Cet article a pour sujet John Wyclif (1330-1384), qui a subi la persécution pour avoir prêché l'Évangile et travaillé à la traduction de la Bible en anglais pour que les gens entendent la Parole de Dieu dans leur langue.

Source: Trial and Triumph, 1999. 4 pages. Traduit par Claire Bédard

John Wyclif - L'étoile du matin de la Réforme 1330 – 1384

L’Université d’Oxford sombra dans de grands troubles au cours de l’hiver 1378, car John Wyclif, le philosophe et théologien le plus important d’Oxford, fut condamné par l’Église de Rome. Enragé par les idées de Wyclif, le pape Grégoire XI avait envoyé des documents scellés qui déclaraient au roi d’Angleterre, à l’archevêque de Canterbury et au chancelier de l’Université d’Oxford que Wyclif était hérétique.

« John Wyclif, écrivait-il, vomit du cachot répugnant de son cœur les hérésies les plus scandaleuses et les plus damnables. Il espère tromper les fidèles et les mener au bord de la destruction. Il veut renverser l’Église et amener la ruine sur le pays. Arrêtez Wyclif immédiatement et détenez-le jusqu’à ce qu’une cour ecclésiastique soit convoquée pour décréter la sentence finale. »

Tout le monde savait que des mots aussi forts venant du pape signifiaient que Wyclif serait bientôt brûlé sur le bûcher. La seule manière pour lui de sauver sa vie serait d’abjurer — d’avouer que ses enseignements étaient faux et de demander pardon. Mais Wyclif abjurerait-il? Sinon, serait-il arrêté et exécuté? Telles étaient les questions qui planaient comme des nuages sombres au-dessus des étudiants et des professeurs d’Oxford.

Quoique petit et frêle, John Wyclif était le professeur et le prédicateur le plus puissant d’Oxford. Les « hérésies scandaleuses » au sujet desquelles le pape avait écrit étaient les suivantes : Wyclif disait que le pape et tous les dirigeants de l’Église auraient dû être soumis à la Parole de Dieu, qu’ils auraient dû cesser de chercher leur propre plaisir, pour vivre des vies simples consacrées à servir humblement. Il soutenait aussi que le pain et le vin, servis lors du repas du Seigneur, n’étaient pas le corps et le sang physiques de Jésus, mais plutôt des signes et des sceaux de la présence spirituelle de Jésus-Christ auprès de ses enfants. Cependant, par-dessus tout, il enseignait que l’Écriture sainte était le guide suprême de l’Église et qu’elle avait été donnée pour tous. « Jésus enseignait les gens simplement et dans leur propre langue », disait Wyclif. « À la Pentecôte, le Saint-Esprit a accordé aux apôtres le don des langues pour que chacun entende la bonne nouvelle dans sa propre langue. »

Wyclif et ses disciples travaillèrent donc pendant onze ans à la traduction de la Bible en anglais. « Dépêchez-vous d’accomplir ce travail », disait-il à ses aides, « car dès que les gens d’Angleterre seront en mesure de lire eux-mêmes les Écritures, ce sera le moyen le plus sûr de les amener à suivre le Christ et de leur ouvrir le ciel ».

Ceci allait toutefois à l’encontre des lois de l’Église. Un membre du clergé déclara : « Traduire les Saintes Écritures en anglais, c’est de l’hérésie. Donner la Bible au peuple, c’est comme lancer des perles aux pourceaux. » Les responsables de l’Église ne voulaient pas que les gens étudient la Bible par eux-mêmes par peur de perdre de l’influence et qu’en conséquence l’unité de l’Église de Rome soit brisée.

Le pape espérait arrêter John Wyclif et ses idées une fois pour toutes en condamnant ses écrits et en le faisant mourir. Que ferait Wyclif? Essaierait-il de sauver sa propre vie en disant qu’il s’était trompé? Dirait-il à ses disciples de mettre la Bible de côté et de se soumettre aux dirigeants de l’Église? John Wyclif ne recula pas d’un pouce. « Le pape n’a pas plus le pouvoir de juger que n’importe quel autre ministre de la Parole », disait-il. « On ne devrait se soumettre à ce qu’il dit que dans la mesure où ses paroles sont en accord avec celles du Christ. Mon obligation est d’obéir à la loi du Christ. »

« Maître Wyclif », lui demanda un de ses élèves, « que deviendrez-vous? Qu’adviendra-t-il de votre poste à l’université? Et de votre vie? » Il répondit :

« Quand, il y a presque trente ans, je suis arrivé à l’Université d’Oxford, j’étais attiré par la sagesse de ce monde. Je désirais la célébrité plus que toute chose; je voulais être honoré par les hommes. Mais loué soit Dieu qui a sauvé mon âme et m’a fait voir la gloire de sa Parole. Je suis prêt à suivre les enseignements des Écritures jusqu’à la mort si nécessaire. »

Le pape Grégoire XI mourut soudainement, avant même de pouvoir s’assurer de l’exécution de Wyclif. Un grand débat s’ensuivit pour déterminer qui serait son successeur, débat qui permit à Wyclif de continuer à enseigner, écrire, traduire et former de jeunes hommes à aller prêcher toute la vérité de la Parole de Dieu.

« Que votre vie soit une vie de prière, sainte et honnête, leur dit-il. Que vos actions soient si vertueuses qu’aucun homme ne puisse trouver de fautes en vous. Car l’exemple d’une vie droite émeut davantage les gens que la prédication fidèle seule. »

Des centaines de jeunes hommes partirent vêtus d’un simple vêtement brun, une copie manuscrite de la Bible anglaise à la main. Ils voyagèrent à travers la Grande-Bretagne, lisant les Écritures, proclamant la bonne nouvelle de Jésus-Christ et chantant des psaumes de louange. Des étudiants de toute l’Europe vinrent à Oxford et plusieurs retournèrent dans leur pays natal pour traduire la Bible et prêcher Jésus-Christ à leurs concitoyens dans leur propre langue. On les appelait les « Lollards ». Personne n’est entièrement certain de l’origine de ce nom; il vient peut-être de l’ancien mot « lollen » qui signifiait « chanter ».

