Cet article sur le Symbole de Nicée-Constantinople a pour sujet le retour du Christ dans sa gloire et notre attente de ce retour, dans la repentance avant le jugement dernier et dans l'espérance de son règne parfaitement accompli.

Source: Nous croyons - Explication de la foi chrétienne en suivant l'ordre du Symbole de Nicée-Constantinople. 5 pages.

Nous croyons - Le retour du Christ

« Vous vous êtes convertis à Dieu, en abandonnant les idoles pour servir le Dieu vivant et vrai, et pour attendre des cieux son Fils, qu’il a ressuscité des morts, Jésus, qui nous délivre de la colère à venir. »

1 Thessaloniciens 1.9-10

« J’attends »! Ce mot est l’un des plus utilisés parmi ceux que nous entendons prononcer autour de nous. La vie de la plupart des êtres humains n’est qu’une longue attente… Dès nos premières années, lorsque nous étions des enfants, nous avions dû attendre avant de pouvoir commencer l’école, et ayant grandi, il nous fallut attendre encore pour nous inscrire aux classes supérieures. Plus tard, ce fut l’attente d’un emploi ou celle du mariage… Ceux parmi nous qui ont vécu des guerres dévastatrices savent bien ce que fut l’attente de la paix, de la libération après des années chargées d’angoisse et meurtries par la douleur, et aussi l’attente d’un ordre social plus juste. Enfants et jeunes, hommes mûrs et vieillards, nous savons que l’attente constitue un élément fondamental, et l’un des plus dramatiques, de notre existence. Parfois, pour les uns et pour les autres, le temps paraît trop court, et pourtant… vide! Parfois, il semble s’étirer devant nous interminablement, pour aboutir finalement à des désillusions et à l’amertume. Si cela est le cas, quel est le sens de la vie pour celui qui n’a plus rien à attendre?

Ce sont là des questions ordinaires, mais que nous posons souvent dans l’inquiétude, dans un malaise perpétuel, si ce n’est troublés et agités…

Ceux qui nous ont précédés attendaient, eux aussi, l’avènement d’un monde et d’un ordre meilleurs, utopiques, créés par la science et le progrès technique et par toutes les acquisitions du savoir. De nos jours, ceux qui réfléchissent sérieusement regardent l’avenir avec beaucoup d’appréhension, et parfois même avec un pessimisme qui frôle l’angoisse. Les ouvrages de fiction, aussi bien que les études de sociologie ou d’économie, voire d’écologie, semblent faits pour nous donner des frissons… Si le monde qu’ils décrivent devenait une réalité, nous devrions démissionner sur-le-champ et refuser les modèles d’existence proposés.

Jadis, la science apparaissait auréolée de gloire comme la grande bienfaitrice, inépuisable source de bienfaits telle une nouvelle providence. Actuellement, nous en connaissons mieux le visage d’Épinal. Parfois propice, mais plus souvent funeste, elle sert des desseins criminels et devient outil d’annihilation. Comment échapper aux menaces redoutables que la science moderne brandit devant nous?

Des systèmes politiques et sociaux attendent à leur tour la disparition de l’ordre et des classes sociales actuelles et sont impatients de voir s’instaurer un ordre nouveau. Chose paradoxale, les pays mêmes qui virent la révolution balayer des systèmes et des structures anciennes pour établir un régime nouveau, comptent encore nombre de citoyens réfléchis, posant des questions sur l’avenir et se demandant ce qui attend leur univers. Que peut-on encore espérer si la révolution devient totale? L’espoir que l’on nourrit n’est pas brillant, malgré les figures de style et le clinquant d’apparat.

Ne cultivons pas trop vite une bonne conscience, nous autres bénéficiaires de systèmes politiques plus cléments. Nos sociétés matériellement prospères peuvent-elles s’attendre à une destinée meilleure? La violente tempête qui souffle sur notre monde dit libre, avec son cortège d’agitations sociales quotidiennes, de brutalités et de violence de la part de jeunes ou de moins jeunes dépourvus de tout scrupule, les extorsions dans tous les domaines, l’enlaidissement des rapports humains et la corruption aux niveaux les plus élevés de la politique, ne témoignent-ils pas que les hommes, frustrés dans leurs attentes, tentent maladroitement soit de remédier, soit d’instaurer volontairement le désordre, le chaos et le nihilisme? Les vacillantes lumières qui brûlaient encore hier s’éteignent l’une après l’autre aujourd’hui, et nos pilotes professionnels ignorent vers quel port ils naviguent… Quelle est donc l’attente des hommes de notre temps? Quel sera l’avenir d’un monde qui, en dépit de tous les efforts généreux déployés pour l’améliorer, n’en reste pas moins absurde?

