Cet article a pour sujet la sanctification qui est un don de Dieu. La Bible n'enseigne pas le perfectionnisme ni l'idée de chrétiens "spirituels" et "charnels". L'Esprit agit chez tous les croyants et nous appelle à nous sanctifier par sa grâce.

Source: Croire pour comprendre. 3 pages.

La sanctification et l'homme spirituel

Le Christ a été fait pour nous sanctification de même qu’il fut justice, sagesse et rédemption (1 Co 1.30). Telle est la bonne nouvelle qui nous est annoncée. Le Saint-Esprit ne fait donc pas une œuvre indépendante et n’ajoute rien à l’œuvre parfaite et suffisante accomplie sur le Calvaire. Disons plutôt qu’il est cette force qui, en ouvrant nos cœurs et en nous permettant d’accepter le salut gratuit, rend cette œuvre « dynamique ». Le Christ nous a libérés du pouvoir du péché. Ce faisant, il nous donne la liberté et nous rend capables d’observer les commandements de Dieu. Il a anéanti la vieille nature et nous a fait ressusciter avec lui. Nous sommes vivants pour Dieu en Christ. Notre vie est changée par la foi en lui et cette foi nous est donnée par l’Esprit. Cette vie nouvelle est alors appelée la vie en Christ ou en l’Esprit. « Nous tous qui, le visage dévoilé, reflétons comme un miroir la gloire du Seigneur, nous sommes transformés en la même image, de gloire en gloire, comme par le Seigneur, l’Esprit » (2 Co 3.18). Notre sanctification est donc le don gratuit de Dieu.

Elle n’est absolument pas l’œuvre de l’homme, et la justification du pécheur n’est pas une « base » sur laquelle il pourrait, par ses propres efforts, échafauder progressivement sa « vie spirituelle ». Aussi n’est-il pas licite de distinguer deux catégories de chrétiens; les chrétiens demeurés « charnels » et ceux qui sont (ou seraient) « spirituels », ces derniers appartenant, pour ainsi dire, à une catégorie supérieure, bien que ce terme soit spirituellement étranger à l’Évangile… Car l’Évangile appelle tous les chrétiens à devenir spirituels, c’est-à-dire à « réaliser » leur nouvelle situation en Christ et à s’aligner en conséquence sur l’œuvre du Sauveur.

L’Évangile ne trace pas de limites discernables entre les chrétiens « de mauvaise qualité » et un certain type de « super-chrétien », très séduisant au premier abord, mais au sujet duquel on pourrait se poser la question de savoir s’il vit encore de la seule grâce! Car la tension existe toujours entre le pécheur et le royaume des ténèbres, et la chair et le monde nous sollicitent constamment; la tension ne disparaît pas automatiquement lorsqu’on a dépassé un certain stade.

En revanche, ce qui caractérise le croyant « sanctifié », c’est la repentance. Peut-être même celle-ci est-elle le signe authentique et suffisant de la sanctification… Dans la repentance, l’homme pardonné renonce à dominer la chair et à se libérer de son emprise par ses moyens propres, de façon autonome. Il sait qu’il ne peut se tirer seul d’affaire. Il n’affirme pas : « je me suis converti! », mais il se sait converti par le Seigneur et au Seigneur. La fausse sanctification reste loin de l’humilité; elle pousse certains à croire qu’ayant franchi les étapes « décisives » sur le chemin de la vie spirituelle, ils méritent dès lors de jouir de l’estime générale et… de porter dès ici-bas l’auréole de la sainteté… Qu’il soit clair qu’une telle attitude relève du pharisaïsme qui, comme on le sait, est la tentative de posséder une justice supérieure, laquelle, en définitive, n’est autre que la « propre justice », œuvre apparemment bonne, mais en réalité, aux yeux de Dieu, fruit abîmé de la corruption totale du pécheur égaré.

