Cette fiche de formation a pour sujet les cinq "sola" de la Réforme du 16e siècle: l'Écriture seule autorité ultime, le salut en Christ seul, par la grâce seule, reçue par la foi seule, pour la seule gloire de Dieu.

4 pages.

Les cinq "Sola" de la Réforme

  1. Sola Scriptura
  2. Solus Christus
  3. Sola gracia
  4. Sola fide
  5. Soli Deo gloria

Les réformateurs protestants du 16siècle ont exprimé leurs convictions en cinq formules significatives.

1. Sola Scriptura🔗

À qui dois-je obéir? — À l’Écriture seule!

L’affirmation que la Bible est la Parole écrite de Dieu est fondamentale. Cette affirmation ne nie pas que Jésus seul est la Parole éternelle de Dieu, ayant pris notre condition humaine pour accomplir notre salut. Mais elle rappelle que Dieu s’est révélé en s’adressant aux hommes par sa Parole. L’initiative vient de Dieu!

Cette affirmation rappelle aussi que cette révélation s’inscrit dans le cadre d’une alliance, avec des promesses et des serments qui sont destinés à accompagner le peuple des croyants tout au long de son histoire. D’où le nom de « testament » : un écrit auquel on ne peut ni ajouter ni retrancher. Dieu lui-même est lié par sa Parole donnée. Le croyant peut s’en saisir et s’y attacher fermement. Ce que Dieu a promis s’accomplira de manière certaine.

Le sola Scriptura des réformateurs ne signifie pas que Dieu ne puisse pas aussi parler d’autres manières : la création parle aussi de Dieu; Dieu peut, s’il le désire, se révéler par des songes ou des signes divers, ou par la bouche d’envoyés (anges ou hommes), et l’oreille du croyant peut bien être ouverte « à ce que l’Esprit dit », d’une manière ou d’une autre. Ce qu’affirme le sola Scriptura, c’est que l’Écriture sainte seule est infaillible et normative pour ce qui est de la foi et de la vie chrétiennes.

« Cette Parole est la règle de toute vérité et contient tout ce qui est nécessaire au service de Dieu et à notre salut. Il en découle que ni l’ancienneté, ni les coutumes, ni le grand nombre, ni la sagesse humaine, ni les lois, ni les décrets, ni les conciles, ni les visions, ni les miracles ne peuvent être opposés à cette Écriture sainte » (Confession de foi de La Rochelle, 1559).

2. Solus Christus🔗

En qui dois-je mettre ma confiance? — En Christ seul!

Aussi précieuse et fondamentale que soit la révélation biblique, elle ne peut, à elle seule, répondre à la situation de l’homme corrompu. Bien plutôt, elle désigne et s’accomplit dans la venue et par l’œuvre de Jésus-Christ.

Le titre « Christ » correspond au Messie de l’Ancien Testament et signifie « l’Oint ».

  • Jésus-Christ est Prophète (Hé 4.1-4) et plus qu’un prophète : il transmet parfaitement les paroles de Dieu, mais il est lui-même la Parole de Dieu.

  • Jésus-Christ est Prêtre (médiateur sacrificiel, Hé 4.14), mais plus qu’un prêtre, car étant sans péché, il n’a pas besoin d’offrir d’abord un sacrifice pour lui-même. Il est également l’Agneau qui offre son sang pour l’expiation.

  • Jésus-Christ est Roi (Mt 2.2; Ph 2.9-11), élevé au-dessus de toute autorité sur la terre et dans le ciel : il est le Roi des rois, le Seigneur des seigneurs.

La formule solus Christus signifie que Jésus a tout accompli, de sorte qu’aucun mérite de la part de l’homme (ou des « saints »), aucune œuvre que nous aurions accomplie, ne peut suffire ou ajouter quoi que ce soit à cette œuvre salvatrice unique et parfaite.

La Déclaration de Cambridge (1996) dit :

« Nous réaffirmons que notre salut est accompli par l’œuvre médiatrice du Christ historique seul. Sa vie sans péché et son œuvre expiatoire seules suffisent pour notre justification et notre réconciliation avec le Père. »

3. Sola gracia🔗

Que dois-je mériter? — C’est seulement par grâce!

La notion de mérite est fortement ancrée dans l’âme humaine. Elle fait du salut le résultat hasardeux d’un marchandage. Les notions de grâce et de mérites s’excluent mutuellement.

