Cet article sur la question 39 du Catéchisme de Heidelberg a pour sujet la crucifixion et la mort de Jésus sur la croix. Il s'est chargé de la malédiction qui pesait sur nous à cause de nos péchés et nous donne maintenant la paix avec Dieu.

Source: Certitude et réconfort. 5 pages.

Jésus a été crucifié

Y a-t-il quelque chose de plus dans le fait qu’il a été crucifié que s’il était mort autrement?

Oui, car par là je suis assuré qu’il s’est chargé de la malédiction qui pesait sur moi, puisque la mort sur la croix était maudite de Dieu1.

1. Dt 21.22-23; Ga 3.13-14.

Catéchisme de Heidelberg, Q&R 39

  1. Il s’est chargé
  2. De la malédiction
  3. Qui pesait sur moi

Nous savons que nous allons tous mourir, à moins que le Seigneur Jésus ne revienne avant notre mort. Nous ne savons toutefois pas de quelle manière nous allons mourir. Perdrons-nous la vie dans un accident? Décéderons-nous à la suite d’une longue maladie? Souffrirons-nous ou non? Le résultat final sera évidemment le même, mais la manière dont nous mourrons fait quand même une différence. Heureusement, nous n’avons pas la liberté de choisir notre mort. D’ailleurs, je ne sais pas si nous serions capables de choisir… Nos vies sont entre les mains du Seigneur et c’est lui, dans sa sagesse, qui détermine quand et comment nous allons mourir. De notre côté, lorsque nous sommes unis au Christ par la foi, nous pouvons être assurés de l’issue de notre mort : nous vivrons avec Jésus-Christ, nous serons dans la joie sans faille avec lui, en attendant le grand jour de la résurrection.

Jésus n’est pas mort n’importe comment. La façon dont il devait mourir était très importante. Il n’est pas mort empoisonné, décapité, au fil de l’épée, par noyade ou d’une maladie. Il est mort sur une croix. Voilà une façon bien particulière de mourir!

Jésus a souffert toute sa vie parce qu’il devait porter la colère de Dieu contre nos péchés. Il a souffert sous Ponce Pilate; c’était la nature légale, officielle de ses souffrances. Il a été condamné par un juge humain pour que nous soyons libérés du sévère jugement de Dieu. Ses souffrances ne se sont pas arrêtées là. Non seulement a-t-il été condamné, il a même été exécuté par crucifixion. Cela devait faire partie de ses douloureuses étapes d’humiliation que nous examinons l’une après l’autre. Pourquoi devait-il mourir crucifié? Pourquoi était-ce important?

Certains disent que Jésus a été crucifié simplement parce que c’était la façon d’exécuter les criminels condamnés à l’époque des Romains. Oui, c’est vrai, mais cela n’est pas arrivé « par hasard ». La raison profonde de sa crucifixion est que le Dieu souverain l’a voulu ainsi. C’est lui qui a déterminé, dans son mystérieux plan rédempteur, que son Fils devait mourir sur une croix, non seulement à cause de l’intensité des souffrances physiques qu’il a dû endurer, mais aussi à cause de leur signification. Oui, la mort par crucifixion cause des souffrances physiques absolument atroces, mais la signification de ces souffrances est également atroce.

« Y a-t-il quelque chose de plus dans le fait qu’il a été crucifié que s’il était mort autrement? Oui, car par là je suis assuré qu’il s’est chargé de la malédiction qui pesait sur moi, puisque la mort sur la croix était maudite de Dieu » (Q&R 39).

Nous retiendrons trois éléments de cette phrase de notre Catéchisme : (1) « il s’est chargé », (2) « de la malédiction », (3) « qui pesait sur moi ».

1. Il s’est chargé🔗

En Deutéronome 27, nous lisons qu’en entrant dans la terre promise, Israël devait se tenir sur deux montagnes, les monts Ébal et Garizim, pour y entendre respectivement les malédictions et les bénédictions. Il y a toujours deux volets dans l’alliance — l’obéissance ou la désobéissance, la bénédiction ou la malédiction. Les sacrificateurs devaient lire la loi de Dieu à voix forte et proclamer : « Maudit soit celui qui n’accomplit pas les paroles de cette loi pour les mettre en pratique » (Dt 27.26). Tout le peuple devait alors répondre : « Amen ». Autrement dit, il fallait que l’alliance soit acceptée. Quand Dieu a établi son alliance avec son peuple, il l’a fait de manière unilatérale, sans demander l’avis de son peuple, mais le peuple devait ensuite répondre.

