6 pages. Traduit par Paulin Bédard

Pourquoi les jeunes évangéliques risquent de devenir les marionnettes du marxisme climatique

L’expression « idiot utile » désignait les individus qui, pendant la guerre froide, diffusaient involontairement la propagande communiste (les libéraux américains), même s’ils n’étaient pas eux-mêmes des communistes.

Des naïfs, en d’autres termes.

Des naïfs de première catégorie.

Aujourd’hui, il semble qu’un nombre croissant de jeunes évangéliques aient l’intention de prouver la véracité de cette phrase, en s’associant à un mouvement mondial voué à l’éradication de la propriété privée, d’un gouvernement limité et du capitalisme, sous prétexte de lutter contre le soi-disant « changement climatique ».

CBS News a récemment déploré le fait que les évangéliques constituent le plus grand bloc religieux sceptique à l’égard des affirmations de la gauche sur le réchauffement climatique, puisque seulement 32 % d’entre eux sont d’accord avec l’affirmation « l’activité humaine est responsable du réchauffement de la planète1 ».

Ce pourcentage contraste fortement avec les 53 % d’Américains qui répondent par l’affirmative : l’humanité doit être tenue responsable.

Néanmoins, il y a de l’espoir pour les crypto-totalitaristes, qui n’ont jamais vu un pet de vache qu’ils ne voulaient pas réglementer2 ou un moteur à combustion interne qu’ils ne voulaient pas interdire3.

Et cet espoir réside dans « les jeunes évangéliques [qui] luttent contre le changement climatique depuis l’intérieur de l’Église », comme le dit le titre de CBS News.

La jeune fille présentée dans ce reportage est Elsa Barron, 24 ans, qui travaille pour l’organisation d’extrême gauche The Center for Climate and Security [Le Centre pour le climat et la sécurité].

Pour replacer cette histoire dans son contexte, le Pew Research Center a rapporté ceci :

« Les adultes protestants évangéliques de moins de 40 ans sont plus susceptibles que les évangéliques plus âgés de dire que le changement climatique est un problème extrêmement grave ou très grave.4 »

Elsa Barron est représentative de cette cohorte de jeunes.

CBS l’a rencontrée devant le siège des Nations unies à New York alors qu’elle « demandait la fin de l’utilisation des combustibles fossiles ».

Mme Barron a déclaré au média que son objectif était de « faire changer d’avis ceux qui, dans son Église, ne croient pas au changement climatique », ajoutant :

« Qu’est-ce que l’amour de nos voisins dans un monde où les décisions ont un impact direct sur la capacité des gens à vivre dans leurs maisons à travers le monde ou à gérer leurs cultures ou à avoir de la nourriture ou de l’eau à boire? »

Pour sa justification biblique, Mme Barron cite Genèse 2.15, qui dit que « L’Éternel Dieu prit l’homme et le plaça dans le jardin d’Éden pour le cultiver et le garder ».

Ce verset basé sur Genèse 1.26-28 est habituellement appelé le mandat culturel, et il reflète l’obligation de l’humanité de prendre soin de la création de Dieu.

Cependant, le mandat culturel est-il une raison d’adopter le « Green New Deal » [Nouveau pacte vert] d’Alexandria Ocasio-Cortez ou toute autre politique « zéro émission nette » défendue par l’administration Biden?

E. Calvin Beisner, de la Cornwall Alliance [Alliance Cornwall], répond par un « non » catégorique.

L’Alliance Cornwall se décrit comme « un réseau d’universitaires chrétiens évangéliques » qui « se consacrent à l’éducation du public et des décideurs politiques sur la gestion biblique de la terre5 », y compris la politique du changement climatique.

Le Dr Beisner a écrit ou édité plus de 45 livres et a été professeur associé au Knox Theological Seminary et au Covenant College, avant de fonder l’Alliance Cornwall.

