Cet article a pour sujet la révélation de Dieu qui est une Parole vivante prononcée pour nous amener à la connaissance de Dieu en vue de fonder notre vie sur ce qu'il nous a révélé concernant ses oeuvres, sa grâce et sa volonté.

Source: Croire pour comprendre. 3 pages.

Religion et révélation

L’une des questions les plus fondamentales que l’homme puisse se poser est celle de l’autorité. Qui détient le pouvoir réel dans l’univers sur le monde et sur le genre humain? La réponse que donne la foi chrétienne est précise et claire : L’autorité suprême appartient à Dieu, c’est dans sa révélation que nous en prenons connaissance.

On se souvient de l’admirable et bouleversante exclamation de Martin Luther, convoqué à la Diète impériale en 1521, dans la ville de Worms : « Me voici, je ne puis autrement. Que Dieu me soit en aide! »

D’où le réformateur allemand tenait-il son assurance? Il se trouvait en présence non seulement des princes de son pays, mais encore des dignitaires d’une Église qui plaçait sa propre autorité au-dessus de celle de Dieu, tenant ainsi captives les consciences des fidèles. Ce n’était pas une audace téméraire ni même un subjectivisme excessif qui arrachaient au frère Martin cet aveu inoubliable. Luther reprenait simplement à son compte les paroles apostoliques que nous lisons dans 1 Timothée 6.20 : « Garde le dépôt en évitant les discours vains et profanes, et les disputes de la fausse science. Quelques-uns pour en avoir fait profession ont, en ce qui concerne la foi, manqué le but. »

Ces paroles sont celles que nous attribuons à Dieu. Sa révélation est une Parole vivante, prononcée pour amener l’homme à la connaissance de son Dieu en vue de fonder en lui son existence. La foi chrétienne est la seule qui, à juste titre, puisse se réclamer de la révélation de Dieu. La doctrine chrétienne de la révélation reste de la plus haute importance. Toutes les branches du christianisme traditionnel s’accordent sur ce point.

Les vaticinations de certains théologiens modernes, qui essayent de faire du neuf à tout prix, ne peuvent qu’aboutir à l’autocontemplation narcissique, laquelle conduit tôt ou tard l’homme croyant à l’angoisse et à la mort de la foi.

Qu’est-ce que la foi en la révélation? La révélation est l’acte souverain et libre de Dieu. Nous ne saurions la limiter, encore moins la manipuler. Nous aurons à l’écouter et à prêter la plus grande attention à ce que Dieu veut nous faire connaître : sa vérité, ses œuvres grandioses, son intervention au cours de l’histoire, ses lois imprimées au fond de notre conscience et, de façon suprême, la vie de Jésus-Christ de Nazareth, son Fils, notre Seigneur. Notre connaissance de Dieu et celle que nous devons avoir de nous-mêmes et du monde ne dépendent que de cet acte de Dieu appelé révélation. Nous ne possédons rien que nous n’ayons reçu de lui.

Personne ne vient au monde avec un fond d’idées qui pourraient, tels des germes, s’épanouir automatiquement grâce à un élan vital. Nous sommes des créatures; nous avons été créés de sorte que nous pouvons apercevoir les divers aspects de la révélation divine. Ils sont sous nos yeux dans le vaste univers, objet immédiat de notre expérience. La vraie connaissance nous vient de la découverte que nous faisons de la révélation et jamais de notre imagination inventive.

L’idée essentielle derrière ce terme est celle de « dévoilement ». Quelque chose — objet ou personne — jusque là caché, apparaît à présent au grand jour. Révéler signifie rendre perceptible à nos yeux une réalité auparavant inconnue. La révélation est simultanément réalité et foi, événement et signification. Elle nous projette dans la rencontre vivante avec Dieu, avec le monde, avec nous-mêmes. Dieu ouvre les portes de la connaissance qui, autrement, nous seraient fermées à jamais.

Un Dieu connaissable et un homme connaissant, voilà le cœur de la religion révélée. Certes, Dieu habite une lumière inaccessible à l’œil humain pécheur et mortel. Pour communiquer, il doit parler le premier. Il le fait, mais d’une manière qui risque fort de nous surprendre. Il s’adresse à nous à travers des mots humains. Il agit de manière anthropomorphique. Il jette la matière de sa révélation dans des moules humains. Sa Parole divine devient langage humain intelligible aux plus simples, rassurante pour l’âme inquiète. Même son nom et les manifestations de sa personne sont véhiculés par un vocabulaire terrestre et familier. Rien n’est plus caché et lointain.

