Comment s’exerce le pouvoir des clefs?

Par la prédication de l’Évangile et la discipline ecclésiale. Ainsi le Royaume des cieux est ouvert aux croyants et fermé aux incrédules¹.

1. Mt 16.18-19; Mt 18.18; Jn 20.21-23.

Comment le Royaume des cieux est-il ouvert ou fermé par la prédication de l’Évangile?

Selon l’ordre du Christ, celle-ci annonce et atteste publiquement à tous les fidèles en général, et à chacun en particulier, que lorsqu’ils saisissent avec une vraie foi sa promesse, tous leurs péchés leur sont véritablement pardonnés par Dieu à cause des mérites du Christ¹; et, au contraire, elle déclare aux incrédules et aux hypocrites que la colère de Dieu et la damnation éternelle demeurent sur eux aussi longtemps qu’ils ne se convertissent pas². C’est selon ce témoignage de l’Évangile que Dieu jugera les uns et les autres dans cette vie et dans celle qui est à venir³.

1. Ac 2.37-39; Ac 3.15-20; Ac 13.38-39; Ac 20.20-21.
2. Mt 18.3; Jn 3.31-36.
3. Mt 16.19; Jn 20.21-23.

Catéchisme de Heidelberg, Q&R 83 et 84

1. Les clés sont d’une importance vitale
2. Qui détient les clés?
3. Comment utiliser la première clé?
4. Un puissant réconfort et un avertissement très sérieux
5. Prions pour les messagers

Pour pouvoir entrer dans un pays, il faut remplir certaines conditions. Une personne qui veut venir étudier ou travailler au Canada doit obtenir un visa ou un permis de travail. La porte d’entrée n’est pas automatiquement ouverte à tout le monde. Chaque pays a ses exigences particulières. De même, pour entrer dans le Royaume de Dieu, il faut remplir certaines conditions. La foi en Jésus-Christ est nécessaire. La porte d’entrée n’est pas automatiquement ouverte à tout le monde. Il faut également des clés pour ouvrir la porte et avoir accès au Royaume. Les clés du Royaume sont données à l’Église. Jésus a dit à Pierre :

« Je te donnerai les clés du Royaume des cieux. Ce que tu lieras sur la terre sera lié dans les cieux, et ce que tu délieras sur la terre sera délié dans les cieux » (Mt 16.19).

Les clés du Royaume sont parfois mal vues et mal comprises. Elles se rapportent à la discipline, qui n’est pas toujours appréciée à sa juste valeur. La question précédente du Catéchisme disait que l’Église doit exclure les infidèles et les impies de la cène par le pouvoir des clés. Les clés ont le pouvoir de fermer. N’oublions pas qu’elles ont aussi le pouvoir d’ouvrir!

Nous arrivons à la fin de la deuxième partie du Catéchisme traitant de notre délivrance. Nous avons vu l’immense trésor de la rédemption en Jésus-Christ. Pour conclure cette section, nous voyons maintenant comment nous avons accès à ce trésor. Ça prend des clés! Les clés du Royaume sont essentielles à notre délivrance.

1. Les clés sont d’une importance vitale⤒🔗

Les clés du Royaume, c’est ce qui donne accès au Roi. Les clés du Royaume des cieux donnent accès à Jésus-Christ, le Roi des rois. Par ces clés, nous avons accès à tous les trésors de sa justice, de son pardon et de la paix avec Dieu par son œuvre rédemptrice. Ce ne sont pas des clés qui emprisonnent, mais qui libèrent. En citant une prophétie d’Ésaïe, Jésus a dit :

« L’Esprit du Seigneur est sur moi, parce qu’il m’a oint pour guérir ceux qui ont le cœur brisé; pour annoncer la bonne nouvelle aux pauvres; il m’a envoyé pour proclamer aux captifs la délivrance, et aux aveugles le recouvrement de la vue, pour renvoyer libres les opprimés, pour proclamer une année de grâce du Seigneur » (Lc 4.18).

