Cet article a pour sujet l'espérance qui est liée à la foi et à l'amour; elle est une certitude des choses promises par Dieu pour l'avenir qui conditionne la marche du chrétien dans le temps présent.

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L'espérance

  1. Les trois!
  2. Et l’espérance?
  3. L’espérance conditionne la marche

1. Les trois!🔗

Un jour, il n’y aura plus que l’amour. Aujourd’hui, il doit y avoir les trois. Aujourd’hui, les trois sont inséparables. Un seul et même Esprit communique l’amour, la foi et l’espérance au croyant, de telle sorte qu’on ne peut avoir l’un sans avoir les deux autres.

Dire cela peut surprendre. Beaucoup, par exemple pensent qu’il n’y a pas besoin de la foi pour aimer. Tout le monde n’a pas la foi, mais tout le monde aime, au moins un peu… « Je ne fais de mal à personne! Et même je rends service chaque fois que je peux. » Il y a des personnes qui, sans la foi, peuvent être douces, attentionnées, patientes, généreuses, et qui font du bien autour d’elles, peut-être plus que certains chrétiens. Mais dans ce même chapitre, Paul dit que l’on peut donner tous ses biens pour la nourriture des pauvres sans amour! Il parle donc d’autre chose que de gentillesse ou de générosité…

En fait, il y a très probablement beaucoup moins d’amour sur cette terre que ce qu’il nous semble. Nous nous contentons des apparences. La Bible dit que l’amour n’habite pas naturellement dans le cœur des hommes. Le seul endroit où réside l’amour, c’est dans le cœur de Dieu. Il faut donc le recevoir. Mais qui le reçoit? Profiter de la patience de Dieu, de ses bienfaits, de sa prodigalité, c’est une chose; mais recevoir son amour… Cela ne se fait que par la foi : « Nous avons connu l’amour en ce qu’il a donné sa vie pour nous » (1 Jn 3.16). Cela signifie que sans la foi en Jésus-Christ livré pour nous, l’amour est inconnu. Or, la foi suppose un brisement dans le cœur. Pas de brisement, pas d’amour. Le recevoir suppose une action du Saint-Esprit, sur la base de l’œuvre de Jésus (Rm 5.1, 5b). Ainsi, la foi et l’amour sont absolument liés1.

2. Et l’espérance?🔗

Beaucoup pensent pouvoir vivre l’amour sans la foi. Beaucoup disent avoir la foi, mais sans l’espérance. L’espérance, cela fait un peu secte… Les sociologues décrivent la société d’aujourd’hui comme une société sans espérance. Mais est-ce si nouveau?

L’espérance est tellement liée à la foi que c’est pratiquement une seule et même chose (voir Hé 11.1). Il y a une différence, cependant. Je vais l’illustrer avec les paroles de Jésus que l’on trouve au chapitre 10 de Jean. C’est le texte où Jésus parle en tant que bon Berger.

Son amour est clairement dévoilé quand il dit : « Le bon Berger donne sa vie pour ses brebis » (Jn 10.11). Nous ne devrions jamais nous habituer à de telles paroles. Noter que « donner sa vie » est au présent. Quand Jésus dit qu’il donne sa vie, il ne dit pas seulement qu’il meurt, comme un soldat qui donne sa vie pour son pays. Il dit aussi qu’il donne sa vie, c’est-à-dire que sa vie nous est donnée, nous est communiquée, transmise, comme la vie du cep est donnée au sarment, comme la vie de la mère est donnée à l’enfant par le lait qu’il tète (1 Th 2.7-8). Dans cette vie-là, l’amour de Dieu est compris, « versé dans nos cœurs par le Saint-Esprit » (Rm 5.5)2. C’est son amour en nous, puis entre nous! « À cela, tous verront que vous êtes mes disciples » (Jn 13.35).

La foi est dévoilée quand il dit : « Mes brebis écoutent ma voix et elles me suivent » (Jn 10.27). C’est au présent. Écouter signifie recevoir dans le cœur et suivre. Ève n’a pas seulement entendu le tentateur, mais elle l’a écouté… Abraham a cru et il est parti. La foi, c’est vivre maintenant ce qu’il y a à recevoir et à vivre avec Dieu maintenant3. Si aujourd’hui tu regardes à Jésus, si aujourd’hui tu écoutes sa voix, si aujourd’hui tu y réponds, si tu obéis à ce qu’il te demande, c’est cela la foi.

L’espérance, c’est la certitude des choses promises, comme si on les avait déjà, alors qu’on ne les a pas encore. On le voit dans ces paroles de Jésus : « Je leur donne la vie éternelle [c’est au présent]; elles ne périront jamais et nul ne les ravira de ma main [c’est au futur] » (Jn 10.28). Cela, c’est l’espérance, dont la Bible dit qu’elle est « une ancre de l’âme solide et sûre » (Hé 6.19). Une ancre qui attache notre vie à l’éternité! Je pense aussi à ce que dit Jésus un peu après : « Il y a plusieurs demeures dans la maison de mon père; je vais vous préparer une place, afin que là où je suis, vous soyez aussi maintenant » (Jn 14.2). L’espérance relie le présent du chrétien à son avenir avec Dieu. C’est déjà vrai, mais ce n’est pas encore accompli.

