L'ascension de Jésus-Christ et sa signification pour l'Église
L'ascension de Jésus-Christ et sa signification pour l'Église
Actes 1.3-14
Colossiens 3.1-15
Nous vous proposons de méditer sur deux textes du Nouveau Testament qui ont trait à l’ascension de notre Seigneur Jésus-Christ et à sa signification pour l’Église. Je citerai ces deux passages intégralement, car beaucoup de nos lecteurs ne disposent pas d’une Bible, et la citation de l’Écriture sainte est le seul moyen pour eux de savoir ce que Dieu, dans sa Parole, nous a fait connaître pour l’avancement de notre foi. Le premier texte est le récit de l’ascension de Jésus après sa résurrection des morts, tel qu’il nous est rapporté au premier chapitre du livre des Actes des apôtres. Le second texte est un passage de la lettre de l’apôtre Paul aux chrétiens de la ville de Colosse, au chapitre 3. Nous verrons donc quelle est la signification centrale de l’ascension du Seigneur Jésus et quels en sont les effets sur la vie de l’Église, aussi bien sur le plan de la mission que sur celui des relations entre croyants au sein de l’Église.
Luc, l’auteur de l’Évangile qui porte son nom et du livre des Actes des apôtres, rapporte au premier chapitre de ce dernier livre les faits suivants :
« C’est à eux aussi [c’est-à-dire à ses apôtres] qu’avec plusieurs preuves Jésus se présenta vivant, après avoir souffert, et leur apparut pendant quarante jours en parlant de ce qui concerne le royaume de Dieu. Comme il se trouvait avec eux, il leur recommanda de ne pas s’éloigner de Jérusalem, mais d’attendre la promesse du Père dont, leur dit-il, vous m’avez entendu parler : car Jean a baptisé d’eau, mais vous, dans peu de jours, vous serez baptisés d’Esprit Saint. Eux donc, réunis, demandèrent : Seigneur, est-ce en ce temps que tu rétabliras le royaume d’Israël? Il leur répondit : ce n’est pas à vous de connaître les temps ou les moments que le Père a fixés de sa propre autorité. Mais vous recevrez une puissance, celle du Saint-Esprit survenant sur vous, et vous serez mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée, dans la Samarie et jusqu’aux extrémités de la terre.
Après avoir dit cela, il fut élevé pendant qu’ils le regardaient, et une nuée le déroba à leurs yeux. Et comme ils avaient les regards fixés vers le ciel pendant qu’il s’en allait, voici que deux hommes, en vêtements blancs, se présentèrent à eux et dirent : Vous Galiléens, pourquoi vous arrêtez-vous là à regarder au ciel? Ce Jésus, qui a été enlevé au ciel du milieu de vous, reviendra de la même manière dont vous l’avez vu aller au ciel.
Alors ils retournèrent à Jérusalem depuis le mont appelé des Oliviers, qui est près de Jérusalem, à la distance d’un chemin de sabbat. Quant ils furent entrés, ils montèrent dans la chambre haute où ils se tenaient d’ordinaire : c’étaient Pierre, Jean, Jacques et André, Philippe et Thomas, Barthélemy et Matthieu, Jacques fils d’Alphée, Simon le zélote et Jude fils de Jacques. Tous d’un commun accord persévéraient dans la prière, avec les femmes, avec Marie, mère de Jésus, et avec ses frères » (Ac 1.3-14).
Voici maintenant ce que l’apôtre Paul a écrit aux chrétiens de Colosse :
« Si donc vous êtes ressuscités avec le Christ, cherchez les choses d’en haut, où le Christ est assis à la droite de Dieu. Pensez à ce qui est en haut, et non à ce qui est sur la terre. Car vous êtes morts, et votre vie est cachée avec le Christ en Dieu. Quand le Christ, votre vie, paraîtra, alors vous paraîtrez aussi avec lui dans la gloire. Faites donc mourir votre nature terrestre : l’inconduite, l’impureté, les passions, les mauvais désirs et la cupidité qui est une idolâtrie. C’est pour cela que vient la colère de Dieu sur les rebelles. Vous marchiez ainsi autrefois, lorsque vous viviez dans ces péchés. Mais maintenant, vous aussi, rejetez tout cela : colère, animosité, méchanceté, calomnie, paroles grossières qui sortiraient de votre bouche. Ne mentez pas les uns aux autres, vous qui avez dépouillé la vieille nature avec ses pratiques et revêtu la nature nouvelle qui se renouvelle en vue d’une pleine connaissance selon l’image de celui qui l’a créée. Il n’y a là ni Grec, ni Juif, ni circoncis, ni incirconcis, ni barbare, ni Scythe, ni esclave ni libre; mais Christ est tout et en tous. Ainsi donc, comme des élus de Dieu, saints et bien-aimés, revêtez-vous d’ardente compassion, de bonté, d’humilité, de douceur, de patience. Supportez-vous les uns les autres et faites-vous grâce réciproquement; si quelqu’un a à se plaindre d’un autre, comme le Christ vous a fait grâce, vous aussi faites de même. Mais par-dessus tout, revêtez-vous de l’amour qui est le lien de la perfection. Que la paix du Christ, à laquelle vous avez été appelés pour former un seul corps, règne dans vos cœurs. Soyez reconnaissants » (Col 3.1-15).
