Cet article sur Habacuc 3.5-18 a pour sujet la joie d'Habacuc qui a peu de sujets de se réjouir dans l'obscurité de ce monde et à travers le jugement de Dieu, mais qui se réjouit dans le Dieu de son salut accompli en Jésus.

Source: Le juste vivra par la foi - Méditations sur le livre d'Habacuc. 3 pages.

Habacuc 3 - Je veux me réjouir dans le Dieu de mon salut

« Devant lui marche la peste, la fièvre sort sur ses pas. Il dresse et prend la mesure de la terre, il regarde et fait sursauter les nations; les montagnes éternelles se disloquent, et s’effondrent les collines antiques, les antiques sentiers. Je vois les tentes de Kouchân réduites à néant, les abris du pays de Madian frémissent. L’Éternel est-il irrité contre les fleuves? Est-ce contre les fleuves que s’enflamme sa colère, contre la mer ta fureur, lorsque tu montes sur tes chevaux, sur tes chars de victoire? Ton arc est mis à nu, tes serments sont les flèches de ta parole. Tu fends la terre par des fleuves. Les montagnes te voient et tremblent, une trombe d’eau passe, l’abîme fait entendre sa voix, il lève ses mains en haut. Soleil et lune s’arrêtent sur place à la lumière de tes flèches qui partent, à l’éclat fulgurant de ta lance. Tu parcours la terre avec fureur, tu écrases les nations avec colère. Tu sors pour le salut de ton peuple, pour le salut de ton messie. Tu brises le faîte de la maison du méchant, tu la détruis de fond en comble. Tu perces de leurs propres flèches la tête de tes chefs qui se précipitent en tempête pour me briser en poussant des cris de joie, comme s’ils dévoraient déjà le malheureux en cachette. Tu as ouvert un chemin à tes chevaux dans la mer, dans un amas de grandes eaux. J’ai entendu, et mes entrailles ont frémi. À ce bruit, mes lèvres ont tremblé; mes os se dissolvent, et sans bouger je frémis d’attendre le jour de la détresse où notre assaillant montera contre le peuple. Car le figuier ne fleurira pas, point de vendange dans les vignes; la production de l’olivier sera décevante, les champs ne donneront pas de nourriture, le petit bétail disparaîtra de l’enclos, point de gros bétail dans les étables. Mais moi j’exulterai en l’Éternel, je veux trouver l’allégresse dans le Dieu de mon salut. L’Éternel, mon Seigneur, est ma force, il rend mes pieds semblables à ceux des biches et me fait marcher sur les hauteurs. Au chef de chœur. Avec des instruments à cordes. »

Habacuc 3.5-18

Tout au bout, tout au bout, une fenêtre s’ouvre, comme lucarne à l’arche qui navigue et une lumière claire, même crue et fatigante après toute cette obscurité, entre à flots; à travers tout jugement, à travers toute colère, le prophète voit cependant le salut. Lui dont les lèvres frémissaient à cette voix « il veut se réjouir en l’Éternel ». Qu’il le puisse, cela ne va pas de soi. C’est une faveur surprenante, spéciale, pour cet homme gisant à terre, « enfoncé jusqu’au cou », se consumant sur le malheur du monde, que de pouvoir maintenant se lever et se réjouir en son Dieu. La promesse, celle qui dit que « quiconque attend le Seigneur ne sera pas confus » se réalise en Habacuc. « Mais moi j’exulterai en l’Éternel, je veux trouver l’allégresse dans le Dieu de mon salut » (Ha 3.18). C’est la seule joie qui lui sera désormais offerte; elle est d’une autre nature que ce qu’on a coutume d’appeler joie dans ce monde, à cette époque et à toutes les époques. C’est la joie parfaite que personne ne peut ôter à ceux que Dieu aime, et le prophète n’en aura plus d’autre. Quand il regarde sa propre personne, il a peu de sujets de se réjouir, comme lorsqu’il contemple les événements. « Car rien ne manque à ceux qui le craignent » (Ps 34.10). Habacuc veut donc se réjouir en son Dieu.

En Jésus-Christ, Dieu a exaucé la prière d’Habacuc. « Éternel, accomplis ton œuvre dans le cours des années » (Ha 3.2). Dieu n’a pas laissé languir l’humanité pour une réponse jusqu’à la fin des temps. Dans sa miséricorde, il a envoyé son Fils, au milieu de l’histoire, « au cours des années ». Et ce Fils a pris sur lui la colère qu’Habacuc voyait peser justement sur le cours des années. Autour du Christ éclata une guerre étonnante, que Dieu mena et subit en même temps. À la croix, il reçut les flèches qui nous étaient destinées, en tant que le bouclier et protecteur des perdus. Son corps se couvrit de nos plaies et de nos ulcères. Il prit sur lui l’extrême, l’ultime misère de l’homme et, comme le pauvre Lazare dans son dénuement extrême, il s’écria : « J’ai soif… » (Jn 19.28).

Mais la connaissance de cette cause et même l’assurance de la victoire de Dieu ne nous dispensent pas du combat de la foi. Nous aussi, nous avons imploré à genoux afin que Dieu manifeste son œuvre au cours des années. Nous sommes conscients qu’il reste l’ultime responsable de tout. Il a mis sa main sur l’histoire et il y reste actif. Il est notre réponse. La réponse de Dieu à nos quêtes et requêtes n’est autre que sa présence au milieu de nous, dès le commencement et jusqu’à la fin du monde. Dieu est Dieu, mon ami; le savoir devrait nous suffire au milieu de l’angoisse et lorsque nous sommes victimes de conflits, d’oppressions ou même écrasés par nos problèmes.

Dans quel esprit envisageons-nous notre avenir? Effrayés ou confiants? N’y aurait-il que bouleversements profonds, conflits interminables, pauvreté révoltante et mort hideuse? N’y aurait-il que menaces, méchanceté et violence? L’Église chrétienne elle-même serait-elle sur le point de disparaître?

Nous ne saurions décrire l’avenir en détail, mais nous avons été établis messagers, témoins de l’Évangile. Nous savons que tout a été placé sous le contrôle divin. Nous pouvons chanter avec le prophète de jadis et avec le peuple de Dieu de tous les temps, même au milieu de la détresse :

« Mais moi j’exulterai en l’Éternel.
Je veux trouver l’allégresse dans le Dieu de mon salut.
L’Éternel, mon Seigneur, est ma force.
Il rend mes pieds semblables à ceux des biches.
Il me fait marcher sur les hauteurs » (Ha 3.18-19).

Nous nous fions à Dieu; s’il est parfois vrai que Dieu nous combat de sa main gauche, n’est-ce pas pour mieux nous soutenir de sa main droite? Alors, quoi que nous réserve l’avenir — que j’avance vers la mort, que mes faibles forces m’abandonnent, que tout soit désolation autour de moi, que je perde ma situation ou voie dispersés mes biens, mes amis, mes proches… — je veux néanmoins me réjouir dans le Seigneur, en celui qui demeure inchangé et inébranlable au cours des années.