Cet article sur Matthieu 17, Marc 9 et Luc 9 a pour sujet la transfiguration de Jésus qui confirme la gloire de sa divinité, proclame son autorité, prépare sa passion et le témoignage des apôtres et donne espérance aux chrétiens.

Première partie audio:

Deuxième partie audio:

6 pages.

Matthieu 17 - La transfiguration

« Six jours après, Jésus prit avec lui Pierre, Jacques et Jean, son frère, et il les conduisit à l’écart sur une haute montagne. Il fut transfiguré devant eux : son visage resplendit comme le soleil, et ses vêtements devinrent blancs comme la lumière. Moïse et Élie leur apparurent, ils s’entretenaient avec lui. Pierre prit la parole et dit à Jésus : Seigneur, il est bon que nous soyons ici; si tu le veux, je dresserai ici trois tentes, une pour toi, une pour Moïse et une pour Élie. Comme il parlait encore, une nuée lumineuse les enveloppa. Et voici qu’une voix sortit de la nuée, qui disait : Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j’ai mis toute mon affection. Écoutez-le! Lorsqu’ils entendirent cela, les disciples tombèrent la face contre terre, saisis d’une crainte violente. Mais Jésus s’approcha, les toucha et dit : Levez-vous, soyez sans crainte! Ils levèrent les yeux et ne virent que Jésus seul. Comme ils descendaient de la montagne, Jésus leur donna cet ordre : Ne parlez à personne de cette vision, jusqu’à ce que le Fils de l’homme soit ressuscité des morts. Les disciples lui posèrent cette question : Pourquoi donc les scribes disent-ils qu’Élie doit venir d’abord? Il répondit : Il est vrai qu’Élie vient rétablir toutes choses. Mais je vous dis qu’Élie est déjà venu, et qu’ils ne l’ont pas reconnu et qu’ils l’ont traité comme ils l’ont voulu. De même, le Fils de l’homme va souffrir de leur part. Les disciples comprirent alors qu’il leur parlait de Jean-Baptiste. »

Matthieu 17.1-13

Le récit de la transfiguration de Jésus-Christ, tel qu’il nous est rapporté dans l’Évangile selon Matthieu, selon Marc et selon Luc, représente un moment capital dans le ministère terrestre de celui que les chrétiens confessent comme leur Seigneur et Sauveur. Pourtant, peut-être n’accorde-t-on pas toujours l’attention qu’il mérite à cet événement exceptionnel dont trois hommes, disciples de Jésus, furent les témoins. Méditons ensemble sur la signification de cet instant de glorification du Christ, avant son départ pour Jérusalem. Nous commencerons par considérer le texte de l’Évangile selon Matthieu au chapitre 17 et nous compléterons notre méditation par les renseignements que nous trouvons au chapitre 9 de l’Évangile selon Marc ainsi qu’au chapitre 9 de l’Évangile selon Luc.

Il nous faut d’abord bien situer ce moment de la carrière de Jésus dans son contexte. Peu auparavant, Jésus a posé aux disciples une question concernant son identité : « Au dire des gens, qui suis-je, moi, le Fils de l’homme? » (Mt 16.13). Et Pierre a fait cette confession sans équivoque : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant » (Mt 16.16). C’est après cette confession que Jésus commence à parler à ses disciples des souffrances qu’il va devoir endurer de la part des dirigeants religieux. Loin de vouloir échapper à ces souffrances qu’il prévoit et prophétise, Jésus au contraire en fait le but de sa mission, et oriente délibérément sa route en direction de Jérusalem, où ces événements se dérouleront.

Or jusqu’à présent, ses disciples ont encore l’impression que Jésus, s’il est bien le Christ, c’est-à-dire le Messie attendu par le peuple, ne peut apparaître que triomphant. Pour eux, tous les miracles accomplis, toutes les guérisons effectuées, les démons chassés, ne sont que le prélude à une restauration imminente du royaume d’Israël dans une gloire encore supérieure à celle qu’il avait connue du temps du roi Salomon. Or voilà que Jésus parle de souffrances, voilà qu’il invite ceux qui veulent être ses disciples à se charger de leur croix et à le suivre. Pierre lui-même s’est opposé à ce chemin de croix que son Messie se propose de prendre, et s’est vu sévèrement repris.

