Cette méditation a pour sujet la bonté et l'incorruptibilité du Créateur et la question de l'origine du mal et de la corruption.

Source: Aujourd'hui devant Dieu. 2 pages.

Qui m'a créé?

10jour du 8mois

Lecture : Psaume 139

Mais alors je reprenais : Qui m’a créé? N’est-ce pas mon Dieu, qui est bon, qui est la bonté même? D’où m’est venu dès lors de vouloir le mal, et de ne pas vouloir le bien? Est-ce pour que je subisse des châtiments qui soient mérités? Qui a donc déposé, qui a semé en moi tous ces germes d’amertume, puisque j’ai été créé tout entier par mon Dieu si doux? Si c’est le démon qui m’a fait, d’où vient le démon lui-même? Que si, par un effet de sa volonté perverse, d’ange il est devenu démon, d’où est née en lui cette volonté mauvaise qui devait le faire démon, puisqu’il avait été fait ange tout entier par un Créateur très bon? Ces pensées me démontaient une fois de plus, me suffoquaient. Pourtant, je ne descendais pas jusqu’au gouffre d’erreur, où personne ne vous confesse, et où l’on préfère vous assujettir au mal plutôt que d’admettre que l’homme fait le mal.

Mon effort tendait donc à découvrir les autres vérités, de même que j’avais trouvé déjà que l’incorruptible est meilleur que le corruptible et qu’en conséquence je devais proclamer que, quoi que vous soyez, vous êtes incorruptible. Jamais, en effet, on n’a pu ni ne pourra imaginer quelque chose qui soit meilleur que vous, le suprême, le meilleur Bien. Comme on préfère en toute vérité et en toute certitude l’incorruptible au corruptible — préférence que j’acceptais déjà —, j’aurais pu atteindre par la pensée quelque chose de meilleur que vous, mon Dieu, si vous n’eussiez été incorruptible. Là où je voyais qu’il fallait préférer l’incorruptible au corruptible, là je devais vous chercher, et de là m’enquérir où est le mal, autrement dit d’où vient la corruption même qui ne peut aucunement altérer votre substance. Car la corruption n’a pas la moindre prise sur notre Dieu, qu’elle soit l’effet d’une volonté ou d’une nécessité ou d’un hasard inattendu, puisqu’il est Dieu, que ce qu’il veut est bien, qu’il est lui-même ce même bien : or, être atteint par la corruption ne saurait être un bien. Vous ne pouvez, mon Dieu, être contraint à faire malgré vous quelque chose, car votre volonté n’est pas plus grande que votre puissance. Pour qu’elle fut plus grande, il faudrait que vous soyez vous-même plus grand que vous-même, puisque la volonté de Dieu, c’est Dieu même.

Qu’y a-t-il d’inattendu pour vous, qui connaissez tout? Nul être n’existe que parce que vous le connaissez. Mais pourquoi tant de paroles pour chercher la raison de l’incorruptibilité de la substance qui est Dieu, puisque, si elle était corruptible, elle ne serait pas Dieu?

Prière

Notre Père…