Cet article sur les questions 96 à 98 du Catéchisme de Heidelberg a pour sujet le 2e commandement (Exode 20.4-6) qui interdit les statues et fausses images de Dieu et qui dit comment pratiquer l'adoration.

Source: Certitude et réconfort. 5 pages.

Aucune représentation de Dieu pour l’adorer

Que Dieu demande-t-il dans le deuxième commandement?

Que nous ne représentions Dieu en aucune manière1 et que nous ne lui rendions aucun autre culte que celui qu’il a commandé dans sa Parole2.

1. Dt 4.15-19,23-24; És 40.18-25; Ac 17.29; Rm 1.22-23.
2. Lv 10.1-7; Dt 12.30-32; 1 S 15.22-23; Mt 15.9; Jn 4.23-24.

Ne faut-il donc faire aucune image?

Nous ne pouvons ni ne devons représenter Dieu d’aucune manière. Et, si nous pouvons représenter les créatures, Dieu nous défend cependant de faire ou de posséder aucune image pour l’honorer ou l’employer au culte divin1.

1. Ex 23.24; Ex 34.13-14,17; Nb 33.52; Dt 4.23; Dt 7.5; Dt 12.3; Dt 16.22; 2 R 18.3-4.

Mais les images ne pourraient-elles pas être tolérées dans les églises comme livres pour les ignorants?

Non, car nous ne devons pas être plus sages que Dieu qui veut instruire son peuple non par des idoles muettes1, mais par la prédication vivante de sa Parole2.

1. Jr 10.8; Ha 2.18-20.
2. Rm 10.14-17; 2 Tm 3.16-17; 2 Pi 1.19.

Catéchisme de Heidelberg, Q&R 96 à 98

Le Seigneur Jésus nous a merveilleusement délivrés de nos péchés par son sang. Il veut maintenant nous transformer par son Esprit. Il écrit dans nos cœurs ses commandements. Le deuxième commandement est cher au Seigneur, mais souvent mal compris, peut-être parce que certains confondent les deux premiers commandements et pensent que les deux n’en forment qu’un seul (à l’instar des catholiques romains et des luthériens).

Quelle est la différence entre le premier et le deuxième commandement? Le premier nous dit qui nous devons adorer. Le deuxième nous dit comment nous devons l’adorer. Ces deux commandements sont étroitement reliés, bien entendu, mais nous ne devrions pas les confondre. Le premier commandement nous interdit toute idolâtrie. Il nous demande de mettre notre confiance en Dieu seul et en rien ni personne d’autre. Le deuxième commandement nous interdit toute image de Dieu. Il nous demande de ne pas adorer Dieu au moyen de représentations de son être. Celui qui pèche contre le premier commandement veut servir un autre dieu, un faux dieu. Celui qui pèche contre le deuxième commandement veut servir le seul vrai Dieu, mais de la mauvaise manière. Il finit, de la sorte, par adorer un faux dieu, un dieu de son imagination.

Est-il vraiment important de savoir comment adorer Dieu? Certains disent que la manière que nous choisissons pour adorer Dieu est un élément plutôt secondaire. Il y aurait plusieurs bonnes façons de l’adorer, pourvu que nous adorions le vrai Dieu sincèrement. Après tout, si les images nous aident à adorer Dieu et à nous faire sentir plus proche de lui, ce n’est peut-être pas si mauvais… Quand on entre dans une grande cathédrale richement décorée ou qu’on assiste à des cérémonies solennelles, on se sent transporté, n’est-ce pas? Mais voilà justement la tromperie. Le Seigneur connaît parfaitement notre cœur. « Tu ne te feras pas de statue ni de représentation quelconque. […] Tu ne te prosterneras pas devant elle et tu ne leur rendras pas un culte » (Ex 20.4-5). Pour le Seigneur, ce commandement est très important. Le transgresser enflamme sa jalousie et risque d’entraîner des conséquences très néfastes sur des générations à venir!