Et ce Dieu que, d’une manière ou d’une autre, tout homme rencontre (qu’il le craigne ou qu’il le rejette, qu’il le fuie ou qu’il s’acharne à le combattre) est le Dieu qui s’humilie pour mieux nous atteindre. En lui bat le cœur d’un Père, un Père qui s’émeut pour ses enfants. Sa révélation n’est jamais au-dessus de notre compréhension. Depuis Jésus-Christ, personne n’a plus le droit de dire que Dieu est caché et que l’atteindre serait, d’après la formule de G.-H. Welles, « serrer la main aux étoiles »!

Le plus grand miracle de Dieu est peut-être celui de sa propre limitation, de son accommodement aux dimensions de nos facultés et de nos besoins. Certes, profondeurs et hauteurs sont en lui inaccessibles. Ses richesses inconcevables nous émerveillent. Et pourtant sa lumière a déjà lui et, bien qu’atténuée, elle éclaire parfaitement. Car « par ta lumière nous voyons la lumière » (Ps 36.10).

Dieu a parlé au commencement. Il a prononcé sa Parole, Parole créatrice, retentissant ex nihilo, appelant à l’existence ce qui n’était pas : le ciel et la terre, vous et moi, êtres pensants, personnes humaines fragiles. Sa Parole ne fut pas un vœu pieux. L’ordre et l’efficacité en jaillirent miraculeusement. Il inspira progressivement la parole prophétique et, plus tard, la parole apostolique. Il révéla au début son alliance pour confier à l’homme une tâche, un mandat culturel.

Après la chute, il rencontrera l’homme, il le reprendra, il le jugera et enfin lui assurera sa grâce. Sa Parole n’a jamais cessé de s’adresser à tout homme, à chaque génération. Par le fait même de notre création, nous lui appartenons. Les discours de l’Ancien Testament, ceux que nous avons parfois de la peine à comprendre, l’histoire d’un peuple unique, les figures de l’histoire biblique, celles des patriarches, les noms de Moïse, de Samuel ou d’Ésaïe, ceux de Pierre, de Paul et de tant d’autres, ont tous été à leur manière les véhicules ou les instruments de sa révélation. Plus tard, ces mêmes discours sont devenus la Parole inscripturée de Dieu, l’Écriture sainte. De nos jours, les échos de cette même Parole nous parviennent à travers la prédication lorsqu’elle est prêchée fidèlement. L’Église véritable est celle qui, fidèle aux prophètes et aux apôtres, n’a d’autre souci que de transmettre la seule Parole de vie. C’est elle qui détient l’autorité suprême.

Ajoutons simplement que toute l’histoire de la révélation est contenue dans les deux livres de l’Ancien et du Nouveau Testament. Ils nous annoncent, chacun à sa manière, la Parole vivante : Jésus-Christ. Celui qui veut informer sa foi et décide de réformer sa vie doit se lier à ces deux livres. Ils nous parlent de la révélation générale de Dieu et de sa révélation spéciale. Le monde en tant que miroir reflète notre Créateur. Même le péché et la chute n’ont pu briser et anéantir ce miroir et Satan, l’adversaire, ne pouvait pas annuler les décisions de Dieu. Mais il existe une différence entre ces deux révélations. Dans la première, nous avons la révélation des perfections invisibles de Dieu, non pas au moyen de mots et de paroles intelligibles, mais à travers ses œuvres créées qui nous entourent et qui rendent tout homme inexcusable de ne pas l’adorer comme il en est digne (Ps 19.2-4; Rm 1.18-21). La révélation spéciale de Dieu, quant à elle, nous est communiquée dans les paroles intelligibles de la Bible qui nous fait connaître non seulement la grandeur et la puissance de Dieu, mais également sa grâce en Jésus-Christ, sa volonté pour nos vies et son jugement.

Aurons-nous des yeux pour voir et des oreilles pour entendre? Les Écritures sont les lunettes qui corrigent notre vue déformée. Elles ne remplacent pas ce que Dieu nous révèle dans l’univers, mais nous permettent d’en saisir le sens et la finalité. La Bible n’est pas un manuel de science, d’art ou d’économie politique. Pourtant, elle seule nous apprend à bien pratiquer la science, l’art, l’économie et la politique.

Lampe à nos pieds, elle nous dit avec une clarté et une autorité incontestable que notre religion est indissolublement liée à la révélation que Dieu nous fait dans sa Parole.