« Une fois votre sermon terminé », disait Wyclif à ses prédicateurs itinérants, « visitez les malades, les personnes âgées, les pauvres, les aveugles et les estropiés et aidez-les du mieux que vous pouvez » .En faisant cela, les lollards gagnèrent le cœur des gens. Plusieurs personnes vinrent à la foi et commencèrent à étudier la Parole de Dieu pour la première fois de leur vie. Les prêtres locaux ne voulaient rien savoir de tout cela et ils réussirent à faire passer une loi leur permettant d’arrêter les évangélistes. Ils attendaient que les prédicateurs entrent dans une ville pour alors se jeter sur les voyageurs, mais les gens se rangeaient souvent du côté des prédicateurs, formant un cercle solide autour d’eux pour les protéger.

En 1382, l’archevêque de Canterbury, enragé par l’influence grandissante de Wyclif et de ses prédicateurs, convoqua le conseil d’Église afin qu’il soit résolu officiellement de les écraser. Mais alors même que le conseil rédigeait la sentence de condamnation contre Wyclif, un tremblement de terre ébranla Londres, secouant violemment l’édifice de pierre où le conseil était assemblé. Les hommes du clergé, apeurés, hésitèrent à continuer, croyant que Dieu était en colère à cause du travail qu’ils étaient en train d’accomplir. L’archevêque parvint cependant à les endurcir en disant :

« Ne savez-vous pas que la terre relâche ses vapeurs nocives qui libèrent leur puissance lorsqu’elles surgissent? Eh bien, de la même manière, si nous nous débarrassons des hommes méchants dans notre communauté, nous mettrons fin aux troubles dans l’Église. »

Wyclif déclara que le Seigneur avait envoyé le tremblement de terre pour réprimander le clergé de ses hérésies, « tout comme la terre avait tremblé lors de la mort de Jésus-Christ ». Le conseil condamna donc Wyclif, et l’archevêque pressa le roi de le faire saisir immédiatement. « Si nous permettons à cet hérétique de continuer », dit-il au roi, « notre destruction est inévitable. Nous devons réduire au silence ces lollards — ces chanteurs de psaumes. » Le roi ordonna l’arrêt de Wyclif et des lollards, mais la Chambre des communes, fâchée que l’ordre de persécution ait été approuvé sans leur consentement, en demanda la révocation.

Ignorant la Chambre des communes, l’archevêque convoqua une cour ecclésiastique à Oxford et somma Wyclif — dont la santé chancelait — d’y comparaître. Les amis de Wyclif le supplièrent de ne pas se présenter. « Quoi? », dit Wyclif, « devrais-je vivre et me taire? Jamais! Qu’ils passent à l’attaque. Je suis prêt. » Wyclif fit face à ses accusateurs, les blâmant de n’avoir pas suivi la Parole de Dieu, d’avoir égaré le peuple et d’avoir utilisé leurs postes dans l’Église pour leur profit personnel. Il conclut en disant : « À la fin, la vérité prévaudra. » Il quitta la cour. Ses ennemis n’osèrent pas prononcer un seul mot. Wyclif fut banni de l’université d’Oxford, mais des divisions à l’intérieur de l’Église et de l’État empêchèrent son arrestation et son exécution. Wyclif ne se retira pas sans faire de bruit. « La loi de l’Église n’a aucune valeur lorsqu’elle est en contradiction avec la Parole de Dieu », dit-il. Il continua à prêcher, à écrire et à traduire les Écritures. Il dit :

« Mon intention la plus profonde, qui vient du plus profond de mon cœur, est, par la grâce de Dieu, de continuer à vivre comme un véritable chrétien et de continuer, jusqu’à mon dernier souffle, à proclamer et à défendre la loi du Christ. »

Deux ans plus tard, Wyclif mourut d’une attaque, mais ses disciples poursuivirent le travail. Cependant, les dirigeants de l’Église étaient déterminés à écraser les lollards. Ils ordonnèrent que tous les exemplaires de la Bible en anglais et tous les écrits de Wyclif soient brûlés, ainsi que de nombreux lollards. Cette persécution féroce ne parvint pas à éteindre la lumière de l’Évangile que le Seigneur avait fait briller à travers John Wyclif. Plus tard, ses écrits influencèrent ceux qui prirent la tête de la Réforme protestante. À cause de cela, Wyclif est connu comme « l’étoile du matin de la Réforme ».

En 1428, quarante-quatre ans après sa mort, les dirigeants de l’Église ordonnèrent de creuser afin de retirer les os de Wyclif de sa tombe. En signe de condamnation, ses restes furent brûlés et ses cendres furent répandues dans un ruisseau nommé « Swift » (Rapide). De nombreuses années plus tard, un historien anglais écrivit :

« Ils brûlèrent ses os jusqu’à ce qu’il n’en reste plus que des cendres qu’ils jetèrent ensuite dans le Swift, un ruisseau des environs au débit rapide. C’est ainsi que le ruisseau transporta ses cendres jusqu’à la rivière Avon et de là dans le fleuve Severn, puis dans les bras de mer étroits pour finalement aboutir en plein océan. Et c’est ainsi que, tout comme ses cendres, le message de Wyclif s’est répandu dans le monde entier. »