Cette fiche de formation a pour sujet l'attitude du prédicateur nécessaire pour la préparation et la prédication. Cette vocation requiert audace, humilité, prière, avec l'autorité divine, à l'exemple de Jésus.

Source: Cours d'homilétique - L'art de prêcher la Parole de Dieu. 8 pages.

Homilétique (2) - L'attitude du prédicateur

  1. L’appel divin à la vocation
  2. L’attitude biblique
  3. L’autorité divine
  4. L’exemple de Jésus
  5. La prière dans la vie du pasteur
  6. Préparer son cœur
  7. Annexe 1 – La croix et l’humilité de la prédication, de John Piper
  8. Annexe 2 – Caractères et qualités d’un bon prédicateur, selon Martin Luther

1. L’appel divin à la vocation1 🔗

Tous les chrétiens ont la vocation d’être des porteurs, des transmetteurs de l’Évangile. En ce sens, le prédicateur n’agit pas en tant que prêtre, comme si lui seul pouvait faire ce qu’il fait. Un de ses objectifs est que chaque chrétien, sans exception, soit à son tour un transmetteur de l’Évangile, par sa vie et par ses paroles, là où Dieu l’a placé (Ép 4.11-12; 2 Tm 2.2).

Mais tous les chrétiens n’ont pas reçu un appel à être « gardiens et à paître le troupeau de Dieu » (Ac 20.28; 1 Pi 5.1-4), à enseigner. « Qu’il y en ait peu! », dit Jacques (Jc 3.1; voir 1 Tm 4.16; Hé 13.7, 17). Le « sacerdoce commun des croyants » n’abolit pas l’ordre des ministères.

Certains ont reçu cet appel. Ils l’ont reçu dans leur cœur et cela a été confirmé par des frères autorisés à le faire. En conséquence, ils ont été envoyés pour servir dans un esprit de consécration particulière (voir 2 Co 4.1 et Jr 23.32).

Nous nous rappelons que l’existence des ministères de la Parole dans l’Église n’est pas seulement une disposition pragmatique : ils sont des dons que Jésus-Christ lui-même accorde à son Église (1 Co 12; Ép 4.11). C’est pourquoi la motivation du prédicateur doit être entièrement pure, jamais tournée vers lui-même (Ac 20.28; 1 Tm 4.16; 1 Pi 5.1-4).

Sont-ils meilleurs? Non. Cependant, ils doivent marcher comme des modèles, leur vie précédant et confirmant leurs paroles. Ils seront jugés plus sévèrement.

2. L’attitude biblique🔗

Nous devons parler d’une manière qui corresponde au lieu, au message communiqué et à la situation traitée. La grande variété des termes hébreux et grecs qui se rapportent à la tâche de la proclamation confirme la diversité des façons d’exprimer le message. Nous avons déjà mentionné l’humilité, la sobriété. Allons plus loin.

a. Audace et humilité🔗

Les deux vont ensemble et conviennent aux serviteurs que nous sommes. Il semble que cela ait échappé aux prédicateurs qui utilisent en toute occasion un style autoritaire, parce qu’ils ont l’impression que le ton qu’ils emploient exprimera leur fermeté biblique. Mais l’autoritarisme du comportement reflète plutôt un manque de compréhension biblique.

Quand l’apôtre Paul écrit : « Priez pour moi afin qu’il me soit donné, quand j’ouvre la bouche, de faire connaître hardiment et librement le mystère de l’Évangile » (Ép 6.19), ne démontre-t-il pas tout à la fois son audace et son humilité? Il n’est pas bon qu’un prédicateur soit timide (2 Tm 1.7), mais le contraire de la timidité n’est pas l’impétuosité. Dans ce verset de 2 Timothée, le mot « sagesse » indique la mesure. Et si un prédicateur manque de mesure, ne prend-il pas le risque d’irriter ses auditeurs, à la manière d’un père trop autoritaire? (Ép 6.4). Cela peut nuire beaucoup.

En fin de compte, le secret d’une prédication équilibrée se trouve dans la qualité de notre propre vie spirituelle et dans la force de notre engagement à marcher humblement avec Dieu (Michée 6.8). En réalité, n’est-ce pas ce qui est attendu de chaque chrétien? Le prédicateur doit être à cet égard un bon modèle2.

