Cet article sur Jacques 1.9-12 a pour sujet les pauvres et ceux de condition humble qui doivent se glorifier de leur élévation en Jésus-Christ, et les riches qui ne doivent pas se fier à leurs richesses, mais se glorifier de leur humiliation.

Source: Grandir en maturité - Méditations sur l'épître de Jacques. 4 pages.

Jacques 1 - Pauvres et riches

« Que le frère de condition humble se glorifie de son élévation. Que le riche au contraire se glorifie de son humiliation; car il passera comme la fleur de l’herbe. Le soleil s’est levé avec sa chaleur ardente; il a desséché l’herbe, sa fleur est tombée, et la beauté de son aspect a disparu. Ainsi le riche se flétrira dans ses entreprises. Heureux l’homme qui endure la tentation; car après avoir été mis à l’épreuve, il recevra la couronne de vie, que le Seigneur a promise à ceux qui l’aiment. »

Jacques 1.9-12

Depuis la mort de Jésus sur la croix, un jour nouveau s’est levé sur le monde entier. Ce n’est pas que le monde ait cessé d’être un monde désobéissant qui se passe de Dieu, et à cause de cela, un monde destiné à se flétrir et à passer, comme Jacques le dit ici. Il faudra même dire que c’est précisément la croix du Christ qui nous révèle l’état de perdition du monde et sa condamnation à mort. C’est à Golgotha que nous est apparu combien terrifiantes sont les profondeurs du monde, combien impénétrables ses ténèbres. Malgré tout, le monde est autre. De la croix vient pour tous ceux qui sont tristes, pour tous ceux qui sont abattus, ce message : vous n’êtes pas abandonnés. Jésus aussi a été abattu et a connu la tristesse. C’est pourquoi du sein même de la détresse et de la tristesse surgissent une espérance et une nouvelle perspective.

Ne nous faisons pourtant aucune illusion, comme si la situation du monde n’était pas si grave! Car justement la Bible nous dit : la situation est plus grave que vous ne pouvez le voir ou le penser. Mais nous voyons Jésus saisi par le destin incompréhensible des hommes, accablé par le péché, opprimé par les puissances de ce monde, condamné à mort, descendant aux enfers… Mais c’est à cause de cela qu’une lumière brille dans la nuit. La présence du Père se manifeste jusque dans les enfers. Voilà pourquoi la liberté nous est offerte de nous renouveler et de recommencer, grâce à Jésus-Christ et au milieu des angoisses de ce monde, une vie nouvelle.

Tel est ce jour nouveau qui s’est levé depuis la mort de Jésus sur la croix. C’est le message de joie qui s’adresse à tous les affligés, à tous les malheureux. Jacques parle ici des hommes de condition humble, des pauvres, et il dit : « Que le frère de condition humble se glorifie de son élévation ». Condition humble, pauvre, cela fait penser aussitôt à un état d’abaissement. Mais dans cet abaissement, qu’il se glorifie de son élévation. Il ne peut être question que de l’élévation du Sauveur, qui est devenu le frère de celui qui est dans l’abaissement. Il s’est fait pauvre pour que sa lumière brille sur tous les pauvres. « Heureux l’homme qui supporte patiemment la tentation. » Or tentation peut aussi signifier abaissement, situation critique, anéantissement. Mais maintenant on déclare heureux l’homme qui tient bon dans la débâcle, parce que c’est pour lui précisément qu’il y a un salut, pour lui dont la situation n’exige pas moins que le salut du Christ, qui est avec nous dans toutes les tentations.

Jacques semble nous demander : Vous rendez-vous compte de l’avantage que vous avez de savoir cela? Est-ce que la lumière de l’élévation du Christ dans votre abaissement luit vraiment au milieu de vous? C’est alors qu’il donne quelques ordres brefs : Que celui qui est pauvre sache qu’il n’est pas grave d’être pauvre depuis que le Christ s’est fait pauvre, depuis qu’il est devenu le frère de tous ceux qui ne possèdent rien. Sois donc joyeux, toi qui es pauvre; sois consolé de ta pauvreté! Relève la tête, ne te prosterne devant aucune puissance, accepte la vie qui t’est faite pour l’amour et la grâce du Christ, qui est le frère de tous les pauvres!

Et voici le second ordre : Que celui qui est riche, dont les biens sont importants, même très importants, sache que la richesse, que tout ce que nous pouvons posséder pour assurer notre vie, ne peut nous être d’aucun secours, mais peut, au contraire, nous induire en erreur; on ne peut pas compter sur la richesse! C’est pourquoi Jacques dit : « Malheur à vous, riches! » Le riche, précisément, a toutes les raisons de se considérer comme humble, car sa richesse n’est qu’apparence. Il a donc un urgent besoin de la grâce immense du Christ s’il veut s’en tirer. Il peut et doit se glorifier de ce besoin qui est le sien, de cette pauvreté, de cet abaissement. Alors la lumière du Christ qui luit sur tout abaissement luira sur le sien.

