Psaume 120 - Le chemin raboteux du pèlerin
Psaume 120 - Le chemin raboteux du pèlerin
« Cantique des montées. C’est à l’Éternel que dans ma détresse j’ai crié, et il m’a répondu. Éternel, délivre mon âme de la lèvre mensongère, de la langue trompeuse! Que te donne, que te rapporte une langue trompeuse? Les traits aigus du guerrier, avec les charbons ardents du genêt. Malheureux que je suis de séjourner à Méchek, de demeurer parmi les tentes de Qédar! Trop longtemps mon âme a demeuré auprès de ceux qui haïssent la paix. Je suis pour la paix; mais dès que je parle, eux, ils sont pour la guerre. »
Psaume 120
Chers frères et sœurs en Jésus-Christ,
Nous avons tous, déjà, conduit sur des chemins raboteux. Notre réseau routier est en mauvais état. Sur certaines routes, il faut quasiment faire du slalom pour réussir à éviter les nids de poule. Dans plusieurs de nos villes et de nos régions, il y a des rues en construction. Ces réalités routières peuvent être cause de retards ou de frustration durant nos déplacements.
Le chrétien est un voyageur en route vers le ciel. Nous sommes des pèlerins en route vers la Jérusalem céleste. La route du chrétien n’est pas toujours bel et bien goudronnée. Elle est souvent parsemée de nids de poule. Des travaux nous obligent à faire des détours. Les chemins en mauvais état nous forcent à ralentir. Notre voyage spirituel peut subir des retards ou des frustrations. Heureusement, le Seigneur nous accompagne. Pour nous encourager, il nous a donné des chants pour la route. Les Psaumes 120 à 134 s’appellent « Cantiques des montées ». Ils sont là pour réconforter le voyageur.
Je vous propose d’avancer ensemble sur la route du pèlerin à l’aide de ces Psaumes. Ma prière est que Dieu nous conduise pendant notre voyage. J’ai confiance et j’ai hâte de voir comment il va nous diriger. Commençons par le Psaume 120. Un mot d’avertissement toutefois : le voyage commence sur un chemin raboteux, le chemin raboteux du pèlerin. Le voyageur du Psaume 120 est un peu comme nous et nous sommes un peu comme lui. Essayons de nous identifier à son expérience.
1. Sa montée⤒🔗
« Cantique des montées », tel est le titre. Qu’est-ce que cela signifie? Quelque chose doit monter, mais quoi? Le Psaume ne le dit pas. On a proposé toutes sortes d’interprétation. Certains ont dit que c’était la voix des chanteurs qui montent. Ces Psaumes auraient été chantés une tonalité plus haute que les autres Psaumes. C’est possible, mais nous n’en avons aucune preuve. D’autres ont pensé que les chanteurs montaient un escalier pour aller au temple. Quinze marches, quinze Psaumes, un Psaume chanté sur chaque marche. Le texte n’en dit rien et cette idée semble un peu farfelue. D’autres ont imaginé que les Israélites avaient chanté ces Psaumes lors du retour d’exil à Babylone. C’est possible. Le Psaume 126.1 précise : « Quand l’Éternel ramena les captifs de Sion, nous étions comme ceux qui font un rêve. » Une difficulté existe : plusieurs de ces Psaumes ont été écrits bien avant l’exil par David ou par Salomon. Le retour d’exil n’est donc pas leur contexte original, bien qu’ils aient pu être chantés plus tard.
La majorité des commentateurs s’accordent sur l’explication suivante. Trois fois par année, les Israélites partaient de chez eux pour se rendre à Jérusalem afin d’aller célébrer les grandes fêtes annuelles (la fête de la Pâque avec la fête des pains sans levain, la fête des semaines ou des prémices de la moisson, la fête des huttes ou des récoltes, Ex 23.14-17; Lv 23; Dt 16.1-16). Pendant leur voyage, ils chantaient ces Psaumes. Il fallait, en effet, monter puisque Jérusalem est située sur une montagne. Le prophète Ésaïe indique justement qu’ils chantaient en montant pour aller à Jérusalem :
« Vous chanterez comme la nuit où l’on célèbre la fête, vous aurez le cœur joyeux comme celui qui marche au son de la flûte, pour vous rendre à la montagne de l’Éternel, vers le Rocher d’Israël » (És 30.29).
