Cet article a pour sujet la puissance de l'Évangile qui se manifeste en ceux qui croient et qui provient de la puissance de la résurrection du Christ, fondée sur l'accomplissement des promesses de l'Ancien Testament.

Source: Tout est accompli (ÉK). 4 pages.

Tout est accompli (6) - La puissance de l'Évangile

« Je n’ai pas honte de l’Évangile : c’est une puissance de Dieu pour le salut de quiconque croit, du Juif premièrement, puis du Grec. En effet, la justice de Dieu s’y révèle par la foi, selon qu’il est écrit : Le juste vivra par la foi » (Rm 1.16-17).

C’est sur ces paroles que l’apôtre missionnaire Paul de Tarse conclut l’introduction de la longue et profonde lettre que, vers l’an 56 de notre ère, il adresse depuis la ville de Corinthe, en Grèce, à une jeune communauté de chrétiens située dans la capitale de l’Empire romain, Rome. Ce n’est pas lui qui a tout d’abord prêché l’Évangile à ces chrétiens, mais il veut les fortifier dans leur foi, sachant aussi qu’il a le désir de venir les visiter sur place.

Je n’ai pas honte de l’Évangile. Paul a déjà maintes fois fait l’expérience des moqueries, des quolibets, des attaques, des insultes qu’on peut recevoir de plusieurs côtés lorsqu’on annonce l’Évangile, en fait lorsqu’on ne fait même que prononcer le mot « Évangile ». Qu’à cela ne tienne : il n’en a pas honte, et il n’en aura jamais honte. Et la raison en est bien simple : c’est une puissance de Dieu pour le salut de quiconque croit, du Juif premièrement, puis du Grec. Comment alors pourrait-on céder un seul instant au sentiment de honte que ceux qui sont privés de cet extraordinaire salut cherchent à susciter en ceux qui y ont accès?

Dès le début de sa lettre, Paul s’est présenté à ses lecteurs comme un serviteur du Christ-Jésus, appelé à être apôtre, mis à part pour l’Évangile de Dieu. Il a immédiatement enchaîné sur la nature de cet Évangile en établissant le lien avec les saintes Écritures données par le passé au peuple juif : cet Évangile concerne Jésus-Christ, et celui-ci vient en droite ligne d’un des personnages principaux de l’Ancien Testament, le roi David, à qui Dieu avait promis une descendance éternelle. Or c’est justement en Jésus-Christ — et en lui seul — que cette promesse a été réalisée, car la royauté du Christ n’est pas passagère, elle a été déclarée éternelle et universelle par sa résurrection d’entre les morts. Voilà en effet ce qu’écrit Paul :

« Cet Évangile, Dieu l’avait promis auparavant par ses prophètes dans les saintes Écritures, il concerne son Fils, né de la descendance de David selon la chair, et déclaré Fils de Dieu avec puissance selon l’Esprit de sainteté, par sa résurrection d’entre les morts : Jésus-Christ notre Seigneur » (Rm 1.2-4).

Vous aurez noté l’utilisation du mot « puissance » que l’on retrouve un peu plus loin sous la plume de Paul, dans la phrase : « C’est une puissance de Dieu pour le salut de quiconque croit, du Juif premièrement, puis du Grec. » La puissance du salut pour le Juif et pour le Grec provient de la puissance par laquelle Jésus-Christ a été déclaré Fils de Dieu selon l’Esprit de sainteté, par sa résurrection d’entre les morts. Lorsque Paul dit qu’il a été déclaré Fils de Dieu, il ne veut pas dire qu’avant son Incarnation, il n’était pas Fils de Dieu. Ce qui est ici en jeu, c’est la manifestation rendue évidente aux yeux du monde que l’homme Jésus, le Messie promis dans l’Ancien Testament, est bien le Christ et le Fils de Dieu. La preuve éclatante en a été fournie par sa résurrection.

Mais pourquoi mentionner simplement deux groupes ethniques ou linguistiques, le Juif d’abord, et le Grec ensuite? Paul exclut-il du salut les autres nations? Pas du tout. Le Juif, c’est d’abord le descendant physique d’Abraham, sa lignée ethnique, celui à qui les saintes Écritures ont jusque-là été adressées, avec toutes les promesses divines qu’elles contiennent. Le Grec, c’est celui qui n’appartient pas à cette nation particulière, l’habitant de l’Empire romain — de quelque nationalité qu’il soit — qui parle le grec, puisque le grec était la langue communément parlée à l’époque, surtout à l’est de l’Empire romain. Donc, en mentionnant le Juif et le Grec, Paul a en vue l’humanité tout entière, à qui le message rédempteur de l’Évangile est adressé.

Au second chapitre de sa lettre aux chrétiens galates, tous ceux qui croiront en cet Évangile sont appelés descendants d’Abraham par le même Paul :

« Car vous êtes tous fils de Dieu par la foi en Christ-Jésus : vous tous, qui avez été baptisés en Christ, vous avez revêtu Christ. Il n’y a plus ni Juif ni Grec, il n’y a plus ni homme ni femme, car vous tous, vous êtes un en Christ-Jésus. Et si vous êtes à Christ, alors vous êtes la descendance d’Abraham, héritiers selon la promesse » (Ga 2.26-28).