Deux autres exemples dans la bouche de Jésus : « Ne vous réjouissez pas de ce que les esprits vous sont soumis; mais réjouissez-vous de ce que vos noms sont écrits dans les cieux » (Lc 10.20). « Vous donc aussi, vous êtes maintenant dans la tristesse; mais je vous reverrai, et votre cœur se réjouira, et nul ne vous ravira votre joie » (Jn 16:22).

C’est cela l’espérance. C’est l’espérance qui fait dire à Paul : « J’ai le désir de m’en aller pour être avec Christ, ce qui de beaucoup est le meilleur » (Ph 1.23). Mais c’est la foi et l’amour qui lui font dire : « Mais pour vous, il est préférable que je reste » (Ph 1.24).

3. L’espérance conditionne la marche🔗

La Bible parle des hommes qui sont « sans espérance et sans Dieu dans le monde » (Ép 2.12). Quelle tristesse! « Si les morts ne ressuscitent pas, mangeons et buvons, car demain nous mourrons » (1 Co 15.32). C’est la philosophie de beaucoup de gens. Mais je me demande s’il n’y a pas plus de chrétiens qu’on le pense qui sont également sans réelle espérance. Ils disent qu’ils ont la foi… mais si peu d’espérance. Or l’espérance, qui concerne l’avenir, projette sur le présent une lumière incomparable. Cette lumière manque beaucoup aujourd’hui. Cela explique beaucoup de choses.

Je donne un exemple. Quand Dieu dit à Abram : « Quitte ton pays, la maison de ton père, et va dans le pays que je te montrerai » (Gn 12.1), il fait appel à sa foi. « C’est par la foi qu’Abram partit, sans savoir où il allait », dit l’épître aux Hébreux (Hé 11.8). Ce n’était pas rien! Mais Dieu lui dit aussi : « Ta postérité sera comme les étoiles du ciel, comme le sable qui est au bord de la mer » (Gn 22.17). Là, c’est l’espérance qui est concernée. Abraham est mort sans voir sa postérité; mais ces choses ont été devant lui comme un horizon certain, plus certain même que les choses présentes et visibles! Abraham quitta tout et partit « car il attendait la cité qui a de solides fondements, celle dont Dieu est l’architecte et le constructeur » (Hé 11.10). C’est cela, l’espérance4. Là, on voit que l’espérance nourrit et fortifie la foi pour la marche. Quand l’espérance manque, la foi flanche. La vie d’Abraham le montre.

Cela est dit également de Jésus : « En vue de la joie qui lui était réservée, il a souffert la croix [la séparation d’avec Dieu] et méprisé la honte » (Hé 12.2). Ce verset résume sa vie et son œuvre. Jésus est décrit comme un homme de douleur : il a lutté avec cris et larmes pour apprendre l’obéissance jusqu’à la mort infâme de la croix. Mais il dit à ses disciples : « Vous aurez en vous ma joie et ma joie est parfaite » (Jn 15.11; 17.13). D’où donc pouvait bien venir cette joie? De l’espérance. « En vue de la joie qui lui était réservée, il a souffert la croix. » L’espérance a fortifié la foi, la foi a permis l’obéissance. C’est ainsi que Jésus est allé jusqu’au bout de sa mission.

Peut-il en être autrement pour nous, frères et sœurs?

Ainsi l’espérance, qui est en lien avec les choses à venir, a bien un effet immédiat : elle affecte le présent, elle conditionne la marche, elle éclaire le chemin. La vie d’un chrétien, aujourd’hui, est aussi conditionnée par son espérance que par sa foi.

Et l’amour? En réalité, c’est l’espérance qui permet au chrétien de donner sa vie dès maintenant, ce qui est la définition même de l’amour! À commencer dans le couple (pour ceux et celles qui sont mariés). L’assurance du bonheur éternel, c’est aussi ce qui permet de souffrir. Et même de mourir, si Dieu le demande5. Paul, dans une de ses lettres, parle des « légères afflictions du moment présent » (2 Co 4.17). Étaient-elles vraiment légères? Pas du tout. Mais elles étaient légères comparées aux choses réservées, comparées au trésor incorruptible.

Qui d’entre nous, grâce à l’espérance qu’il a dans son cœur, est prêt à souffrir à cause de Jésus-Christ?

Je voudrais citer, avant de conclure, cette parole de l’apôtre Paul : « Frères, ne pleurez pas comme ceux qui n’ont pas d’espérance » (1 Th 4.13). Paul ne dit pas aux chrétiens de ne pas pleurer (comme s’il n’y avait que ceux qui n’ont pas d’espérance qui devaient pleurer). Il dit aux chrétiens : Ne pleurez pas comme eux. Pleurez aussi, mais pas comme eux!