Jésus délivre son Église au moyen des clés du Royaume des cieux. Quand ces clés ouvrent la porte, personne ne peut la refermer. Quand ces clés ferment la porte, personne ne peut l’ouvrir. « Ce que tu lieras sur la terre sera lié dans les cieux, et ce que tu délieras sur la terre sera délié dans les cieux » (Mt 16.19). L’usage de ces clés est donc d’une importance capitale! Pour pouvoir goûter aux privilèges du Royaume des cieux, il faut absolument utiliser ces clés. Ceux qui détiennent ces clés possèdent un grand pouvoir, car leur usage détermine qui a accès au Royaume et qui s’en voit refuser l’accès!

2. Qui détient les clés?←⤒🔗

C’est avant tout Jésus-Christ qui détient les clés de son Royaume. Il est « le saint, le véritable, celui qui a la clé de David, celui qui ouvre et personne ne fermera, celui qui ferme et personne n’ouvrira » (Ap 3.7). Le Seigneur Jésus détient la clé de David, la clé du palais éternel de Dieu où le Roi exerce une souveraineté entière sur le jugement et la grâce. Quand il était sur le point de remonter dans sa gloire auprès de son Père, le Christ a déclaré : « Tout pouvoir m’a été donné dans le ciel et sur la terre » (Mt 28.18). C’est lui qui ouvre et qui ferme l’accès à son Royaume. En montant au ciel, il a pris soin de confier son trousseau de clés à son Église. Il a investi ses apôtres de son autorité.

C’est d’abord à l’apôtre Pierre qu’il a confié l’usage des clés de son Royaume. Jésus a commencé par lui dire : « Je bâtirai mon Église » (Mt 16.18). C’est le Christ en personne qui est le Bâtisseur. Il n’est pas monté au ciel pour devenir inactif et laisser à ses disciples l’immense tâche de construire par eux-mêmes son Église. C’est le Seigneur qui bâtit et rassemble son Église. Il s’est toutefois choisi des co-ouvriers qui sont animés de son Esprit et qui participent avec lui à son œuvre de construction. Après avoir déclaré être le grand Bâtisseur, Jésus-Christ s’est empressé de dire à Pierre : « Je te donnerai les clés du Royaume des cieux » (Mt 16.19). Peu de temps après, le Seigneur a confié le même pouvoir aux autres apôtres : « Tout ce que vous lierez sur la terre sera lié dans le ciel, et tout ce que vous délierez sur la terre sera délié dans le ciel » (Mt 18.18). Par extension, l’Église qui est fondée sur Jésus-Christ et sur l’enseignement des apôtres a reçu la même autorité et la même responsabilité de se servir des clés du Royaume des cieux.

3. Comment utiliser la première clé?←⤒🔗

« Comment s’exerce le pouvoir des clefs? Par la prédication de l’Évangile et la discipline ecclésiale. Ainsi le Royaume des cieux est ouvert aux croyants et fermé aux incrédules » (Q&R 83).

Les deux clés du Royaume sont la prédication de l’Évangile et la discipline ecclésiale.

Pour bien comprendre comment s’exerce le pouvoir des clés, il est essentiel de nous mettre à l’écoute du Seigneur qui nous a donné ses directives à cet égard et qui nous révèle la manière dont les apôtres ont utilisé ces clés, dans le plus grand respect de l’autorité de leur Seigneur.

Le cœur de l’homme étant toujours pécheur, si souvent animé de convoitises et imbu de pouvoir, il est facile de prétendre détenir une autorité qui est en réalité illégitime et de s’arroger un pouvoir qui ne nous appartient pas. L’histoire de l’Église témoigne de tant d’abus de pouvoir perpétrés par d’innombrables ecclésiastiques prétendant agir au nom du Christ, mais qui ont, dans les faits, causé beaucoup de tort à l’Église et du même coup sali le nom glorieux de notre Seigneur et Sauveur. Nous devons revenir aux Écritures afin de mieux comprendre la vraie nature du pouvoir des clés et la bonne manière de les utiliser.

Jésus-Christ a lui-même expliqué à ses disciples le mode d’emploi des clés du Royaume pour que nous sachions comment les utiliser. Voici ce qu’il a dit au sujet de la première clé qu’est la prédication de l’Évangile :

« Mais vous recevrez une puissance, celle du Saint-Esprit survenant sur vous, et vous serez mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et jusqu’aux extrémités de la terre » (Ac 1.8).