Notre propre relation avec le Christ nous enseigne non seulement à placer les gens face à l’autorité de la Parole de Dieu, mais aussi à les traiter avec compassion. Les prédicateurs qui sont systématiquement agressifs ou combatifs cachent mal les recoins spirituellement résistants de leur propre cœur.

b. Le désintéressement🔗

Il ne s’agit pas de se désintéresser de ce que l’on fait! Il s’agit de ne pas le faire pour un intérêt personnel3. L’apôtre Pierre en parle au sujet des anciens : « Paissez le troupeau de Dieu qui vous a été confié, non pour un gain sordide [un enrichissement personnel], mais avec dévouement » (1 Pi 5.2). L’apôtre Paul dit de même, toujours concernant les anciens : « Il faut qu’ils soient indulgents, pacifiques, désintéressés » (1 Tm 3.3).

La recherche de l’intérêt personnel pollue le ministère. Il est évident que cela affecte la dimension d’autorité. Toute recherche d’intérêt personnel corrompt le mandat accordé par Dieu, son autorisation. Il y a un lien direct entre l’autorisation et l’autorité.

c. La ressemblance avec Christ🔗

Notre ton devrait toujours s’accorder avec l’humilité de celui qui parle avec autorité sous l’autorité d’un autre. Martin Luther a dit : « Quiconque dit la parole du Christ peut se vanter que sa bouche est la bouche du Christ. » Mais celui-là est absolument soumis à celui qui l’envoie.

Si les paroles que nous disons viennent de la bouche du Christ, comment allons-nous les dire? Nos paroles doivent refléter son caractère, de même que son amour et sa vérité. Cela est très grand, mais celui qui le dit devrait trembler autant que s’en réjouir, et cela devrait se voir! Jésus avait autorité, mais il était « doux et humble de cœur » (Mt 11.29).

3. L’autorité divine🔗

Celui qui a autorité n’est donc pas celui qui parle fort, c’est celui qui a l’approbation de Dieu sur lui. C’était le cas pour Jésus (Mt 7.29) qui, humainement, n’avait rien pour attirer les regards… Il en était de même pour Paul, nous le savons. Pourquoi cela est-il si important? Pour beaucoup de raisons, mais notamment pour que les regards soient attirés vers le Seigneur!

Le centenier de Luc 7 étonne Jésus par son intelligence spirituelle et sa compréhension du principe de l’autorité. Cet homme « craignant Dieu », qui ne s’est pas cru digne d’aller lui-même appeler Jésus, lui dit : « Dis un mot et mon serviteur sera guéri. Car moi qui suis soumis à des supérieurs, j’ai des soldats sous mes ordres. Je dis à l’un va, et il va; à un autre viens, et il vient… » (Lc 7.7-8). Le principe est le suivant : je suis porteur (d’une partie) de l’autorité de celui à qui je suis soumis. Le centenier a perçu que Jésus était envoyé par Dieu. Il a compris le lien qui existe entre la soumission, l’obéissance et l’autorité. Jésus lui-même a appris l’obéissance par les choses qu’il a souffertes (Hé 5.8). Cette obéissance l’a conduit à la croix.

Les auditeurs sont là pour entendre le message de la Parole de Dieu. Si l’on ne peut pas dire : « La Bible dit » à propos du cœur de notre message, alors la communauté n’a pas à tenir nos conclusions en plus haute estime que les spéculations de n’importe quel penseur4. Les mots comme « exact », « exactement » (Ac 17.11; 18.26), des expressions comme « tel que » (1 Co 15.2) démontrent la nécessité de se soumettre entièrement à ce qui est écrit. À cet égard, le prédicateur n’a aucune liberté!

Le prédicateur, s’il a confiance en la vérité biblique, est en mesure de prêcher avec autorité, qu’il parle avec force ou avec douceur5. Le fait de prêcher avec autorité est davantage lié à la confiance et à l’intégrité avec laquelle le prédicateur exprime la vérité de Dieu qu’à une posture ou à un ton particulier. Trop souvent, les prédicateurs considèrent que prêcher avec autorité signifie qu’ils doivent injecter une certaine violence dans leurs sermons. C’est comme s’ils s’efforçaient par eux-mêmes de donner de l’autorité à la Parole plutôt que de se confier en la capacité de cette Parole à toucher les âmes. Cela ne correspond pas au modèle que l’apôtre Paul nous donne (1 Co 2.1-5; 2 Co 12.10; 2 Tm 2.25). La véritable autorité s’impose aux consciences; elle n’exerce pas de contrainte.