Acceptons l’offre du salut. Quand il parle de condition humble, Jacques ne veut pas dire que ce frère possède une humilité qui lui soit propre. Sa condition humble vient de ce qu’il n’a aucune valeur en lui-même, qu’il ne possède rien en propre. Mais pensons d’abord à la pauvreté extérieure, à la paie qui est maigre, aux prix qui sont exorbitants, à tout ce qui nous manque pour assurer nos besoins matériels et ceux de notre famille…

Peut-être que nous n’appartenons pas à cette catégorie de personnes, mais savons-nous ce que le lendemain nous réserve? C’est à des hommes affamés et miséreux que Jacques ose dire : Glorifiez-vous surtout dans votre pauvreté! Pourquoi? Parce qu’une élévation particulière est donnée à ceux qui se trouvent dans la profondeur de la pauvreté, qu’aucun abaissement ne peut leur ravir; une splendeur cachée qui doit être sans cesse reçue à nouveau; la gloire invisible de ceux qui sont rejetés, accablés, affligés, méprisés, et qui soupirent sous le poids de leur charge. Telle est la gloire qui leur est accordée ici. Ce n’est pas pour un motif d’ordre moral qu’ils sont revêtus de cette gloire que personne ne peut leur ravir, mais à cause de leur dénuement. Comprenne qui peut…

Mais il se peut aussi que notre pauvreté, notre misère, ne soit pas du tout extérieure. On a le nécessaire pour vivre, mais on n’appartient pas à cette catégorie d’hommes qui n’ont rien pour être aimés, et qui, pour cette raison, ne sont pas aimés du tout. On ne les comprend pas, on se rit d’eux. On s’irrite contre eux, on les repousse… C’est là aussi une sorte d’abaissement. Mais dans cet abaissement leur parvient aussi ce message : Glorifie-toi, sois joyeux, sois consolé, aie confiance, car cette élévation est aussi pour toi, tu peux y parvenir, tu peux t’y maintenir, elle te donne de la valeur malgré tous ceux qui te méprisent… Avons-nous saisi cette promesse? Il y va de notre foi que nous comprenions cela.

Mais il existe encore une pauvreté plus profonde. Il est tout à fait possible que tu n’aies pas à te plaindre du mépris des autres, mais que ce soit toi-même qui te méprises… Tu portes peut-être en toi un lourd secret, tu es dans un état d’abaissement que personne ne soupçonne, mais que toi tu dois supporter jour après jour. Et tu te dis : « Si au moins les autres savaient les fautes qui sont en moi et qui me tiennent, la honte et le regret que j’éprouve; si au moins ils savaient que je me méprise souvent et profondément; si au moins ils savaient que je n’attache aucune valeur au bien qu’ils pourraient penser de moi… » Cela aussi, c’est un abaissement. Mais là encore retentit cette exhortation : « Ne te laisse pas aller, ne te laisse pas abattre, car toi aussi, tu peux être élevé et trouver un refuge ».

Une dernière chose. Vous allez peut-être dire : Nous savons bien à quoi tu veux en venir. C’est certainement de la grâce et du pardon du Christ, valables pour tous les hommes, donc aussi pour les humbles et les méprisés, que tu veux nous parler! Et s’il arrivait que nous ne puissions saisir et encore moins accepter ce message? Si nous pensons que nous en sommes exclus? C’est cela aussi, notre pauvreté. Mais une fois de plus, la promesse est là : Glorifie-toi dans le Seigneur! La Parole vient d’en haut.

Il y a encore tout le problème de ceux qui sont riches et qui ne se savent pas dans l’abaissement : « Que le riche au contraire se glorifie de son humiliation, car il passera comme la fleur de l’herbe, il disparaîtra, il se flétrira dans ses entreprises ». Nous pourrions dire que, dans un certain sens, nous sommes tous des riches, car la richesse peut prendre bien des formes, comme celle d’avoir la prétention d’affronter toutes les difficultés et de résoudre tous les problèmes sans l’aide de qui que ce soit. « Je peux bien m’en tirer tout seul; je ne suis pas dans une situation aussi critique; je suis plus capable que bien d’autres… » Elle peut être aussi extérieure : argent, propriété, santé, des affaires qui marchent bien… Ou encore d’un autre ordre, comme le respect dont on jouit auprès d’autrui, la bonne entente avec les siens, la considération publique…

Mais on peut aussi être riche intérieurement, spirituellement, riche de bonnes lectures, riche en instruction, riche en piété, riche de savoir prier avec cette foi qui ne connaît pas le doute…

Jacques, du reste, ne nous demande pas de mépriser ces biens, mais de ne pas nous y fier, car elle n’offre pas une assurance suffisante. On a besoin de toute autre chose. Une telle richesse peut même devenir un danger, car on risque de penser que l’on peut se passer de Dieu. Aussi Jacques dit qu’au fond le riche est aussi un pauvre, et combien souvent les événements se chargent, du reste, d’ébranler des situations qui nous semblaient très stables… Voilà pourquoi le riche ne doit se glorifier que dans son humiliation.

Alors, approchez-vous des pauvres, ils sont vos frères. Aussi bien ceux qui doivent sortir de leur abaissement que ceux qui doivent descendre de leur élévation, tous ensemble doivent reconnaître la seule gloire, la seule majesté de Jésus-Christ, la toute-puissance de Dieu le Père, qui est seul capable de nous soutenir et de nous sauver. Nos vies pourraient être totalement transformées et renouvelées si seulement nous nous laissions entraîner par Jacques loin de nos vaines gloires personnelles vers la gloire du Christ, la seule grâce pour nous! Alors, heureux l’homme qui supporte patiemment la tentation.

La question est de savoir : de quoi vivons-nous en réalité? Vivons-nous par nous-mêmes, ou bien vivons-nous de l’amour du Christ? Mais si nous avons été éprouvés, nous recevrons la couronne de vie que le Seigneur a promise à ceux qui l’aiment. Le dernier mot de Jacques c’est d’aimer Dieu, ce qui est un miracle. Il peut se glorifier, être reconnaissant pour l’épreuve en la présence du Père tout-puissant, du Père céleste, qui vient en aide à tous ceux qui sont abattus.