Plusieurs « cantiques des montées » évoquent d’ailleurs Jérusalem, le temple, la montagne de Sion. « Je suis dans la joie quand on me dit : Allons à la maison de l’Éternel! Nos pieds se sont arrêtés à tes portes, Jérusalem! » (Ps 122.1). « Ceux qui se confient en l’Éternel sont comme la montagne de Sion […] Jérusalem est entourée de montagnes, ainsi l’Éternel entoure son peuple » (Ps 125.1-2). « L’Éternel te bénira de Sion, et tu contempleras le bonheur de Jérusalem » (Ps 128.5). On retrouve des idées semblables dans les Psaumes 129, 132, 134, etc. Le pèlerin a ses pensées fixées sur Jérusalem. Il désire y aller, il a hâte d’y arriver. Il veut adorer le Seigneur dans son temple. Il espère recevoir sa bénédiction qui vient de Sion, la montagne sainte. Le pèlerin n’est pas encore arrivé. Il est en route. Sa route est longue, mais il va de l’avant, par la foi, car Dieu est fidèle. Les chants pour la route sont importants. Ils l’encouragent à aller de l’avant. Ils sont là pour « ensoleiller » sa route. Ils remplissent son cœur de toute la beauté qui l’attend à la fin du voyage.
Certains ont détecté, dans plusieurs de ces Psaumes, une forme littéraire progressive. Même la tournure des phrases est ascendante, comme pour faire monter spirituellement. Par exemple : « Je lève les yeux vers les montagnes… D’où me viendra le secours? Le secours me vient de l’Éternel… » (Ps 121.1-2). Les mots clés sont répétés comme pour rythmer la marche.
« Celui qui te garde ne sommeillera pas. Voici, il ne sommeille ni ne dort, celui qui garde Israël. L’Éternel est celui qui te garde. […] L’Éternel te gardera de tout mal; il gardera ton âme; l’Éternel gardera ton départ et ton arrivée » (Ps 121.3-8).
Le rythme du chant nous encourage à monter jusqu’à l’arrivée.
La même technique est utilisée dans le Psaume 120. Le pèlerin dit au verset 2 : « Éternel, délivre mon âme de la lèvre mensongère, de la langue trompeuse! Que te donne, que te rapporte une langue trompeuse? » Voyez la répétition des mots clés. Pourtant, ici, l’effet produit n’est pas vers le haut, mais vers le bas. Le mensonge est découragé. On ne monte pas à Jérusalem si on a une langue trompeuse. On doit se séparer du mensonge pour aller adorer Dieu. Il y a un autre exemple au verset 6 : « Trop longtemps mon âme a demeuré auprès de ceux qui haïssent la paix. Je suis pour la paix. » Littéralement : « Moi shalom », « moi la paix ». Le mot « paix » est répété et, cette fois, l’effet produit nous fait monter. Le voyageur recherche la paix, il la désire de tout son cœur. Il monte pour la trouver auprès de Dieu. « Mais dès que je parle, eux, ils sont pour la guerre. » Et là, on redescend. Il y a des trous. Il y a des nids de poule. La route est mauvaise. Il y a la guerre et des conflits. De grands défis nous attendent sur la route.
Les chrétiens sont des pèlerins spirituels. Nous suivons Jésus-Christ. Il a, lui aussi, sûrement chanté ces Psaumes quand il se rendait à Jérusalem pour fêter avec sa famille les grandes œuvres de son Père céleste. Il est monté à Jérusalem pour servir Dieu. Rendu là, il est descendu jusqu’au plus creux de son agonie. Il est mort sur la croix pour nos péchés. Mais il s’est relevé. Il est ressuscité et il est monté jusqu’au ciel. Il est vivant dans la nouvelle Jérusalem. Il est digne de notre adoration. Il nous prépare une place dans la maison du Père. C’est là notre destination finale. Nous allons à sa rencontre pour célébrer, bientôt, la plus grande fête avec lui. Avez-vous hâte?
Nous sommes des pèlerins. Nous sommes en route. Nous ne sommes pas encore rendus. La route est longue. Il y a des trous. Les chrétiens passent par des creux. Mais n’oublions pas une chose. La route va en montant. Nous chantons les Cantiques des montées. Dieu est fidèle. Il nous donne des chants pour la route. Vous est-il déjà arrivé de marcher sur un chemin raboteux? Avez-vous déjà rencontré des nids de poule dans votre marche chrétienne? Vous êtes-vous déjà demandé si la route de votre vie sera, un jour, bien droite et bien goudronnée? Si vous vous posez ce genre de question, vous allez sûrement pouvoir vous identifier à notre pèlerin qui crie à l’Éternel.
2. Sa détresse←⤒🔗
Selon nos critères, le Psaume 120 n’est pas un beau Psaume. Quand on part en voyage, on est joyeux, plein d’enthousiasme. Ici, pas du tout. Le voyage commence par un cri de détresse et finit par le mot « guerre ». Pas de joie, pas de louange, pas de verts pâturages. Il n’est pas surprenant que le Psaume 120 ne soit pas très populaire. C’est un chant rugueux, le chemin du pèlerin est raboteux. « C’est à l’Éternel que dans ma détresse j’ai crié… » (Ps 120.1). Le verbe indique un passé en même temps qu’un présent. Cet homme a déjà crié et il continue de le faire. Quelle est la cause de sa détresse?
