Cet article sur le Symbole de Nicée-Constantinople a pour sujet la foi au Dieu Créateur qui se révèle dans la création, mais qui se révèle aussi par la Bible comme Père et Seigneur en Jésus-Christ.

Source: Nous croyons - Explication de la foi chrétienne en suivant l'ordre du Symbole de Nicée-Constantinople. 4 pages.

Nous croyons - Le Dieu Créateur

« C’est par la foi que nous comprenons que le monde a été formé par la parole de Dieu, de sorte que ce qu’on voit ne provient pas de ce qui est visible. »

Hébreux 11.3

« Nous croyons en Dieu… Créateur. » C’est par l’affirmation du Dieu Créateur que commence le livre de la révélation, la Bible chrétienne. Les premiers mots de la Bible parlent du Créateur et de la création. Mais ce n’est pas une simple entrée en matière avant le développement de thèmes plus importants. Ces mots d’introduction au sujet du Dieu Créateur sont aussi les pierres d’angle qui soutiennent l’ensemble de l’édifice. Tout le reste de la révélation est contenu dans ce mot.
« Les hommes connaissent-ils le Créateur? S’ils ne le savent pas, la faute n’en est pas à Dieu. Car l’univers tout entier est comme un palais d’un monarque dans lequel tout parle de lui et le moindre détail témoigne de sa présence. En effet, qui a disposé les millions de galaxies dans le vaste univers? Qui a ordonné les innombrables cellules de l’œil, ou les millions de neurones du cerveau? Le hasard? Pauvre fou que celui qui regarde et ne voit pas l’architecte aussi bien de l’univers que de son merveilleux corps. Nous nous comportons dans l’univers, création de Dieu — pardonnez-moi — comme des chiens dans une splendide galerie de peinture. Nous voyons les tableaux et nous ne les voyons pas. Sinon nous verrions le Créateur.1 »

Plus haut, nous avons parlé de la présence du sentiment religieux en tout peuple et dans toute tribu, depuis les origines. On ne peut étouffer la voix de la création pour supprimer la présence du Créateur.

Mais la conscience de Dieu elle-même, de la création, d’un Créateur, d’un Être suprême et tout-puissant, ne nous suffirait pas si nous n’avions pas la claire, nécessaire et suffisante révélation que Dieu, le Créateur, fait de lui-même sur les pages de la Bible.

Dieu s’est révélé, non seulement dans la nature, mais aussi au cours de l’histoire. Voyez le peuple d’Israël et ses ancêtres, les patriarches, et entendez les oracles prophétiques, si puissamment inspirés. Ils ont rencontré le Créateur. Ainsi que nous l’avons vu, le monde était rempli de religions, mais les dieux des païens n’étaient, et ne sont, qu’un mélange de superstition humaine et un vague et insuffisant pressentiment de la part de leurs adorateurs. Ceux-ci ne connaissaient pas le vrai Dieu, et même leurs penseurs les plus profonds ne parvenaient pas à distinguer entre leurs dieux et la création matérielle. Pour eux, tout était mêlé. Mais Dieu s’est révélé comme le Créateur, comme le Seigneur et comme le Père. Le Dieu qui est le Maître est aussi le Créateur. Et non seulement le Créateur, mais encore le Seigneur; celui à qui nous appartenons dans la vie comme dans la mort; celui que nous aimerons comme le Seigneur notre Dieu, par-dessus toute autre réalité ou personne, de la force de toute notre pensée, de toute la chaleur de notre cœur, avec tout le courage et la consécration de notre âme. Croire au Dieu Créateur signifie aussi servir le Dieu Seigneur.

Croire au Dieu Créateur des choses visibles et invisibles, est-ce faire une déclaration scientifique? Non, c’est plutôt une joyeuse affirmation de la foi. Celui qui croit en Dieu le Créateur ne s’arrête pas devant le comment de cette œuvre merveilleuse. Il plonge plutôt son regard vers les lointaines origines pour rencontrer celui qui en est l’auteur et pour s’émerveiller devant son dessein majestueux. Par la foi, il se rend compte qu’il n’est pas une créature de la chance ni le produit d’un hasard biologique. Notre connaissance immédiate, objective, demeurera toujours limitée et muette à cet égard. Nous ne pouvons apercevoir que les mécanismes extérieurs de la vie et nous restons seuls devant l’énigme, tel l’amnésique qui ne sait qui il est ni d’où il vient.