Alors, une certaine incompréhension règne entre le Maître et ses disciples, une incompréhension qui, il faut le dire, ne sera totalement dissipée qu’après la résurrection. Mais cette incompréhension provient aussi du fait que Jésus annonce son retour dans la gloire et un jugement final qu’il exercera lui-même, ce qui, pour les disciples, plaide plutôt en faveur de leur interprétation de son rôle messianique. Écoutez plutôt les paroles de Jésus qui précèdent immédiatement le récit de la transfiguration :

« Car le Fils de l’homme va venir dans la gloire de son Père avec ses anges, et alors il rendra à chacun selon sa manière d’agir. En vérité, je vous le dis, quelques-uns de ceux qui se tiennent ici ne goûteront point la mort qu’ils n’aient vu le Fils de l’homme venir dans son règne » (Mt 16.27-28).

Or c’est à un tel spectacle que trois des disciples les plus proches de Jésus, c’est-à-dire Pierre, Jacques et Jean, sont conviés quelque six jours plus tard.

Il les prend donc à part et les emmène avec lui sur une haute montagne. On ne sait pas s’il s’agit du mont Tabor, en Galilée, ou du mont Hermon, plus au nord, et qui se trouve, lui, à proximité de la ville de Césarée de Philippe, où Pierre a confessé quelques jours auparavant que Jésus est le Christ. Quoi qu’il en soit, sur cette montagne se produit quelque chose que les disciples n’ont encore jamais vu : l’apparence physique de Jésus est transformée, non qu’il soit changé en une autre créature, mais il irradie soudain une lumière insoutenable. L’évangéliste Marc l’exprime de la façon suivante : « Ses vêtements devinrent resplendissants et d’une telle blancheur qu’il n’est pas de blanchisseur sur terre qui puisse blanchir ainsi » (Mc 9.3). Quant à Luc, il rapporte ceci : « Pendant qu’il priait, l’aspect de son visage changea, et son vêtement devint d’une éclatante blancheur » (Lc 9.29). Matthieu, lui, parle de lumière et de soleil pour décrire cette irradiation.

Voilà donc les trois disciples face au Christ de Dieu toujours visible dans sa nature humaine, mais visible avec l’éclat de sa nature divine conjointe dans la même personne. Deux natures, humaine et divine, sans toutefois qu’on puisse les confondre ni les séparer, comme le Concile de Chalcédoine le formulera quelque 400 ans plus tard, lors d’un synode ecclésiastique marquant.

Mais Jésus n’apparaît pas seul, deux personnages se tiennent à côté de lui, que les disciples identifient immédiatement avec Moïse et Élie. Eux aussi apparaissent dans la gloire, selon l’évangéliste Luc, même s’ils n’irradient pas avec la même intensité. Pourquoi Moïse et Élie? Parce que, dans la tradition juive, Moïse représente la loi, tandis qu’Élie est le symbole même des prophètes, la figure prophétique qui marqua le plus profondément la conscience d’Israël, même si Élie ne laissa aucun écrit derrière lui. Or, nous devons bien nous rappeler que Jésus a dit lors du Sermon sur la Montagne qu’il était venu non pour abolir la loi ou les prophètes, mais pour les accomplir. Et c’est précisément de cela qu’il s’entretient avec Moïse et Élie, les symboles de la loi et des prophètes, puisque, d’après Luc, ceux-ci parlent de son départ à Jérusalem. Pour ceux qui sont les témoins de cette conversation au sommet, l’équivoque ne peut être que renforcée : Comment Jésus, apparaissant dans sa gloire, et dont il émane soudain une lumière purement divine, peut-il encore envisager un tel départ et de telles souffrances à venir?

