Le léviathan démesuré
Le léviathan démesuré
Les Églises d’aujourd’hui trouvent terriblement distrayantes les flèches empoisonnées que nous envoient les gouvernements de nos États par le biais de lois qui entravent notre capacité à fonctionner de manière indépendante et biblique. Notre première réaction consiste souvent à tenter de faire des sauts périlleux sur le plan juridique. Puis nous nous calmons et nous nous mettons à débattre à propos de l’obéissance selon Dieu, de la désobéissance civile ou de la désobéissance fidèle (comme en Chine).
Chacune des lois sur les discours haineux, sur la diversité, l’équité et l’inclusion, sur la santé et la sécurité au travail, sur la diffamation religieuse ainsi que les lois sur le genre ou les éventuelles lois sur l’urgence climatique suivent leur propre cours. Cependant, les lois promulguées par l’État du Victoria en Australie sur la transition entre les sexes se révèlent particulièrement pernicieuses. Leur portée s’étend à l’ensemble du globe et les peines encourues prévoient de lourdes amendes ou des peines d’emprisonnement. Discuter avec des personnes souffrant de confusion de genre ou ayant l’intention d’entamer une transition, les conseiller ou prier avec elles est désormais illégal dans l’État du Victoria, sauf pour affirmer leur confusion ou leur intention, même si ces personnes nous demandent de l’aide.
La loi sur l’interdiction des pratiques de changement ou de suppression (conversion)1 tourne en dérision les Écritures et s’oppose directement à Dieu. Elle nie la vérité de la bonne création de Dieu, menace son peuple et défie la réalité du corps humain créé à l’image de Dieu.
Elle déforme délibérément le langage et le sens des mots, nous obligeant à adopter des mots nouveaux et des compréhensions différentes, nous transportant furtivement en territoire étranger. L’intention vise à nous amener à penser avec ces mots et ces concepts nouveaux et étrangers, et en fin de compte à agir en accord avec eux. Cela nous laissera sans défense, puisque nous avons volontairement opéré ce changement par rapport à des significations et des compréhensions saines, rationnelles et enracinées dans l’histoire.
Que la loi repose sur une plate-forme d’idéologies telles que le marxisme, l’humanisme, l’athéisme, le gnosticisme, le féminisme, la théorie queer et la théorie critique du genre n’étonnera personne. La biologie et l’anatomie sont devenues les esclaves de cette idéologie qui réinterprète le sexe comme quelque chose de distinct du genre, et qui affirme que le genre se compose d’un nombre illimité d’identités, incertaines, fluides et assignées à la naissance plutôt que révélées à la naissance.
C’est ainsi que l’on parle aux enfants d’âge préscolaire, et les écoles du monde entier veillent désormais à ce que l’éducation sexuelle réfute la croyance traditionnelle selon laquelle le sexe correspond aux chromosomes, en affirmant que nous devons enseigner la fluidité des genres. On nous dit qu’il existe 58 termes (et plus) pour désigner le genre : agenre, bigenre, trigenre, demi-genre, demi-fluide, demiflux, pangenre, etc., et nous devons croire qu’un nombre important de personnes ne sont pas vraiment des hommes ou des femmes, mais l’un ou l’autre, ou aucun des deux, ou les deux, ou encore fluides. Beaucoup insistent sur le fait que nous existons tous sur un spectre du genre, présentant tout une gamme d’expressions du genre, quelque part entre l’homme et la femme.
Nous assistons à une révolution idéologique perverse et débridée, manigancée et promue par des gens influents, des philosophes, des féministes, des théoriciens critiques, universitaires ou militants, et des marxistes2. Des personnes ayant élaboré un programme d’action audacieux n’ont pas hésité à reconnaître leur implication dans l’invention artificielle et la promotion agressive du changement qui nous secoue.
L’intellectuel et philosophe français Michel Foucault, qui a agressé sexuellement de jeunes garçons pendant qu’il enseignait, et qui a prôné la normalisation de la sous-culture gay, de la sodomie et de la pédérastie, et l’absence d’âge de consentement, se situe en amont de cette évolution. Il est mort du sida en 1984. John Money, psychologue et sexologue, titulaire d’un doctorat de Harvard, professeur à l’université Johns Hopkins pendant de nombreuses années et considéré comme le fondateur de la théorie du genre et du mouvement transgenre, a également exercé une profonde influence sur l’idéologie du genre. Il a été le premier à poser sérieusement l’hypothèse qu’un enfant ne naît pas avec un sexe biologique fixe, mais qu’il arrive au monde comme une ardoise vierge à la naissance, dont le sexe se laisse déterminer par l’éducation qu’il reçoit. Pour prouver sa théorie sur le genre, Money a mené une expérience catastrophique sur des jumeaux, qui s’est soldée par le suicide des deux hommes.
