Cet article sur les questions d'introduction au livre de l'Ecclésiaste traite de son genre littéraire, de son thème, de son but et de son message à propos de la vanité et du sens de la vie.

Source: Introduction à l'Ancien Testament. 7 pages.

Introduction au livre de l'Ecclésiaste

  1. Généralités
  2. Genre littéraire
  3. Thème et but
  4. Message

1. Généralités🔗

C’est un livre bien étrange que celui de l’Ecclésiaste! Surprenant par sa construction parsemée d’aphorismes souvent obscurs, et écrit dans un style où la maxime dominante revient sans cesse tel un puissant et frappant leitmotiv : « Vanité des vanités, tout est vanité! » Il y a de quoi dérouter l’intelligence du lecteur le mieux disposé à saisir son message.

Voltaire estimait trouver dans les pages de ce livre la confirmation de sa propre philosophie sceptique. L’auteur allemand Hartmann, lui, le tenait pour un écrit plein de contradictions, d’enseignement matérialiste, et montrant même une propension vers la licence des mœurs! Même ceux qui admettent son inspiration divine y trouvent des références qui les embarrassent et les laissent perplexes, au lieu d’orienter leur regard vers une piété qui se laisse guider par la foi. Pourtant, en dépit des nombreuses difficultés que soulève sa lecture, ce petit livre de la sagesse de l’ancien Israël n’a pas cessé d’exercer au cours des âges une fascination puissante, et ce jusque sur les esprits des non-croyants.

2. Genre littéraire🔗

Nous proposons la clé suivante pour la lecture de ce discours pouvant nous permettre d’en ouvrir les secrets et d’en saisir le sens. Nous devons comprendre, au préalable, à quel genre littéraire il appartient. À mon avis, l’Ecclésiaste est un sermon. Le Prédicateur Qohéleth a un message à l’adresse des hommes et il cherche à le leur faire entendre. Comme dans chaque sermon, un point unique y sera développé et exposé. Tout prédicateur sait, dès le début de son message, ce qu’il se propose de transmettre et comment il va attirer l’attention de son auditoire, et surtout le gagner à la foi en Dieu. Telle est aussi la manière dont procède notre auteur et la clé qu’il emploie pour parvenir à son but.

Son problème est identique à tous les âges. Savoir comment éveiller l’intérêt! Car autrement, les meilleurs sermons tomberaient dans des oreilles sourdes et ne serviraient qu’à un exercice de souffle inutile. Or, pour capter l’attention, l’Ecclésiaste commence d’une manière surprenante, si ce n’est choquante! Il considère l’existence humaine sous un angle bien particulier. D’ordinaire, les conformistes, et parfois même des croyants, ne tiennent compte de la vie et du monde qu’avec des lunettes conventionnelles prétendument claires et capables d’offrir une vue sûre des choses. Mais c’est là une attitude qui n’exige aucun effort de la pensée et qui ne tolère aucune inquiétude du cœur. Mais un profond penseur comme l’Ecclésiaste va à l’encontre des habitudes de penser conventionnelles. Il ouvre, lui, des horizons nouveaux, jusque là insoupçonnés, pour permettre l’accès à un savoir nouveau et surtout réaliste, même si à l’occasion il était dérangeant pour les habitudes prises par ceux qui, bien calfeutrés dans leurs sièges, mènent la vie de ceux qu’on appelle avec raison des imbéciles heureux.

3. Thème et but🔗

L’Ecclésiaste introduira son livre par l’aphorisme qui est devenu familier à tous les esprits et qui ne cesse pourtant de nous choquer quand même. D’autant plus choquant venant de la part d’un prédicateur et non d’un esprit sceptique ou agnostique, et encore moins de la part d’un auteur cynique. Nous saisirons la valeur pratique de ces aphorismes en nous rappelant qu’ils ont été prononcés à partir d’un point de vue inhabituel et pour une raison religieuse spécifique. Le malheur est que les gens à qui il s’adresse refusent de penser par eux-mêmes, aussi doivent-ils être aidés et même contraints par un maître qualifié comme lui.