1. Une fausse image de Dieu🔗

À quoi servent les images et les statues? À nous rapprocher de Dieu, nous dit-on. Il y a dans le cœur de tout homme un désir de communion avec Dieu, notre Créateur. Si Dieu pouvait descendre et s’approcher de nous pour vivre avec nous! Quand les Israélites étaient au pied du mont Sinaï, ils ont mis très peu de temps à transgresser le deuxième commandement! Pendant que Moïse était sur la montagne, eux attendaient en bas. « Où est ce Dieu qui nous a délivrés d’Égypte? Que fait-il? » Moïse était là-haut, avec Dieu, il tardait à descendre. Eux, en bas, se sentaient seuls, abandonnés, loin de Dieu. Ils ont alors demandé à Aaron de leur forger une image de leur Dieu qu’ils pouvaient voir et toucher. Ils se sont fabriqué un veau d’or. Ils n’ont pas fait cela dans le but d’adorer un autre dieu, mais pour adorer le vrai Dieu à leur manière (Ex 32.4-5). Ils voulaient voir leur Dieu et le contrôler; ils n’étaient pas satisfaits du Dieu qui leur avait parlé par son serviteur Moïse.

Les images et les statues ont pour but de mettre Dieu à notre service. C’est un moyen d’avoir accès à la puissance de Dieu et d’exercer un contrôle sur lui. On peut l’amener avec soi quand on va à la guerre. Par exemple, Israël a transporté l’arche de l’alliance sur le champ de bataille contre les Philistins. Le peuple voulait s’assurer que Dieu était avec eux et leur donnerait la victoire. Cependant, Dieu ne se laisse pas manipuler. Il les a livrés aux mains des Philistins (1 S 4). Dieu est entièrement libre et souverain! Quel est ici le péché précis d’Israël? Ils ne se sont pas fait une image ou une statue de Dieu en tant que tel, mais ils se sont servi de cet objet en s’imaginant pouvoir manipuler Dieu. Ils pensaient que Dieu serait toujours de leur côté, même si le péché public d’Hophni et de Phinéas était toléré en Israël (1 S 2.12-17).

Derrière l’image, il y a l’imagination du cœur pécheur. Il n’y a pas d’image sans imagination. La pensée est en action avant que la main fabrique l’image. Dieu est représenté d’après des catégories humaines. Pour représenter la force, on fait un taureau. Pour représenter la vitesse, on fait un léopard. On se prosterne ensuite devant l’œuvre de ses mains et devant le produit de son imagination.

Il est toutefois possible de transgresser le deuxième commandement sans nécessairement se fabriquer des statues en bois ou en métal. Une telle idolâtrie est très fréquente et partout répandue. Le cœur du paganisme consiste à se faire une fausse idée sur Dieu, à penser que Dieu est comme nous, un dieu qui permet toutes sortes de péchés sans jamais punir, un dieu qui est amour, mais pas jaloux, etc. Au fond, le péché visé par ce commandement est celui de se faire une fausse conception de Dieu.

2. Une adoration comme Dieu le veut🔗

Pourquoi Dieu déteste-t-il tant ce péché? Parce que nos fausses conceptions de lui le rabaissent inévitablement. « Dieu est au ciel et toi sur la terre » (Ec 5.1). Il existe une différence infinie entre le Créateur et sa création. Dieu est majestueux et tout-puissant. Le prophète Ésaïe nous dit qu’il mesure l’eau des océans dans le creux de sa main, qu’il a fixé les dimensions du ciel avec sa paume et qu’il pèse les montagnes avec une balance (És 40.12-13). Toutes les nations sont comme une goutte d’eau dans un seau. « À qui voulez-vous comparer Dieu? Et quelle représentation dresserez-vous de lui? » (És 40.18).

Ne soyons pas ridicules! Aucune représentation visible ne peut lui rendre justice. Nos images mentales de Dieu demeurent incomplètes, inadéquates et profondément tordues. Comment oser faire une image qui symbolise Dieu? « Nous ne pouvons ni ne devons représenter Dieu d’aucune manière » (Q&R 97). Dieu est invisible. Il est incomparable! « Le Roi des rois et le Seigneur des seigneurs possède l’immortalité, il habite une lumière inaccessible, que nul homme n’a vu ni ne peut voir » (1 Tm 6.16).

En même temps, Dieu est proche de nous. Après avoir exalté la grandeur de Dieu, Ésaïe déclare :

« Pourquoi dis-tu Jacob : ma destinée est cachée à l’Éternel, mon droit passe inaperçu de mon Dieu? […] Le Dieu d’éternité […] donne de la force à celui qui est fatigué » (És 40.27-29).

Les Israélites, au Sinaï, n’ont pas cru que leur Dieu était proche d’eux et qu’il les aimait. Ils n’ont pas cru dans sa Parole.