Il en est toujours ainsi aujourd’hui. Dans l’alliance, nous devons répondre à Dieu et notre réponse doit être claire et publique, pour qu’il n’y ait aucune ambiguïté. Ainsi, quand la malédiction s’abat, personne ne peut dire : « Ce n’était pas clair, j’avais mal compris le contrat, il y avait des phrases difficiles à comprendre, écrites en tout petits caractères dans le bas de la page. » Non, tout le peuple doit entendre les paroles de l’alliance et doit répondre « Amen ». Le peuple accepte les bénédictions et les malédictions prévues dans l’alliance. Autrement dit : « Nous sommes d’accord. Que nous soyons maudits si nous n’obéissons pas aux commandements du Seigneur. » Dans l’alliance, Dieu ne nous cache rien. Nous ne pouvons pas dire plus tard : « Seigneur, tu nous as forcés, je n’avais pas prévu que les événements tourneraient de cette façon, tu n’agis pas de manière correcte envers nous. » Non, son jugement est parfaitement juste. Dans son alliance, le péché mérite la mort. « Oui, amen, nous sommes d’accord. »

Israël avait accepté la sanction. Jésus aussi a accepté la sanction. Son Père lui a demandé : « Sais-tu ce que tu devras porter? » Jésus a répondu : « Oui, je sais que je devrai me rendre jusqu’à la croix pour porter toutes les conséquences de cette malédiction. Je suis tout à fait d’accord. » Le Fils du Dieu très-haut a tout accepté librement. De quoi s’est-il chargé? De la malédiction.

2. De la malédiction🔗

Le supplice de la crucifixion ne se retrouve pas seulement dans l’Empire romain. Dans l’Ancien Testament, Dieu demandait que les criminels soient lapidés à mort et que leur corps soit ensuite suspendu à une croix en dehors de la ville. C’était un symbole signifiant que le criminel était un trop grand pécheur pour pouvoir vivre sur terre. Il était excommunié, exclu de la communauté des hommes. Le fait de le pendre au bois signifiait également qu’il était livré à Dieu pour que Dieu le punisse encore davantage. Il était abandonné à la malédiction de Dieu.

Nous lisons en Deutéronome 21.23 que « celui qui est pendu est un objet de malédiction auprès de Dieu ». Non seulement était-il puni par les hommes et par la justice humaine, mais il était également maudit par Dieu. L’apôtre Paul nous le confirme.

« Tous ceux en effet qui dépendent des œuvres de la loi sont sous la malédiction, car il est écrit : Maudit soit quiconque n’observe pas tout ce qui est écrit dans le livre de la loi, pour le mettre en pratique. […] Christ nous a rachetés de la malédiction de la loi, étant devenu malédiction pour nous — car il est écrit : “Maudit soit quiconque est pendu au bois” » (Ga 3.13).

Ces textes nous enseignent que la mort par crucifixion ne porte pas seulement la marque des hommes, mais aussi la malédiction de Dieu.

Depuis les temps anciens, la mort par crucifixion était vue comme la mort la plus terrible, la plus humiliante. C’est pourquoi les Romains crucifiaient seulement les traîtres et les pires criminels. Dieu, dans sa providence, a veillé à ce que ce soient les Romains qui gouvernent la Palestine durant la vie de Jésus sur terre, afin que le Fils de Dieu meure sur une croix. Pourquoi Dieu a-t-il voulu que son Fils meure ainsi plutôt que dans un accident ou par lapidation? C’est parce que le Christ devait être maudit, il devait subir la pire malédiction possible sur terre.

Que signifie « maudit »? Cela signifie rejeté par Dieu, excommunié de la présence du Père au ciel, enfermé dans sa plus terrible colère. Un homme qui devait souffrir la mort par crucifixion était reconnu comme étant séparé de la terre et séparé du ciel. Il n’était pas digne de vivre sur terre et il n’était pas digne non plus d’entrer au ciel. Il n’y avait plus aucun espoir pour lui. Son seul avenir se trouvait en enfer. C’est une telle mort que Jésus a subie!