Et voici que Pierre prend la parole. Notez qu’il le fait au moment où Moïse et Élie se séparent de Jésus. Il cherche à les retenir. Malgré la crainte éprouvée par les disciples devant un tel spectacle, le moment est d’une telle intensité qu’on ne peut le laisser s’évanouir ou disparaître comme cela. Pierre veut conserver le privilège d’assister à cette rencontre unique, et le faire durer aussi longtemps que possible. Il propose donc de dresser trois tentes sur place, où les trois personnages pourraient demeurer et s’entretenir sans empêchement. Marc l’évangéliste ajoute : « il ne savait pas ce qu’il disait, car l’effroi les avait saisis. » Pourtant, en dépit de cet effroi, les paroles de Pierre traduisent un désir humain compréhensible, mais qui n’est pas conforme à la volonté de Dieu. Pour Pierre, ce moment de glorification passagère doit devenir permanent, alors que pour Dieu, il n’est qu’un témoignage avant-coureur de l’élévation que Christ connaîtra lors de son ascension au ciel, après sa résurrection. Jésus a une mission à accomplir et ne saurait s’attarder pour le moment. Son départ pour Jérusalem doit recevoir toute son attention.

Au même moment, une nuée vient envelopper les six personnages présents, nouvelle source de crainte pour les disciples. La nuée, dans l’Ancien Testament, était le lieu de l’apparition de la gloire de Yahweh, l’Éternel. Nous lisons par exemple au livre de l’Exode : « Tandis qu’Aaron parlait à toute la communauté des Israélites, ils se tournèrent du côté du désert, et voici que la gloire de l’Éternel apparut dans la nuée » (Ex 16.10). C’est dans la nuée que Dieu parle à son serviteur Moïse. C’est aussi dans la nuée que Dieu parle au moment de la transfiguration, pendant que sa gloire se révèle dans la personne de Jésus-Christ. Et la voix qui se fait entendre dit : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, écoutez-le. » Paroles qui confirment celles entendues au moment du baptême de Jésus : « Tu es mon Fils bien-aimé, objet de mon affection » (Mc 1.11). Mais en enjoignant aux disciples d’écouter le Fils bien-aimé, la voix divine proclame sans équivoque que la parole de Jésus-Christ doit être écoutée au-dessus de toute autre parole. C’est elle qui détient l’autorité et qui est source d’autorité. Ce que le Fils dit vient du Père lui-même et est scellé du sceau du Saint-Esprit.

Or soudain, voici que la nuée, Moïse et Élie, le rayonnement de Jésus ont disparu. Seul demeure Jésus avec ses trois disciples. En descendant de la montagne, il leur recommande de ne rien dire jusqu’à ce qu’il soit ressuscité. De nouveau, l’incompréhension des disciples se manifeste, puisque, comme le rapporte Marc, ils discutent entre eux pour savoir ce que signifie ressusciter d’entre les morts.

Nous nous penchons aujourd’hui, pour la seconde fois, sur le récit de la transfiguration que nous avons lu la dernière fois dans l’Évangile selon Matthieu, au chapitre 17. Nous voulons maintenant bien saisir la signification de cet événement de la transfiguration, très important dans le ministère terrestre de Jésus : signification aussi bien pour les disciples qui y ont assisté, que pour l’Église universelle et les croyants de tous les temps.

Mais relisons d’abord ce récit, cette fois-ci dans l’Évangile selon Marc, au chapitre 9, sans oublier qu’il est aussi rapporté par l’évangéliste Luc, au chapitre neuvième :