L’homme sans Dieu et sans foi vit dans le paradis artificiel des insensés. Il sert et il vénère le dieu du plaisir sensuel. Il croit se barricader dans une forteresse imprenable contre l’idée d’un jugement final et celle de la mort; contre la moindre allusion faite à Dieu. Il séjourne dans un univers utopique. Il évolue autour de bulles multicolores qui, pour un bref instant seulement, l’amuseront. Il passe des heures à rêver d’un bonheur futur; il s’imagine que bientôt il saisira fermement la réussite entre ses mains, et il nourrit sans désemparer les plus folles ambitions. Mais les bulles multicolores crèvent immanquablement, laissant leur manipulateur désenchanté et plein d’amertume.

L’expérience est commune à tous. L’homme boulimique de vie et vorace de sensualité oublie que les sentiers de la gloire qu’il poursuit avec tant d’énergie et de détermination conduisent inévitablement vers le terme appelé tombe! Le Prédicateur Qohéleth cherche à crever cette bulle; il prévient son auditeur qui, tel un papillon, tourne autour de la lumière qui l’attire et qui en même temps le brûle. Il rappelle les réalités désagréables et souvent cruelles de l’univers humain : « Après la mort vient le jugement », déclare ailleurs la Bible chrétienne (Hé 9.27).

« Vanité des vanités. » L’expression est un hébraïsme qui signifie que tout est une gigantesque consommation de temps. Tel est le verdict de l’un des hommes les plus sages de l’Ancien Testament, une sentence dévastatrice qui devrait crever toutes nos illusions. Nous nous interrogeons presque abasourdis : Comment se fait-il qu’un croyant, même de l’Ancien Testament, se permette d’énoncer un tel avis? L’existence serait-elle donc totalement absurde? N’y aurait-il aucun dessein pour le monde? Nulle providence ne régirait les événements dont il est le théâtre?

À première vue, on peut dire au sujet de l’Ecclésiaste qu’il joue sur toutes les notes et les fait vibrer puissamment, surtout celle de la sécularisation outrancière de la vie. Ses observations percutantes sur le comportement des humains et la critique radicale et sans ménagement qu’il porte sur eux n’épargnent personne et, de fait, ne devraient laisser personne indifférent. Une lecture hâtive et superficielle de ce livre de la sagesse d’Israël conduirait le lecteur à la conclusion que la foi et les convictions propres aux prophètes d’autrefois y ont fait défaut.

Tâchons de nous mettre à la place d’un tel lecteur; nous conclurons que l’auteur est un prisonnier des lois inexorables de la nature et qu’il s’y sent entièrement livré, sans pouvoir réagir; qu’à l’inverse de ses prédécesseurs les prophètes, il n’est pas en mesure de dominer les circonstances. Même le plaisir des sens semble y avoir un goût amer de cendre. Dieu et l’homme semblent brouillés au point d’une séparation irrémédiable. Dieu est au ciel et l’homme sur terre. Quelle distance infranchissable! Désenchanté, mais point désespéré, l’Ecclésiaste se serait résigné à rester un homme de bon sens, mais incapable de résoudre les problèmes complexes de l’existence. Impuissant, il observerait le chaos universel, sans toutefois batailler dans la nuit comme l’avaient fait Job ou Jacob, ses ancêtres. On croirait plutôt entendre à la lecture de ses sentences l’appel sincère et désabusé d’un homme qui a touché le fond de l’abîme.

« Certes, l’Ecclésiaste peut, à première vue, être considéré comme un incorrigible douteur. C’est avec une grande acuité d’esprit que, faisant fi de tout a priori, il s’est efforcé de considérer objectivement les réalités de ce monde, qu’il a soupesé toutes les contradictions auxquelles se heurtent les hommes. Mais il n’en conclut pas pour cela que le monde est un jouet du hasard et que la confiance en Dieu est une duperie; au contraire, avec une confiance inébranlable, il confesse qu’il croit en Dieu, à un Dieu personnel, moral, universel, dont la volonté nous conduit et dont la grandeur nous dépasse.1 »

L’auteur de l’Ecclésiaste ne veut pas nous ressasser à la manière des existentialistes athées modernes, selon lesquels l’existence de l’homme sur terre est une absurdité totale; elle l’est, certes, lorsqu’elle est menée en dehors des sphères où Dieu règne. La suprême folie des humains réside dans leur résolution coupable de ne pas tenir compte de Dieu. Et si c’était le cas, à la manière de Shakespeare, l’auteur britannique, on devrait dire que la vie est une histoire absurde racontée dans une maison de fous. À supposer que Dieu n’est pas, qu’il n’existe aucune loi suprême, nulle perspective d’un jugement final, pas de certitude quant à une survie dans l’au-delà, ni d’enfer ni de ciel, ni diable ni bon Dieu, alors, en effet, l’existence humaine sur la planète terre n’est qu’une tragédie des plus énigmatiques et, dans ce cas, le plus tôt nous baisserons le rideau, le mieux vaudra pour nous.

