouré, et que l’homme devait en prendre soin, le jardin final, ou la Cité céleste, en auront aussi besoin. Le paradis biblique n’est jamais un lieu où l’on s’adonne à la paresse; au contraire, il est atelier, laboratoire, champ d’exploration dans lesquels le Créateur et sa création feront l’objet de notre émerveillement sans cesse renouvelé. Alors seulement nous pourrons exercer toutes nos aptitudes; nos esprits seront transformés en esprits brillants; nul ne sera traité de stupide. Personne n’entendra le reproche humiliant : vous êtes un raté et un incapable!

Ici-bas, nous sommes chargés de devoirs, souvent écrasés par nos responsabilités, harassés par la tentation, victimes de drames inattendus, persécutés par le monde, attaqués par les forces démoniaques… Pression et oppression nous guettent sans répit et sans pitié. Nous vivons souvent au bout de nos forces, parfois même à bout de souffle et d’énergie; incapables, disons-nous, d’endurer davantage… Au ciel, ce sera la cessation de toute bataille; les labeurs pénibles resteront pour toujours derrière nous; le danger sera définitivement écarté; nul fardeau ne pèsera lourdement sur nos fragiles épaules; aucun travail ne restera inachevé; aucune déception ne nous aigrira; nulle limitation ne pourra nous empêcher d’achever nos projets; aucun péché n’empoisonnera nos jours et nos nuits; aucune peine en perspective; pas la moindre trace des douleurs subies… Le deuil et l’angoisse disparaîtront et les larmes tariront pour toujours, et il n’y aura plus d’ennemis à l’horizon.

Au ciel, suprême certitude, nous jouirons du repos, ce que la Bible hébraïque appelle le shalom intégral. Nous serons comblés par un bien-être total, nos aspirations seront satisfaites et nos désirs légitimes exécutés; le but sera atteint, les projets réalisés. Dieu nous tendra sa main, nous embrassera et murmurera à nos oreilles : Mon enfant, maintenant c’est pour du vrai, c’est pour de bon.

Alors, frères et sœurs chrétiens, durant les jours qui nous restent, peut-être à l’approche de la mort, comment ne pas répéter avec cette sainte prononçant ses dernières paroles : « Et maintenant, mon Seigneur, il est temps que nous deux nous nous rencontrions face à face! »