Le même Esprit qui était sur le Messie pour libérer les captifs a été donné aux apôtres pour qu’ils soient ses témoins. Ceux-ci ont entendu de la bouche de leur Sauveur le merveilleux message de la rédemption; ils ont eux-mêmes goûté à la joie profonde d’avoir été libérés par ce message. À leur tour, ils devaient proclamer la bonne nouvelle au monde entier pour qu’une multitude d’autres personnes prisonnières des ténèbres soient libérées et transportées dans le Royaume de lumière. La proclamation de l’Évangile est puissante pour libérer les prisonniers du péché et pour leur ouvrir gratuitement l’accès au Royaume!

Le jour de la Pentecôte, Pierre a commencé à utiliser cette clé. Il a reçu le courage et la force de proclamer l’Évangile à toute la foule rassemblée à Jérusalem pour la fête juive. Il a annoncé que Jésus est le Christ. Vous l’avez fait mourir, a-t-il dit avec courage, mais Dieu l’a ressuscité. Il est monté au ciel. Il est le Roi des rois. Le Royaume était-il fermé à ceux qui ont l’entendu? Non, pas du tout! Pierre ne leur a pas dit : « Désolé, vous êtes trop pécheurs, vous avez crucifié Jésus et vous en subirez les conséquences. » Voici plutôt la grande invitation qu’il leur a adressée au nom du Seigneur : « Repentez-vous et que chacun de vous soit baptisé au nom de Jésus-Christ pour le pardon de vos péchés, et vous recevrez le don du Saint-Esprit » (Ac 2.38). La porte d’entrée du Royaume était grande ouverte! Elle était ouverte à tous ceux qui se repentiraient de leurs péchés et qui croiraient au Seigneur Jésus-Christ pour leur pardon et leur salut éternel.

Le livre des Actes est rempli d’autres exemples de ce genre. Tel était le message proclamé par l’apôtre Paul aux juifs de son temps : « Vous donc frères, sachez-le bien : par lui le pardon des péchés vous est annoncé » (Ac 13.38). Voici le rapport que Paul et Barnabas ont présenté à l’Église d’Antioche concernant leurs premières activités missionnaires dans le monde grec : « Après leur arrivée, ils réunirent l’Église et rapportèrent tout ce que Dieu avait fait avec eux, et comment il avait ouvert aux païens la porte de la foi » (Ac 14.27). Oui, Dieu lui-même a ouvert aux païens la porte de la foi, en se servant de la prédication de ses serviteurs envoyés en mission!

Les apôtres sont morts depuis longtemps, mais Dieu envoie encore des messagers pour proclamer le message des apôtres. Dans le plan de Dieu, la proclamation de l’Évangile est fondamentale encore aujourd’hui. C’est elle qui produit la foi et qui ouvre l’accès au Royaume. Nous devrions donc tenir en très haute estime la prédication de la Parole. Elle doit avoir une place d’honneur dans l’Église et dans l’œuvre missionnaire. Nous sommes à une époque où nous voulons de l’action plus que des paroles. Dieu, quant à lui, a choisi le moyen privilégié de la Parole proclamée pour faire entrer des gens dans son Royaume et dans sa présence glorieuse. Nous devons nous assurer que la prédication occupe la première place dans nos cœurs et dans la vie de l’Église.

4. Un puissant réconfort et un avertissement très sérieux←⤒🔗

La prédication de l’Évangile doit être équilibrée. Par elle, « le Royaume des cieux est ouvert aux croyants et fermé aux incrédules » (Q&R 83). La porte est ouverte aux uns, mais fermée aux autres! Ces deux éléments doivent toujours être là, côte à côte. Toute prédication doit d’abord contenir la bonne nouvelle du salut en Jésus-Christ.

« Comment le Royaume des cieux est-il ouvert ou fermé par la prédication de l’Évangile? Selon l’ordre du Christ, celle-ci annonce et atteste publiquement à tous les fidèles en général, et à chacun en particulier, que lorsqu’ils saisissent avec une vraie foi sa promesse, tous leurs péchés leur sont véritablement pardonnés par Dieu à cause des mérites du Christ » (Q&R 84).