L’ascension de Jésus-Christ a pour son Église une grande et centrale signification : Jésus-Christ règne et sa royauté est éternelle : notre Roi est ressuscité, il est monté au ciel et il est assis à la droite de Dieu le Père, d’où il reviendra pour juger les vivants et les morts. C’est ainsi que s’exprime le Symbole des apôtres, la confession de foi chrétienne la plus universelle, qui est chaque dimanche énoncée par nombre de chrétiens dans le monde entier. Oui, l’ascension de notre Seigneur demeure pour nous, jusqu’au retour du Christ, le signe visible de sa domination universelle. « Domination universelle » veut dire que Jésus est le Roi aussi bien de la terre que du ciel, il est le Roi de tout ce qui existe. L’Église n’a pas un roi qui règne sur une aire géographique limitée; il n’est pas comme le roi des Zoulous ou le prince de Monaco, qui règnent seulement sur un peuple ou un pays donné. Non, Jésus-Christ règne sur l’univers tout entier depuis le ciel, avec une puissance et une autorité divines. Une confirmation de ceci est justement le fait que le Symbole des apôtres, cette confession de foi chrétienne que j’ai citée, est accepté par les chrétiens dans toutes les parties du monde, par delà les différences de pays, de langues et de cultures.
Mais il nous faut aujourd’hui beaucoup insister sur cette confession de la royauté de Jésus-Christ. Car on entend de plus en plus parler d’une Église où les besoins et préoccupations de ses membres — besoins bien réels, certes — sont soulignés avec insistance, mais où la royauté de Christ est mise au second plan, voire disparaît tout à fait. Et savez-vous à quoi ressemble une Église où la place centrale de Jésus-Christ disparaît ou bien est mise au second plan? Une telle Église ressemble à Marie-Madeleine désespérée au matin de la résurrection de Jésus, car elle ne sait pas encore qu’il est ressuscité, et elle pleure. Elle est venue au tombeau et voit que le corps de Jésus a disparu. Et lorsque les anges qui sont là lui demandent : « Femme, pourquoi pleures-tu? Elle leur répond : Parce qu’on a pris mon Seigneur, et je ne sais pas où on l’a enterré » (Jn 20.13). Oui, si je n’étais pas mieux informé, moi aussi et vous avec moi, nous pleurerions comme Marie-Madeleine, car je ne sais vraiment pas où certains théologiens et pasteurs, lorsqu’ils parlent de l’Église, ont mis et enterré mon Seigneur…
Mais voici que Jésus est ressuscité des morts, et il est monté au ciel. Est-ce si facile à accepter, pour nous autres chrétiens? L’ascension n’est-elle pas une grande perte pour l’Église? J’ai récemment entendu dire que, dans certaines toutes jeunes Églises, qui sont encore mal instruites dans la vérité, l’ascension est célébrée comme un événement très triste, car, pense-t-on, Jésus a abandonné son Église et c’est pour elle une très grande perte… Quant à nous, nous savons que l’ascension de Jésus-Christ n’est pas un événement triste, mais bien une source de joie, car désormais il règne depuis le ciel. Pourtant, je veux répéter ma question : est-ce si facile à accepter? Où voyons-nous chaque jour les signes de sa royauté? Le contraire n’est-il pas plutôt vrai? À savoir que Jésus est bien auprès du Père, mais règne-t-il vraiment sur le monde? S’il est le Roi, pourquoi voyons-nous tant de misère, de violence, de mal?
Et puis, dans quelle direction nous faut-il regarder? Vers le haut, ou en bas? D’un côté, comme nous l’avons lu, les anges ont dit aux disciples : « Hommes galiléens, pourquoi vous arrêtez-vous à regarder au ciel? » (Ac 1.11), mais d’un autre côté nous avons aussi lu les paroles de Paul aux chrétiens de Colosse : « Si donc vous êtes ressuscités avec le Christ, cherchez les choses d’en haut, où le Christ est assis à la droite de Dieu. Pensez à ce qui est en haut, et non à ce qui est sur la terre » (Col 3.1-2). Ces deux passages ne sont-ils pas contradictoires?