Dans son livre Creation Stewardship : Evaluating Competing Views [La gestion de la création : évaluer des points de vue divergents], il écrit :

« L’énergie provenant des combustibles fossiles — dont la densité énergétique est largement supérieure à celle du vent, du soleil, du bois, du fumier ou des biocarburants, et donc beaucoup plus abordable — a été l’un des instruments clés qui ont permis de réaliser de si grands progrès en matière de bien-être humain. Littéralement, ces combustibles ont joué un rôle crucial dans l’augmentation considérable de la vie humaine, tant en termes de nombre de personnes que de longévité.6 »

En ce qui concerne « l’augmentation considérable de la vie humaine », M. Beisner l’évalue à plus de 7 milliards de personnes aujourd’hui, contre environ 500 millions en 1700. En ce qui concerne la longévité, l’espérance de vie moyenne des Américains n’était que de 47 ans en 1900, mais elle est passée à 79 ans en 2019.

Il explique au Freedom Center [Centre pour la liberté] que les disciples de Greta Thunberg comme Elsa Barron n’ont…

« … aucune idée de ce que serait le monde sans les combustibles fossiles. […] Il y aurait une pauvreté universelle, une mauvaise santé, une espérance de vie courte, et beaucoup moins de choses qui améliorent la santé et la vie humaine — comme la nourriture, les vêtements, le logement, le transport, la communication, les soins médicaux, et j’en passe. »

Plutôt que de répudier Genèse 2.15 (et Genèse 1.26-28), l’exploitation du potentiel des combustibles fossiles répond en fait au dessein de Dieu qui veut que l’homme exerce sa « domination » sur la terre, et cette exploitation a permis l’épanouissement de l’humanité.

Elsa Barron aime-t-elle vraiment ses voisins du tiers-monde en les condamnant à une vie de pauvreté et de privations en menant une guerre contre une ressource naturelle, depuis le confort d’une cabine climatisée, qui plus est?

C’est loin d’être le cas7.

Bien sûr, « là où il y a domination, il y a responsabilité », fait remarquer M. Beisner. « C’est ce qui fait de nous des gérants et non des souverains. »

Les progressistes, en revanche, partent du principe inverse : ils sont des souverains et non des gérants.

Les gauchistes croient vraiment que la température de la terre est comme un thermostat Honeywell qui peut être modifié par le bon programme gouvernemental, même si, bibliquement parlant, c’est Dieu qui contrôle l’écosystème (Gn 8.21-22; Gn 9.9-11; Mc 4.36-41).

C’est cette conception humaniste de l’autonomie de l’homme — son indépendance par rapport à Dieu — qui attire les progressistes vers le programme du changement climatique : Ils y voient un moyen de remodeler chaque parcelle de l’économie mondiale à leur image, en commençant par l’élimination des marchés libres.

Et ils le disent ouvertement.

Christiana Figueres, secrétaire exécutive de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques de 2010 à 2016, a fait l’éloge du système communiste chinois en disant qu’il « faisait bien les choses8 » et a salué les objectifs de planification centrale des accords de Paris :

« C’est la première fois dans l’histoire de l’humanité que nous nous donnons pour tâche de changer intentionnellement, dans un laps de temps défini, le modèle de développement économique qui règne depuis au moins 150 ans, depuis la révolution industrielle.9 »

Un auteur du site web de gauche Grist a évoqué plus crûment les arrière-pensées en 2018 :

« Les plus grands scientifiques du monde viennent d’apporter un soutien rigoureux au démantèlement systématique du capitalisme en tant que condition essentielle au maintien de la civilisation et d’une planète habitable.10 »

C’est bien là l’enjeu : une prise de pouvoir jusqu’ici inédite sur la scène mondiale.

Il s’agit véritablement d’une tentative de jouer au souverain plutôt que d’accepter le rôle de gérant.

Cela dit, qu’en est-il du cortège d’horreurs que nous entendons chaque fois qu’il y a une mauvaise tempête, à savoir que le changement climatique provoque une augmentation des phénomènes météorologiques extrêmes, des sécheresses, des incendies de forêt, des inondations, et ainsi de suite?

