Cet article sur Ruth 1.8-14 a pour sujet l'histoire de Noémi qui a essayé de convaincre ses belles-filles de ne pas la suivre, car elle pensait qu'il n'y avait pas d'avenir pour elles en Israël, mais Ruth a fait le bon choix d'adopter son peuple et son Dieu.

Source: L'histoire de Ruth. 4 pages.

Ruth 1 - Ruth trouve refuge dans le Dieu de Noémi

« Noémi dit alors à ses deux belles-filles : Allez, retournez chacune à la maison de sa mère! Que l’Éternel use de bienveillance avec vous, comme vous l’avez fait envers ceux qui sont morts et envers moi. Que l’Éternel vous donne à chacune de trouver du repos dans la maison d’un mari! Elle les embrassa. Elles se mirent à sangloter; et elles lui dirent : Non, nous irons avec toi vers ton peuple. Noémi dit : Retournez, mes filles! Pourquoi viendriez-vous avec moi? Ai-je encore dans mon sein des fils qui puissent devenir vos maris? Retournez, mes filles, allez! car je suis trop vieille pour appartenir à un homme et quand je dirais : Il y a de l’espoir pour moi, quand cette nuit j’appartiendrais à un homme et que je mette des fils au monde, attendriez-vous pour cela qu’ils aient grandi, refuseriez-vous pour cela d’appartenir à un homme? Non, mes filles! car mon sort est plus amer que le vôtre, et la main de l’Éternel s’est abattue sur moi. Elles sanglotèrent encore. Orpa embrassa sa belle-mère, mais Ruth s’attacha à elle. »

Ruth 1.8-14

Voici à présent trois veuves sans enfants sur le chemin du retour vers la Judée. L’une d’entre elles est bien âgée pour songer à un possible remariage et pour avoir des enfants. Les deux autres la suivent vers un pays qui leur est étranger. Il faut savoir ce que signifiait à cette époque que d’être veuve, sans défense et sans appui.

Cet aspect sera important pour comprendre toute l’histoire de Ruth. Il nous faut dire un mot au sujet du mariage lévirat, mais aussi de la différence de choix d’Orpa et de Ruth, et pour quelle raison Noémi leur demande de retourner chez elles.

D’après la loi mosaïque, nous savons que la veuve, l’orphelin et l’étranger devaient être l’objet d’un grand soin :

« Vous n’accablerez pas la veuve ni l’orphelin. Si tu les accables et qu’ils crient à moi, je saurai entendre leurs cris; ma colère s’enflammera et je vous tuerai par l’épée; vos femmes deviendront veuves et vos enfants orphelins. Si tu prêtes de l’argent à quelqu’un de mon peuple, au malheureux qui est avec toi, tu ne seras pas à son égard comme un créancier, tu n’exigeras pas de lui un intérêt » (Ex 22.21-24).
« Au bout de trois ans, tu sortiras toute la dîme de tes produits pendant cette troisième année et tu la déposeras là où tu résideras. Alors viendront le Lévite, qui n’a ni part ni héritage avec toi, l’immigrant, l’orphelin et la veuve, qui résideront avec toi; ils mangeront et se rassasieront, afin que l’Éternel, ton Dieu, te bénisse dans toute l’œuvre que tu entreprendras de tes mains » (Dt 14.28-29).

La veuve devait recevoir le même traitement que le Lévite, l’étranger et l’orphelin, parce qu’elle ne possédait pas d’héritage en Israël.

« Tu ne porteras pas atteinte au droit de l’immigrant et de l’orphelin, et tu ne prendras pas en gage le vêtement de la veuve. Tu te souviendras que tu as été esclave en Égypte et que l’Éternel, ton Dieu, t’en a libéré; c’est pourquoi je te donne cet ordre à mettre en pratique » (Dt 24.17-18).

Sa situation est comparable à celle des Israélites au pays d’Égypte. Plus loin, nous nous rendons compte de toute l’importance que revêt, à cette époque, l’héritage en Israël.

Essayons à présent de comprendre pour quelle raison Noémi cherche à persuader ses belles-filles de retourner chez leurs parents. Elle leur souhaite des temps meilleurs et un repos accordé par l’Éternel. Mais il faut constamment avoir à l’esprit le fait qu’Israël transgressait les commandements de Dieu et qu’il n’accordait plus l’aide nécessaire aux veuves et aux orphelins. Parfois, il allait même jusqu’à les destituer de leurs biens et les opprimer. Noémi pense, apparemment, qu’il ne serait pas mieux de vivre dans le pays de l’Éternel que de retourner en pays païen. Elle pense que là, au moins, ses belles-filles pourraient rencontrer un mari et fonder un nouveau foyer. Plus loin, nous verrons de quelle manière Booz va approuver le bon choix fait par Ruth. Remarquons que, malgré ses très bons sentiments, Noémi n’y voit pas plus loin que le bout de son nez et qu’elle n’espère aucune possibilité de remariage pour ses brus.