La contradiction n’est qu’apparente, car le Saint-Esprit nous enseigne à regarder dans la bonne direction pour trouver Christ. Et de fait, les dernières paroles de Jésus à ses disciples, avant son ascension au ciel, ont été la promesse que son Esprit viendrait sur eux. « Mais vous recevrez une puissance, celle du Saint-Esprit survenant sur vous, et vous serez mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée, dans la Samarie et jusqu’aux extrémités de la terre » (Ac 1.8). L’accomplissement de cette promesse, tel que nous le lisons au chapitre 2 du livre des Actes avec le récit de la Pentecôte, est bien sûr un autre signe visible de la royauté du Christ depuis le ciel. Car qui d’autre que le Roi pourrait envoyer l’Esprit de Dieu aux hommes?
Et maintenant, le Consolateur promis, l’Esprit Saint, nous donne encore davantage de raisons de nous réjouir dans l’ascension de Jésus. En effet, même si nous attendons avec impatience et dans la prière son retour, nous ne sommes pas tristes à cause de l’ascension, parce que l’Esprit de Dieu est venu sur son Église, et, comme le Seigneur Jésus l’avait promis, l’Esprit a donné à l’Église la force d’aller témoigner jusqu’aux extrémités de la terre. Il n’est donc pas nécessaire de regarder vers le haut, comme si Jésus avait disparu quelque part, et comme si nous devions essayer de le voir physiquement, pendant qu’il est assis à la droite de Dieu le Père. De toute manière, nous ne sommes absolument pas en mesure de contempler une telle scène pour le moment. Le commandement que Jésus donne à ses disciples avant son ascension, c’est de regarder vers Jérusalem, et aussi vers la Judée, la Samarie et jusqu’aux extrémités de la terre, afin qu’ils proclament partout la royauté de Jésus.
Ainsi donc, Jésus, avant son ascension au ciel, tourne les regards de ses disciples vers la ville de Jérusalem, vers la province de Judée, vers celle de Samarie, et finalement vers les extrémités de la terre, afin qu’ils aillent annoncer au monde entier la Bonne Nouvelle de sa royauté et du salut qu’il apporte aux hommes pécheurs. Il leur promet aussi un équipement divin pour cette tâche : le Saint-Esprit de Dieu lui-même, qui viendra sur eux le jour de Pentecôte. Par la force du Saint-Esprit, les disciples seront en mesure de témoigner avec puissance et persuasion du message qu’ils apportent. L’ordre missionnaire de Jésus-Christ est donc universel, tandis que son ascension au ciel est le signe visible de l’autorité universelle qui lui a été conférée par Dieu le Père.
Voyez-vous donc le lien indissociable qui existe entre l’ascension de notre Seigneur et la mission de son Église? L’ascension est pour l’Église le signe visible de la royauté universelle de Jésus, et la mission qu’il confère à son Église reflète cette royauté universelle, car la mission doit atteindre le monde tout entier. Les deux sont inséparables. Avec la force du Saint-Esprit, l’Église témoigne au monde entier qu’il est un Roi qui siège au ciel et dont la royauté subsistera pour toujours. Voilà le témoignage joyeux de l’Église dans le temps qui se situe entre l’ascension et le retour promis du Christ. L’Église est littéralement poussée par le Saint-Esprit à regarder là où son témoignage doit être annoncé, comme si l’Esprit tournait ses regards dans la bonne direction.
Et voyez-vous, cela se passe d’une manière très concrète, chaque fois qu’une Église aperçoit un nouveau champ missionnaire que le Roi a placé sur son chemin pour y planter la semence de la Parole de Dieu et pour l’arroser. Si l’Église choisit de fermer les yeux, pour son propre confort, et ne s’engage pas dans le champ que Jésus-Christ lui présente, alors l’Esprit de Dieu la quitte. Mais chaque fois que des hommes et des femmes perdus parviennent à la connaissance de ce Roi et à l’obéissance qu’il requiert, au moyen du témoignage puissant et rempli d’Esprit Saint de l’Église, alors la royauté de Christ se trouve à nouveau confirmée.
