Luc 2 - Des anges annonciateurs de joie Message de Noël
Luc 2 - Des anges annonciateurs de joie Message de Noël
« Il y avait, dans cette même contrée des bergers qui passaient dans les champs les veilles de la nuit pour garder leurs troupeaux. Un ange du Seigneur leur apparut, et la gloire du Seigneur resplendit autour d’eux. Ils furent saisis d’une grande crainte. Mais l’ange leur dit : Soyez sans crainte, car je vous annonce la bonne nouvelle d’une grande joie qui sera pour tout le peuple : aujourd’hui, dans la ville de David, il vous est né un Sauveur, qui est le Christ, le Seigneur. Et ceci sera pour vous un signe : vous trouverez un nouveau-né emmailloté et couché dans une crèche. Et soudain il se joignit à l’ange une multitude de l’armée céleste, qui louait Dieu et disait : Gloire à Dieu dans les lieux très hauts, et paix sur la terre parmi les hommes qu’il agrée! »
Luc 2.8-14
Elle est fascinante, l’Écriture, lorsqu’elle nous parle des anges! Fascinante, lorsqu’elle nous révèle le rapport entre eux et Dieu, ainsi que la nature de leur mission parmi les hommes… Si aucune description précise de leur forme ne nous y est donnée, il nous est dit qu’ils sont des anges, c’est-à-dire des envoyés, des ambassadeurs de Dieu, émissaires de sa Parole auprès de l’homme, des créatures spirituelles, des esprits incorruptibles au sens premier du terme, quoique non immunisés contre la tentation.
Grâce à leur fonction, la sainteté de Dieu dans ses relations avec l’homme est sauvegardée. Pourtant, les hommes à qui ils apparaissent ne sont pas lésés, car l’action des anges est l’application même de la volonté de Dieu. Il y a moins de danger en la présence de ce substitut qu’en la présence personnelle de Dieu. On peut déjà voir dans cette ébauche de présence, une figure de l’incarnation du Fils de Dieu.
Dieu agit dans le ciel, mais « son ange » intervient sur terre. Familiers de Dieu, se tenant à sa face, ils sont des serviteurs du Tout-Puissant. Associés à la création, au don de la loi, à la naissance et à la résurrection du Christ, ils seront, jusqu’à la fin, associés à l’œuvre divine. Parmi les tâches dont ils furent chargés il y en eut de moins plaisantes, comme celle du chérubin barrant l’accès du jardin d’Eden pour empêcher l’homme déchu de s’emparer de l’arbre de vie, celle de l’exterminateur exécutant une mission de mort parmi les premiers-nés d’Égypte ou encore celle du messager qui, se tenant sur la route du prophète, se fit plus volontiers connaître à l’ânesse qu’à son maître… Et enfin, n’oublions pas leur terrible mission lorsque, dans une nuit de péché et de corruption parmi les plus opaques, ils firent évacuer Lot et sa famille des villes maudites de Sodome et de Gomorrhe, livrées au feu et à la destruction.
Mais comme nous l’avons déjà vu plus haut, les anges sont aussi porteurs de messages de joie. Durant les événements précédant l’incarnation du Fils de Dieu, l’archange Gabriel annonça à Zacharie, le vieillard sans enfant, la prochaine naissance d’un fils précédant le Fils incarné.
Et voici enfin cette nuit bienheureuse entre toutes, durant laquelle un ange — Il s’agissait de Gabriel — aura l’immense privilège et l’indicible joie d’accomplir la mission la plus heureuse de toute l’histoire des hommes : celle d’annoncer la naissance du divin enfant.
S’il y a de la joie au ciel pour un seul pécheur qui se repent, celle-ci dut se multiplier à l’infini à cause de la naissance du Sauveur. « La plénitude des temps » avait atteint son terme, et le plan de Dieu se réalisait enfin. La rédemption, accordée dans la simplicité et dans une pauvreté dépouillée, était en même temps enveloppée de splendeur céleste : « Je vous annonce une bonne nouvelle, qui sera pour tout le peuple le sujet d’une grande joie » (Lc 2.10).