Après une circoncision bousillée sur l’un des jumeaux, Money a entrepris de prouver que le garçon pouvait être élevé avec succès comme une fille. Lorsque le sujet de cette expérience a découvert la vérité sur lui-même à l’âge de 14 ans, il a tenté de redevenir un homme, mais il a passé toute sa vie traumatisé et dépressif, y mettant fin par balle à l’âge de 38 ans.
Dans les années 70 et 80, Money jouissait d’une grande renommée. On le sollicitait beaucoup pour des apparitions à la télévision et des entrevues dans les journaux, plaidant toujours en faveur de la libération sexuelle. On ne mentionnait pas qu’il était un expérimentateur sexuel, qu’il croyait à la pédophilie et à l’inceste, et qu’il se décrivait lui-même comme bisexuel. Pourtant, on a utilisé les expériences de Money pour justifier des milliers d’opérations chirurgicales de réalignement sexuel et d’interventions d’affirmation du genre.
Selon ce paradigme tordu, affirmer qu’un nouveau-né est une fille, par exemple, c’est affirmer son pouvoir sur une personne impuissante et lui imposer la rigidité de la domination sexuelle occidentale et patriarcale. C’est à elle de décider de son sexe, en son temps. Le seul modèle de soins autorisé partout pour les personnes désorientées est celui de l’affirmation du genre. Si l’enfant exprime le souhait de changer de sexe, les médecins et les cliniques du genre affirment immédiatement ce désir et mettent en place un plan de traitement comprenant des bloqueurs de puberté, suivis d’hormones du sexe opposé, et souvent d’une intervention chirurgicale. Les bloqueurs de puberté ne se limitent pas à arrêter le développement sexuel, ils retardent le développement critique du cerveau et garantissent la stérilité. Nous sommes désormais tenus en loi d’accepter ces personnes au sein de l’Église ou de les orienter vers quelqu’un d’autre.
Aujourd’hui, des dizaines de milliers de jeunes se soumettent à des mutilations physiques et des milliers essaient ensuite de retrouver leur corps d’origine. La plupart d’entre eux finissent par souffrir le reste de leur vie de douleurs permanentes, de stérilité, de dysfonctionnements et de traumatismes physiques et émotionnels.
Des seins et des pénis sains sont coupés. C’est vraiment horrible. Chaque personne — y compris le nombre infiniment petit de personnes nées avec des organes génitaux ambigus — possède des organes reproducteurs qui produisent soit de grands gamètes (ovules), soit de petits gamètes (spermatozoïdes), ce qui signifie que les organes reproducteurs du corps humain se divisent réellement en deux catégories.
L’idéologie a cependant remplacé la science de la biologie et de l’anatomie, au point de faire sombrer la vérité et la réalité. Le paradigme postmoderniste de l’idéologie du genre rejette tous les concepts de nature stable : prévisibilité, certitude, historicité, visibilité et vérité. Il considère les corps comme incertains, inconnaissables et fluides. On constate comme résultat la confusion et le chaos.
Récemment, on a fait parvenir une boîte à outils arc-en-ciel pour bibliothèques aux 290 bibliothèques de l’État du Victoria. Celle-ci conseille au personnel de ne pas présumer des pronoms de genre pour les enfants d’âge primaire, en précisant qu’on doit reconnaître que l’identité et la sexualité peuvent changer ou évoluer au fil du temps. On doit laisser aux enfants la possibilité d’exprimer un changement d’identité et leur demander s’ils utilisent toujours les mêmes pronoms. L’idée consiste à « faire savoir à l’enfant que nous nous montrons cléments, accueillants et flexibles… tout comme la bibliothèque ».