Non pas comme les disciples le voulaient, lorsqu’ils demandèrent à Jésus, juste avant son ascension : « Seigneur, est-ce à ce moment-là que tu rendras le royaume à Israël? » (Ac 1.6). La nature et la dimension de la royauté de Jésus-Christ sont bien autres que ce à quoi ils pensaient. Ils étaient encore captifs de l’idée d’un rétablissement triomphal d’Israël en tant que nation. Mais Jésus est passé par le baptême de la croix afin d’effectuer le salut d’hommes et de femmes du monde entier — pas seulement des Juifs — et afin de rassembler pour lui un peuple choisi qui régnera avec lui sur la terre pour toujours. Peu importe si le salut de ces hommes et femmes intervient tout près de nous, ou quelque part aux extrémités de la terre. Chaque fois que cela arrive, les anges se réjouissent dans le ciel, autour du trône du Roi; et nous aussi, sur la terre, nous nous réjouissons avec eux chaque fois qu’une personne est sauvée, car notre Roi s’en trouve glorifié. Le nombre de ceux qui font partie de son peuple s’accroît, comme il l’a planifié avec son autorité et sa puissance royales.
Mais maintenant, nous devons nous intéresser à la nature de notre témoignage, à son caractère. Peu de temps après que Jésus soit monté au ciel, quelque part en dehors de Jérusalem, en dehors de la Judée et de la Samarie, quelque part en Asie Mineure (c’est-à-dire aujourd’hui en Turquie), une petite communauté chrétienne naissait dans la ville de Colosse, comme fruit du témoignage d’un croyant. Et voyez quelle dynamique a pu avoir le témoignage de témoins fidèles sur le champ missionnaire : D’abord, juste après l’ascension de Jésus, les disciples sont retournés à Jérusalem pour y témoigner. Puis est intervenue une grande persécution contre eux, persécution à laquelle un certain Saul de Tarse prit une part très active. Mais voilà que ce même Saul se convertit et commence lui aussi à témoigner du Seigneur Jésus-Christ. Il prêche l’Évangile, et au moyen de sa prédication, un certain Épaphras parvient à la foi. Épaphras va à son tour répandre la Bonne Nouvelle, et par l’œuvre puissante du Saint-Esprit, l’Église de Colosse est formée.
Voyez-vous comment est actif notre Roi qui siège à la droite de Dieu, au ciel? Les pires obstacles, tels qu’une persécution physique, la mort de martyrs (et rappelez-vous que le mot « martyr » veut dire, étymologiquement, « témoin »), oui, les pires obstacles ne peuvent empêcher son royaume de s’étendre. Et maintenant, Paul, l’ancien persécuteur de l’Église, peut écrire aux chrétiens de Colosse, au début de sa lettre :
« Car cette Bonne Nouvelle est parvenue jusqu’à vous, comme elle est aussi présente dans le monde entier où elle porte du fruit et va de progrès en progrès. C’est également le cas parmi vous, depuis le jour où vous avez reçu et reconnu la grâce de Dieu dans toute sa vérité. C’est Épaphras, notre cher collaborateur, qui vous en a instruits. C’est un fidèle serviteur du Christ auprès de vous, et il nous a appris quel amour l’Esprit vous inspire » (Col 1.6-8).
Mais Paul décrit aussi aux Colossiens la nature et le caractère d’un témoignage pur : leur vie est caractérisée par la vie de Jésus-Christ même. En opposition avec la vieille nature de péché, qui est prisonnière de ses convoitises, maintenant, leur dit Paul : « Recherchez les réalités d’en haut, là où se trouve le Christ qui siège à la droite de Dieu. De toute votre pensée, tendez vers les réalités d’en haut, et non vers celles qui appartiennent à la terre » (Col 3.1-2). Paul veut dire par là que de vrais chrétiens ne doivent plus avoir part à ce qui sécrète une odeur de mort, à ce dont ils ont été libérés, car ils ne demeurent plus dans la mort. Avec Christ, ils sont ressuscités, et par l’Esprit ils ont part à la vie de Christ qui est assis au ciel. Encore une raison pour nous de nous réjouir dans l’ascension de notre Seigneur. Car désormais, nous avons part à la vie de notre Roi lui-même; nous sommes même prêtres, prophètes et rois avec lui! Mais c’est là une réalité que le monde, qui est captif de ses péchés, ne voit pas. C’est pourquoi Paul dit, au verset 4 du chapitre 3 de sa lettre, que notre vie est cachée avec le Christ en Dieu. Notre royauté avec Christ n’est pas du tout reconnue, bien au contraire!
