Cette prédication sur Jean 14.15-17,25-27 et Jean 15.26-27 a pour sujet l'Esprit Saint qui nous sépare du monde, fait de nous des disciples, nous rappelle les paroles du Christ et nous envoie comme ses témoins dans le monde.

Source: La veille de la crucifixion. 3 pages.

Jean 14 et 15 - L'Esprit pédagogue

« Si vous m’aimez, vous garderez mes commandements. Et je prierai le Père, qui vous donnera un autre Consolateur, afin qu’il soit éternellement avec vous, l’Esprit de vérité, que le monde ne peut recevoir, parce qu’il ne le voit pas et ne le connaît pas : mais vous, vous le connaissez, parce qu’il demeure avec vous, et il sera en vous. […] Je vous ai parlé ainsi pendant que je demeurais avec vous. Mais le Consolateur, le Saint-Esprit, que le Père enverra en mon nom, celui-là vous enseignera toutes choses, et vous remettra en mémoire tout ce que je vous ai dit. Je vous laisse la paix; je vous donne ma paix; je ne vous la donne pas comme le monde la donne : que votre cœur ne se trouble pas et qu’il ne craigne point. […] Quand sera venu le Consolateur que je vous enverrai de la part du Père, l’Esprit de vérité, qui procède du Père, c’est lui qui rendra témoignage de moi. Et vous aussi, vous me rendrez témoignage. »

Jean 14.15-17, 25-27; 15.26-27

Le serviteur, le « disciple », l’« ami » du Christ est placé dans une réalité qui implique une constante « tension ». Celle-ci — vous l’avez bien discernée au cours de nos deux derniers mois — est parvenue à son point culminant dimanche dernier quand nous avons appris que notre fidélité au Christ nous vaudrait assurément la haine du monde.

Surgit alors la question capitale : En l’absence de notre Sauveur, ne sommes-nous pas seuls? Sous les vagues agressives du monde, comment resterons-nous le sarment attaché au cep? Comment demeurerons-nous dans l’amour du Christ, nous en lui et lui en nous? Comment maintenir inaltérable notre joie? Comment porter un fruit qui demeure, triompher de la haine par l’amour, de la persécution par la persévérance? N’allons-nous pas vaciller, trébucher, tomber? Oui, comment le pouvons-nous, nous les jeunes si fragiles et impressionnables? Nous les adultes, les âgés, travaillés et chargés? Comment?

C’est ici qu’interviennent les promesses du Christ sur le don, la présence, l’activité et la puissance du Saint-Esprit.

« Je prierai le Père, qui vous donnera un autre Consolateur, afin qu’il soit éternellement avec vous, l’Esprit de vérité que le monde ne peut recevoir parce qu’il ne le voit pas et ne le connaît pas; mais vous, vous le connaissez, parce qu’il demeure avec vous et il sera en vous » (Jn 14.16-17).

Ce n’est donc pas nous, mais l’Esprit Saint qui trace la ligne de séparation entre l’Église et le monde, entre l’esprit de vérité des disciples et l’esprit d’erreur des gens du monde (1 Jn 4.6). C’est la présence de cet Esprit demeurant avec nous, en nous, qui fait cette démarcation. Ce n’est pas nous qui séparons : c’est l’Esprit qui nous sépare. Nous ne pouvons que prendre acte de ce fait divin, car nous faisons l’expérience de sa réalité. Qui n’est pas, qui ne se sent pas d’une certaine manière séparé du monde, n’est pas encore disciple de Jésus-Christ.

Nous ne pouvons trouver notre vraie consolation que dans les paroles du Christ, en lui. C’est pourquoi la première tâche du Saint-Esprit que le Père nous envoie au nom du Christ est de « nous enseigner toutes choses et de nous remettre en mémoire tout ce qu’il nous a dit » (v. 25-26). Il nous faut donc connaître ce que le Christ nous a dit et nous répète par sa Parole. Il faut la lire, la relire, la sonder, la recevoir, la mettre en pratique. Sans la Parole du Christ, à côté d’elle ou hors d’elle, l’Esprit ne peut rien pour nous! Il ne peut rien pour vous! L’Esprit n’agit pas sans moyens : il part de la Parole pour envoyer à la Parole, pour nous « la remettre en mémoire », en temps opportun selon les circonstances. Sans cette Parole qui est Parole de Dieu, nous n’avons rien, il ne se passe rien. Nous retombons dans la mort du monde!

