Cet article a pour sujet l'élection au salut depuis toute éternité et l'offre du salut annoncé à toute personne appelée à croire en Jésus-Christ.

Source: Questions et réponses (ÉK). 3 pages.

Naît-on élu ou le devient-on?

« Naît-on élu ou le devient-on? »

Question d’un correspondant

Grave sujet, formulé en peu de mots. Notre correspondant l’accompagne de la citation de Jean 3.16, que nombre d’entre vous connaissent sans doute, mais que je vous cite : « Car Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique afin que quiconque croit en lui ne meure pas, mais qu’il ait la vie éternelle. » En citant ce verset, notre correspondant veut sans doute souligner que la foi en Dieu, qui intervient à un moment dans notre vie, est bien le moyen par lequel nous sommes sauvés. Est-ce à partir de là que nous pouvons nous dire élus de Dieu pour la vie éternelle?

Le passage de l’Évangile de Jean que je viens de citer indique que l’offre du salut est faite à tous ceux qui l’entendent. L’Évangile doit être prêché à tous sans distinction d’âge, de sexe, de race, de couleur, de nationalité, d’éducation, de niveau social ou de condition physique. Aucun évangéliste ou prédicateur n’a le droit ou le pouvoir de dire : « Je vous prêche à tous, mais je sais que mon message ne s’adresse qu’à tel ou tel, et qu’il ne concerne pas les autres. » La Bible nous enseigne que quiconque accepte l’Évangile et y croit sera sauvé.

Cela dit, il est impossible à quiconque de croire si l’Esprit de Dieu n’agit pas en lui ou en elle, selon le dessein et l’élection souveraine de Dieu. Si Dieu n’était pas souverain dans ce domaine, comme dans tous les autres, il ne serait tout simplement pas Dieu! Il ne nous faut jamais oublier que selon la Bible le cœur de l’homme en état de chute est révolté contre Dieu. Sa nature, c’est de s’opposer à Dieu. Depuis Adam, tous les hommes et femmes sont enclins au mal, et aveuglés quant à ce qui concerne Dieu. Le Psaume 14 le souligne : « Il n’y en a aucun qui fasse le bien […], tous sont égarés, ensemble ils sont pervertis » (Ps 14.1-3).

Nous ne pouvons pas connaître Dieu par nos propres moyens. Et même si nous lisons la Bible et tâchons de connaître Dieu en la lisant, à moins que le Saint-Esprit ne nous illumine et ne nous fasse comprendre le message de cette Parole, à moins qu’il ne transforme notre cœur, nous ne connaîtrons jamais aucune conversion, il n’y aura en nous aucun signe de véritable repentance vis-à-vis de Dieu. Nous resterons pour toujours dans les ténèbres, quels que soient nos connaissances, nos dons ou notre éducation.

Donc quand nous lisons dans l’Évangile de Jean « quiconque croit en lui », ce mot « quiconque » ne veut pas dire que tous sans exception croiront, mais seulement ceux dont les yeux et le cœur seront ouverts par l’action puissante de l’Esprit de Dieu. Il s’agit donc d’un don gratuit de Dieu. Paul l’exprime de cette manière dans sa lettre aux Éphésiens : « C’est par la grâce en effet que vous êtes sauvés, par le moyen de la foi. Et cela ne vient pas de vous, c’est le don de Dieu » (Ép 2.8).

Est-ce que cela justifie ceux qui ne croient pas? Est-ce que cela les dégage de toute responsabilité? Pas du tout, car eux aussi sont appelés à se repentir et à croire, et ainsi à être sauvés. S’ils refusent l’offre merveilleuse et gratuite de la grâce divine telle qu’elle nous est présentée dans l’Évangile, s’ils refusent Dieu et refusent de se mettre au bénéfice du sacrifice de Jésus-Christ, ils porteront éternellement le poids de leur refus et de leur rébellion. La justice de Dieu se manifestera dans sa perfection, aussi bien à travers ceux qui sont sauvés (il s’agit de la justice accomplie en Jésus-Christ) qu’à travers ceux qui seront condamnés (et qui recevront le salaire de leur révolte contre le Dieu souverain).

Dans tout ceci, il ne faut pas oublier que l’élection reste un mystère, celui de la souveraineté de Dieu. Nous ne pouvons en comprendre que les aspects qui nous sont révélés par Dieu dans sa Parole. Le reste n’est pas à notre portée, et nous ne devons pas chercher à pénétrer des secrets qui nous dépassent.

Alors, naît-on élu ou le devient-on? En fait, d’après le début de la lettre aux Éphésiens, ceux qui ont été élus l’ont été avant même la fondation du monde. Je vous lis un extrait de ce passage :

« Béni soit le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus-Christ, qui nous a bénis de toute bénédiction spirituelle dans les lieux célestes en Christ. En lui, Dieu nous a élus avant la fondation du monde, pour que nous soyons saints et sans défaut devant lui » (Ép 1.3-4).

L’Évangile de Jean lui-même regorge d’allusions à l’élection dans la bouche de Jésus-Christ. Regardez par exemple le passage suivant, tiré du chapitre 6 :

« Tout ce que le Père me donne viendra à moi, et je ne jetterai pas dehors celui qui vient à moi; car je suis descendu du ciel non pour faire ma volonté, mais la volonté de celui qui m’a envoyé. Or voici la volonté de celui qui m’a envoyé : que je ne perde rien de tout ce qu’il m’a donné, mais que je le ressuscite au dernier jour. Voici, en effet, la volonté de mon Père : que quiconque voit le Fils et croit en lui ait la vie éternelle; et je le ressusciterai au dernier jour » (Jn 6.37-40).

Ces paroles de Jésus-Christ nous révèlent les deux aspects étroitement imbriqués de la conversion et de l’élection : Jésus ne rejettera jamais ceux qui viennent à lui, pour la bonne raison que c’est son Père dans les cieux qui les lui donne, afin qu’ils ressuscitent au dernier jour.

J’ajoute que, dans l’approfondissement de la vie spirituelle personnelle, et aussi de la vie spirituelle au sein d’une communauté chrétienne, les croyants sincères découvrent avec toujours plus d’émerveillement le sens de leur élection. Bien avant qu’ils le sachent ou qu’ils le comprennent, Dieu les avait déjà mis au bénéfice de sa grâce souveraine. C’est alors l’occasion de louer Dieu et de le remercier de tout son cœur, car c’est naturellement le plus grand don qu’il puisse nous faire!