En soulignant la profondeur de la corruption de l’homme, la Bible dénonce toute capacité humaine à pratiquer le bien en vue du salut. « Maudit soit l’homme qui se confie en l’homme. […] Béni soit l’homme qui se confie en l’Éternel » (Jr 17.5, 7).

Au contraire, la grâce de Dieu en Christ est l’unique et indispensable cause efficace du salut, car l’être humain, né spirituellement mort, est incapable de collaborer à la grâce qui régénère (Ép 2.8).

La régénération ou nouvelle naissance n’est pas le fruit de la foi, mais le fruit de la grâce de Dieu opérante par le Saint-Esprit. C’est là la puissance de l’Évangile (Rm 1.16) qui tout à la fois brise le cœur de l’homme repentant et le remplit de l’amour de Dieu.

La Déclaration de Cambridge dit :

« Nous réaffirmons que par le salut nous sommes délivrés de la colère de Dieu, et cela par sa grâce seule. C’est l’œuvre surnaturelle du Saint-Esprit que de nous conduire au Christ en nous libérant de notre esclavage au péché, et en nous ressuscitant de la mort spirituelle à la vie spirituelle. […] Nous déclarons que le salut n’est en aucun sens une œuvre humaine. »

4. Sola fide🔗

Que dois-je faire pour être sauvé? — La foi seule!

Est-ce à dire que c’est « la foi qui sauve »? Nullement, cela ferait de la foi une œuvre. C’est la grâce de Dieu! « La foi ne peut être produite par notre nature humaine non régénérée » (Cambridge). Mais la foi démontre que la grâce a été reçue et qu’elle a opéré son œuvre.

Est-il donc inutile d’annoncer la nécessité de se repentir, de revenir à Dieu et de croire? Nullement. Ces appels sont nécessaires puisque Jésus dit : « Je ne mettrai pas dehors celui qui vient à moi » (Jn 6.37). Même s’il ajoute : « Nul ne vient à moi si le Père qui m’a envoyé ne l’attire » (Jn 6.44).

Le « repas du Seigneur » exprime cela : une compréhension suffisante de ce que Dieu a accompli pour rendre possible mon salut, l’appropriation personnelle de cette œuvre de manière explicite (aux yeux de tous), l’expression d’une totale dépendance et d’une totale consécration (Jésus comme Sauveur et Seigneur).

Le Catéchisme de Heidelberg (1563) dit :

« Qu’est-ce que la vraie foi? Ce n’est pas seulement une connaissance certaine par laquelle je tiens pour vrai tout ce que Dieu nous a révélé dans sa Parole, mais c’est aussi une confiance du cœur que l’Esprit Saint produit en moi par l’Évangile et qui m’assure que ce n’est pas seulement aux autres, mais aussi à moi que Dieu accorde la rémission des péchés, la justice et le bonheur éternels, et cela par pure grâce et par le seul mérite de Jésus-Christ. »

5. Soli Deo gloria🔗

Quel est le but? — Pour la seule gloire de Dieu!

Le Petit Catéchisme de Westminster (1643) commence ainsi :

« Quel est le but principal de la vie de l’homme? Le but principal de la vie de l’homme est de glorifier Dieu et de trouver en lui son bonheur éternel. »

La prière que Jésus a donnée pour modèle à ses disciples (Mt 6.9-13) le montre : la finalité, c’est la gloire de Dieu. La gloire de Dieu, c’est le rayonnement qui se dégage de sa personne, l’éclat insoutenable de toutes ses perfections. La Bible compare cette gloire à un feu dévorant qui éblouit, aveugle et inspire la crainte, le respect, l’adoration. L’homme ne peut la voir tout entière et vivre (És 6.1-5).

Rendre gloire à Dieu, c’est le louer, lui rendre honneur, exalter et célébrer ses perfections. Glorifier Dieu, c’est lui rendre hommage, le reconnaître comme le seul souverain, et la source de tout bien. Celui qui se glorifie lui-même commet la faute grave de voler à Dieu l’honneur qui lui est dû, à lui seul.

Dieu n’existe pas pour satisfaire nos ambitions humaines, nos convoitises, notre appétit de consommation, ni même nos intérêts spirituels personnels. Nous devrions de nouveau centrer notre adoration sur Dieu lui-même, plutôt que sur la satisfaction de nos besoins personnels. Nos soucis devraient concerner le royaume de Dieu et non pas notre propre sphère, notre popularité ou notre succès.

« Tout est de lui, par lui et pour lui. À lui la gloire dans tous les siècles. Amen! » (Rm 11.36).