Aux yeux de Dieu, Jésus a été fait péché. « Celui qui n’a p as connu le péché, il l’a fait devenir péché pour nous, afin que nous devenions en lui justice de Dieu » (2 Co 5.21). Il s’est identifié au pire criminel qui soit, ne méritant ni de vivre sur terre ni d’entrer au ciel, mais méritant la colère de Dieu sous forme des souffrances les plus intenses qui soient, à la fois dans son corps et dans son âme. Jésus a souffert sur la croix comme personne d’autre. Il n’a pas seulement subi des souffrances physiques épouvantables, mais le rejet et la malédiction de Dieu. Son Père est même allé jusqu’à éteindre la lumière du soleil. Jésus était enveloppé d’une obscurité complète, seul à souffrir la colère de Dieu contre notre péché, à souffrir la condamnation que nous méritions!

3. Qui pesait sur moi🔗

La crucifixion de Jésus est un événement historique qui nous concerne personnellement au plus haut point! « Il s’est chargé de la malédiction qui pesait sur moi » (Q&R 39). La croix de Jésus est quelque chose de très humiliant pour nous. Elle nous montre ce que Dieu pense de nous! Je mérite de mourir, car j’ai péché contre Dieu. J’aurais même dû mourir une mort lente et prolongée, remplie de souffrances atroces, aussi intenses que celles que le Seigneur Jésus a endurées à cause de mes péchés. C’est moi qui aurais dû être crucifié, suspendu sur cette croix maudite, rejeté par les hommes et maudit par Dieu. Je ne mérite aucunement de vivre sur terre ni d’entrer au ciel. Il n’y a pas de place pour moi nulle part, sauf en enfer. C’est là que je mériterais d’aller. La croix m’empêche de croire que je ne suis pas si pire, après tout, et que Dieu est content de moi à cause de mes prétendues bonnes œuvres. Non, la croix me montre comment Dieu me voit.

« Il était transpercé à cause de nos crimes, écrasé à cause de nos fautes. Le châtiment qui nous donne la paix est tombé sur lui, et c’est par ses meurtrissures que nous sommes guéries. Nous étions tous errants comme des brebis, chacun suivait sa propre voie; et l’Éternel a fait retomber sur lui la faute de nous tous » (És 53.5-6).

Et là, sur la croix, Jésus a porté la colère de Dieu contre mes péchés! Il a fait tout cela par amour pour nous, pour son peuple! « Il s’est chargé de la malédiction qui pesait sur moi » (Q&R 39). Le verbe peser est à l’imparfait. C’est passé! Cela veut dire qu’elle ne pèse plus sur moi! Je méritais pleinement cette malédiction et j’en suis libéré! Au lieu de me frapper de sa malédiction, il déverse sur moi ses bénédictions! Ces bénédictions avaient autrefois été annoncées à Abraham, le père des croyants, qui avait reçu la promesse qu’elles s’étendraient aux nations.

« Aussi l’Écriture, prévoyant que Dieu justifierait les païens par la foi, a d’avance annoncé cette bonne nouvelle à Abraham : Toutes les nations seront bénies en toi; de sorte que ceux qui ont la foi sont bénis avec Abraham le croyant » (Ga 3.8-9).

Pour ceux qui croient en Jésus-Christ, il n’y a plus de malédiction, ni durant cette vie ni dans la vie à venir. Nous n’avons plus à craindre sa malédiction, même à l’heure de notre mort et même au grand jour du jugement dernier. Sa colère est changée en grâce. « Le châtiment qui nous donne la paix est tombé sur lui » (És 53.5).

« Christ nous a rachetés de la malédiction de la loi […] afin que, pour les païens, la bénédiction d’Abraham se trouve en Jésus-Christ et que, par la foi, nous recevions la promesse de l’Esprit » (Ga 3.13-14).

Au lieu de la mort, c’est la vie. Au lieu d’être maudits, nous sommes bénis! Quelle richesse!

Cette richesse n’est pas pour tout le monde. Le Christ n’a pas payé pour les péchés de tous les gens sur terre, mais seulement pour les péchés de ceux qui croient en lui. « Je donne ma vie pour mes brebis », a dit le bon Berger (Jn 10.15). Il connaît intimement chacune de ses brebis, il donne la vie éternelle et aucune puissance ne pourra les arracher de sa main (Jn 10.14,27-28). Nous devons nous poser la question : Est-ce que je crois que l’œuvre de Jésus accomplie sur la croix est pour moi personnellement? Est-ce que je réponds « oui » à l’appel de Dieu? Un oui clair, public, sans ambiguïté? Béni soit celui qui a Jésus-Christ pour seul refuge et unique assurance dans la vie comme dans la mort! Oui, amen, je suis d’accord!