Cet article a pour sujet la conversion; elle est la prise de conscience d'avoir répondu à l'appel de Dieu; tout chrétien est appelé à la conversion. Elle implique la confession de la foi, elle est conviction du péché, repentance et consécration.

Source: Croire pour comprendre. 4 pages.

La conversion

  1. La conversion est la prise de conscience d’avoir été appelé par Dieu et d’avoir répondu à cet appel
  2. Tout chrétien est appelé à la conversion
  3. La conversion implique la confession de la foi
  4. La conversion est la conviction du péché
  5. La conversion est aussi un repentir
  6. La conversion est aussi une consécration

Les mots que nous employons chaque jour ont souvent de multiples significations, d’où certains malentendus et certaines ambiguïtés. Le vocabulaire chrétien n’échappe pas à cette règle et l’un des exemples les plus courants est celui du terme « conversion ». Terme familier, si souvent galvaudé par un certain usage ecclésiastique. La Bible lui donne une connotation différente. Lorsque Jésus, d’après Matthieu 16, appelait Pierre à devenir son disciple, nous pensions que ce dernier s’était converti ce jour-là. Or, ailleurs, nous entendons le Christ s’adresser à ce même Pierre en disant : « Quand tu seras converti, affermis tes frères » (Lc 22.32).

Examinons, si vous le voulez bien, la signification de ce mot essentiel pour mieux en saisir et en évaluer toute la richesse biblique.

1. La conversion est la prise de conscience d’avoir été appelé par Dieu et d’avoir répondu à cet appel🔗

Sa plus simple définition est « changement », un changement profond et radical. C’est ce que Jésus entendait en s’adressant à ses disciples : « Si vous ne vous convertissez [c’est-à-dire si vous ne faites pas un tour à 180 degrés] et si vous ne devenez comme les petits enfants, vous n’entrerez pas dans le royaume des cieux » (Mt 18.3). Un tel changement doit intervenir chez toute personne, vieille ou jeune, homme ou femme. Mais la conversion chrétienne a sa condition préalable. Elle sera précédée nécessairement par la régénération. « Il faut que vous naissiez de nouveau », affirme Jésus (Jn 3.7). La régénération, œuvre de l’Esprit de Dieu, peut se produire dès notre enfance. En tout cas, elle n’est pas notre œuvre ou la suite de notre conversion.

On se souvient de nombreux personnages bibliques : Jean-Baptiste avait été rempli du Saint-Esprit dès le sein de sa mère. À Jérémie, Dieu a déclaré : « Avant que je ne te forme dans le ventre de ta mère, je te connaissais, et avant que tu ne sortes de son sein, je t’avais consacré » (Jr 1.5). Nombre d’entre nous avons passé par cette étape lors de notre enfance, même si à l’époque nous n’en étions peut-être pas conscients. Or, de même qu’un enfant prend conscience de sa personne et qu’il découvre son identité, ainsi, l’homme régénéré devient peu à peu conscient de la grâce divine qui le fait naître à une vie nouvelle. L’Esprit a planté dans l’esprit de l’homme les germes de la foi qui sont appelés à éclore et à s’épanouir.

Reconnaissons cependant que même un adulte n’est pas nécessairement, en tout cas pas toujours immédiatement conscient de cette action de l’Esprit. Il saura, bien entendu, la saisir mieux qu’un enfant en raison de sa maturité psychologique. Pourtant, la régénération (que d’autres appellent nouvelle naissance) et la conversion sont deux aspects distincts dans la doctrine biblique du salut. Nul ne peut affirmer et ne devrait affirmer : « Je suis né de nouveau le 5 août dernier, à telle ou telle heure! » En revanche, il peut avec une parfaite assurance parler de sa conversion survenue à une date précise. À un moment donné, il a été conscient que Dieu l’a appelé à la vie et qu’il y a répondu par sa foi.