Il vaut la peine de nous arrêter devant la nouvelle affirmation du Symbole de Nicée-Constantinople : « De là, il viendra avec gloire pour juger les vivants et les morts. Son règne n’aura pas de fin. »

Ce Jésus-Christ, dont le Symbole a déclaré la divinité et l’humanité, la souffrance et la passion, la résurrection et l’ascension, reviendra dans le monde présent; ses fidèles disciples peuvent par conséquent l’attendre. Il reviendra.

S’agirait-il d’une nouvelle utopie d’une espèce religieuse? Ses apôtres de la première heure, ainsi que les chrétiens de tous les âges qui ont fait du retour du Christ un article de foi, l’un des points capitaux du dogme chrétien, se seraient-ils trompés? Cette attente de Jésus-Christ n’aurait-elle pas entretenu et réchauffé les cœurs des hommes afin de les aider à supporter des circonstances pénibles, sans qu’il y eût nécessairement derrière elle une certitude, une réalité concrète? Voici encore des rêves, objecteront certains, qui entretiennent dans l’illusion bien des êtres humains…

Remarquons cependant une différence essentielle entre l’attente des humains sans la foi et l’espérance dont nous entretient notre Symbole. Les hommes attendent que leurs efforts aboutissent à des résultats tangibles. C’est leurs bras qui cherchent â forger leur avenir. La confession de foi, elle, n’affirme rien de tel. Elle ne nous entretient point des projets et des réalisations humains. Ce ne sont pas les hommes qui hâteront par leurs entreprises l’avènement glorieux du Christ. Ils ne peuvent pas fixer l’heure de ce retour. Le responsable unique et exclusif en est celui qui en a fixé le temps et qui réalisera cet avènement. La décision en sera prise de l’autre côté du rideau, où aucun regard humain ne pénètre et aucune contrainte ne saurait y être exercée.

Ceci est une affirmation inouïe, aux conséquences incalculables sur nos existences. Nos journées peuvent revêtir une signification nouvelle parce que l’objet de notre attente est tout autre que celui des hommes en général; l’issue aussi est indépendante de notre volonté.

Parce que nous attendons le Christ Jésus, notre existence ne peut ressembler à un vulgaire feuilleton policier. Elle n’est pas une aventure qui nous maintiendrait en haleine. Dès le début, nous en connaissons le contenu et la fin. Dès le début, nous pouvons croire en Dieu, le Père tout-puissant, le Créateur. Dès le début, nous rencontrons Jésus-Christ, le Fils unique, notre Seigneur. C’est lui qui vient, qui revient. Parce qu’il s’agit de son retour, nous savons que notre existence qui, par moments, paraît incohérente, et notre monde qui paraît si absurde, l’une et l’autre peuvent être transformés par l’espérance qui anime notre cœur et le gonfle d’allégresse. Notre histoire, et celle de l’humanité, n’est pas un gribouillis d’amateur, un graffiti écrit par des aventuriers. Dieu l’écrit inlassablement et veut y faire régner l’harmonie.

Ainsi, cette confession du retour en gloire du Seigneur Jésus-Christ nous remplit d’une consolation inespérée. Car il reviendra pour et à cause de notre rédemption définitive. Dans toute affliction, et même sous des oppressions innommables, nous attendrons la tête haute. Celui qui s’est présenté devant Dieu comme l’Avocat et le Défenseur de son peuple viendra sur terre comme le Juge suprême de tous les hommes. Il a écarté notre condamnation. Il reviendra, et cette nouvelle phase de sa mission signifie qu’il achèvera la grande œuvre de rédemption qu’il a entreprise lors de son incarnation, de sa passion et de sa glorieuse résurrection. Elle sera la conclusion de ce qu’il avait entrepris à la crèche de Bethléem et durant le parcours qui l’amena à la croix du Calvaire. Son retour sera la culmination de son ministère terrestre. Il s’est incarné, il a vécu parmi les hommes, il a souffert, il est mort et il a été enseveli. Mais il est aussi ressuscité d’entre les morts et il est monté au ciel en vue de notre délivrance; « pour nous les hommes et pour notre salut », ainsi que le déclare le Symbole. Par conséquent, son retour s’inscrit dans la même ligne de l’histoire du salut qu’il poursuit actuellement au ciel. « Aussi, la création tout entière attend la révélation des fils de Dieu », écrivait saint Paul dans le huitième chapitre de sa lettre aux Romains.