En réalité, ce n’est pas au prédicateur que le croyant doit soumettre sa pensée, c’est à Dieu! Le prédicateur n’est qu’un envoyé, un serviteur.

4. L’exemple de Jésus6 🔗

Le premier chapitre de Marc démontre que Jésus était un prédicateur. Mais la prédication n’était pas la seule activité de sa vie. Que fait-il d’autre? Ce chapitre nous le dit.

a. Jésus s’assimile aux pécheurs (Mc 1.9-11)🔗

Jésus, le Fils de Dieu, le Seigneur, puissant, digne d’adoration et capable de baptiser du Saint-Esprit, a été baptisé (associé, uni) du baptême de repentance destiné aux pécheurs (Mc 1.9-11). Pur, il est lavé comme s’il était sale. Son baptême annonce la croix destinée aux hommes pécheurs.

C’est ainsi que Jésus est entré dans son ministère. Est-ce ainsi que tous les pasteurs et prédicateurs entrent dans le leur? Les prédicateurs qui vont prêcher pour les membres de l’Église se considèrent-ils eux aussi comme des membres de l’Église? Ou donnent-ils l’impression d’être d’une espèce différente?

Jésus-Christ n’était pas pécheur, mais il a aboli toute distance avec les hommes pécheurs et s’assimile publiquement à eux7. Si je devais confesser publiquement mes péchés, la liste serait-elle moins longue que celle des autres? En serais-je capable? J’ignore encore la plupart de mes péchés! Des erreurs et des preuves de ma faiblesse jonchent ma vie depuis le début. À cette lumière, qu’est-ce qui devrait m’empêcher de m’assimiler aux hommes pécheurs8 pour pouvoir leur parler? Jésus l’a fait.

b. Jésus se soumet à la tentation (Mc 1.12-13)🔗

Se reconnaître pécheur est une chose. Mais Jésus a été aussi tenté comme nous en toutes choses, afin de pouvoir nous secourir dans nos faiblesses (Hé 4.15). Jésus a connu non seulement notre état, mais aussi nos combats. Et c’est le Saint-Esprit qui l’a conduit sur ce chemin de la tentation (Mt 4.1), de la confrontation avec le mal, avec le Malin.

Les gens voient le prédicateur le dimanche, bien habillé et souriant. Ils ont l’impression qu’il n’est pas tenté comme le reste des hommes, que sa vie est presque idyllique. Un homme ou une femme en lutte auraient peut-être envie de lui dire : Tu ne peux pas comprendre ce que je suis en train de vivre. Ce n’est même pas la peine que je t’en parle. Si les membres de mon assemblée sont tentés de penser ainsi, quelque chose manque dans mon ministère. Il faudrait que ces membres entendent de temps en temps le témoignage de la manière dont le prédicateur a lui-même été secouru dans son combat et ses échecs contre la tentation. Ne sommes-nous pas tentés comme eux, tous les jours? Jésus nous a vraiment rejoints là où nous nous trouvons.

c. Jésus fait des disciples un à un (Mc 1.16-20)🔗

Jésus n’a pas parlé qu’aux foules. Ce passage nous montre l’importance, dans la vie de chacun, des entretiens personnels. On ne peut pas faire des disciples en prêchant seulement. Il faut des groupes plus petits. Il faut des contacts un à un. En d’autres termes, un prédicateur ne peut être qu’un prédicateur! Que devrait-on penser d’une personne qui serait très à l’aise derrière le micro et très empruntée dans les contacts personnels? Le souci de communiquer habite le prédicateur en tout temps. Souvent, Jésus a observé des personnes, les a écoutées, avant de leur parler de manière personnelle. Tout ne se passait pas à la synagogue.