2. Tout chrétien est appelé à la conversion🔗

Il n’est pas absolument indispensable que tout fidèle déclare à cor et à cri qu’il s’est converti tel jour, à telle heure et dans de telles circonstances. Si, par exemple, vous me posiez la question, je serais bien embarrassé de vous citer une date et de vous faire le récit de ma conversion. Et je ne fais pas exception, car nous sommes nombreux, les chrétiens nés dans l’alliance, qui avons été régénérés lors de notre enfance. (Ceci s’applique également à ceux qui l’ont été plus tard). Sauriez-vous, par exemple, donner des précisions absolues sur un sentiment d’amitié ou d’amour né pour telle ou telle personne? L’amour, comme l’amitié, peut naître progressivement. Entre l’amitié des débuts et l’histoire d’amour avec celle qui est devenue votre femme, un certain temps a pu s’écouler. La consolidation de cet amour, de cette amitié, a encore pris du temps, peut-être des années… De toute manière, l’essentiel n’est pas de préciser quand et comment votre amour a commencé, mais la réalité de votre amour, de votre amitié, et sa certitude actuelle.

L’essentiel n’est pas de savoir comment votre conversion est survenue, mais l’assurance qu’aujourd’hui vous êtes converti. Nous sommes tous invités à entendre l’appel du Christ : « Si vous ne vous convertissez… » Certains chrétiens prétendront que, nés et élevés dans un foyer chrétien, ils ne ressentent pas le besoin de se convertir. Grave erreur, mes amis! Ce serait comme si, ayant oublié votre date de naissance, vous souteniez que vous ignorez si vous êtes vivant! Oui, la prétention de ne pas avoir besoin de se convertir serait aussi absurde que cela. Et si quelqu’un persiste à dire : « Je ne sais pas si je suis né de nouveau », ma réponse, ou ma question, sera : « Êtes-vous converti? » Car l’Écriture nous exhorte sans cesse à faire de notre vocation une certitude (2 Pi 1.10). Chacun d’entre nous devrait posséder la certitude qui animait saint Paul. « Je sais en qui j’ai cru! » (2 Tm 1.12).

Une telle assurance peut varier de degré chez les fidèles. Parfois, la même personne connaîtra une assurance plus ou moins grande, suivant les circonstances extérieures. À certains moments, elle se sentira élevée au sommet de la certitude, à d’autres elle sera troublée par le doute. Cette variation ne signifie pas qu’un jour elle est chrétienne et qu’elle cesse de l’être le lendemain. L’assurance chrétienne ne se fonde pas sur nos sentiments subjectifs, mais uniquement et totalement sur la solidité de la grâce de Dieu. « Celui qui croit au Fils a la vie éternelle » (Jn 3.36). Quel que soit le degré de notre conscience, la vie offerte par la mort et la résurrection du Christ Sauveur ne nous sera jamais ôtée, même si les fluctuations de notre certitude et de notre joie peuvent nous causer des inquiétudes. Tout chrétien pourra donner la preuve de son assurance dans la mesure où il donne des signes du changement intervenu dans sa vie et que des fruits apparaissent dans son comportement. Nul besoin que la conversion soit une expérience dramatique ou teintée de merveilleux. Et doit, tout simplement, être vraie; il ne nous est pas demandé ni fioritures ni de détails extraordinaires.

3. La conversion implique la confession de la foi🔗

Nul d’entre nous n’a commencé à parler dès sa naissance. Mais si un enfant, parvenu à l’âge de trois ans, n’a pas encore commencé à parler, on devrait s’inquiéter à son sujet. Est-il normal? Car tout être normalement constitué est sensé, tôt ou tard, parler.

Le fidèle régénéré parlera de sa foi et donnera l’évidence de sa régénération. Combien de « vedettes » de la conversion et du témoignage placent leur personne et leurs expériences au centre de leur foi! Le fidèle, lui, parlera avant tout de Dieu. Il rendra témoignage à son amour, à la personne divine de son Rédempteur Jésus-Christ, l’unique Seigneur de sa vie. S’il ne parlait pas, ne serait-il pas un handicapé spirituel, un retardé profond de la foi?

Certes, tous les chrétiens ne se ressemblent pas. Certains sont plus loquaces que d’autres. Notre nature humaine ne change pas fondamentalement, comme nous ne changeons pas la couleur de notre peau ni la longueur de nos oreilles après notre conversion. Quelques chrétiens parlent plus volontiers que d’autres de leur vie dans la foi. Il n’est pas dit que leur foi est plus profonde que celle des autres chrétiens parce qu’elle est plus volubile. Parfois même certaines volubilités, sous prétexte de témoignage, doivent plutôt embarrasser le Seigneur! D’autant plus que paroles et actes ne concordent pas toujours. Il est fort possible à un non-converti de fabriquer de toutes pièces un récit de sa « conversion » capable de nous impressionner. L’imposture, vous savez, a un visa permanent, jusque dans l’Église de Jésus-Christ.