Au fond, qu’affirme-t-il exactement l’Ecclésiaste? Eh bien, que les hommes sont incapables de trouver un sens à tout ce qui existe. Quand ils ne savent pas expliquer, ils s’en tirent en soupirant « c’est la destinée », mais en réalité nous ne savons rien de notre destinée, ni d’où nous venons, ni où nous allons, ni pourquoi nous sommes sur la terre. Ainsi, en répétant les paroles de l’Ecclésiaste, nous sommes souvent amers et découragés.

Mais qui est-il? Le titre de l’écrit qu’il signe le désigne en hébreu « Qohéleth » et en grec « Ecclésiastes », que l’on traduit couramment par « le Prédicateur ». Prédicateur, il s’adresse à une assemblée; mais celle-ci se trouve hors de l’enceinte d’un sanctuaire. La sagesse qu’il annonce est clairement intelligible. Mais il en existe encore une autre, cachée et réservée à ceux qui sont du cercle intérieur, c’est-à-dire réservée à ceux qui ont conservé la foi.

4. Message🔗

Que dit-il à ses auditeurs? Nul doute, en dépit des apparences contraires, qu’il croit fermement en Dieu. La vie, il l’observe, je pense, avec les lunettes de l’homme régénéré. Mais l’auditoire à qui il s’adresse, lui, n’est pas composé de croyants. Aucun athée ne s’approcherait de Dieu à moins que sa philosophie de la vie ne soit remise en question de fond en comble. Il faut donc briser ses lunettes d’illusion jusqu’à ce qu’il s’écrie : « Que dois-je faire pour être sauvé? »

La plupart des prédicateurs, anciens ou modernes, ont fait l’expérience pénible que, même avec le message le plus pertinent, le plus correct, ils n’ont pas été entendus. Qui répond à des questions que nul ne pose ou ne se pose? La part la plus difficile de la tâche d’un ministre de la Parole consistera à acculer les auditeurs à se poser les vraies questions. Mais si personne ne s’intéresse à la réponse, à quoi bon prêcher? C’est ici que se révèle le génie du Qohéleth. La manière inhabituelle dont débute son sermon réussit à remettre en place son audience sécularisée. Cette dernière devait sans doute s’attendre à un type de sermon différent, sans doute à une dose supplémentaire de morale conventionnelle. Contrairement à une telle attente, le Prédicateur refuse de se laisser embrigader dans les mailles de questions intéressantes, celles que les modernes qualifient d’existentielles. Il crée plutôt un étonnement général, voire la stupéfaction, en montrant à quelle impasse aboutit une mentalité matérialiste et bornée, c’est-à-dire au désespoir et au nihilisme.

Son livre est un ouvrage d’apologétique, de défense de la foi, une illustration de la foi au Dieu vrai et unique. Ajoutons que son intention est également polémique. Son apparente mondanité a une visée précise. Il harangue des gens dont l’horizon est excessivement limité. Il tient à les rencontrer sur leur propre terrain pour les confondre d’abord, mais essentiellement dans l’intention de les convaincre et de les gagner à sa foi.

S’il m’est permis de transposer les rôles d’un conte ancien bien familier, je comparerai l’auteur de notre livre à l’empereur qui promène son regard autour de lui, sur ceux qui sont massés en foule, et s’écrie : « La foule est nue! » « Vanité des vanités donc, tout est vanité sous le soleil », répète-t-il.

Cette expression « sous le soleil » désigne simplement le monde des humains, le « siècle présent », dont il sera question sur les pages du Nouveau Testament avec plus de rigueur encore.