Tout chrétien est censé être prêt à parler de Jésus seul à seul, à tout moment. Le prédicateur aussi! Jésus l’a fait.

d. Jésus confronte personnellement le mal (Mc 1.21-28)🔗

Le mal n’est pas une réalité abstraite. Là aussi, Jésus a vécu ce contact personnellement avec des personnes assujetties aux puissances du mal. Jésus n’a pas évité ce genre de confrontation. C’est aussi pour cela qu’il enseignait avec autorité.

Ce jour-là, une personnalité démoniaque a pris possession d’une personnalité humaine, et cela dans une assemblée du peuple de Dieu. Un ennemi est présent dans le camp. Interrompu, Jésus ne poursuit pas sa prédication. C’est le moment d’une confrontation. La prédication ne nous dispense pas de cela. Ne ressemblons pas aux exorcistes juifs ambulants d’Actes 19. Confrontons-nous personnellement au mal avec les armes de Dieu. Jésus l’a fait.

e. Jésus prend soin des malades (Mc 1.29-34)🔗

Les disciples ont eu la liberté d’appeler Jésus auprès d’une femme malade. La compassion et l’autorité de son enseignement devaient se démontrer maintenant dans une maison. Avoir autorité ne dispense jamais de prendre soin (pensons au centenier de Luc 7). Suis-je abordable comme l’était Jésus? Ceux qui me voient sont-ils persuadés que je suis une personne compatissante, secourable? La foule, la notoriété n’ont pas empêché Jésus d’être accessible pour une personne qui se trouve dans sa maison. Jésus ne s’intéresse pas qu’aux foules. Soyons des prédicateurs, mais ne soyons pas que des prédicateurs. Jésus ne l’a pas été.

f. Jésus entretient une vie de prière dans le secret (Mc 1.35-39)🔗

Jésus a été proche des hommes et des femmes de son peuple. Mais parmi ses priorités, il y a une autre proximité qui l’emporte sur toutes les autres : sa proximité avec son Père. La prière vient avant tout le reste. Avant d’instruire, de consoler, d’exhorter les autres, je dois moi-même prendre la place de celui qui reçoit le pardon, la consolation, l’instruction, l’exhortation. Avant d’inviter les autres à adorer Dieu, je dois l’adorer moi-même. Avant d’aimer mes frères, je dois aimer Dieu.

Tout vient de Dieu. Dois-je chercher à m’améliorer? Cela sera inutile. Je dois me repentir pour permettre au Saint-Esprit de mettre en moi ce que Jésus veut y mettre de la part de son Père.

Toute mon expérience, tout mon travail ne feront pas de moi autre chose qu’un homme qui « sans Jésus ne peut rien faire ». « Qu’as-tu que tu n’aies reçu? » (1 Co 4.7). Que pourrais-je apporter que je n’aurais pas d’abord reçu? Avant d’être un homme qui parle, le prédicateur est un homme qui écoute.

En Lévitique 8, le sang du bélier est placé sur l’oreille, le pouce et l’orteil9 des sacrificateurs. Puis, on appliquait l’huile sur les mêmes parties du corps. D’abord le sang; puis l’huile.

Quand faut-il prier? Avant de faire toute autre chose. Où devrais-je prier? Là où personne ne peut venir me déranger. Pourquoi devrais-je agir ainsi? Jésus lui-même l’a fait.

g. Jésus touche les intouchables (Mc 1.40-45)🔗

Jésus touche un lépreux que personne ne pouvait toucher. Qui sont les intouchables pour notre Église, aujourd’hui? Essayons de dresser une liste de catégories de personnes que nous aimerions ne pas rencontrer, qui nous mettent mal à l’aise, que nous considérons comme dangereuses. Comment réagirais-je si une de ces personnes manifestait quelque intérêt envers le Seigneur Jésus-Christ, sans pour autant déclarer clairement vouloir changer de comportement? Le lépreux, il est vrai, n’a pas choisi de l’être. Mais Jésus s’est approché des collecteurs d’impôts et des prostituées.

Cela a-t-il été sans conséquence pour sa vie? Non, il y a eu des conséquences, car on l’a accusé de mauvaises fréquentations, l’empêchant d’entrer ouvertement dans une ville (Mc 1.45). Mais Jésus n’a pas regardé aux conséquences; il ne s’est pas arrêté à ce que pouvaient penser les autres à son sujet.