Ce dont elle est bien consciente, c’est du fait que la main de l’Éternel s’était lourdement appesantie sur elle. Elle songe que ses belles-filles risquent aussi d’en faire les frais, et c’est pourquoi elle leur souhaite la bonté de l’Éternel. Sinon, elle serait bien triste à nouveau à cause de leur sort. Après avoir pleuré à deux reprises avec Ruth, Orpa embrassa sa belle-mère et s’en retourna vers les siens. Elle dut penser qu’en fin de compte Noémi devait avoir raison, et que d’aller à Juda c’était s’engager dans un avenir incertain et même risqué. Ruth, quant à elle, s’accrocha à Noémi. À nouveau, Noémi ne voit pas d’avenir pour elle… C’est alors que nous entendons les paroles admirables de Ruth :

« Ne me pousse pas à te quitter, à me détourner de tes pas! Où tu iras, j’irai; où tu demeureras, je demeurerai; ton peuple est mon peuple, et ton Dieu est mon Dieu; où tu mourras, je mourrai et j’y serai ensevelie. Que l’Éternel me fasse ceci et qu’il ajoute cela si ce n’est pas la mort qui me sépare de toi » (Rt 1.16-17).

Noémi n’insistera alors plus, se rendant compte de la décision inébranlable de sa belle fille. Ruth, comme sans doute Orpa, avait dû apprendre quelque chose au sujet de l’Éternel pendant qu’elles vivaient sous le toit de leurs maris. Elle savait en tout cas ce que l’Éternel avait accompli en faveur d’Israël. Elle dut observer la manière de vivre propre et décente de sa belle-famille. Et parce qu’elle a quelques éléments de bon catéchisme, au lieu d’appeler Dieu Élohim, le nom que les païens lui donnaient, elle parle de Jahvé, le nom même du Dieu de l’alliance (voir aussi 1 R 19.2 et Jézebel; 1 R 20.10 et Ben-Hadad).

Ruth fait un saut dans le vide, mais elle sait ce qu’elle est en train de faire. Non que l’avenir lui semble certain ou plein de promesses. Elle a très peu de chance de se remarier. Mais elle accepte cet avenir incertain afin que le peuple de Noémi devienne le sien et que le Dieu de sa belle-mère soit son Dieu. C’est cette dimension-là qui a échappé à Orpa. Ruth n’avait pas fait son choix par un sens du devoir plus grand que celui de sa belle-sœur. Elle ne s’est pas dit : « C’est très vilain que d’abandonner une vieille femme. » Ce n’est pas par simple amour pour sa belle-mère qu’elle a décidé de la suivre. Mais voilà, à ses yeux, Noémi n’est pas n’importe qui. Elle est la Noémi qui veut retourner au pays promis parce que Dieu avait visité son peuple. Ruth tient à rester en compagnie de Noémi l’Israélite. C’est pourquoi elle dit : « J’irai où tu iras! »

Ces mots nous rappellent l’attitude d’Abraham qui, lui aussi, sans enfant et avec une femme stérile, avait quitté son pays et les siens pour aller là où Dieu le guidait.

« L’Éternel dit à Abram : Va-t’en de ton pays, de ta patrie et de la maison de ton père, vers le pays que je te montrerai. Je ferai de toi une grande nation et je te bénirai; je rendrai ton nom grand. Deviens donc une source de bénédiction. Je bénirai ceux qui te béniront, je maudirai celui qui te maudira. Toutes les familles de la terre seront bénies en toi. Abram partit, comme l’Éternel le lui avait dit, et Loth partit avec lui. Abram était âgé de 75 ans, lorsqu’il sortit de Harân. Abram prit sa femme Saraï et son neveu Loth, avec tous les biens qu’ils possédaient et le personnel qu’ils avaient acquis à Harân. Ils sortirent pour se rendre dans le pays de Canaan. Ils arrivèrent donc au pays de Canaan » (Gn 12.1-5).

La différence est que Dieu avait parlé directement à Abraham. Pourtant, Ruth est, à son tour, certaine du pas qu’elle fait. Elle se dirige vers la bonne direction, même si tout n’est pas clair. Même la mort de Noémi n’empêchera pas que le Dieu de celle-ci devienne le sien et qu’elle fasse partie du même peuple qu’elle. En s’accordant à sa belle-mère, Ruth ne cherche que la protection et l’abri de l’Éternel (voir aussi 2 S 15.19-20).

Mais l’histoire continue. Toutes deux parviennent enfin à Bethléem. Leur arrivée soulève l’émoi dans tout le village. Noémi dit à ses anciens voisins et voisines : « Ne m’appelez plus Noémi [c’est-à-dire agréable], mais appelez-moi Mara [c’est-à-dire amertume], car le Tout-Puissant m’a rendu la vie bien amère! » (Rt 1.20). Quel triste retour! Toute la ville en est soulevée. Elle questionne : Est-ce bien-là Noémi, partie remplie et revenant vide? Mariée et avec deux fils, et à présent veuve et sans enfants?

Noémi ne dit pas que son malheur est dû à Kemoch, le dieu païen; elle affirme que c’est Dieu qui l’a traitée ainsi. Elle emploie le nom de El Shaddai, c’est-à-dire le Dieu tout-puissant.

L’histoire de Ruth commençait au temps des juges par la famine s’abattant sur la terre promise. Ensuite, Dieu visite encore cette terre et il offre la nourriture. Noémie y retourne avec Ruth. On peut le dire : Jahvé avait véritablement visité son peuple