Une telle spiritualité a recours à des « moyens » et à des « méthodes » plutôt qu’à Dieu, seul auteur de notre sanctification. L’Ancien Testament nous dit qu’Israël devait dépendre étroitement du Dieu Libérateur. Nous savons qu’Israël, quoique pratiquant la loi, sombra dans le légalisme et fut déchu de la grâce. Nous sommes entièrement dépendants de Dieu et cela nous évite aussi bien de tomber dans l’orgueil spirituel que dans une auto-analyse, une introspection stérile. Quand nous sommes faibles, alors nous sommes forts. Par conséquent, il n’existe pas de sanctification qui soit un perfectionnisme dont le pécheur pourrait se glorifier, car ce dernier doit vivre constamment dans la confession de ses péchés et non pas de sanctification qui soit l’apanage de conventicules ou de cercles « spécialisés »… Car des groupes et des réunions de ce genre peuvent bien « secouer » l’Église, mais l’on est en droit de se demander s’ils sont en mesure de l’édifier!

Si la sanctification s’accomplit par la foi, la foi, elle, n’est pas un vain mot ou une théorie abstraite. L’Esprit agit d’une manière réelle, et lorsque Dieu prend possession de nous, il veut faire de nous le Temple de l’Esprit. C’est la raison pour laquelle la sanctification doit être la préoccupation constante du chrétien. Qu’il existe une fausse sanctification, nous le constatons tous les jours, mais ce n’est pas une raison pour refuser la vraie sanctification évangélique.

Celle-ci est l’œuvre de Dieu, mais elle est aussi notre travail : aucune contradiction dans cette affirmation, car nous ne voulons pas dire par là que Dieu ayant fait les 50 %, il nous incomberait de compléter l’œuvre divine. Non, c’est parce que Dieu travaille en nous que nous pouvons et devons « travailler » à notre tour; son action est à la fois la condition préalable et le stimulant de notre zèle. Le chrétien sanctifié voudra devenir ce qu’il est déjà en Christ. Il voudra gagner Christ en le suivant comme son bon Berger, sachant que celui-ci n’est pas uniquement un modèle à imiter.

Ayant été appelé des ténèbres à la lumière, il ne voudra plus marcher dans le péché. Ayant été crucifié avec le Christ et le vieil homme étant mort, il ne voudra pas commettre à nouveau le péché qui mène à la mort. Il ne s’abandonnera pas à l’iniquité. Il n’aimera pas le monde. Comment le pourrait-il, puisqu’il est citoyen du Royaume et qu’il appartient, d’ores et déjà, à un monde meilleur? Il sait que le monde présent est hostile à Dieu et par conséquent voué à la destruction. Il n’oubliera jamais sa place véritable et une seule chose comptera pour lui : il appartient désormais à Dieu, car il est réellement justifié. Il ne peut que vivre, avec toute sa force et de tout cœur, pour le Seigneur dont il est la propriété.

Certes, le sanctifié sait qu’il n’est pas encore totalement conforme à l’image du Seigneur; aussi cherchera-t-il constamment la sanctification sans laquelle personne ne peut voir Dieu. Il tendra vers une conformité à la ressemblance de Jésus, sachant que tout péché est une anomalie dans sa vie, et une anomalie génératrice de conflits intérieurs. Il ne peut user d’indulgence à son égard et, si le mal n’a pas complètement disparu, sa présence ne sera pas acceptée comme un statu quo. Car « quiconque a cette espérance en lui se purifie » (1 Jn 3.3).

Il y a désormais une distinction entre celui qui vit pour le péché et le croyant en qui le péché vit encore; mais le péché n’aura pas le dernier mot. La personne vraiment sanctifiée est celle qui aspire à la conformité parfaite avec l’image du Seigneur et se sait cependant tellement éloignée d’elle…

Le croyant, tout en étant responsable de sa sanctification, n’est jamais autonome vis-à-vis de Dieu. Et s’il a compris ce que veut dire « à Dieu seul la gloire », il marchera dans la sanctification. Car, à vrai dire, le but ultime est d’être saint comme lui est saint, de le connaître comme nous sommes connus, et de lui apporter finalement toutes les couronnes que nous aurons reçues après notre combat dans la foi.