Y a-t-il des catégories de personnes que je préférerais ne pas voir dans mon Église? Suis-je prêt à n’écarter aucune catégorie de personnes parmi ceux et celles que Dieu veut toucher? Jésus l’a fait.

5. La prière dans la vie du pasteur10 🔗

« Le pasteur prie comme le chrétien ordinaire, au risque de ne pas en être un, et davantage s’il ne veut pas se voir disqualifié pour le ministère. Le pasteur fidèle apporte à son maître toutes ses responsabilités sans exception dans la prière ». « Dès qu’il pense à son travail, qu’il y soit engagé ou non sur le moment, il fait monter les flèches de ses saints désirs vers le ciel.11 »

Avant de parler de Dieu à ses fidèles, il parle à Dieu de ses fidèles! Le pasteur se souvient qu’il n’a pas de capacités suffisantes. Certains, dans l’assemblée, ont peut-être des qualités, des aptitudes plus grandes. Mais c’est lui qui est appelé. « Je lève mes yeux vers les montagnes. D’où me viendra le secours? » (Ps 121.1).

Le pasteur va prier publiquement. Mais a-t-il le droit de le faire s’il ne l’a pas fait d’abord secrètement?

« Les bienfaits d’une formation théologique n’égalent pas la préparation d’une communion régulière avec Dieu. Tout en formant son serviteur sur le tour, le grand Potier le façonne par la prière. Toutes les bibliothèques et toutes les études ne se comparent pas à cette vie personnelle de prière d’où viennent la croissance et la puissance spirituelles. » Puissance proportionnelle à la faiblesse confessée à genoux!

a. Prier avant la préparation du message🔗

Prier « quand le message est encore sur l’enclume ». Dans la prière, la vérité se fait dans le cœur du prédicateur et sur les besoins du peuple de Dieu. Beaucoup de passages bibliques refusent leurs trésors à qui n’utilise pas la clé de la prière.

« La prière sert de levier pour soulever les vérités de grand poids. » « Les hommes de Dieu les meilleurs ont fait de la prière le cœur de leur préparation pour la prédication. » « La première de toutes les tâches du pasteur consiste invariablement en la préparation de son âme. »

b. Prier pendant la présentation du message🔗

La prédication est un des prolongements de la prière du pasteur pour le troupeau dont il a la charge. C’est le même cœur qui s’exprime, le même amour, le même ton. Celui qui a prié avant une bataille ne peut oublier de le faire encore pendant qu’il se bat.

c. Prier après la prédication🔗

Après avoir prêché, le pasteur est exposé au risque de la satisfaction facile ou du découragement. Il sait aussi que les oiseaux vont piller le champ ensemencé, et les ronces tenter d’étouffer les faibles pousses.

6. Préparer son cœur12 🔗

Nous avons tellement mis l’accent sur la préparation des prédications que nous avons oublié l’essentiel : la préparation du cœur. Et pourtant, il vaut mieux préparer son cœur que ses paroles. En un sens, si le cœur est prêt, le message le sera aussi.

Nous avons habitué les auditeurs à apprécier le talent plus que la grâce, l’éloquence plus que la piété, les belles phrases plus que l’inspiration, la réputation et le savoir-faire plus que la sainteté.

Je ne dis pas pour autant que les prédicateurs étudient trop, bien au contraire. Certains n’étudient pas du tout, d’autres pas assez. Toutefois, c’est la sécheresse des cœurs qui constitue le problème le plus criant.

Évidemment, nous devons réfléchir et faire preuve d’intelligence, mais celui qui attendrit son cœur augmente son intelligence. Les connaissances psychologiques ont leur place, mais celui qui a sondé les profondeurs et les méandres de son propre cœur connaît la nature humaine mieux que personne13.

7. Annexe 1 – La croix et l’humilité de la prédication, de John Piper14 🔗

La croix est la puissance dont Dieu use pour crucifier à la fois l’orgueil du prédicateur et celui de l’assemblée. Dans le Nouveau Testament, la croix n’est pas seulement un endroit passé de substitution objective. Elle est aussi un endroit actuel d’exécution subjective. L’exécution de mon autosuffisance et de mon aventure amoureuse avec les louanges des hommes. « Quant à moi, je ne me glorifierai de rien d’autre que de la croix de notre Seigneur Jésus-Christ, par qui le monde est crucifié pour moi, comme je le suis pour le monde » (Ga 6.14).