Qu’est-ce que cela signifie? Cela signifie qu’être chrétien ne fait pas de nous des anges : on ne devient pas immortels, on ne devient pas invincibles, on ne devient pas infaillibles, on ne devient pas insensibles… On pourrait dire : on est comme tout le monde! C’est vrai. À l’hôpital, il y a aussi des chrétiens hospitalisés…

Et en même temps, l’espérance change déjà tout cela : toutes ces choses que nous allons vivre (travailler, économiser, acheter, vendre, être malade, se soigner, vivre des deuils, rire, pleurer, se marier, avoir des enfants, et même mourir), nous allons les vivre comme tout le monde, mais pas comme tout le monde. Vous comprenez? Nous allons vivre les mêmes choses, mais différemment. À cause de quoi? À cause de l’espérance.

C’est comme deux personnes qui voyagent dans un train, ou qui marchent, sous la pluie ou sous le soleil, ou dans une forêt inextricable… Une d’elles ne sait pas où elle va; l’autre le sait et c’est un endroit incomparablement magnifique. Croyez-vous que ces deux personnes vont voyager de la même manière? En un sens oui. Mais en réalité, non. Pas du tout! Une va probablement se décourager; l’autre pas, même si les circonstances présentes sont difficiles pour l’une comme pour l’autre.

Que manque-t-il dans ce monde? La foi? L’espérance? Ou l’amour? Les trois. Beaucoup voudraient avoir l’amour, mais sans la foi. Ou la foi (ça aide, dit-on), mais sans réelle espérance. C’est impossible. À la fin des temps, ces choses seront devenues très rares. Elles le sont déjà maintenant.

Ces trois réalités manquent évidemment chez ceux qui ne les ont pas reçues! Ceux-là devraient se dépêcher de venir à Jésus et de lui dire : Seigneur Jésus, je ne voudrais pas vivre un jour de plus sans la foi, sans espérance et sans ton amour.

Mais cela manque aussi chez ceux qui ont déjà reçu ces choses. Nous les avons déjà, mais si peu! Un peu, est-ce assez? Où est la différence dans la manière de vivre? Où est le témoignage que peuvent voir ceux du dehors? Où est la puissance transformatrice de l’Évangile?

Il manque d’amour qui démontre aux yeux de tous que Jésus est vivant au milieu de nous. Il manque de foi, la foi qui permet d’entendre ce que Dieu veut nous dire aujourd’hui, et de le faire! Il manque l’espérance qui éclaire le visage de la lumière et de la joie qui viennent de Dieu seul.

Qui aimerait que ces grâces remplissent son cœur, jusqu’à déborder?

Notes

1. Remarquez qu’on peut dire exactement la même chose avec la foi. Nous devrions comprendre ce que sont les œuvres de la foi et ce que sont les œuvres sans la foi. Dans les deux cas, il y a les œuvres! Certains diront : Une œuvre, c’est une œuvre! Du pain, c’est du pain! Humainement parlant, oui. Mais la Bible dit que les œuvres sans la foi sont mortes. Tandis que les œuvres de la foi glorifient Dieu, comme un fruit. Ce n’est pas pareil! C’est comme les cantiques : on peut les chanter dans la foi et on peut les chanter parce qu’ils nous rappellent notre enfance. Qui verra la différence? Dieu la voit! Elle est énorme. La foi, l’espérance et l’amour vont ensemble. Un jour, il n’y aura plus que l’amour. Mais aujourd’hui, ils sont inséparables.

2. Quand Jésus dit à ses disciples : « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés » (Jn 13.34), il ne demande pas seulement de suivre son exemple; il dit d’aimer de l’amour qu’on a reçu de lui. C’est le même!

3. C’est par exemple ce que dit Jacques : « Je te montrerai ma foi par mes œuvres » (Jc 2.18).

4. Le chapitre 22 de Genèse montre bien comment l’espérance conditionne la marche par la foi. Abraham est âgé, sa femme est stérile, mais ils ont eu un enfant, Isaac, comme Dieu l’avait dit. C’est par lui que la promesse d’une postérité va s’accomplir. Un jour, Dieu dit à Abraham : « Prends ton enfant que tu aimes, va sur la montagne et offre-le en holocauste. Abraham se leva de bon matin, scella son âne, pris son fils et s’en alla » (Gn 22.2-3). Ce dernier verset démontre la foi, on pourrait dire la marche chrétienne. Et Dieu bénira Abraham à cause de cette foi (voir Hé 11.17-19). Le philosophe Soren Kierkegaard a écrit tout un livre sur cette marche d’Abraham montant sur la montagne avec son fils, son âne, le bois, le feu et le couteau pour le sacrifice. Chaque pas était un pas de foi. Mais qu’est-ce qui a permis à cette foi de demeurer jusqu’au bout? L’ordre que Dieu avait donné, et sa promesse. L’ordre a nourri la foi, la promesse a nourri l’espérance que ce que Dieu avait promis s’accomplirait de manière certaine, quand bien même l’évidence criait le contraire!

5. Ce n’est pas parce que des terroristes de la religion musulmane vivent mal ces choses que nous ne devons pas en parler pour nous. L’espérance chrétienne est ce qui permet de vivre le martyr, si Dieu le veut.