Le retour du Christ est l’assurance renouvelée qui nous est gracieusement accordée et selon laquelle Dieu amène son œuvre à la perfection; l’homme n’a aucune raison de désespérer. Certes, il n’est pas offert à notre curiosité de scruter le temps de son avènement. Pourtant, nous pouvons confesser ce retour et nous l’attendons avec la ferme conviction que le monde appartient définitivement à Dieu et à son Christ. De toute manière, nous savons que la conclusion de l’histoire humaine ne peut s’exprimer en des termes historiques précis et qu’elle aura lieu en dehors de notre temps et de notre espace. Celui qui attend et confesse ce retour vit déjà ici et maintenant les derniers jours dont parle l’Écriture sainte. C’est pourquoi la vie de celui qui croit doit montrer concrètement la vie même de Jésus-Christ.

Ce fut avec enthousiasme et avec un zèle inlassable que les premiers chrétiens attendirent le retour imminent de leur Sauveur. Cependant, leur attente ne les paralysa point, bien au contraire; leur existence fut entièrement transformée et renouvelée en vue d’une consécration plus grande et d’un service plus efficace. Certes, le retour du Christ apporte réconfort à celui qui l’attend parce qu’il l’aime. Mais il est simultanément un puissant appel à vivre selon les directives qu’a laissées le Seigneur exalté.

Comment attendre aujourd’hui, alors que cette attente nous paraît si longue? Nous ne pouvons certainement pas vivre les yeux constamment fixés sur le cadran de nos montres… Nous ne pouvons même pas passer la totalité de nos journées à lire la Bible, car il y a toutes sortes de tâches urgentes à accomplir. Il nous faut prendre goût au travail, poursuivre les études, faire des projets d’avenir, chercher femme ou mari, soigner des malades, secourir notre prochain… Il faut cependant prendre garde à ne pas organiser notre quotidien en faisant abstraction du retour du Christ. Lorsque le Christ apparaîtra, nous trouvera-t-il absorbés exclusivement par les devoirs domestiques, les préoccupations professionnelles, l’appât du gain, poursuivant des ambitions équivoques, faisant le bilan de nos réussites et déterminés à naviguer comme si nous étions les seuls pilotes à bord?

Le temps présent est décisif. Il est un délai que Dieu nous accorde pour nous repentir et pour implorer son pardon, avant qu’il ne soit trop tard, avant qu’il ne revienne… Le jour vient où le Seigneur de l’univers perdra patience envers celui ou celle qui ne veut pas entendre parler de lui. Le jour est proche où il apparaîtra dans toute sa gloire, affirme le Symbole de Nicée-Constantinople, où il exercera son jugement souverain. Alors le monde et son histoire prendront fin. La porte de son Royaume céleste sera définitivement close. Il y aura ceux qui seront laissés dehors et ceux qui seront gracieusement accueillis. Quelle sera la place que vous aurez réservée pour ce jour-là?

Un jour, il y a deux mille ans, le procurateur Ponce Pilate dit : « Que ferai-je de Jésus? » Le jour vient où Jésus dira à son tour : « Que ferai-je de Pilate? » Ce jour-là, ce qui est secret sera connu; il y aura un dénouement pour tout ce qui aura été accompli parmi les hommes; pour tout acte, une sanction. Et Jésus-Christ, la personnalité centrale de toute l’histoire, sera la valeur à laquelle tout sera mesuré. Innocent, notre justice l’a puni comme coupable. Coupables, comment sa justice nous tiendrait-elle pour innocents? Il vaut la peine de penser à cela et de s’y préparer, de façon à pouvoir se réjouir du jour de sa venue.

« Vous l’avez vu lié, le voici les mains hautes! » Magnifique vers d’Agrippa d’Aubigné. Promesse pour les uns, menace pour les autres, avertissement pour tous. Il reviendra.

Il nous faut attendre et veiller. Veillez donc et priez, car nous ne savons ni le jour ni l’heure. Une telle prière nous empêchera de tomber dans la panique. Elle sera le signe que le Seigneur s’est déjà mis en route et qu’il avance vers nous. Nous ne veillons pas en vain, nous n’allons pas échouer dans la nuit opaque des ténèbres extérieures. Toutes nos prières pourraient alors se résumer dans celle que l’Église primitive adressait comme supplique à son Maître et Seigneur : Maranatha, viens Seigneur Jésus.