Ce que Paul veut souligner, c’est que la filiation avec Abraham, le père des croyants, se fait désormais par la foi en Jésus-Christ, et non plus sur une base purement ethnique. Cette filiation est désormais opérée en vertu d’une semence incorruptible, celle de la vie éternelle accordée aux croyants par la puissance de la résurrection du Christ. Cette puissance est appliquée par le Saint-Esprit dans le cœur des croyants, qu’ils soient Juifs, Grecs ou de n’importe quel groupe ou nationalité.

C’est donc en vertu de cette puissance que Paul a pu écrire au début de sa lettre aux chrétiens de Rome qu’il n’a pas honte de l’Évangile. Tout ceci nous ramène du reste au titre de notre série d’articles, dont celle-ci constitue le point d’orgue : « Tout est accompli. » Rappelez-vous que c’est après avoir prononcé cette parole que Jésus a rendu l’esprit sur la croix, selon l’Évangile de Jean. Rien de ce qui lui est arrivé n’est intervenu par hasard ou en dépit de sa volonté. Chaque moment de son ministère fait partie d’un tout qui entre dans le plan éternel de Dieu. N’a-t-il pas déclaré un jour à ses auditeurs qui doutaient de sa mission :

« Le Père m’aime, parce que je donne ma vie, afin de la reprendre. Personne ne me l’ôte, mais je la donne de moi-même; j’ai le pouvoir de la donner et j’ai le pouvoir de la reprendre; tel est l’ordre que j’ai reçu de mon Père » (Jn 10.17-18).

Pour nous, êtres humains limités et qui plus est mortels, incapables de saisir la sagesse et la puissance divines dans toute leur profondeur, cela reste bien sûr un mystère. Car nous ne sommes pas le commencement et la fin de toutes choses, nos actes ne peuvent se prévaloir d’une dimension éternelle en dépit de nos meilleures intentions et de nos efforts les plus ardus. Et pourtant, lorsque le Saint-Esprit applique à notre esprit, à notre compréhension et à notre vie entière la puissance de la résurrection du Christ, alors s’ouvre devant nous cette perspective éternelle, même si nous ne la saisissons encore que partiellement. C’est bien une nouvelle dimension de l’existence qui prend corps en nous : notre finitude actuelle, même lorsqu’elle est cruellement ressentie, par les faiblesses physiques auxquelles nous sommes soumis, ne représente plus l’horizon ultime de notre existence. Une vision spirituelle se développe qui nous fait voir d’un autre regard les événements qui affectent le monde, nos proches et nous-mêmes. Le tout sur la base de ce que Dieu a fidèlement accompli en Jésus-Christ, comme il l’avait promis des siècles auparavant.

Alors, comment continuer à fortifier cette vision du monde et de notre existence? Comment rendre notre regard spirituel toujours plus acéré? En persévérant dans l’étude de la Parole de Dieu considérée sous cet angle : « Tout est accompli. » Cette parole, où sont consignés tous les événements, toutes les prophéties qui témoignent de cet accomplissement, c’est bien sûr la Bible, le seul livre au monde où toutes les marques de l’accomplissement en question sont clairement énoncées. Mais il nous faut le faire sans jamais oublier que la Bible elle-même n’est que le fruit de l’action de la Parole éternelle de Dieu, dont témoigne l’Évangile de Jean dans son prologue. En voici quelques passages :

« Au commencement était la Parole, et la Parole était avec Dieu, et la Parole était Dieu. Elle était au commencement avec Dieu. Tout a été fait par elle, et rien de ce qui a été fait n’a été fait sans elle. En elle était la vie, et la vie était la lumière des hommes » (Jn 1.1-3).

Cette Parole éternelle par qui le monde a été fait, est celle qui s’est incarnée en la personne de Jésus-Christ, comme le prologue de l’Évangile selon Jean le donne à comprendre un peu plus loin :

« La Parole a été faite chair, et elle a habité parmi nous, pleine de grâce et de vérité; et nous avons contemplé sa gloire, une gloire comme celle du Fils unique venu du Père » (Jn 1.14).

C’est justement pour tout accomplir ce que le Père a décidé de toute éternité que la Parole qui était au commencement a été faite chair. Le but de l’incarnation, c’est la réalisation des promesses de Dieu et leur application dans la vie des croyants par le Saint-Esprit.

Lisons donc la Bible, l’Écriture sainte, dans cette optique, sous peine de manquer le but et de passer à côté de son message central. Le ciment de l’unité entre toutes ses parties, en particulier entre l’Ancien et le Nouveau Testament, c’est Jésus lui-même qui nous le donne, lorsqu’il déclare au début de son ministère, comme en témoigne le chapitre 5 de l’Évangile selon Matthieu : « Ne pensez pas que je sois venu pour abolir la loi ou les prophètes : je suis venu non pour abolir, mais pour accomplir » (Mt 5.17). Cet accomplissement de la loi et des prophètes par Jésus-Christ est d’ailleurs ce que l’auteur de la lettre aux Hébreux, dans le Nouveau Testament, s’attache à démontrer de manière très complète d’un bout à l’autre de son écrit. Nous l’avons beaucoup citée dans les articles précédents de cette série, que je conclus avec ces belles paroles d’encouragement situées à la fin de la lettre en question :

« Que le Dieu de paix — qui a ramené d’entre les morts le grand berger des brebis, par le sang d’une alliance éternelle, notre Seigneur Jésus — vous rende aptes à tout ce qui est bien pour faire sa volonté; qu’il fasse en nous ce qui lui est agréable par Jésus-Christ, à qui soit la gloire aux siècles des siècles! Amen! » (Hé 13.20-21).