« Six jours après, Jésus prit avec lui Pierre, Jacques et Jean, et il les conduisit seuls à l’écart sur une haute montagne. Il fut transfiguré devant eux : ses vêtements devinrent resplendissants et d’une telle blancheur qu’il n’est pas de blanchisseur sur terre qui puisse blanchir ainsi. Élie et Moïse leur apparurent; ils s’entretenaient avec Jésus. Pierre prit la parole et dit : Rabbi, il est bon que nous soyons ici; dressons trois tentes, une pour toi, une pour Moïse et une pour Élie. Il ne savait que dire, car l’effroi les avait saisis. Une nuée vint les envelopper, et de la nuée sortit une voix : Celui-ci est mon fils bien-aimé, écoutez-le. Aussitôt, les disciples regardèrent à l’entour, mais ils ne virent plus personne que Jésus seul avec eux. Comme ils descendaient de la montagne, Jésus leur recommanda de ne raconter à personne ce qu’ils avaient vu, jusqu’à ce que le Fils de l’homme soit ressuscité d’entre les morts. Ils retinrent cette parole, tout en discutant entre eux : Qu’est-ce que ressusciter d’entre les morts? Les disciples lui posèrent cette question : Pourquoi les scribes disent-ils : il faut qu’Élie vienne d’abord? Il leur répondit : Élie vient d’abord et rétablit toutes choses. Comment est-il écrit du Fils de l’homme qu’il doit souffrir beaucoup et être méprisé? Mais je vous dis qu’Élie est venu et qu’ils l’ont traité comme ils l’ont voulu, selon ce qu’il est écrit de lui » (Mc 9.2-10).

Tâchons maintenant de saisir la portée et la signification de la transfiguration. Nous le ferons en six points successifs :

1. Le premier point, c’est que la transfiguration intervient, comme nous l’avons déjà vu, peu après la confession de Pierre qui reconnaît — et avec lui les autres disciples — que Jésus est le Christ, le Fils du Dieu vivant. La transfiguration offre une confirmation divine de ce que le Saint-Esprit avait mis dans le cœur et dans la bouche de Pierre. Lui et les deux autres disciples le voient de manière indubitable dans le rayonnement qui provient de la personne de Jésus, tandis que la voix divine entendue dans la nuée l’exprime aussi sans la moindre équivoque.

2. Le second point est que Jésus aussi se voit confirmé dans sa divinité, et de cette manière fortifié avant son départ pour Jérusalem, qui est le prélude de sa souffrance et de sa crucifixion.

3. Le troisième point est qu’en voyant la gloire de Dieu en la personne de Jésus, les disciples sont aussi préparés pour les épisodes à venir de sa passion et sa crucifixion : ils l’auront auparavant vu dans sa gloire et seront plus tard mieux à même de comprendre son ministère, son humiliation volontaire et le chemin du salut qu’il ouvre pour ceux qui croiront en lui.

4. Le quatrième point concerne la relation entre le prophète Élie et Jean-Baptiste : nous avons lu que les disciples demandent à Jésus : « Pourquoi les scribes disent-ils : il faut qu’Élie vienne d’abord? » Jésus leur répond :

« Élie vient d’abord et rétablit toutes choses. Comment est-il écrit du Fils de l’homme qu’il doit souffrir beaucoup et être méprisé? Mais je vous dis qu’Élie est venu et qu’ils l’ont traité comme ils l’ont voulu, selon ce qu’il est écrit de lui. »

Pour bien comprendre l’identification faite entre Élie et Jean-Baptiste, il faut nous tourner vers le dernier prophète de l’Ancien Testament, Malachie, et vers les toutes dernières paroles contenues dans le livre qui porte son nom. Là, nous lisons :

« Voici : moi-même je vous enverrai le prophète Élie avant la venue du jour de l’Éternel, jour grand et redoutable. Il ramènera le cœur des pères à leurs fils et le cœur des fils à leurs pères, de peur que je ne vienne frapper le pays d’interdit » (Ml 3.23-24).

Jean-Baptiste a prêché le baptême de la repentance, appelant la nation tout entière à se repentir de ses péchés, et il a aussi ravivé en Israël l’espérance de la venue du Messie, qu’il désigne comme étant Jésus, et qu’il salue directement. En ce sens, il est bien Élie qui doit venir, celui dont parle le prophète Malachie. Mais la relation entre les souffrances de Jean-Baptiste et celles de Jésus est aussi mentionnée dans les paroles de celui-ci à ses disciples. Tout comme le prophète Élie avait été persécuté par le roi Achab et sa femme Jézabel dans l’Ancien Testament, Jean-Baptiste sera aussi persécuté par le roi Hérode et sa femme, qui le feront mettre en prison puis le feront décapiter. Si ce qui concerne les souffrances de Jean-Baptiste se réalise comme ce fut le cas pour Élie, à bien plus forte raison les souffrances prophétisées sur le Fils de l’homme se réaliseront-elles. De cette manière, Jésus insiste de nouveau sur l’aspect de ses souffrances à venir, alors que les disciples viennent de le voir dans sa gloire.