Beisner affirme ceci :

« Les données réelles11 — contrairement aux simulations des modèles informatiques — ne montrent aucune augmentation12 de la fréquence ou de l’intensité des phénomènes météorologiques violents. »

En fait, non seulement les décès liés aux conditions météorologiques ont chuté de 97 % au cours des 100 dernières années, selon Judith Curry13, mais, comme elle l’a déclaré à l’animateur de télévision John Stossel, « dans les années 1930, les conditions météorologiques aux États-Unis étaient bien pires que celles que nous avons connues au cours des deux dernières décennies ».

Pour ceux qui ne connaissent pas ses travaux, Judith Curry est une climatologue de renom qui a présidé l’école des sciences de la terre et de l’atmosphère de l’Institut de technologie de Géorgie.

On peut la considérer comme une version féminine d’Al Gore, sauf qu’elle est réputée, intelligente et qu’elle n’est pas une hypocrite du climat vivant dans une maison de 1000 mètres carrés qui « consomme plus d’électricité en un an que la famille américaine moyenne n’en consomme en 21 ans14 ».

D’accord, mais qu’en est-il du « consensus » des scientifiques, dont on fait grand cas, selon lequel l’action de l’homme est la cause première de la hausse des températures?

C’est du moins ce que j’entends sur CNN alors que je traverse l’aéroport.

Curry donne une tout autre explication.

Elle affirme qu’il y a, en fait, très peu de consensus au sein de la communauté scientifique sur les « questions les plus importantes » concernant le « changement climatique », à savoir :

« Dans quelle mesure le réchauffement récent est-il dû aux combustibles fossiles? »
« Nous ne le savons toujours pas. »

Et :

« Le réchauffement est-il dangereux? »
« Il n’y a pas d’accord sur la question de savoir si le réchauffement est dangereux. »

En effet, « un total de 1609 scientifiques et professionnels du monde entier ont signé » la Déclaration mondiale sur le climat, qui, en bref, affirme : « Il n’y a pas d’urgence climatique.15 »

Il est louable que de jeunes chrétiens comme Elsa Barron soient passionnés par le maintien d’une planète propre et saine, même s’ils restent ignorants des visions du monde non bibliques qui se cachent derrière l’hystérie du réchauffement climatique.

Malheureusement, il semble que Mme Barron elle-même ait déjà été conquise par ces visions du monde non bibliques.

Elle a admis à CBS News qu’elle avait été appelée « une fille de la création » parce qu’elle croyait au récit de la Genèse, mais qu’elle remettait maintenant en question « ses opinions sur l’évolution ».

L’ironie du changement d’avis de Mme Barron, comme le souligne E. Calvin Beisner, est que :

« Les alarmistes du changement climatique ont adopté la même méthodologie que les évolutionnistes pour faire face aux critiques : Déclarer qu’il n’y a pas de débat, déclarer que les opposants ont tort, puis refuser de débattre parce que débattre, c’est reconnaître que les opposants ont quelque chose qui mérite d’être débattu. »

Pour lui, « tout cela est arrogant et présomptueux ».

La bonne nouvelle, c’est que Mme Barron et ses jeunes amis n’ont même pas encore atteint l’âge de 30 ans.

Ils ont encore beaucoup à apprendre s’ils sont prêts à envisager d’autres perspectives.

Une visite du site de l’Alliance Cornwall16 serait un bon point de départ.

Notes

1. Kerry Breen, Adam Yamaguchi, Greg Mirman, « Young Evangelicals fight climate change from inside the church : “We can solve this crisis in multiple ways” » [Les jeunes évangéliques luttent contre le changement climatique depuis l’intérieur de l’Église : « Nous pouvons résoudre cette crise de multiples façons »], CBS News, 30 septembre 2023.