La raison principale pour laquelle nous ne devons pas nous faire d’images de Dieu pour les adorer est que Dieu s’est fait connaître à nous dans sa Parole. Nous ne voyons pas Dieu, mais nous entendons sa Parole. Il est venu à nous. Il s’est fait tout proche. Nous n’avons pas le droit de nous faire des images de Dieu, et cela s’applique aux trois personnes de la Trinité, Père, Fils et Saint-Esprit. Nous n’avons pas besoin de nous imaginer comment il est. Nous avons sa Parole. Il s’est révélé à nous afin que nous apprenions à le connaître en toute vérité. Sa révélation doit contrôler notre imagination. Nous devons recevoir sa Parole avec foi. Voilà comment il faut l’adorer!

Dieu nous a donné une image parfaite de lui-même en son Fils unique, Jésus-Christ. Il est l’image visible du Dieu invisible (Col 1.15)! La communion avec Dieu est rendue vivante et intime grâce à sa Parole et à son Esprit. Comment Dieu veut-il être adoré? En esprit et en vérité (Jn 4.23). Cela signifie que sa Parole doit être prêchée fidèlement. C’est la façon dont Dieu met dans nos cœurs l’amour et la crainte de son nom. L’écoute de sa Parole est le seul moyen de l’adorer comme il lui plaît et d’éviter de nous faire une fausse représentation de Dieu.

Au Moyen Âge, les images occupaient une place très importante dans le culte dans l’Église romaine. Au temps de la Réforme, on est revenu à l’élément clé du culte d’adoration qui plaît au Seigneur. La prédication a été remise à l’honneur!

« Mais les images ne pourraient-elles pas être tolérées dans les églises comme livres pour les ignorants? Non, car nous ne devons pas être plus sages que Dieu qui veut instruire son peuple non par des idoles muettes, mais par la prédication vivante de sa Parole » (Q&R 98).

Voilà le péché d’Israël au Sinaï. Ils se sont pensés plus sages que Dieu en se fabriquant une représentation de Dieu.

Il existe aujourd’hui dans les Églises un fort courant cherchant à enlever à la prédication la place centrale et prépondérante qu’elle devrait occuper. L’on préfère inventer toutes sortes de nouvelles formes de culte d’adoration : représentations théâtrales, danses liturgiques, présentations vidéo, témoignages touchants, anecdotes divertissantes, chanteurs et musiciens offrant un spectacle éclatant qui nous donne le goût d’applaudir la performance, etc. Tout cela nous éloigne de la véritable façon dont Dieu veut être adoré.

« Que Dieu demande-t-il dans le deuxième commandement? Que nous ne représentions Dieu en aucune manière et que nous ne lui rendions aucun autre culte que celui qu’il a commandé dans sa Parole » (Q&R 96).

Les éléments que nous incorporons au culte public d’adoration devaient se limiter à ce que Dieu nous a explicitement commandé dans sa Parole. Nous devrions nous en satisfaire et ne pas aller au-delà, puisque Dieu est bon et sage! « Dieu nous défend cependant de faire ou de posséder aucune image pour l’honorer ou l’employer au culte divin » (Q&R 97). Quand sa Parole cesse d’être prêchée fidèlement, les gens commencent inévitablement à se faire de fausses images et de fausses conceptions de Dieu.

Que penser d’un film sur Jésus comme La Passion? Plusieurs chrétiens ont accueilli ce film avec enthousiasme. On a pensé avoir trouvé une excellente façon de faire connaître l’Évangile. Mais quel acteur humain pourrait correctement représenter Jésus sur le plan visuel et dramatique? Un tel film risque plutôt de nous présenter une fausse image de sa personne, de ses souffrances et de son œuvre expiatoire. On pourrait en dire autant des scènes de la Nativité, des pièces de théâtre sur la vie de Jésus ou des images du Christ dans des livres pour enfants. Le Seigneur a jugé bon de ne nous laisser aucune image, aucune photographie, aucun film de lui-même. Il nous a par contre laissé sa Parole et son Esprit. Voilà comment Dieu a jugé bon de se révéler à nous, de se faire proche de nous et d’attirer nos cœurs à lui pour que nous puissions l’adorer de tout cœur, en esprit et en vérité!

Aujourd’hui, nous ne voyons pas Dieu, mais un jour nous verrons le Seigneur Jésus-Christ, lors de son retour glorieux pour faire toutes choses nouvelles. Nous ne le voyons pas parce que nous sommes encore pécheurs. Quand nous serons entièrement purifiés, restaurés à son image, alors nous le verrons et nous nous réjouirons dans la communion parfaite avec lui. « Pour moi, avec justice, je verrai ta face; dès le réveil, je me rassasierai de ton image » (Ps 17.15).