Toutefois, une telle attitude ne devrait pas nous décourager de donner la raison de l’espérance qui est en nous (1 Pi 3.15). Lorsque ce témoignage se fait en présence de l’Église, il s’appelle confession publique de la foi. Des Églises réformées ont une cérémonie appelée « profession de foi », lors de laquelle les jeunes catéchumènes répondent personnellement aux promesses de l’Alliance de grâce de leur baptême. À cette occasion, ils offrent la preuve de leur foi personnelle au Dieu de leur salut.

4. La conversion est la conviction du péché🔗

La conversion ne s’arrête pas au témoignage. Elle est une reconnaissance profonde et aiguë du péché. « Ce ne sont pas ceux qui sont en bonne santé qui ont besoin de médecin, mais les malades », disait Jésus (Lc 5.31). Confesser ses péchés, les reconnaître n’est pas anodin. « Bien sûr que je ne suis pas parfait, d’ailleurs nul n’est parfait! » La véritable confession est l’aveu de fautes précises, et elle est aussi repentance. « Malheur à moi! Je suis perdu, car je suis un homme dont les lèvres sont impures », s’écriait Ésaïe devant la vision de la sainteté de Dieu (És 6.5). Quant à David, nous nous rappelons son émouvante prière : « Je suis né dans la faute et ma mère m’a conçu dans le péché » (Ps 51.7). Une telle conviction s’accroîtra et grandira au fur et à mesure. Le fidèle ressent le fardeau de la faute dont il est coupable tout autrement que l’homme incroyant, et l’homme qui est conscient d’être encore très éloigné de l’objectif final est celui qui avance dans le chemin de la sanctification. La meilleure preuve de notre conversion sera la conviction grandissante de notre état de péché.

5. La conversion est aussi un repentir🔗

Nous n’avons pas à demeurer dans le mal sous prétexte que nous nous savons pécheurs. Le salut par la seule grâce n’est pas un encouragement à persister dans la faute. L’Écriture nous met en garde contre une attitude blasphématoire, qui, à la manière cynique de Voltaire, pourrait dire : « Dieu pardonnera, c’est son métier! » (lire aussi Rm 3.8; 6.1).

La tristesse, le repentir et la prière pour le pardon des offenses font du converti un homme qui se convertit chaque jour. Pierre avait autant besoin de pardon pour son reniement que Judas pour sa trahison. Ceux qui, se disant chrétiens et convertis, sont retournés à leurs anciens péchés risquent d’entendre une lourde sentence le jour du jugement (2 Pi 2.21).

6. La conversion est aussi une consécration🔗

On ne saurait se détourner d’un objet sans se tourner vers un autre, car nous ne pouvons pas vivre dans le vide moral. Celui qui balaie sa maison après avoir chassé le démon, s’il ne l’occupe pas sérieusement, aura à subir l’assault de sept autres démons pires que le premier, disait Jésus (Mt 12.43-45). Se convertir ne signifie pas s’arrêter sur la pente du mal, mais encore se consacrer constamment et chaque jour à nouveau à son Seigneur et devenir conforme à Jésus-Christ. Cela s’appelle sanctification, croissance dans la grâce, preuve que l’on est régénéré. « C’est par leurs fruits que vous les reconnaîtrez », disait Jésus (Mt 7.20). L’Écriture, Parole de Dieu, nous indique sans faute et sans cesse ce qu’est le bon fruit de l’Esprit.

Le Christ nous appelle à la conversion, à la transformation de notre vie; mais cette vie, il la prend en main et s’en charge. Notre conversion, subite ou progressive, est la vie nouvelle que Dieu, dans sa bienveillance, nous a rachetée en Jésus-Christ et qui nous place dans la communion de son Saint-Esprit (lire aussi Mt 7.16-21; Lc 6.46; Ga 5.22-23; Ph 4.8).