2. Karen Kwok, « War on cow gas is stinky but necessary job in climate-change struggle » [La guerre contre le gaz de vache est une tâche nauséabonde, mais nécessaire dans la lutte contre le changement climatique], Reuters, 24 mars 2023.

3. Dan Avery, « These 9 States Are Banning the Sale of Gas-Powered Cars » [Ces 9 États interdisent la vente de voitures à essence], CNET, 7 septembre 2023.

4. Michael Lipka, Becka A. Alper et Justin Nortey, « Younger evangelicals in the U.S. are more concerned than their elders about climate change », [Les jeunes évangéliques américains sont plus préoccupés que leurs aînés par le changement climatique], Pew Research Center, 7 décembre 2022.

5About Cornwall Alliance [À propos de Cornwall Alliance].

6. E. Calvin Beisner, Creation Stewardship: Evaluating Competing Views [La gestion de la création : Évaluer les points de vue divergents].

7. Voir les articles suivants : G. Cornelis van Kooten, et al., « A Renewed Call to Truth, Prudence, and Protection of the Poor » [Un appel renouvelé à la vérité, à la prudence et à la protection des pauvres], Cornwall Alliance.
Calvin Beisner, Paul Driessen, Ross McKitrick, Roy Spencer, « Un appel à la vérité, à la prudence et à la protection des pauvres (2006) », Cornwall Alliance, 2006.
Craig Vincent Mitchell, Roy Spencer, Cornelis van Kooten, « Un appel renouvelé à la vérité, à la prudence et à la protection des pauvres (2009) - Résumé », Cornwall Alliance, 2009.
Calvin Beisner, David Legates, Cornelis van Kooten, « Un appel à la vérité, à la prudence et à la protection des pauvres (2014) - Résumé », Cornwall Alliance, 2014.

8. « Global Warming A Back Door To Socialism – And Now Even The UN Admits It » [Le réchauffement climatique, une porte dérobée vers le socialisme – et maintenant même l’ONU l’admet], Investor’s Business Daily, 16 janvier 2014.

9. Nicolas Loris, « U.N. Climate Report Merely a Blueprint for Destroying the World Economy » [Le rapport de l’ONU sur le climat n’est qu’un plan de destruction de l’économie mondiale], The Heritage Foundation, 17 octobre 2018.

10. Nicolas Loris, « U.N. Climate Report Merely a Blueprint for Destroying the World Economy » [Le rapport de l’ONU sur le climat n’est qu’un plan de destruction de l’économie mondiale], The Heritage Foundation, 17 octobre 2018.

11. Bjorn Lomborg, « Climate Change Hasn’t Set the World on Fire » [Le changement climatique n’a pas mis le feu au monde], The Wall Street Journal, 31 juillet 2023.

12Bjorn Lomborg, « Hurricane Ida Isn’t the Whole Story on Climate » [L’ouragan Ida ne dit pas tout sur le climat], The Wall Street Journal, 15 septembre 2021.

13. John Stossel et Judith Curry, « The FULL Judith Curry Interview: Climate Scientist Says World Won’t End » [L’interview complète de Judith Curry : La climatologue affirme que la fin du monde n’est pas pour demain], Stossel TV, 3 octobre 2023.

14. Drew Johnson, « Al Gore’s Inconvenient Reality : The Former Vice President’s Home Energy Use Surges up to 34 Times the National Average Despite Costly Green Renovations » [La réalité dérangeante d’Al Gore : La consommation d’énergie du domicile de l’ancien vice-président est 34 fois supérieure à la moyenne nationale malgré des rénovations écologiques coûteuses], National Center for Public Policy Research, 1er août 2017.

15. Naveen Athrappully, « Over 1,600 Scientists and Professionals Sign “No Climate Emergency” Declaration » [Plus de 1600 scientifiques et professionnels signent la déclaration « Pas d’urgence climatique »], The Epoch Times, 29 août 2023.

16. NDT : Site de la Cornwall Alliance. Voir également à cette adresse les quelques articles provenant de ce site qui ont été traduits en français.