Cet article sur la question 126 du Catéchisme de Heidelberg a pour sujet la 5e demande du Notre Père (Matthieu 6.12), une prière pour le pardon de nos péchés par le sang du Christ afin que nous pardonnions aux autres par son Esprit.

Source: Certitude et réconfort. 4 pages.

Pardonne-nous comme nous pardonnons aux autres

Quelle est la cinquième demande?

Pardonne-nous nos offenses comme aussi nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés, c’est-à-dire : à cause du sang du Christ, veuille ne pas nous imputer, à nous pauvres pécheurs, toutes nos fautes et le mal qui nous est toujours attaché1; donne-nous également de trouver en nous ce témoignage de ta grâce : la ferme résolution de pardonner de bon cœur à notre prochain2.

1. Ps 32.1-5; Ps 51.3-7; Ps 143.2; Rm 8.1; 1 Jn 1.9; 1 Jn 2.1-2.
2. Mt 6.14-15; Mt 18.21-35.

Catéchisme de Heidelberg, Q&R 126

1. Pardonnés pour pardonner🔗

La cinquième demande du Notre Père est une prière que nous prions souvent. Disons plutôt que nous prions souvent la première partie de cette demande. Nous demandons au Seigneur de pardonner nos péchés. Une telle supplication est si importante et nécessaire. Nous en avons besoin tous les jours! Par contre, la deuxième partie de cette demande est plus difficile à prononcer. « … Comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés » (Mt 6.12). Il est tellement difficile de sincèrement pardonner, surtout de pardonner aux autres comme le Seigneur nous pardonne. Cette demande peut même nous faire peur, en tout cas elle soulève en nous bien des questions. Dieu attend-il que nous pardonnions avant de nous pardonner? Son pardon dépend-il de notre capacité à pardonner? Sa grâce dépendrait-elle de nos œuvres?

La Bible nous enseigne clairement que le pardon de nos péchés dépend uniquement de la rédemption accomplie par Jésus-Christ sur la croix. Notre salut ne dépend nullement de nous. En même temps, le Seigneur Jésus nous rappelle que le pardon que Dieu nous accorde ne vient pas tout seul. Il nous est donné dans un but. Il produit un effet puissant. Jésus-Christ, par son sang, nous accorde son pardon et par son Esprit il renouvelle nos vies. Le lien entre le sang du Christ et l’Esprit Saint est très important. Il est impossible de recevoir l’un sans l’autre. Souvent, nous demandons pardon au Seigneur sans aller plus loin. Nous devrions aussi lui demander qu’il nous transforme en profondeur afin que nous puissions à notre tour pardonner aux autres, sinon notre demande de pardon à Dieu pour nos propres péchés restera superficielle.

2. Le sang de Jésus nous purifie de nos péchés🔗

Nous commençons par nous adresser à Dieu en disant « Notre Père ». Cela suppose que nous sommes déjà ses enfants adoptés et pardonnés en Jésus-Christ. Alors, comment se fait-il que nous devions encore lui demander pardon? C’est que le péché est toujours un grand problème dans nos vies. Nous prions pour que le nom de Dieu soit sanctifié par nos vies. Nous demandons qu’il règne en nous de plus en plus par sa Parole et par son Esprit. Nous prions pour que sa volonté soit faite et que nous devenions obéissants à ses commandements, empressés à le servir à l’exemple des anges. Pour y arriver, nous avons besoin de prier pour notre pain quotidien. Il est important que nos besoins physiques soient comblés pour que nous puissions servir le Seigneur. Quand notre Père nous donne la nourriture, la force et la santé, nos muscles sont capables de bouger, nos bouches peuvent émettre des sons, nos mains peuvent travailler, notre cerveau peut penser.

Cependant, nos bouches prononcent-elles toujours des louanges envers le Seigneur et disent-elles toujours de bonnes paroles aux autres? Nos mains sont-elles toujours actives à servir Dieu et notre prochain? Nos pensées sont-elles toujours occupées à ce qui honorable et pur? Nous avons besoin de pain, et le Seigneur nous en donne abondamment. Manifestement, nous avons aussi besoin de son pardon. Il s’agit, là aussi, d’un besoin vital, essentiel!