Et pour nombre de chrétiens aujourd’hui, être un témoin du Roi des rois signifie littéralement être un martyr : au Soudan, au Pakistan, en Inde, en Asie du Sud-Est, même aux États-Unis d’Amérique. Ces témoins sont reconnus comme rois de la même manière que Jésus-Christ sur la croix. Rappelez-vous des quatre lettres écrites au-dessus de la croix : INRI, ce qui signifie, « Jésus de Nazareth, Roi des Juifs ». On s’est alors moqué de sa royauté, du Roi crucifié sur une croix. Où est donc la souveraineté de Jésus-Christ, lorsque nous constatons que de telles persécutions ont lieu sans être le moins du monde empêchées? Tout d’abord, cela ne devrait pas être une surprise pour nous, car le Roi avait très clairement mis en garde ses disciples : « Si le monde a de la haine pour vous, rappelez-vous : il m’a haï avant vous. […] Rappelez-vous de la parole que je vous ai dite : un serviteur n’est pas plus grand que son maître. S’ils m’ont persécuté, ils vous persécuteront aussi » (Jn 15.18, 20). En second lieu, pour nous et pour ces témoins, qui sont devenus littéralement des martyrs, la promesse de Dieu reste ferme : « Car vous êtes morts, et votre vie est cachée avec le Christ en Dieu. Le jour où le Christ apparaîtra, lui qui est votre vie, alors vous paraîtrez, vous aussi, avec lui, en partageant sa gloire » (Col 3.3-4).
Cette vie nouvelle n’obtient pas la reconnaissance des forces qui combattent contre le Roi et son royaume, et c’est bien vrai que la gloire de cette nouvelle vie attend le jour où elle sera révélée totalement. Mais pour ceux qui savent juger de manière spirituelle, les fruits d’une telle vie nouvelle sont bien visibles. De tels fruits sont en fait le témoignage le plus puissant qu’un croyant puisse apporter au monde. Ces fruits sont un hommage permanent au Roi qui siège dans le ciel. Et c’est à ce sujet que Paul écrit à l’Église de Colosse.
Sans doute le signe ou le fruit le plus visible qu’avait reçu cette Église, était l’unité en Christ, malgré la provenance très diverse des membres de cette communauté chrétienne. Certains étaient Juifs, d’autres Grecs, d’autres des barbares, comme on les appelait, c’est-à-dire des gens qui avaient une autre langue maternelle que le grec; d’autres encore avaient une origine scythe. Il y avait aussi des gens à l’origine sociale très diverse : certains étaient esclaves, tandis que d’autres étaient libres. Mais Paul écrit très clairement à cette communauté constituée de gens si différents, et où personne n’était rejeté à cause de son appartenance ethnique, culturelle ou sociale : « Il n’y a plus que le Christ, lui qui est tout et en tous » (Col 3.11). Oui, l’unité en Christ leur était donnée, mais la communauté devait manifester cette unité, la vivre au jour le jour dans l’amour, la patience, le pardon réciproque, car peu importait que l’on soit Grec ou Juif, circoncis ou incirconcis, qu’on ait une autre langue maternelle, qu’on soit esclave ou libre : dans l’Église de Colosse se trouvait le peuple de Dieu, qu’il chérit.
Cette Église, avec sa composition si diverse, est justement une image de l’universalité du règne du Christ, qui rassemble dans son Église des gens de toute origine, provenant de toute la terre. Et comment Christ pourrait-il être tout et en tous, s’il n’était pas d’abord monté au ciel? L’ascension de notre Seigneur est de la plus grande importance pour l’unité de l’Église : car d’en haut, depuis le ciel, il est la tête du corps tout entier; depuis le ciel, à la droite de Dieu le Père, il donne l’unité à son Église, une unité à laquelle nous devons donner une forme visible dans nos rapports réciproques, nous qui sommes ses serviteurs obéissants. C’est là aussi notre témoignage devant le monde, le témoignage de la seule vraie unité dans le monde.
En conclusion, nous ne regardons pas au ciel de manière passive, inactive. Nous savons que notre Roi siège dans les cieux. Nous avons reçu de lui une nouvelle vie. Mais nous avons aussi reçu directement de lui un ordre, une tâche à accomplir pour notre vie quotidienne : celle d’être des serviteurs fidèles, de vivre et de proclamer sa royauté, qui est caractérisée par la justice. Accomplissons donc cette tâche avec l’assurance qu’il règne et que sa royauté subsiste éternellement. Car « Dieu l’a élevé à la plus haute place et il lui a donné le nom qui est au-dessus de tout nom, pour qu’au nom de Jésus tout être s’agenouille dans les cieux, sur la terre et jusque sous la terre, et que chacun déclare : Jésus-Christ est Seigneur, à la gloire de Dieu le Père » (Ph 2.9-11). Et « le jour où le Christ apparaîtra, lui qui est votre vie, alors vous paraîtrez, vous aussi, avec lui, en partageant sa gloire » (Col 3.4).