Que veut dire le terme « sécularisation » dont nous nous sommes également servis? Tout simplement que les hommes, ses contemporains, ayant coupé court avec la dimension verticale de leur existence et renonçant pratiquement à admettre l’intervention divine au cours de l’histoire, montrent un esprit de mondanité intégrale. Peut-être continuent-ils, ou bien font-ils semblant, de croire en un Dieu, sans pourtant tenir compte que c’est bien lui qui, du ciel, tient véritablement la barre du monde. Peut-être ont-ils pris l’habitude d’user et d’abuser de leur religion, ignorant que la transcendance divine n’est pas un vain mot.

La sécularisation et l’utopie qu’elle engendre ne tiennent pas compte des deux réalités fondamentales et contingentes — et l’Ecclésiaste le rappelle à ceux qui, de son temps comme de nos jours, persistent à fermer les yeux devant les évidences —, je veux parler du mal et de la mort, la mort comme salaire du mal. Quant à notre auteur, il a les yeux grand ouverts sur la vanité et sur la corruption universelle. Quel sens l’homme « mondain » trouverait-il à sa vie s’il venait à nier ces deux faits irréfutables qu’il connaîtra par expérience? Quelle satisfaction durable s’attend-il à tirer de l’existence sous le soleil, même s’il oublie, ne serait-ce qu’un instant, que le mal est omniprésent et la mort omnivore, à l’affût des vivants à chaque coin du monde et à chaque instant?

Ne taxons pas trop vite l’Ecclésiaste de sinistre prophète de l’absurde, de messager résigné et impotent, de nihiliste. Son refrain mélancolique n’est pas le verdict qu’il prononce sur la vie en général, mais plutôt le jugement inspiré qu’il porte sur la conduite de l’homme et sur son effort dérisoire de traiter le monde comme s’il en était le possesseur incontesté, comme s’il n’existait rien d’autre que le monde illimité, mais irréel de ses rêves. Loin de Dieu, l’existence est d’une morne monotonie. Laissez Dieu en dehors de votre cercle d’intimes et vous vous ennuierez jour et nuit, à moins que vous ne vous dopiez ou que vous ne vous livriez à vos phantasmes créant un univers aussi irréel que déplorable.

L’Ecclésiaste ne se borne pas à ironiser sur le comportement humain. Il s’attaque au paradis des insensés. Que l’homme détruise donc les mirages après lesquels il court et il rencontrera son bonheur; qu’il renonce à sa prétention d’être sage en dénigrant l’œuvre divine, qu’il s’acharne à démolir de ses deux mains. Qu’il vive par la foi; il lui faut une grande dose d’humilité à ce cher homme, lorsqu’il se trouve confronté à Dieu, confronté au souverain transcendant, placé sous la main de la providence suprême. Qu’il ouvre sans tarder les yeux, et il verra certainement le Dieu de l’univers, être personnel, le plus immédiat de tous les proches qu’il puisse rencontrer et reconnaître.

Tel est le contenu du message de ce prédicateur hors du commun. Il est plein d’actualité, certes, mais il ne suffirait pas de nous laisser fasciner par son langage. Rappelons-nous que ces pages n’ont pas été écrites avec une plume trempée dans un noir pessimisme : elles sont principalement parole divine, son message à lui, comme chacune des pages qui composent toute la Bible chrétienne. Nous convenons, certes, que l’Ecclésiaste ne nous fait pas parvenir la Bonne Nouvelle, ainsi que le fera plus tard l’Évangile du Christ. Pourtant, quel diagnostic profond et incisif de la vie sociale, du comportement individuel, du cours des événements, des valeurs reconnues ou contestées et de tous les néants, diagnostic valable pour notre modernité dite post-chrétienne autant que pour les siècles qui précédèrent l’avènement du Christ.

À notre tour, nous vivons ce qu’il convient d’appeler le tourbillon de la sécularisation, plus dévastateur que tant d’autres fléaux modernes, car il est de nature éminemment spirituelle, fléau religieux au sens premier et plein du terme, condition fondamentale qui l’emporte, par ses dimensions tragiques, sur les situations les plus malheureuses, mais d’envergure uniquement horizontale, unidimensionnelle, qu’elles soient économiques, politiques, psychologiques ou culturelles. Bien entendu, l’Évangile chrétien persiste encore à exercer dans nombre de secteurs de la vie sociale des effets bénéfiques, mais nous n’ignorons pas à quel point notre société occidentale n’avait jamais été aussi horizontalisée, si je puis m’exprimer de la sorte, qu’à l’heure actuelle.