Comment obtenir ce pardon? En implorant humblement notre Père céleste : « Pardonne-nous nos offenses. » Il s’agit d’une confession. Il n’y a pas de pardon possible sans confession. Il n’y a pas de confession possible sans admission de nos péchés.

« Si nous disons que nous n’avons pas de péché, nous nous séduisons nous-mêmes, et la vérité n’est pas en nous. Si nous confessons nos péchés, il est fidèle et juste pour nous pardonner nos péchés et nous purifier de toute injustice » (1 Jn 1.9).

Nous reconnaissons certes que nous sommes imparfaits, mais peu de gens sont prêts à reconnaître qu’ils ont péché contre Dieu. À mesure que nous grandissons dans la vie chrétienne, nous nous apercevons que nos péchés sont grands et qu’ils offensent Dieu grandement. Nous ne faisons pas que commettre des fautes occasionnellement, nous sommes toujours enclins à pécher. Nous devons confesser « le mal qui nous est toujours attaché » (Q&R 126). Si nous ne confessons pas nos péchés, l’effet sera désastreux sur notre capacité à servir Dieu avec joie.

Nous connaissons l’histoire de David. Tant qu’il n’a pas avoué sa faute, la main de Dieu pesait sur lui, ses os se consumaient, sa vigueur n’était plus que sécheresse. Mais David lui a fait connaître son péché, il a confessé ses transgressions à l’Éternel, et Dieu a enlevé la faute de son péché. Quel soulagement! Quelle libération! « Heureux celui dont la transgression est enlevée, dont le péché est pardonné! » (Ps 32.1). David n’a pas dit : « Seigneur, comprends-moi, mes autres femmes ne comblaient pas mes besoins. » Ou : « C’est la faute à Bathchéba qui m’a séduite. » Ou bien : « Désolé, j’ai eu un petit moment de faiblesse. » Non, David s’est humilié à prier en ces termes : « J’ai péché contre toi, contre toi seul, et j’ai fait ce qui est mal à tes yeux. » Il est allé même jusqu’à dire : « Je suis né dans la faute, et ma mère m’a conçu dans le péché » (Ps 51.6-7).

Pensez-vous que c’est facile pour Dieu de nous pardonner? Non, il n’est pas facile pour lui de nous pardonner. Dieu est saint. Notre dette est immense. Pour que Dieu puisse nous pardonner, il a fallu qu’il envoie son propre Fils sur la terre et qu’il l’offre en sacrifice! Quand nous prions : « Pardonne-nous nos offenses », nous disons : « à cause du sang du Christ, veuille ne pas nous imputer, à nous pauvres pécheurs, toutes nos fautes et le mal qui nous est toujours attaché » (Q&R 126). Seul le sacrifice parfait de Jésus-Christ sur la croix a pu satisfaire la justice de Dieu. Seul le sang de Jésus est assez puissant pour nous laver de nos péchés.

Le Seigneur Jésus n’a pas besoin de verser son sang tous les jours. Une seule fois a suffi! Nous avons toutefois besoin d’être lavés par son sang tous les jours. Chaque jour, le péché vient salir et polluer notre vie. Chaque jour, nous pouvons expérimenter la joie et la paix d’être lavés par son sang. Nous n’avons rien à offrir à Dieu, sinon un sacrifice de reconnaissance pour son si grand salut. Nous plaidons uniquement sur la base de son sacrifice. Celui qui nous a enseigné à prier cette prière est celui-là même qui est allé mourir sur la croix pour nous. Soyons assurés que le Père répond favorablement à cette prière! Quelle grâce merveilleuse que Dieu ait sauvé de pauvres pécheurs comme nous!

3. L’Esprit Saint nous permet de pardonner🔗

Ce n’est pas tout! Notre histoire ne se termine pas ici. Dieu veut également restaurer et transformer ses enfants. Jésus-Christ a versé son sang sur la croix. Grâce insondable! Il déverse également son Saint-Esprit dans nos cœurs. Puissance insondable! « Pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés. » Jésus nous a enseigné une prière dangereuse! D’une part, nous demandons à Dieu de nous pardonner. D’autre part, nous risquons d’annuler cette demande quand nous lui demandons de nous traiter comme nous traitons les autres.