Dans les deux premiers chapitres de 1 Corinthiens, Paul fait clairement apparaître l’obstacle majeur qui empêche la prédication de faire son œuvre dans les cœurs : l’orgueil! Dans le premier chapitre, Paul expose son objectif. D’abord négativement : « afin que nulle chair ne se glorifie devant Dieu » (1 Co 1.29); puis positivement : « Que celui qui se glorifie se glorifie dans le Seigneur » (1 Co 1.31).

Les objectifs de Paul pour les chrétiens de Corinthe sont ceux de toute prédication : que Dieu soit glorifié par des cœurs joyeux qui se glorifient en lui. Mais l’orgueil se dresse sur le chemin. Et pour l’abattre, Paul met en avant l’effet que la croix produit sur sa prédication : la glorification de l’homme doit être crucifiée.

Pourquoi l’apôtre voulait-il que les gens voient Christ plutôt que lui-même? « Afin que votre foi ne soit pas fondée sur la sagesse des hommes, mais sur la puissance de Dieu » (2 Co 2.5). Autrement dit, que Dieu (pas le prédicateur!) soit honoré parce que son peuple se confie en lui. Voilà le but de la prédication! La croix exalte la gloire de Dieu dans la prédication et abaisse l’orgueil de l’homme dans le prédicateur. Elle est le fondement de notre doctrine. Elle est le fondement de notre comportement.

8. Annexe 2 – Caractères et qualités d’un bon prédicateur selon Martin Luther15 🔗

Voici les qualités et caractères que doit avoir un bon prédicateur. Premièrement, être capable d’enseigner les gens avec une belle rigueur et une belle méthode. Deuxièmement, avoir la tête bien faite. Troisièmement, être éloquent. Quatrièmement, avoir une bonne voix. Cinquièmement, une bonne mémoire. Sixièmement, savoir s’arrêter. Septièmement, être sûr de son fait et y mettre tout son zèle. Huitièmement, risquer sa santé et sa vie, son bien et son honneur. Neuvièmement, se laisser tourmenter et tourner en ridicule par n’importe qui.

Notes

1. Je renvoie au livre de Charles Spurgeon, Je vous ferai pêcheurs d’hommes. Une sélection des « Causeries à mes étudiants ». Europresse, 2002.

2. Voir dans l’annexe 1 La croix et l’humilité de la prédication, de John Piper.

3. C’est aussi le sens de l’expression : « Ne pas faire acception de personnes » (Jc 2.1-4). Elle ne signifie pas qu’il ne faudrait pas faire des différences entre les personnes; elle signifie qu’il ne faut pas le faire pour des motifs personnels.

4. Cette prise de conscience devrait nous mettre en garde contre le fait d’émailler à l’excès nos sermons d’expressions comme : « Je crois que cela veut dire… » ou, à l’inverse, « Dieu dit! » Rappelons-nous qu’aucun serviteur de Dieu, y compris le plus fidèle et le plus rigoureux, ne peut jamais prétendre à quelque infaillibilité que ce soit.

5. La douceur peut être la marque d’une grande autorité (voir Mt 11.29-30; 2 Tm 2.24-26).

6. Je renvoie au livre du pasteur Stuart Olyott, Prêcher comme Jésus. Europresse, 2003.

7. Quand le prédicateur s’adresse à l’assemblée, il est souhaitable qu’il parle en « je » ou en « nous » quelques fois (voir És 6.5; 1 Tm 1.15).

8. Sans pour autant pécher avec eux (voir le Ps 1).

9. L’écoute, l’obéissance, la marche.

10. Voir le livre de Ch. Spurgeon susmentionné.

11. Ch. Spurgeon.

12. Je renvoie au livre d’E. M. Bounds, Splendeur dans le secret. Éd. Zone d’impact, Québec, 2010. Ce livre reproduit notamment l’ouvrage Puissance par la prière, du même auteur. Éditeur inconnu. 1985.

13. Voir dans l’annexe 2 Les caractères et qualités d’un bon prédicateur, selon Martin Luther.

14. John Piper, Replacer Dieu au cœur de la prédication. BLF, 2012.

15. Martin Luther, Propos de table, chapitre 18.