5. Le cinquième point a trait au témoignage des disciples plus tard. Alors que ceux-ci ne comprennent pas encore le sens de l’expression « résurrection des morts » et ne peuvent par conséquent pas y croire, ils voient non seulement Jésus glorifié, mais aussi Moïse et Élie leur apparaissant dans un corps glorifié, alors que ce sont des personnages du passé. Leur prédication, les exhortations et encouragements prodigués aux jeunes Églises bien plus tard seront nourris de ce souvenir vivace, car la proclamation de la résurrection des morts reste centrale dans l’annonce de l’Évangile. Ceux qui doutaient encore de la possibilité de la résurrection des morts, se souviendront de ce moment unique durant lequel ils purent voir Moïse et Élie revenus des morts et s’entretenant avec Jésus.

Dans la deuxième lettre de Pierre, nous lisons les paroles suivantes :

« Ce n’est pas en effet, en suivant des fables habilement conçues que nous vous avons fait connaître la puissance et l’avènement de notre Seigneur Jésus-Christ, mais parce que nous avons vu sa majesté de nos propres yeux; car il a reçu honneur et gloire de Dieu le Père, quand la gloire pleine de majesté lui fit entendre cette voix : Celui-ci est mon fils bien-aimé, objet de mon affection. Nous avons entendu cette voix venant du ciel, lorsque nous étions avec lui sur la sainte montagne » (2 Pi 1.16-18).

Pour Pierre, ce souvenir n’est pas une fabrication, une invention destinée à détourner des esprits naïfs et crédules, il s’agit d’un témoignage véridique, digne d’être cru. Et ce témoignage doit être perpétué et retransmis par chaque génération de croyants. Dans l’Évangile selon Jean, nous retrouvons un écho similaire : « La Parole a été faite chair, et elle a habité parmi nous, pleine de grâce et de vérité; et nous avons contemplé sa gloire, une gloire comme celle du fils unique venu du Père » (Jn 1.14). Ici aussi, la relation entre le Père et le Fils est fortement soulignée.

6. En sixième lieu enfin, les croyants ne doivent pas considérer la transfiguration comme un événement concernant Jésus en tant que Fils unique du Père, mais qui n’a pas de rapport avec l’Église, laquelle est le corps même du Seigneur. Bien au contraire, le corps du Christ connaît lui aussi une glorification, que l’Esprit du Christ rend de plus en plus manifeste, à mesure que ce corps grandit en stature spirituelle. L’apôtre Paul, dans la deuxième lettre aux Corinthiens, l’exprime on ne peut plus clairement : « Nous tous, qui le visage dévoilé, reflétons comme un miroir la gloire du Seigneur, nous sommes transformés en la même image, de gloire en gloire, comme par le Seigneur, l’Esprit » (2 Co 3.18). L’espérance des chrétiens repose bien là : à savoir qu’en dépit des apparences, en dépit de ce que les hommes considèrent comme important et digne d’admiration, l’Église, corps du Seigneur ressuscité, reflète comme en un miroir la gloire de son Chef qu’elle contemple directement, et dont la vie forme la trame de sa vie à elle.

Ainsi, le récit de la transfiguration demeure pour l’Église un puissant motif d’encouragement, de réconfort, et ce à chaque génération. Cela est très particulièrement vrai pour l’Église persécutée, qui s’apprête à marcher sur les traces de son Sauveur, c’est-à-dire sur le chemin de la souffrance et de la croix. Si elle reste fidèle et continue à contempler son Chef comme l’épouse contemple l’époux, alors, quelles que soient ses tribulations présentes, elle reflétera toujours le visage éclatant de celui qui s’est donné pour elle.