Comment comprendre cette prière? Voulons-nous suggérer à Dieu que nous nous donnons en exemple? « Regarde, Seigneur, comme nous pardonnons, et toi, fais de même! » Sûrement pas! Ou bien Dieu nous pardonne-t-il seulement dans la mesure où nous pardonnons? Dans ce cas, la grâce de Dieu dépendrait de nous. La réponse 126 du Catéchisme nous donne une meilleure explication : « Donne-nous également de trouver en nous ce témoignage de ta grâce : la ferme résolution de pardonner de bon cœur à notre prochain. » Un témoignage de ta grâce! Autrement dit, que nos vies soient renouvelées par la puissance de ton Saint-Esprit afin de nous rendre capables de pardonner. Le sang du Christ ne vient pas seul. Il vient avec le Saint-Esprit donné au peuple de Dieu. Avoir le désir de pardonner à notre prochain ne vient pas naturellement. C’est un grand témoignage de la grâce de Dieu. Seul le Saint-Esprit qui agit en nous peut nous rendre capables et désireux de pardonner aux autres.

« Soyez bons les uns envers les autres, compatissants, faites-vous grâce réciproquement, comme Dieu vous a fait grâce en Christ. Soyez donc les imitateurs de Dieu, comme des enfants bien-aimés; et marchez dans l’amour, de même que le Christ nous a aimés et s’est livré lui-même à Dieu pour nous en offrande et en sacrifice comme un parfum de bonne odeur » (Ép 4.32 à 5.2).

Est-il possible d’être véritablement pardonné par Dieu et de ne pas pardonner aux autres? Nous n’avons encore qu’un petit commencement d’obéissance et de nombreuses et grandes faiblesses. Comment pourrions-nous implorer la grâce de Dieu, alors qu’en même temps nous détestons notre prochain? Si nous demandons au Seigneur de nous pardonner, alors que nous refusons de pardonner aux autres, c’est le signe qu’il n’y a aucun témoignage de sa grâce dans nos vies. Si nous gardons rancune envers ceux qui nous ont fait du tort, nous devons nous demander si nous avons vraiment goûté à la miséricorde du Seigneur. Refuser de pardonner aux autres, c’est au fond renier la grâce qui nous est faite en Jésus-Christ.

La parabole du serviteur impitoyable en Matthieu 18 en donne une illustration frappante. Nous devrions sérieusement réfléchir à la manière dont nous pardonnons aux autres. Nous gardons rancune et refusons de pardonner parce que nous estimons que l’autre nous a fait beaucoup de tort. Nous nous attendons à ce que Dieu nous pardonne facilement nos péchés, mais nous considérons que les péchés commis contre nous sont bien plus graves. Il nous faut revenir à la grâce de Dieu en son Fils Jésus-Christ! Il nous a remis une dette immensément plus grande que n’importe quelle dette qui puisse être contractée contre nous par notre prochain.

Il n’est pas facile d’avoir « la ferme résolution de pardonner de bon cœur à notre prochain ». Notre ancienne nature nous fait garder rancune. Nous n’acceptons pas ce que les autres nous font et nous voulons nous venger. Toutefois, le miracle de la vie nouvelle fait également son œuvre. Nous prions pour que Dieu nous accorde la ferme résolution de pardonner de bon cœur à notre prochain. Nous ne réussissons pas toujours, nous tombons, mais nous sommes à nouveau résolus à pardonner de bon cœur. C’est le fruit de la grâce dans nos vies. Nous en avons absolument besoin pour servir Dieu avec reconnaissance. Prions afin qu’il nous pardonne nos péchés par le sang de Jésus. Prions aussi afin qu’il nous rende capables de pardonner par la puissance du Saint-Esprit. L’un et l’autre seront le témoignage de sa grâce à la gloire de Dieu, afin de nous rendre capables de servir notre Dieu librement et avec joie.