« Disons-le tout de suite, je ne crois pas que l’homme ait à sa disposition d’autre moyen de connaître que sa raison. Moyen imparfait sans nul doute… mais ce risque nous ne saurions faire autrement que de le courir… De toute manière, ajoutait-il, je suis incapable de tenir compte d’une révélation prétendument faite à nos aïeux dans les temps reculés de l’histoire… Seules valent à mes yeux, les croyances qui à tout moment recréables par l’intelligence, peuvent se former de nouveau dans l’esprit d’un homme aujourd’hui. Impossible pour moi de croire à une vérité qui serait derrière nous. La seule vérité à laquelle je crois en est une qui se découvre lentement, graduellement, péniblement, et qui, imperceptiblement, s’augmente chaque jour.2 »

Ce n’est pas en agnostiques, à la manière du grand biologiste français, ni en simple curieux, que nous cherchons le Créateur; c’est seulement en sachant que sans lui notre vie est amputée, que nous parlons de Dieu. C’est en reconnaissant nos limites, notre fragilité et notre misère qu’il nous sera possible de dire : « Nous croyons en Dieu. »

Par notre foi, nous proclamons que l’être et le faire de Dieu remplit tout l’univers. Nous nions et nous réfutons l’existence de n’importe quel autre Dieu. Tout système polythéiste s’écroule devant cette affirmation. Dire que le Dieu des chrétiens a créé le ciel et la terre, c’est dire aussi que tout le mouvement de la vie, toutes les puissances, toutes les merveilles de la nature, relèvent de lui seul et exaltent sa gloire. C’est ce qu’exprime magnifiquement le Psaume 19 :

« Les cieux racontent la gloire de Dieu, et l’étendue céleste annonce l’œuvre de ses mains. Le jour en donne instruction au jour, la nuit en donne connaissance à la nuit. Ce n’est pas un langage, ce ne sont pas des paroles, leur voix n’est pas entendue. Leur trace apparaît sur toute la terre. Leurs accents résonnent aux extrémités du monde. »

Le Symbole de Nicée-Constantinople fait plus. En affirmant que le Père dont nous sommes les enfants a créé les cieux et la terre, il nous explique comment il se fait que l’homme de tous les temps, quelles que soient ses raisons pour trembler et maudire devant certains spectacles de la nature où Dieu lui apparaît impénétrable, effroyable même, en revient toujours à établir une harmonie profonde et féconde entre le Dieu de l’univers et le Dieu de sa foi. Son instinct et sa foi s’accordent à reconnaître un seul Dieu dans la création des astres qui brillent dans l’obscurité des nuits, et dans la voix qui parle au fond de sa conscience et qui lui ordonne le bien.

Il y a une émotion religieuse dans le silence du désert, dans la plainte de l’océan, dans la solitude des sommets… La paix lumineuse du crépuscule et le fracas effrayant de la tempête invitent également à la prière. D’où cela vient-il? De ce que le croyant a la certitude intime que le Dieu qui l’a créé, lui, roseau pensant, est au centre de la grande usine de vie qu’est le monde. Les splendeurs de la nature le poussent à l’adoration. La contemplation des phénomènes au sein desquels il s’agite lui révèle que la nature créée est une parabole du monde spirituel.

Quand ces phénomènes, tout à coup pris de désordre, voilent la beauté du Créateur et s’expriment en catastrophes, le croyant, au lieu de se perdre dans le scandale, se ressaisit, en disant avec Jésus : « C’est un ennemi qui a fait cela. » Les contradictions de la nature lui rendent sensibles et lui expliquent les contradictions de sa vie morale à lui, créature déchue au sein de la création en labeur d’enfantement.

L’emprise de l’adversaire du Créateur qui a troublé la création a troublé sa propre harmonie à lui. Elle a écartelé sa propre vie et en a fait un combat où un ange et le démon se disputent sa destinée : combat tragique qui serait une énigme insoluble et désespérante si son Credo ne lui rappelait que le Père céleste est en même temps le Créateur des choses visibles et invisibles. L’ennemi n’est donc qu’une créature révoltée, le chaos n’aura qu’un temps, l’harmonie prévaudra, car nul autre que le Créateur ne peut avoir le dernier mot; et comme le Créateur est notre Père, ce dernier mot sera notre salut.

Celui qui a voulu notre monde nous aime : voilà la grande réalité. Celui qui besogne dans l’univers, actuellement incompréhensible parce qu’il est troublé, poursuit dans cet univers une œuvre de rédemption : voilà la grande espérance. Ce qu’il a entrepris, il le mènera à bien, et ses enfants soumis et rassurés participeront â sa divine gloire.

« Nous croyons en Dieu, le Père tout-puissant, Créateur du ciel et de la terre, de les toutes choses, visibles et invisibles. »

Notes

1. Emil Brunner.

2. Jean Rostand, Ce que je crois.