L’Esprit fait plus encore que nous rappeler les paroles littérales du Christ consignées dans les Écritures : il nous « enseigne toutes choses », il nous donne une représentation vivante de tout ce qu’il a dit, une explication créatrice de l’Évangile; il en fait toute autre chose qu’un code fossilisé. C’est Jésus lui-même, en effet, qui au-delà de ses paroles et même en deçà d’elles, est la vérité. L’Esprit rappelle, mais l’Esprit explique : il nous montre les conséquences de la Parole, sa portée infinie pour nous et pour le monde; il la rend dans nos cœurs plus puissante que tout!

Timidité, crainte et détresse disparaissent alors, car nous n’avons rien à craindre : « Je vous laisse ma paix; je vous donne ma paix. […] Que votre cœur ne se trouble pas et qu’il ne craigne pas » (Jn 14.27). Votre jeune cœur, jeunes gens et jeunes filles qui m’écoutez, le vôtre aussi, mes frères, burinés par la vie. Car l’ordre nouveau du Christ pour nous est tout simplement : la paix de Dieu vécue dans ce monde, une paix qui vient de Dieu et du Christ par le Saint-Esprit. Bien sûr! La paix du Christ n’est ni une fausse sécurité ni l’absence de combat : la paix du Christ est l’union avec le Père, maintenue à travers un combat incessant avec le monde et pour le monde, dans l’humilité, l’humiliation, la persécution souvent, dans une sorte de mort à nous-mêmes pour la gloire de Dieu. Mais cette mort-là est la vraie vie.

« Je vous ai dit tout cela pour que vous croyiez » (Jn 14.29). Notre foi est fondée non sur notre expérience, mais sur les paroles du Christ; elle est enracinée dans ce que le Christ nous dit. Seule cette foi-là fait que notre cœur ne se trouble pas et ne craigne rien.

Craindre! Ce verbe n’est employé qu’ici dans le Nouveau Testament. Dans l’Ancien, il signifie la crainte ressentie par l’imminence de la guerre. De même que Moïse dit à son peuple, arrivé au pied de la montagne des Amoréens :

« Regarde, l’Éternel, ton Dieu, te livre ce pays. Monte, prends-en possession, comme l’Éternel, le Dieu de tes pères, te l’a dit. Ne crains point et ne soit point effrayé. […] C’est l’Éternel, ton Dieu, en effet, qui marche avec toi, devant toi; il ne te délaissera point et ne t’abandonnera pas » (Dt 1.20-21; 30.6,8).

De même, Dieu dit à Josué : « Ne te l’ai-je pas commandé? Sois ferme et prends courage, sois sans crainte et sans peur; car l’Éternel, ton Dieu, est avec toi dans toutes tes entreprises » (Jos 1.9). De même le Christ, nous envoyant chacun dans le monde, pour y implanter sa Parole, reprend exactement les mêmes mots : « Que votre cœur ne se trouble pas et qu’il ne craigne pas! », car la paix du Christ implique la guerre avec le monde, mais cette guerre avec le monde ne détruit pas la paix du Christ dans nos cœurs, et ne nous ôte jamais cette joie pleine et solide d’être ses témoins quand nous sommes vraiment ses disciples.

C’est comme témoins du Christ que nous sommes « envoyés » dans le monde. Toute notre capacité de rendre témoignage dépend de notre communion avec lui, car nous avons été « choisis » et « désignés » pour être avec lui, comme il nous promet d’être avec nous. Nous devons alors nous poser chacun et tous les jours cette question : Puisque je suis l’envoyé du Christ, que je lui suis attaché pour porter du fruit à la gloire de Dieu, auprès de qui et comment dois-je témoigner aujourd’hui? Si nous avons égard à la promesse : « Quand sera venue le Consolateur que je vous enverrai de la part du Père, c’est lui qui rendra témoignage de moi, et vous aussi, vous me rendrez témoignage » (Jn 15.26-27), nous constaterons bien vite la puissance de la Parole du Christ et du témoignage de l’Esprit à travers notre propre témoignage. Là est le secret de notre autorité de témoin dans le monde.

Non seulement l’Esprit nous donne de comprendre l’Évangile, mais il fait de nous ses instruments pour que nous rendions témoignage au Christ. Notre personne régénérée est l’œuvre du Saint-Esprit, mais nous devenons alors son outil de travail. L’Esprit s’empare de notre pauvre parole de témoin et lui donne la puissance et l’autorité mêmes de Dieu. En tant que disciples du Christ, quand nous témoignons pour lui, pour Dieu par l’Esprit Saint, notre autorité est vraiment celle du Père, du Fils et du Saint-Esprit; notre enseignement, notre témoignage sont revêtus de cette autorité-là. Nous pouvons donc les apporter sans crainte : par l’Esprit Saint Consolateur, le Christ et Dieu sont ici présents. Tôt ou tard, nous le savons, notre témoignage portera son fruit.