Les Églises chrétiennes elles-mêmes n’ont pas échappé à l’emprise de l’esprit des temps et ont attrapé le même virus; elles se sont accrochées aux mentalités modernes, heureuses même de suivre la pente, de nager dans le sens du courant, dans le sens de l’histoire comme l’on dit, au lieu de se laisser transformer par l’Esprit divin, le suprême Régénérateur.

Aux hommes de l’extérieur, mais aussi à ceux de l’intérieur de la foi, l’Ecclésiaste rappelle d’anciennes et solides vérités. Dieu tient la barre. Ne l’oubliez pas, gens de courte mémoire, de peu de foi, de mauvaise foi.

Les discours philosophiques sur l’absurdité du monde, les abstractions théoriques des moralisateurs contemporains, voilà encore la vanité des vanités en rapport avec le discours direct et poignant que nous transmet le livre de l’Ecclésiaste. Des constatations, l’expérience conduit les auditeurs vers la seule conclusion qui s’impose. « Il faut craindre Dieu », c’est-à-dire croire en lui. Dieu nous attire pour nous reprocher notre incrédulité, mais également pour nous presser sur son sein paternel et nous redonner souffle et vie.

Les questions de l’Ecclésiaste ressemblent beaucoup aux questions que se posent nos contemporains, mais pour y répondre, nous savons, nous, quelque chose que l’Ecclésiaste ne savait pas encore, qu’il ne pouvait pas savoir. C’est que Dieu lui-même n’est pas resté lointain, au-delà du soleil. Il est descendu de là-haut. Il s’est engagé personnellement; il s’est chargé des peines et des tourments des hommes; il les a supportés lui-même. Dieu ne s’est pas jugé indigne de s’abaisser jusqu’à nous. Quelle réponse extraordinaire Dieu a apportée aux questions de l’Ecclésiaste!

Ainsi, on n’a pas choisi de naître, certes, mais pour le chrétien tous les actes prennent une valeur parce qu’on n’agit pas simplement pour son propre plaisir, mais pour faire la volonté d’un Maître bien-aimé. Les épreuves elles-mêmes, maladies, deuils, pauvreté, etc., le chrétien sait que Dieu les fait tourner à son profit et que tout passage difficile le conduit plus haut. Quelle joie de savoir que nous ne mettons pas des enfants au monde pour qu’ils peinent et souffrent, mais pour qu’ils vivent dans ce monde merveilleux sous le regard de Dieu, dans la joie de ceux qui sont libérés du poids du péché, dans la joie profonde et toujours renouvelée de l’amour.

On n’emporte pas ses biens dans la tombe? Qu’importe! Avec le Christ, en qui sont cachés tous les trésors de la divinité, nous recevrons infiniment plus que nous aurons laissé derrière nous. On n’est jamais récompensé du bien qu’on fait? Mais quel est le chrétien qui fait le bien pour être récompensé?

Si le Christ, le Fils de Dieu, notre plénitude, a modifié la signification des paroles de l’Ecclésiaste, est-il bien nécessaire de conserver encore ce livre dans notre Bible? Ce qu’il dit, « vanité des vanités », reste absolument vrai pour celui qui ne s’attache pas à lui. Ce que l’on fait sans lui n’aboutit qu’au vide que l’Ecclésiaste décrit. Quand on veut se passer de Jésus-Christ, l’Ecclésiaste n’a que trop raison. « Il n’y a rien de nouveau sous le soleil », dit l’Ecclésiaste. Mais écoute, mon ami, ce que Dieu nous dit : « Voici je fais toutes choses nouvelles » (Ap 21.5). Il n’a pas clamé comme d’autres prophètes le « Ainsi parle le Seigneur ». Mais, à sa manière, il a préparé l’avenir. Il l’a annoncé discrètement. Le mieux qu’il lui reste à faire, c’est de consoler les découragés, les opprimés, ceux qui ont soif de vie et de changement. Il ne nous laisse pas devant un trou béant, en présence d’un silence mortel. Il nous oriente vers celui qui vient, le Christ, Plénitude et Parole de vie, Sagesse divine, Rédemption. Il nous rappelle la vie dans l’espérance, sinon la nôtre sera vanité. En Christ, Fils de Dieu, nous possédons l’espérance comme l’ancre même de nos âmes.

Note

1. Walter Lüthi, commentaire, p. 7.