Cette méditation a pour sujet le lien étroit qui existe entre la connaissance de Dieu et la connaissance de nous-mêmes.

Source: Aujourd'hui devant Dieu. 2 pages.

Connaissance de Dieu et connaissance de l'homme

1er jour du 9mois

Lecture : Ésaïe 25

Toute la somme presque de notre sagesse, laquelle à tout compter mérite d’être réputée vraie et entière sagesse, est située en deux parties : c’est qu’en connaissant Dieu, chacun de nous aussi se connaisse. Au reste, bien qu’elles soient unies l’une à l’autre par beaucoup de liens, il n’est pas toutefois aisé à discerner laquelle va devant et produit l’autre. Car, en premier lieu, nul ne se peut contempler, qu’incontinent il ne tourne ses sens vers Dieu, par lequel il vit et a sa vigueur, parce qu’il n’est pas obscur que les dons où gît toute notre dignité ne sont nullement de nous; même que nos forces et fermeté ne sont autre chose que de subsister et être appuyés en Dieu. Davantage, par les biens qui distillent du ciel sur nous goutte à goutte, nous sommes conduits par petits ruisseaux à la fontaine. Pareillement de cette petite et maigre portion, l’infinité de tous les biens qui réside en Dieu apparaît encore mieux. Singulièrement cette malheureuse ruine, en laquelle nous sommes trébuchés par la révolte du premier homme, nous contraint de lever les yeux en haut, non seulement pour désirer de là les biens qui nous défaillent, comme pauvres gens vides et affamés, mais aussi pour être éveillés de crainte et par ce moyen apprendre ce qu’est l’humilité.

Car comme on trouve en l’homme un monde de toutes misères, depuis que nous avons été dépouillés des ornements du ciel, notre nudité découvre avec grande honte un si grand tas de tout opprobre que nous en sommes tous confus. D’un autre côté, il est nécessaire que la conscience nous poigne en particulier de notre malheureté, pour approcher au moins à quelque connaissance de Dieu. C’est pourquoi, du sentiment de notre ignorance, vanité, disette, infirmité, voire, qui plus est, perversité et corruption, nous sommes induits à connaître qu’il n’y a nulle part ailleurs qu’en Dieu vraie clarté de sagesse, ferme vertu, droite affluence de tous biens, pureté de justice, tant il y a, que nous sommes émus par nos misères à considérer les biens de Dieu et ne pouvons aspirer et tendre à lui à bon escient qu’ayant commencé à nous déplaire totalement. Car qui sera l’homme qui ne prenne plaisir à se reposer en soi, et même qui de fait n’y repose pendant qu’il ne se connaît point; à savoir quand il se glorifie des dons de Dieu comme en riches et nobles parements, ignorant sa misère ou l’ayant mise en oubli? Ainsi la connaissance de nous-mêmes, non seulement aiguillonne chacun à connaître Dieu, mais aussi chacun doit être mené par elle comme par la main à le trouver… Toutefois, bien qu’il y ait une liaison mutuelle entre la connaissance de Dieu et celle de nous-mêmes et que l’une se rapporte à l’autre, l’ordre de bien enseigner requiert qu’en premier lieu nous traitions ce qu’est connaître Dieu pour venir ensuite au second point.

Prière

Ô mon Dieu, mon Sauveur! Ta céleste faveur
Fut toujours mon partage; plus le mal est pressant
Plus ton secours puissant élève mon courage.
Toujours quand j’ai prié — Toujours quand j’ai crié
Dieu touché de ma plainte loin de me repousser
À daigné exaucer de sa montagne sainte.