Il y a, d’abord, le mensonge. « Éternel, délivre mon âme de la lèvre mensongère, de la langue trompeuse » (Ps 120.2). Ce pèlerin est tourmenté parce qu’il y a, autour de lui, des gens qui tordent la vérité et qui vivent dans le mensonge. N’est-ce pas surprenant? Le danger qui menace sa vie, ce ne sont ni des animaux féroces, ni des armées invincibles, ni des meurtriers, mais simplement des lèvres mensongères. La bouche, la langue, les lèvres : ne sont-elles pas inoffensives? Nous sommes tellement habitués au mensonge que nous nous demandons où est le danger. Certains prient : « Seigneur, délivre-moi des voleurs, délivre-moi des bandits. » Combien de gens prient : « Seigneur, délivre-moi des menteurs »?
Pouvons-nous nous approprier l’expérience de ce pèlerin? Oui, certainement. Nous vivons dans un monde rempli de mensonges et de menteurs. Êtes-vous fatigués de tous les mensonges qu’on entend partout? Mensonge sur nos origines. Dans toutes les écoles, on enseigne l’évolution. Mensonge sur notre identité. On nous dit : Vous êtes un animal évolué, mais vous êtes cependant une bonne personne. Mensonge sur la réalité du péché. On nous dit que le péché n’existe plus. Mensonge sur les solutions proposées. Si vous avez des problèmes, nous affirme-t-on, vous pouvez vous en sortir par vous-même. Arrogance des lèvres flatteuses et trompeuses. Mensonge sur notre destinée éternelle. Le ciel et l’enfer, on s’en moque. Mensonge sur le mariage. Les homosexuels ont réussi à faire passer leur message. Mensonge sur l’avortement. On évite à tout prix de reconnaître qu’il s’agit d’un meurtre. Mensonge sur l’amour. Le dernier film que vous avez regardé a peut-être essayé de vous convaincre que les relations sexuelles en dehors du mariage sont vraiment une bonne chose. Mensonge que constituent les faux témoignages et les fausses accusations qui brisent des réputations. Mensonge dans la publicité. On vous met dans la tête que vous avez absolument besoin du dernier gadget électronique. Mensonge partout. À qui pouvez-vous vraiment vous fier? Aux vendeurs, aux politiciens, à votre garagiste, et même aux membres de votre famille? Peut-être le mensonge a-t-il réussi à s’insinuer dans vos propres vies, dans vos pensées et sur vos lèvres, jusque dans votre bouche. Si tel est le cas, nous avons besoin de nous repentir et de renoncer au mensonge.
« Seigneur, délivre-moi de la lèvre mensongère. » J’ai besoin de cette prière. La puissance du mensonge est redoutable. Ceux qui persistent dans cette voie périront éternellement. « … et tous les menteurs, leur part sera dans l’étang brûlant de feu et de soufre; cela est la seconde mort » (Ap 21.8). Nous avons besoin d’être délivrés du mensonge afin de pouvoir nous mettre en route vers le ciel. « Délivre-moi! » Ressentez-vous cette détresse? Est-ce là votre prière? Dieu seul peut nous délivrer du mensonge.
Le grand Psaume 119, placé juste avant, célèbre la perfection de la Parole de Dieu. Sa Parole est remplie de vérité. Tout ce qui sort de la bouche de Dieu est vrai. « Le principe de ta parole est la vérité » (Ps 119.160). « Les paroles de l’Éternel sont des paroles pures » (Ps 12.7). Il n’y a jamais eu de mensonge sur les lèvres de Jésus. Il est le Chemin vers le Père. Il est aussi la Vérité et la Vie. « Tu as les paroles de la vie éternelle » (Jn 6.68). Jésus a promis de nous conduire dans la vérité jusque dans la vie éternelle. Mais le chemin du pèlerin est raboteux.
Le mensonge cause la détresse. L’éloignement cause aussi la détresse. « Malheureux que je suis de séjourner à Méchek, de demeurer parmi les tentes de Qédar! » (Ps 120.5). Le pèlerin se plaint d’habiter loin de Jérusalem. Méchek, c’est quelque part au nord, en Turquie ou en Russie. Qédar est au sud, dans le désert d’Arabie. Évidemment, une même personne ne peut pas habiter à ces deux endroits en même temps. Le Psaume utilise une façon de parler. Le pèlerin se sent loin de chez lui. Il a le mal du pays. Il est loin de sa vraie maison, la maison de l’Éternel, à Jérusalem. Il crie à l’Éternel dans sa détresse.