Le messager ne voit pas dans nos cœurs, mais son message contient une promesse certaine : « Crois au Seigneur Jésus et tu seras sauvé, toi et ta famille » (Ac 16.31).

Chaque dimanche, nous sommes exhortés à y croire. Il peut nous arriver de douter, mais le message de l’Évangile demeure certain. Le prédicateur devrait éviter de nous faire part de ses opinions personnelles et de nous raconter des anecdotes qui ne nourrissent pas spirituellement. Il doit prêcher la Parole de Dieu, simplement, clairement, avec autorité. Crois en Jésus-Christ et tu seras sauvé, toi et ta famille. Ce que le prédicateur déclare pardonné et délié sur terre sera certainement pardonné et délié au ciel. La première clé produit un puissant réconfort!

En même temps, toute prédication doit aussi contenir un sérieux avertissement.

« Au contraire, elle déclare aux incrédules et aux hypocrites que la colère de Dieu et la damnation éternelle demeurent sur eux aussi longtemps qu’ils ne se convertissent pas. C’est selon ce témoignage de l’Évangile que Dieu jugera les uns et les autres dans cette vie et dans celle qui est à venir » (Q&R 84).

Le prédicateur ne doit pas seulement annoncer la colère de Dieu à venir qui se manifestera au grand jour du jugement, il doit déclarer que cette colère demeure déjà sur ceux qui refusent de venir à la foi. Tant qu’il n’y a pas de repentance, les gens sont sous la colère de Dieu et sous la condamnation éternelle! « Celui qui croit au Fils a la vie éternelle; celui qui ne se confie pas au Fils ne verra pas la vie, mais la colère de Dieu demeure sur lui » (Jn 3.36).

Le messager ne voit pas le cœur des personnes, mais il a la grande responsabilité d’annoncer que ceux qui refusent de croire en Jésus-Christ sont en route vers la mort éternelle. Il annonce l’urgence de changer de voie avant qu’il ne soit trop tard. Voilà un avertissement très sérieux! La prédication est une clé qui a le pouvoir de fermer l’accès au Royaume!

5. Prions pour les messagers←⤒🔗

Les prédicateurs sont de simples humains, des vases de terre, avec leurs faiblesses et leurs craintes. C’est dans la nature humaine de vouloir être aimé et apprécié, ce qui risque de nous amener à diluer ou adoucir le message. C’est aussi dans la nature humaine de penser pouvoir contribuer à notre salut et de sous-estimer la puissance de la grâce. Il n’est pas toujours facile d’avoir une prédication équilibrée, contenant à la fois une promesse certaine et un avertissement sérieux. Il est facile de critiquer les prédicateurs. Il nous faut prier régulièrement pour eux afin qu’ils soient fidèles à la Parole de Dieu et qu’ils la proclament avec force, amour et courage. Même le grand apôtre Paul avait besoin des prières de ses frères et sœurs.

« Priez pour tous les saints et aussi pour moi : que la parole, quand j’ouvre la bouche, me soit donnée pour faire connaître avec hardiesse le mystère de l’Évangile » (Ép 6.18-19).

Les fidèles ne devraient pas non plus être embarrassés lorsque la prédication proclame clairement la vie et la mort, pas seulement la bonne nouvelle de la paix avec Dieu par Jésus-Christ, mais aussi la mauvaise nouvelle de la colère de Dieu sur les incrédules. C’est dans la nature même de la prédication d’ouvrir et de fermer. Enfin, prions pour que Dieu envoie d’autres prédicateurs qui annonceront fidèlement l’Évangile de Jésus-Christ. Le Seigneur a dit : « La moisson est grande, mais il y a peu d’ouvriers. Priez donc le Seigneur de la moisson d’envoyer des ouvriers dans sa moisson » (Mt 9.37-38). Prions pour que de jeunes hommes se préparent à devenir pasteurs et missionnaires. Encourageons de jeunes hommes à considérer cette vocation. C’est un rôle essentiel et une vocation magnifique! Le Royaume de Dieu sera ouvert à la prochaine génération seulement si des jeunes se préparent à devenir des messagers du Roi.