Les redéfinitions et les euphémismes abondent dans ce monde obscur. Ce qui constituait autrefois un trouble du genre est devenu dysphorie de genre. Les « autosoins » constituent en fait une forme d’automutilation. Les soins d’affirmation de genre contredisent en fait la biologie. Se dire inclusif signifie l’exclusion. Se montrer authentique, c’est en fait se montrer comme on s’est construit. La chirurgie du haut correspond en fait à une amputation mammaire. Des dizaines de milliers de filles veulent subir cette chirurgie. Le terme « nullo » ou eunuque signifie la « négation génitale », c’est-à-dire l’ablation de tous les organes génitaux externes. On peut même obtenir un pénis et un vagin si on le souhaite : on fabrique des organes génitaux faits sur mesure. Être coupable d’intimidation peut simplement signifier que l’on a un problème avec les mensonges à propos du genre et des corps fabriqués. Cela peut simplement signifier qu’on a dit à son camarade de classe : « Mais hier, tu étais un GARÇON! » Se sentir en sécurité, c’est en fait être abandonné à ses illusions.
Nous nous sommes progressivement laissé conduire à l’épuisement, étouffés par cette idéologie et terrifiés à l’idée d’être accusés de sectaires intolérants, de gens d’extrême droite, de transphobes, d’homophobes proférant des discours haineux, et de bien d’autres choses encore. Nous nous accommodons aujourd’hui de la réforme du langage et de la pensée sur le genre, cette idéologie qui imprègne tout, depuis cette loi contre le changement ou la suppression jusqu’à l’heure des histoires de drag-queens en passant par les omniprésentes exigences en matière de diversité, équité et inclusion (DEI).
L’amour de notre prochain ne peut pas signifier que nous soutenons, même indirectement, les traitements radicaux, non testés et dangereux, de changement de sexe, ce qui transformera des jeunes en patients nécessitant des soins médicaux et en santé mentale le reste de leur vie. Des Églises se sont empressées de demander conseil à des avocats pour trouver un moyen de se conformer à la loi; d’autres n’en tiennent aucun compte et continuent comme avant, comme si de rien n’était, en espérant rester sous le radar.
Le monde ne se soucie plus de l’opinion des chrétiens sérieux, mais nous pouvons saisir cette rare occasion de nous faire entendre. C’est l’occasion de briller, de dissiper les ténèbres de la culture de mort dans laquelle nous vivons et de secourir ceux qui voudraient saisir cette lumière. Nous avons une occasion d’offrir une alternative aux milliers de jeunes gens en proie aux peurs et aux phobies, à la confusion et à la dépression. Notre devoir de chrétiens nous oblige à les protéger et à offrir une alternative au seul modèle d’affirmation sur lequel insistent en ce moment le gouvernement et les établissements de santé.
En outre, la vérité choquante, c’est que nous croyons en fait au changement et à la suppression. Ces notions se trouvent au cœur du repentir, de la conversion et de la nouvelle naissance selon la foi chrétienne. Elles vont de pair avec la retenue, le rejet du mal et l’obéissance à Dieu, et nous ne devons pas le nier. Alors que les gouvernements insistent sur le fait qu’on ne peut pas opérer de changement ou de suppression, et que leur tentative s’avère nuisible et dangereuse, nous devons prêcher et enseigner la gloire du changement et de la repentance, de la suppression et de l’abnégation.
Nous avons peut-être moins de temps que nous ne le pensons.
Notes
1. N.D.T. : La terminologie employée en Australie pour désigner cette nouvelle loi peut prêter à confusion. Ce que cette loi interdit, ce sont les pratiques visant le changement de « l’orientation sexuelle » d’une personne ou la suppression de « l’identité de genre » ressentie par l’individu, alors que le changement de sexe biologique et la suppression des hormones sexuelles naturelles en faveur de l’idéologie « transgenre » sont irrationnellement encouragés. Au Canada, nous avons maintenant adopté une loi équivalente qui porte un autre nom, mais qui vise essentiellement le même but. La loi C-4 adoptée en janvier 2022 (précédemment appelée le « projet de loi C-6 » initialement présentée en 2019) interdit la « thérapie de conversion ». Voir les articles sur la thérapie de conversion et le transgenrisme.
2. N.D.T. : Pour des explications supplémentaires, voir les articles de Jonathon Van Maren, Comprendre notre nouveau monde étrange, et Comment une poignée de milliardaires a créé le « mouvement » transgenre, d’Éric Kayayan, Gnose et androgynie : la récurrence de l’idéal transgenre, et de Peter Jones, Translogique.