Imaginez un jeune enfant qui, pour la première fois, va passer deux semaines dans un camp d’été. « Je m’ennuie de ma maman, je veux retourner à la maison. » Il est normal pour un pèlerin du Seigneur de se sentir loin de chez lui dans ce monde. Il est normal de dire : « Malheureux que je suis. » Un chrétien a-t-il le droit de se plaindre? Il n’a certes pas le droit d’être mécontent de ce que Dieu lui donne, mais il peut se plaindre, et il doit se plaindre de ne pas se sentir chez lui dans ce monde qui déteste Dieu. Non pour déprimer ou contester les voies du Seigneur, mais parce qu’il aspire à un monde meilleur. Jésus est en train de nous préparer une belle place. J’ai tellement hâte de rentrer chez moi, dans la maison du Père! Avez-vous hâte? Sentez-vous la détresse d’habiter loin de chez vous dans ce monde corrompu?
« Trop longtemps mon âme a demeuré auprès de ceux qui haïssent la paix » (Ps 120.6). Voilà pourquoi le pèlerin ne se sent pas chez lui. Ses voisins aiment la guerre. Lui, il est pour la paix. « Moi, la paix. » Il aspire à la paix. Il désire profondément le shalom du Royaume de Dieu. C’est Dieu qui donnera cette paix. Plus de guerre, plus de conflits, paix avec les autres, paix en nous-mêmes et, surtout, paix avec Dieu. Le vrai pèlerin a soif de paix. C’est notre Roi qui donne cette paix. « C’est à l’Éternel que dans ma détresse j’ai crié. Éternel, délivre mon âme » (Ps 120.1). Dieu seul pourra satisfaire ce désir de paix. En Jésus-Christ, nous avons trouvé la paix. Son sacrifice sur la croix nous procure la paix complète avec Dieu. Cela nous donne le désir de voir la paix régner autour de nous. En avez-vous assez de voir tous ces gens en guerre contre Dieu, en guerre les uns contre les autres? Les conflits entre l’homme et la femme, les querelles de famille, les discordes dans l’Église, les conflits au travail… Avez-vous le désir de trouver la paix? Le chemin du pèlerin est encore bien raboteux. Le mensonge, l’éloignement, les conflits. Dans notre détresse, nous crions vers Dieu. Cette prière procure au pèlerin une grande assurance.
3. Son assurance←⤒🔗
L’assurance du pèlerin est exprimée dès le début du chant. « C’est à l’Éternel que dans ma détresse j’ai crié et il m’a répondu » (Ps 120.1). L’Éternel m’a répondu! Je crie encore et il répond encore. Sa délivrance n’est pas complète. Le mensonge est encore là. La guerre est encore là. Nous ne sommes pas encore arrivés à Jérusalem. La route est longue et raboteuse, mais je sais que Dieu me répondra. J’ai confiance en lui. Il est fidèle.
Comment répond-il? Les versets 3 et 4 sont pleins d’assurance : « Que te donne, que te rapporte une langue trompeuse? » Qu’est-ce que cela rapporte de mentir? Réponse : « Les traits aigus du guerrier, avec les charbons ardents du genêt. » Telle est la conséquence. Dieu répond à la détresse de son enfant. Il envoie des flèches sur les menteurs. Le genêt est un bois qui, paraît-il, peut brûler et rester chaud longtemps. Les conséquences du péché durent longtemps et sont très pénibles. Dieu entre en jugement. Son jugement atteint la cible. La flèche parvient à son but et produit des brûlures éternelles. Oui, nous avons confiance que Dieu délivrera son Église et nettoiera la terre du mensonge.
Curieusement, les versets 5 à 7 ne contiennent pas d’assurance. « Malheureux que je suis. […] Eux ils sont pour la guerre », et le chant se termine sur cette note discordante, dans un nid de poule. N’est-ce pas déprimant? Pourtant, le Psaume s’appelle bien « Cantique des montées ». Nous sommes donc supposés monter. Nous ne restons pas dans le creux, tout déprimés. Le verset 1 est la clé. Peu importe nos détresses encore non résolues, nous avons cette assurance : dans ma détresse, je crie à l’Éternel et il me répond. Cela suffit. Ma grâce te suffit dans ta faiblesse. Peut-être êtes-vous, en ce moment de votre vie, embourbés dans un grand creux? Criez à l’Éternel et il répondra. Ayons confiance en lui. Il est fidèle. Le chemin du pèlerin est raboteux jusqu’au bout de la route, mais gardons confiance. Le Seigneur marche devant son peuple. Il va nous conduire jusque chez nous, dans sa maison. Amen.