L’évangéliste Luc, qui notera qu’au moment de la mort de Jésus le ciel s’obscurcit (Lc 23.44), relève qu’à sa naissance la nuit s’illumine. « Ne craignez rien », annonce-t-il pour commencer. C’était là une forme familière des salutations angéliques. Cette nuit, ce fut à des gens de peu d’importance, des bergers vivant sous des tentes et veillant sur les troupeaux, qui furent soudain placés comme dans le champ d’un projecteur aveuglant. Et c’est dans la même éclatante et surnaturelle lumière qui entoure l’Être de Dieu, que le prophète Ésaïe, ébloui, perçut la vision céleste huit siècles plus tôt…
Dans son cas, comme dans celui des bergers, il y avait de quoi ressentir des frayeurs mortelles. Ces pâtres pouvaient s’inquiéter et trembler en présence de l’ambassadeur du ciel, de ces saints anges qui se tiennent en la présence même du Dieu saint et souverain, et qui n’ont pas d’association avec l’homme pécheur.
Et si l’épouvante s’empare d’eux, n’est-ce pas à cause de leur indignité d’hommes mortels? En dehors du Christ, voyez-vous, Médiateur unique et exclusif entre Dieu et les hommes, personne ne saurait se tenir en présence de Dieu, même pas en celle des anges.
Mais la Bonne Nouvelle, la naissance du Sauveur, s’adresse précisément à eux — à vous —, leur est-il dit à deux reprises. C’est vers eux, vraiment vers eux, que cette naissance est venue, telle une délivrance. II vaut la peine de noter ce contraste entre la modestie des circonstances extérieures qui entourent la naissance du Christ et la splendeur de la compagnie céleste. Dans ce « vous » le message s’oriente inévitablement vers l’homme qui écoute, afin de le conduire à la foi. Mais les anges — eux qui n’ont pas de part aux sacrements — contemplent en ce moment ce salut et s’en réjouissent.
Comment ne pas établir, une fois encore, de parallèle entre la vision du prophète Ésaïe et la nuit de Bethléem? Là, comme ici, c’est le même Sanctus des créatures célestes qui s’élève pour remplir les cieux et la terre. Saint Paul, comme l’évangéliste Luc, eut le souci de souligner que ce ne fut pas tout d’abord à des sages, à des puissants, à des hommes illustres, que Dieu choisit de se manifester tout d’abord, mais aux faibles de ce monde « afin de confondre les sages » (1 Co 1.21).
C’est une multitude, une « gendarmerie céleste », comme l’écrit Calvin dans son commentaire, qui vient se joindre au premier messager pour chanter le Gloria in excelsis Deo. Des hommes ont trouvé grâce auprès de Dieu, ce qui est à mille lieues « des hommes de bonne volonté » dont on entend parfois parler à propos du récit évangélique. Le ciel ne reste pas indifférent au bonheur des hommes. « Avant la bonne volonté humaine, l’humanité révoltée devient, par la présence du Christ, objet de la bienveillance divine » (H. Gollwitzer).
Ces deux espaces — le ciel et la terre — infranchissables depuis la chute de l’homme, se trouvent maintenant réunis. Durant un bref instant, ils se sont touchés. La naissance d’un enfant emmailloté et placé dans une crèche est l’unique point d’intersection des deux mondes auxquels nous appartenons. Les anges ne réapparaîtront plus jusqu’à l’heure finale, puisque le Sauveur a été chargé d’accomplir seul l’œuvre du salut, car il leur est supérieur (Hé 1.4-14).
Dieu a tenu bon. Sa paix, qui n’est pas due à la bonne volonté humaine, est déjà là. Le salut qui n’a rien d’un mirage insaisissable, est offert aux faibles et aux méprisés tout aussi bien qu’aux puissants; tous trouvent en lui leur seul refuge. En cette nouvelle saison de Noël, nous n’entendons plus que le chœur des anges. Le ciel, étoilé ici, sombre là, surplombant nos têtes, ne se déchirera pas pour éclairer nos visages comme dans la nuit étoilée du premier Noël.
Mais nous pouvons relire le Gloria sur les pages de la Parole divine. Notre joie sera grande à la mesure de la Bonne Nouvelle entendue et crue. Dans ce monde distant de Dieu et en agonie, nous avons des raisons puissantes pour reprendre les accents du chœur des cohortes célestes. Nos prières comme nos actes ont leur sens et leur valeur. La certitude confirmera notre joie et la joie éclairera notre visage. Parce que l’enfant dont les anges annoncèrent la naissance est effectivement notre Sauveur et notre Seigneur, Prince des hommes et Chef des anges, il dirige nos pas, nous préserve du mal, a vaincu déjà l’adversaire, et il règne dans la nuit de notre monde comme il règne déjà dans l’éternité.